Tu ne convoiteras pas

Vendredi 1er mai – le 10e commandement
Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui soit à ton prochain.

17 לֹ֥א תַחְמֹ֖ד בֵּ֣ית רֵעֶ֑ךָ לֹֽא־תַחְמֹ֞ד אֵ֣שֶׁת רֵעֶ֗ךָ וְעַבְדֹּ֤ו וַאֲמָתֹו֙ וְשֹׁורֹ֣ו וַחֲמֹרֹ֔ו וְכֹ֖ל אֲשֶׁ֥ר לְרֵעֶֽךָ׃ פ

17 lo taxmod bét reeķa lo-taxmod ešet reeķa wë-avdo wa-amato wë-šoro wa-xamoro wë-ķol ašer lë-reeķa

44 Tous ceux qui avaient cru étaient ensemble et avaient tout en commun. 45 Ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. 46 Chaque jour avec persévérance, ils étaient au temple d’un commun accord, ils rompaient le pain dans les maisons et prenaient leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur 47 ils louaient Dieu et obtenaient la faveur de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés.
Actes, 2, 44-47

Ce dernier commandement peut légitimement nous choquer puisque parmi les « choses qui appartiennent » au prochain, l'épouse vient après la maison ! C'est d'ailleurs ce qui avait conduit saint Augustin, qui n'était pourtant pas un grand féministe, à distinguer dans la phrase deux commandements distincts, l'un concernant la personne disposant d'un statut juridique, l'autre les choses matérielles, dont les esclaves et les animaux, propriété de plein droit. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi dans la tradition catholique, le découpage des commandements est différent de celui en usage dans les Églises calvinistes (voir Les trois versions du Décalogue).

Bien sûr cet amalgame de l'épouse avec les choses appartenant au chef de famille est un pur reflet de la structure sociale de l'époque. Il souligne, à la fois, à quel point la Loi est incarnée dans son temps et à quel point elle doit être transposée non littéralement dans la nôtre. Aujourd'hui les femmes sont des individus à part entière et sont « des hommes comme les autres » mais souvenons-nous du temps qu'il a fallu pour y parvenir et du chemin qui reste à faire pour une égalité réelle avant de disqualifier pour misogynie la Loi de Moïse, écrite à l'époque de la guerre de Troie où Andromaque, épouse d'Hector, est un butin de guerre, certes de grande valeur, mais un butin quand même.

Mais le sujet de ce dernier commandement est la convoitise qu'il convient de distinguer du vol. La spoliation, objet du précédent, se fait au détriment d'un autre tandis que la convoitise est à son propre détriment. Celui qui cède à la convoitise et entre dans une compétition avec son voisin, non pour lui prendre ce qu'il a mais pour en avoir plus, plus grand, plus beau, plus cher, plus rare, ne lèse son prochain en rien mais se dégrade lui-même. Tout simplement parce qu'il aura perdu la maîtrise de ses propres besoins et se les sera laissé imposés par un autre que lui-même.

L'accumulation de choses nous rassure sur notre statut social, sur notre inclusion dans la société de consommation, de divertissement. Mais voulons-nous vraiment participer à cette course à la trivialité et au déchet ? L'acte de résistance, tant nécessaire au moment de refonder notre société après la pandémie, commence par un simple refus et une simple affirmation : « Je refuse de participer à cette course vers l'abîme car je décide de ce que doit être ma vie parmi la Vie » (cf. le 6e commandement).

Ce dont nous aurons besoin, ce ne sera certes pas d'une destruction encore plus rapide de notre environnement ni d'un accaparement encore plus éhonté de la richesse et du pouvoir par quelques uns, mais d'une solidarité active comme cette première communauté chrétienne dont nous parle le livre des Actes. Certes ils vendaient tout parce qu'ils étaient persuadés que la fin du monde était pour demain et qu'ils n'auraient plus besoin de rien parce que l'avenir était dans un autre monde, ailleurs, au ciel auprès de Dieu. Aujourd'hui, nous savons que la fin de la pandémie ne sera pas le jour du retour du Christ. Il est ainsi d'autant plus nécessaire de reprendre le contrôle de nos existences, de définir ce qui nous est vraiment utile (matériellement et moralement) et de mettre nos compétences, nos ressources et nos qualités en commun afin de nous soutenir les uns les autres en toutes circonstances. C'est ainsi que nous aurons un avenir dans un monde qui sera autre, ici, sur la terre auprès de Dieu.

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Durant la période du confinement, nous continuons à vous proposer des méditations quotidiennes. C'est une manière de réfléchir au monde que nous voulons construire ensemble après cette crise dont nous tardons encore à comprendre toutes les conséquences.

Après la méditation du Notre Père, revu et corrigé par Simone Weil, puis les Béatitudes, nous continuons notre série avec le Décalogue.

Les méditations sont publiées chaque jour à 10h, elles peuvent aussi vous être envoyées chaque jour sur simple demande.

Les dix commandements: Exode 20, 2-17

Mardi 21 avril : Je suis l’Éternel, ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, dela maison de servitude.

Jeudi 23 avril : Tu ne te feras pas d'idoles, ni de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, et de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre. 5 Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième (génération) de ceux qui me haïssent. 6 et qui use de bienveillance jusqu’à mille (générations) envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

Vendredi 24 avril : Tu ne prendras pas le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne tiendra pas pour innocent celui qui prendra son nom en vain.
Samedi 25 avril : Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. 9 Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. 10 Mais le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi. 11 Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

Dimanche 26 avril : Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne.

Mercredi 29 avril : Tu ne commettras pas de vol.
Jeudi 30 avril : Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.

Vendredi 1er mai : Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui soit à ton prochain.

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