Tu ne commettras pas de meurtre.

Lundi 27 avril – le 6e commandement

13 לֹ֥֖א תִּֿרְצָֽ֖ח׃ ס
13 lo tirtsax s

4 Voici les origines du ciel et de la terre, quand ils furent créés. Lorsque l’Éternel Dieu fit la terre et le ciel il n’y avait encore 5 aucun arbuste de la campagne sur la terre, et aucune herbe de la campagne ne germait encore : car l’Éternel Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour cultiver le sol.
6 Mais une vapeur s’éleva de la terre et arrosa toute la surface du sol. 7 L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière du sol ; il insuffla dans ses narines un souffle vital, et l’homme devint un être vivant. 8 Puis l’Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait formé. 9 L’Éternel Dieu fit germer du sol toutes sortes d’arbres d’aspect agréable et bons à manger, ainsi que l’arbre de la vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. (…) 15 L’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. 16 L’Éternel Dieu donna ce commandement à l’homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin 17 mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.
Genèse 2, 4-17

« Tu ne tueras point », la formulation traditionnelle de notre sixième commandement nous est familière et revêt un caractère d'évidence. On peut en effet considérer que ne pas tuer son prochain relève du minimum vital pour tout groupe humain qui voudrait vivre en société ou, à tout le moins, ne pas être tué soi-même par un plus fort que soi. Par ailleurs, quand on relit l'histoire humaine, et le récit biblique ne fait pas exception, le meurtre ne cesse de proliférer sur la terre depuis Caïn et Abel. Guerres et violences, légitimes ou non, pour l'honneur, pour l'or ou pour la justice, montrent que l'humanité a une extraordinaire capacité à s'entretuer. Au point que le commandement paraît être un vœu pieu.

La notion de « respect de la vie » d'Albert Schweitzer donne pourtant un tout autre éclairage à cet interdit du meurtre. L'expression « Je suis vie qui veut vivre, parmi la vie qui veut vivre »1 par laquelle on peut résumer la pensée de Schweitzer, signifie que la compétition et l'affrontement de la vie avec elle-même n'est pas inéluctable. En effet, le terme utilisé par Schweitzer, Ehrfurcht (respect) ne signifie pas une soumission, une acceptation ou une résignation, voire une obéissance servile à un supérieur. En allemand, l'Ehrfurcht est plus proche de l'hommage rendu, de la reconnaissance et du service au sens d'un engagement, d'un combat à mener pour telle ou telle cause. Le respect de la vie selon Schweitzer n'est pas dans l'abstention à faire du mal mais dans l'engagement à faire du bien.

De même la vie, toujours selon Schweitzer, ne concerne pas uniquement les humains mais bel et bien l'ensemble des êtres vivants partageant notre planète, animaux, plantes et écosystèmes inclus car « le principe du respect de la vie nous lie à l’ensemble de l’univers. Il nous fait découvrir que ces prochains que nous devons aimer comme nous-mêmes ne sont pas seulement nos semblables, mais aussi tous les êtres qui peuplent notre planète. Schweitzer propose une éthique à la fois personnelle, sociale et écologique qui nous ouvre et nous appelle à une responsabilité qui s’étend à l’ensemble des créatures. » (André Gounelle2).

Le récit biblique nous rappelle que la nature ne se suffit pas à elle-même, elle a besoin dans la perspective biblique que Dieu fasse tomber la pluie mais aussi que l'homme la cultive, c'est-à-dire la fasse croître et multiplier. La crise sanitaire que nous vivons est une crise environnementale dont nous sommes responsables par la destruction des écosystèmes et la prédation du monde que nous pratiquons à grande échelle. Nous prétendons avoir le droit de « manger l'arbre de la connaissance », c'est-à-dire de soumettre toutes choses à notre volonté, à nos intérêts et à nos besoins éphémères. Ce « péché originel » n'est autre que l'hybris, cette démesure que condamnaient les Grecs. Et nous ne pourrons en sortir que si nous retrouvons ce que Schweitzer appellait de ses vœux, c'est-à-dire une conscience spirituelle de notre unité avec ce jardin que Dieu nous a donné, non pour le consommer et le détruire mais pour « le cultiver et le garder », autrement dit l'entretenir, le développer, et le préserver, le protéger.

Il nous faut ainsi inventer un art de vivre décent, qui ne soit plus fondé sur la destruction de notre milieu de vie mais au contraire sur son amélioration et son développement. Car tuer, au sens de détruire, la nature, c'est tuer l'humanité qui ne se suffit pas non plus à elle-même.

1 Ma vie et ma pensée (1931) Albin Michel, 2013, p.172

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Durant la période du confinement, nous continuons à vous proposer des méditations quotidiennes. C'est une manière de réfléchir au monde que nous voulons construire ensemble après cette crise dont nous tardons encore à comprendre toutes les conséquences.

Après la méditation du Notre Père, revu et corrigé par Simone Weil, puis les Béatitudes, nous continuons notre série avec le Décalogue.

Les méditations sont publiées chaque jour à 10h, elles peuvent aussi vous être envoyées chaque jour sur simple demande.

Les dix commandements: Exode 20, 2-17

Mardi 21 avril : Je suis l’Éternel, ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, dela maison de servitude.

Jeudi 23 avril : Tu ne te feras pas d'idoles, ni de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, et de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre. 5 Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième (génération) de ceux qui me haïssent. 6 et qui use de bienveillance jusqu’à mille (générations) envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

Vendredi 24 avril : Tu ne prendras pas le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne tiendra pas pour innocent celui qui prendra son nom en vain.
Samedi 25 avril : Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. 9 Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. 10 Mais le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi. 11 Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

Dimanche 26 avril : Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne.

Lundi 27 avril : Tu ne commettras pas de meurtre.

Mercredi 29 avril : Tu ne commettras pas de vol.
Jeudi 30 avril : Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.

Vendredi 1er mai : Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui soit à ton prochain.

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