Tu ne te feras pas d'idoles

Jeudi 23 avril – le 2e commandement
Tu ne te feras pas d'idole, ni de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, et de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre. 5 Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième (génération) de ceux qui me haïssent. 6 et qui use de bienveillance jusqu’à mille (générations) envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

4 lo taaşe-lëķa fesel wë-ķol-tëmuna ašer ba-šamayim mi-maal wa-ašer ba-arets mittaaxat wa-ašer ba-mayim mittaxat la-arets 5 lo-tištaxwe lahem wë-lo taavdem ki anoķi JAHWE elohéķa el qanna poqed awon avot al-banim al-šillešim wë-al-ribbeim lë-şonëay 6 wë-oşe xesed la-alafim lë-ohavay u-lëšomëré mitswotay

Dieu dit : Faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance, (…). Dieu créa l’homme à son image : Il le créa à l’image de Dieu, Homme et femme il les créa.
Genèse 1, 26-27

Le récit biblique est une entreprise de démythologisation du monde. La Bible raconte la prise de conscience progressive que rien de ce qui existe dans ce monde ne peut être confondu avec Dieu. La sortie d'Égypte est symboliquement aussi la sortie d'un monde mythologique où les dieux dans leur immense diversité interagissent avec les hommes et se confondent à l'occasion avec sources et forêts, mer, ciel et montagnes.

La poésie d'Homère et celle d'Hésiode est à cet égard caractéristique de ce monde où les hommes sont innocents, simples jouets des dieux. Ainsi pour Homère, Priam, roi de Troie, déclare à Hélène, cause de la guerre qui oppose sa ville aux Achéens « Tu n'es pour moi, coupable en rien ; les dieux sont les coupables » (Iliade III, 164). Les dieux eux-mêmes, certes immortels, naissent cependant d'un geste de violence comme le raconte Hésiode dans la Théogonie. De même dans la religion égyptienne, Osiris ne cesse de renaître d'un cycle de violence et voyage sur la barque du soleil.

C'est avec ces représentations du divin confondu avec les forces naturelles que la Bible rompt radicalement dans le texte de la loi. Les « images taillées » (fesel) et les « représentations » (tëmunah) du second commandement en hébreu ont été respectivement traduites en grec par les termes de « eidôlon » (idole, image, sculpture) et « homoiôma » (similaire, homologue, égale à) et correspondent à l'univers culturel commun à tous les peuples du monde de l'époque. Le peuple d'Israël est le premier à se passer d'une représentation visible de son Dieu.

Ce qui est refusé n'est d'ailleurs pas tant l'objet en soi (une statue, une image) que ce qu'il prétend être, à savoir la représentation de la réalité, voire le lieu d'habitation du dieu représenté. Celui-ci devient alors l'objet d'un service passant par l'alimentation, le sacrifice ou le nettoyage. Avec l'idole et les représentations du second commandement, ce sont nos illusions, nos fantasmes, tout ce qui nous trompe en prétendant à la vérité, qui sont concernés. Et cela peut également être le cas de nos propres représentations de l'Éternel. En effet, il peut arriver que nous nous comportions envers lui de la même manière que les anciens, cherchant à le servir pour qu'il nous serve en retour. De même il a pu arriver dans l'histoire des diverses confessions chrétiennes que nous prétendions à une forme de pouvoir totalitaire et que nous confondions notre Dieu avec une quelconque puissance impériale s'imposant en toute chose à l'humanité. Autant de manières de faire de « l'Éternel notre Dieu » une idole à l'image des dieux égyptiens, perses ou gréco-romains.

Or quelle est la seule vraie image de Dieu qui soit possible dans le respect de la loi et donc de l'évangile ? Sinon celle dont le récit de la création nous est donné dans la Genèse ? L'humanité, signifiée dans son unicité, « il le créa » et son universalité « il les créa » et dont l'homme, mâle et femelle, est le symbole « créé à l'image de Dieu ».

Le second commandement nous interdit ainsi d'oublier que nous ne pouvons « aimer Dieu et garder ses commandements », comme il nous y enjoint dans sa formulation même (v. 6), qu'en aimant l'humanité et en recherchant son bien en toutes choses. C'est en servant l'humanité dans toutes ses dimensions que nous servons réellement l'Éternel notre Dieu.

----------------------

Durant la période du confinement, nous continuons à vous proposer des méditations quotidiennes. C'est une manière de réfléchir au monde que nous voulons construire ensemble après cette crise dont nous tardons encore à comprendre toutes les conséquences.

Après la méditation du Notre Père, revu et corrigé par Simone Weil, puis les Béatitudes, nous continuons notre série avec le Décalogue.

Les méditations sont publiées chaque jour à 10h, elles peuvent aussi vous être envoyées chaque jour sur simple demande.

Les dix commandements: Exode 20, 2-17

Mardi 21 avril : Je suis l’Éternel, ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, dela maison de servitude.

Jeudi 23 avril : Tu ne te feras pas d'idoles, ni de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, et de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre. 5 Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième (génération) de ceux qui me haïssent. 6 et qui use de bienveillance jusqu’à mille (générations) envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

Vendredi 24 avril : Tu ne prendras pas le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne tiendra pas pour innocent celui qui prendra son nom en vain.
Samedi 25 avril : Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. 9 Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. 10 Mais le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi. 11 Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

Dimanche 26 avril : Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne.

Mercredi 29 avril : Tu ne commettras pas de vol.
Jeudi 30 avril : Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.

Vendredi 1er mai : Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui soit à ton prochain.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire