Vendredi 3 avril Notre Père qui es aux cieux !


Πάτερ ἡμῶν ὁ ἐν τοῖς οὐρανοῖς· (Páter hêmỗn ho en toîs ouranoîs)
Notre Père, celui qui est dans les cieux (trad. Simone Weil)

6 Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel, Pour m’humilier devant le Dieu Très Haut ?

Me présenterai-je avec des holocaustes, Avec des veaux d’un an ?
7 L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, Des myriades de torrents d’huile ?

Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né,

Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles ? —
8 On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ;

Et ce que l’Éternel demande de toi,

C’est que tu pratiques la justice,

Que tu aimes la miséricorde,

Et que tu marches humblement avec ton Dieu.

Michée 6, 6-8

À l'homme qui se demande ce qu'il faut faire pour se concilier le divin en posant cette question éternelle de toutes les religions dans les situations de crise et de malheur avec leur cortège de destruction et des misères, « avec quoi me présenterai-je devant l'Éternel ? », le prophète Michée répond que ce n'est pas avec les formules de la religion et de la piété, manifestées par les hécatombes et les sacrifices que font tous les peuples de la terre mais par la pratique de la justice et de la miséricorde. Le contraste est saisissant entre celui qui veut « se présenter face à l'Éternel » et celui qui « marche humblement avec son Dieu », entre celui qui est prêt à tous les sacrifices, même humains, toutes les processions et expiations, et celui qui est simplement, en pensées et en actes, tourné vers le bien.

Il s'agit de sortir du face-à-face égoïste entre un individu et sa représentation du divin pour entrer dans une coopération active. Plutôt que d'attendre que Dieu fasse quelque chose pour moi ou pour nous, il nous faut faire ce qu'il nous dit de son projet pour l'humanité, c'est-à-dire la justice et la miséricorde, ce que Jésus traduira à sa manière par « aimer Dieu et son prochain comme soi-même ».

Se souvenir que Notre Père, c'est avant tout « celui qui est dans les cieux », c'est dire qu'il n'est ni maîtrisable ni contrôlable ni manipulable au gré de nos envies et de nos besoins ou encore de nos intérêts. C'est, à rebours de la religiosité naturelle de l'homme, affirmer une transcendance radicale et que l'on ne peut faire changer Dieu. Qu'on ne peut l'atteindre car « on ne marche pas verticalement. Il n'y a pas à le chercher, il faut seulement changer la direction de (notre) regard. C'est à lui de nous chercher » (Simone Weil, Le Notre Père, p. 31-32).

Prier le Notre Père, c'est accepter d'être changé. Et d'abord en se mettant au service de l'autre plutôt que de vouloir que l'autre soit à mon service. En période de crise telle que nous la connaissons c'est la solidarité et l'attention à l'autre, y compris en prenant les précautions indispensables, qui nous sont nécessaires et doivent guider nos actions.

« Aimer son prochain comme soi-même », c'est aujourd'hui veiller à ne pas se mettre, ni mettre autrui, en danger de contamination. C'est veiller sur soi afin de pouvoir continuer à veiller sur les autres. C'est soutenir activement par tous les moyens nécessaires tous les professionnels de santé et de sécurité qui veillent sur nous. C'est ainsi que nous prierons « Notre Père ».

 -----------------------------------------
En période de confinement et alors que nous sommes appelés à prier les uns pour les autres ainsi que pour les malades du Covid-19 ainsi que les soignants et tous les services d'urgence qui nous aident à surmonter cette situation, il est utile de réfléchir au sens de nos prières et d'abord de la plus connue d'entre elles, le Notre Père que l'on trouve dans l'évangile de Matthieu au chapitre 6.

C'est avec la philosophe Simone Weil que nous vous proposons chaque jour, une méditation explication de nos demandes.

Vendredi 3 avril Notre Père qui es aux cieux !

Il s'agit ici de la version liturgique traditionnellement en usage dans nos Églises protestantes.

1 commentaire:

  1. En temps de confinement je m'apperçois qu'il est plus difficile encore de vivre sa foi. Lorsque j'appelle des mamies parfois j'ai du mal à les laisser me parler car elles sont plus besoin de dialoguer je m'en rend compte mais comme je suis seule aussi j'éprouve le même besoin et alors je m'en veux de ne pas être assez à l'écoute. Je vais faire plus attention.

    RépondreSupprimer