Dimanche 5 avril que ton règne vienne ;

Note préliminaire
 
ἐλθέτω ἡ βασιλεία σου, (elthétô hê basileía sou·) vienne ton règne, trad. Simone Weil

19 Ne vous amassez pas de trésors sur la terre,
où les vers et la rouille détruisent
et où les voleurs percent et dérobent.
20 mais amassez des trésors dans le ciel,
où ni les vers ni la rouille ne détruisent,
et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.
21 Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
(…)
33 Cherchez premièrement son royaume et sa justice,
et tout cela vous sera donné par-dessus.
34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain
car le lendemain s’inquiétera de lui-même.
À chaque jour suffit sa peine.
Matthieu 5, 19-34

« Quelque chose qui doit venir et qui n'est pas là », quelle meilleure définition du Royaume de Dieu que celle donnée par Simone Weil ? (Le Notre Père, p.34). En effet, considérer que le règne de Dieu est ce qui toujours est « à venir » c'est refuser de confondre aucune réalité terrestre ou simplement humaine avec le Royaume de Dieu. Aucune idéologie politique, aucune économie sociale, aucun gouvernement ne peut, et ne doit, être pris comme une manifestation concrête du Royaume ou un moyen d'y parvenir.

À ce titre, il ne peut y avoir aucun millénarisme politique, économique ou religieux. Le « Grand soir » comme le « Reich de mille ans », mais aussi les promesses de la technique qui prétendent « vaincre la mort », sont autant d'illusions qui prétendent amener le bonheur d'un groupe toujours plus ou moins restreint mis à part de l'humanité commune. Aucun « enlèvement » non plus des fidèles de telle ou telle religion qui seraient extraits du destin commun de l'humanité en abandonnant les « impies », les « réprouvés » ou les « infidèles ». Aucune espérance de la fin du monde puisque nous serions sauvés dans la prière chrétienne.

Le règne de Dieu est toujours « à venir », ce qui signifie qu'il y a toujours un changement possible mais que ce progrès ne se trouve pas dans « les trésors sur la terre » mais dans les « trésors dans le ciel ». Ce n'est pas dans les progrès de la technique ou dans l'accumulation de richesses mais dans la transformation radicale de notre manière d'être au monde, d'être présent à l'autre et à soi-même, autrement dit la transformation radicale « de notre coeur ».

Le Royaume de Dieu est indissociable de « sa justice » comme le rappelle la suite du Sermon sur la montagne. Or la justice telle qu'elle est décrite dans la Bible n'est autre que le service d'autrui, cet autrui que nous devons aimer comme nous-mêmes.

Prier pour « que ton règne vienne », c'est changer notre cœur. C'est reconnaître l'universalité du bien qui doit être réalisé pour tous et prendre conscience de notre responsabilité à l'égard des autres en prenant toute notre part à l'humanisation du monde. C'est penser à l'autre avant de penser à soi-même et refuser tout ce qui détruit, avilit, humilie ou exploite un autre être humain.

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En période de confinement et alors que nous sommes appelés à prier les uns pour les autres ainsi que pour les malades du Covid-19 ainsi que les soignants et tous les services d'urgence qui nous aident à surmonter cette situation, il est utile de réfléchir au sens de nos prières et d'abord de la plus connue d'entre elles, le Notre Père que l'on trouve dans l'évangile de Matthieu au chapitre 6.

C'est avec la philosophe Simone Weil que nous vous proposons chaque jour, une méditation explication de nos demandes.

Dimanche 5 avril que ton règne vienne;


Il s'agit ici de la version liturgique traditionnellement en usage dans nos Églises protestantes.

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