Note préliminaire
ἐλθέτω ἡ βασιλεία σου, (elthétô hê basileía sou·) vienne ton règne, trad. Simone Weil
ἐλθέτω ἡ βασιλεία σου, (elthétô hê basileía sou·) vienne ton règne, trad. Simone Weil
où les vers et la rouille détruisent
où ni les vers ni la rouille ne
détruisent,
et
où les voleurs ne percent ni ne dérobent.
21 Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
(…)
33 Cherchez premièrement son royaume et sa justice,
21 Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
(…)
33 Cherchez premièrement son royaume et sa justice,
car le lendemain s’inquiétera de
lui-même.
À chaque jour suffit sa peine.
Matthieu 5, 19-34
« Quelque chose qui doit venir et qui n'est pas là », quelle meilleure définition du Royaume de Dieu que celle donnée par Simone Weil ? (Le Notre Père, p.34). En effet, considérer que le règne de Dieu est ce qui toujours est « à venir » c'est refuser de confondre aucune réalité terrestre ou simplement humaine avec le Royaume de Dieu. Aucune idéologie politique, aucune économie sociale, aucun gouvernement ne peut, et ne doit, être pris comme une manifestation concrête du Royaume ou un moyen d'y parvenir.
À ce titre, il ne peut y avoir aucun
millénarisme politique, économique ou religieux. Le « Grand
soir » comme le « Reich de mille ans », mais aussi
les promesses de la technique qui prétendent « vaincre la
mort », sont autant d'illusions qui prétendent amener le
bonheur d'un groupe toujours plus ou moins restreint mis à part de
l'humanité commune. Aucun « enlèvement » non plus des
fidèles de telle ou telle religion qui seraient extraits du destin
commun de l'humanité en abandonnant les « impies », les
« réprouvés » ou les « infidèles ». Aucune
espérance de la fin du monde puisque nous serions sauvés dans la
prière chrétienne.
Le règne de Dieu est toujours « à
venir », ce qui signifie qu'il y a toujours un changement
possible mais que ce progrès ne se trouve pas dans « les
trésors sur la terre » mais dans les « trésors dans le
ciel ». Ce n'est pas dans les progrès de la technique ou dans
l'accumulation de richesses mais dans la transformation radicale de
notre manière d'être au monde, d'être présent à l'autre et à
soi-même, autrement dit la transformation radicale « de notre
coeur ».
Le Royaume de Dieu est indissociable de
« sa justice » comme le rappelle la suite du Sermon sur
la montagne. Or la justice telle qu'elle est décrite dans la Bible
n'est autre que le service d'autrui, cet autrui que nous devons aimer
comme nous-mêmes.
Prier pour « que ton règne
vienne », c'est changer notre cœur. C'est reconnaître
l'universalité du bien qui doit être réalisé pour tous et prendre
conscience de notre responsabilité à l'égard des autres en prenant
toute notre part à l'humanisation du monde. C'est penser à l'autre
avant de penser à soi-même et refuser tout ce qui détruit, avilit,
humilie ou exploite un autre être humain.
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En période de confinement et alors que nous sommes appelés à prier les uns pour les autres ainsi que pour les malades du Covid-19 ainsi que les soignants et tous les services d'urgence qui nous aident à surmonter cette situation, il est utile de réfléchir au sens de nos prières et d'abord de la plus connue d'entre elles, le Notre Père que l'on trouve dans l'évangile de Matthieu au chapitre 6.
C'est avec la philosophe Simone Weil
que nous vous proposons chaque jour, une méditation explication de
nos demandes.
Dimanche 5 avril que ton règne vienne;
Il s'agit ici de la version liturgique
traditionnellement en usage dans nos Églises protestantes.
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