Note préliminaire
γενηθήτω τὸ θέλημά σου, ὡς ἐν οὐρανῷ καὶ ⸀ἐπὶ γῆς· (genêthếthô tò thélêma sou, hôs en ouranỗi kaì epì gễs·)
γενηθήτω τὸ θέλημά σου, ὡς ἐν οὐρανῷ καὶ ⸀ἐπὶ γῆς· (genêthếthô tò thélêma sou, hôs en ouranỗi kaì epì gễs·)
Soit accomplie ta volonté pareillement
au ciel et sur terre, trad. Simone Weil
11 ce commandement que je te prescris aujourd’hui n’est
certainement pas au-dessus de tes forces ni hors de ta portée.
12 Il n’est pas dans le ciel, pour que tu dises : Qui montera pour nous au ciel, nous l’apportera et nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique
(…)
14 Cette parole, au contraire, est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique.
15 Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal.
(…)
19 J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives
12 Il n’est pas dans le ciel, pour que tu dises : Qui montera pour nous au ciel, nous l’apportera et nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique
(…)
14 Cette parole, au contraire, est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique.
15 Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal.
(…)
19 J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives
Deutéronome 30, 11-19
« Je ne peux croire en un Dieu
qui veuille la mort d'un seul enfant innocent », ainsi parle le
docteur Rieu au chevet d'un enfant mort dans La peste, livre qui
résonne particulièrement dans notre contexte d'épidémie en 2020.
Une affirmation qui semble en complète contradiction avec la notion
de volonté de Dieu chez Simone Weil lorsqu'elle déclare « Il
faut désirer que tout ce qui s'est produit se soit produit, et rien
d'autre ». (Le Notre Père, p. 37). Entre résignation et
fatalisme, la « volonté de Dieu » a bon dos lorsque
certains prétendent que ce qui nous arrive serait un châtiment
divin. Comme Rieu, nous ne pouvons accepter qu'un Dieu, quel qu'il
soit, punisse l'humanité en voulant le mal et en faisant mourir des
innocents. Prier aujourd'hui le divin qu'il éloigne de nous la
maladie revient à croire qu'il nous l'a envoyée ou qu'il aurait été
impuissant à l'empêcher de survenir.
Pour Simone Weil, le Dieu de
Jésus-Christ est fondamentalement absent puisqu'il est « aux
cieux » (cf. la première demande). Son acte créateur consiste
précisément à laisser advenir la liberté et la responsabilité de
l'humain dans la poursuite et le maintien de la création. Autrement
dit, le créateur renonce à toute action dans le monde laissant à
ses créatures, l'humanité, le devoir d'agir pour le bien,
conformément à sa volonté.
Or cette volonté nous est connue, nous
est donnée, c'est le bien, c'est-à-dire la vie, la justice et
l'amour. Dieu ne peut vouloir le mal, ni la souffrance ni la
détresse, ni la maladie ni la mort. Prier pour que sa volonté soit
faite sur la terre comme au ciel, ce n'est pas attendre qu'Il fasse à
notre place mais c'est assumer notre responsabilité et agir en
toutes circonstances pour que le Bien l'emporte sur toutes les formes
du mal. Les événements, comme cette épidémie, surviennent non pas
comme l'expression d'une « volonté » mais comme le
résultat d'un enchaînement de causes, de déséquilibres auxquels
il sera nécessaire de remédier pour prévenir les prochaines
catastrophes. Transformer le monde pour qu'il devienne meilleur,
c'est cela « accomplir sa volonté ».
Ceux qui aujourd'hui accomplissent sa
volonté « sur la terre comme au ciel », ce ne sont ni
les prophètes de malheur et leur châtiment ni les obscurantistes de
tous bords avec leurs appels à la pénitence mais ce sont tous ces
anonymes. Tous ceux qui, loin d'être des héros, font, avec
conscience et courage, tout ce qui est en leur pouvoir pour soigner,
guérir, consoler, accompagner, prendre soin, soutenir. En un mot,
faire que la vie en société soit possible.
Quand nous demandons « Que ta
volonté soit faite » que ce soit notre engagement et avec
reconnaissance pour celui des autres.
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En période de confinement et alors que
nous sommes appelés à prier les uns pour les autres ainsi que pour
les malades du Covid-19 ainsi que les soignants et tous les services
d'urgence qui nous aident à surmonter cette situation, il est utile
de réfléchir au sens de nos prières et d'abord de la plus connue
d'entre elles, le Notre Père que l'on trouve dans l'évangile de
Matthieu au chapitre 6.
C'est avec la philosophe Simone Weil
que nous vous proposons chaque jour, une méditation explication de
nos demandes.
Lundi 6 avril que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Il s'agit ici de la version liturgique
traditionnellement en usage dans nos Églises protestantes.
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