Samedi 18
avril
Heureux ceux qui procurent la paix, car
ils seront appelés fils de Dieu !
(Makarioi hoi eirênopoioi Hoti autoi
huioi Theou klêthêsontai)
Ne pensez pas que je sois venu
apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la
paix, mais le glaive.
Matthieu 10, 34
Une parole étrange de Jésus qui vient
contredire notre septième béatitude et surtout résonne étrangement
dans le contexte de notre monde actuel où la violence religieuse
fait à nouveau des ravages. Qu'il s'agisse d'affrontement
interreligieux pour des enjeux nationalistes comme en Inde ou au
proche-orient ou d'actions terroristes bousculant notre mode de vie,
il semble que les religions soient aujourd'hui plus porteuses de
haines que de paix. Surtout elles servent à légitimer la violence.
Il est plus facile d'opprimer, d'humilier, de violer et de tuer
lorsqu'on le fait au nom de Dieu pour exercer le prétendument
légitime courroux de celui-ci contre les païens, hérétiques ou
mécréants. Lorsque le crime est récompensé par la félicité
éternelle, il n'y a plus de limites à l'abomination humaine et les
nombreuses inquisitions et guerres de religions européennes sont là
pour nous rappeller que nous n'avons pas forcément de leçons de
civilisation à donner au reste du monde.
Pourtant nos consciences sont choquées
à raison par ces violences. Nous les ressentons comme en profonde
contradiction avec l'idée même de foi chrétienne et son idéal de
réconciliation entre les hommes et de l'humanité avec Dieu. Notre
conscience nous place plutôt du côté des « eirênopoioi»,
ceux qui procurent la paix. Le terme même est particulièrement
riche puisqu'il est formé d'une contraction du mot « eirênê »
(paix, d'où vient le mot « irénisme ») et du verbe
« poios » (faire) et signifie littéralement « faiseurs
de paix » d'où la traduction possible « artisans de
paix » qui met l'accent sur l'effort nécessaire pour parvenir
à la paix. Encore une fois, comme dans chacune de nos béatitudes,
l'usage du pluriel souligne que l'on ne peut jamais faire la paix
tout seul. On ne peut pas décider de faire la paix sans obtenir
l'accord de son adversaire ni le soutien de ses compagnons. La paix
est une lourde décision qui oblige à laisser de la place à
l'autre, à refuser de pousser son éventuel avantage, à renoncer à
dominer autrui. Bien sûr que les victimes, les dominés, les
vaincus, veulent la paix mais la paix dont il est question dans la
béatitude n'est pas l'œuvre du faible mais celle du fort.
Le glaive qu'est venu apporter Jésus a
malheureusement beaucoup servi à justifier les oppressions commises
contre les minorités religieuses. Alors même que ce glaive doit
avant tout passer à l'intérieur de notre propre cœur, à
l'intérieur de notre conscience et servir à départager ce qui en
nous est de l'ordre de l'attirance vers le mal et ce qui est notre
aspiration au bien. Entre la lumière déposée en nous par la grâce
de Dieu, d'une part et les ombres de notre personnalité d'autre
part. Avant d'être artisan de paix, c'est d'abord en nous-mêmes que
doit se faire cet effort, cette volonté de sanctification de notre
cœur qui était l'objet de la béatitude précédente.
La foi chrétienne n'est pas
acceptation béate de ce que nous sommes et justification de nos
actes en se contentant de notre état de nature. C'est aussi un
renoncement à ce qui nous empêche d'agir pour le bien d'autrui.
C'est renoncer à nos doutes, à nos craintes et à nos hésitations,
à nos peurs, que ce soit à l'échelle individuelle,
interpersonnelle ou sociale. La paix est au-delà des mots. Être
artisan de paix, c'est certes rassurer celui qui a peur pour sa vie
sur son lit d'hôpital mais le faire en vérité. Être aujourd'hui
artisan de paix, c'est encore cultiver un esprit de résistance
contre tous ceux qui voient dans ce qui nous arrive une punition
divine et cherchent à exploiter les peurs légitimes de nos
contemporains face à l'avenir pour rétablir une domination
religieuse sur les esprits et les sociétés.
C'est opposer à tous les intégristes
religieux et aux extrémistes de tous bords, qui sont prêts à
exercer la violence au nom de leur idole, que ce n'est qu'en
recherchant activement la paix que l'on peut réellement prétendre
être « Fils de Dieu ».
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Durant la période du confinement, nous continuons à vous proposer des méditations quotidiennes. C'est une manière de réfléchir au monde que nous voulons construire ensemble après cette crise dont nous tardons encore à comprendre toutes les conséquences.
Après la méditation du Notre Père, revu et corrigé par Simone Weil, c'est avec les Béatitudes que nous continuons notre série.
Les méditations sont publiées chaque jour à 10h, elles peuvent aussi vous être envoyées chaque jour sur simple demande.
Samedi 11 avril, introduction "Quel est le sens des béatitudes ?"
Dimanche 12 avril, dimanche de Pâques Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est àeux !
Lundi 13 avril Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
Mardi 14 avril Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !
Mercredi 15 avril Heureux ceux qui ont faim et soif de justice,car ils seront rassasiés !
Jeudi 16 avril Heureux les miséricordieux,car ils obtiendront miséricorde !
Vendredi 17 avril Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Samedi 18 avril Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
Dimanche 19 avril Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Lundi 20 avril Quelles Béatitudes pour notre temps ?Lundi 13 avril Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
Mardi 14 avril Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !
Mercredi 15 avril Heureux ceux qui ont faim et soif de justice,car ils seront rassasiés !
Jeudi 16 avril Heureux les miséricordieux,car ils obtiendront miséricorde !
Vendredi 17 avril Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Samedi 18 avril Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
Dimanche 19 avril Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !
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