Lundi 4 mai 2020 : 21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux
anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, celui qui commet un
meurtre sera passible du jugement. 22 Mais moi, je vous
dis : Quiconque se met en colère contre son frère sera
passible du jugement. Celui qui dira à son frère : Raca !
sera justiciable du sanhédrin. Celui qui lui dira : Insensé !
sera passible de la géhenne du feu. 23 Si donc tu présentes ton
offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a
quelque chose contre toi. 24 laisse là ton offrande devant l’autel,
et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter
ton offrande. 25 Arrange-toi promptement avec ton adversaire, pendant
que tu es encore en chemin avec lui, de peur que l’adversaire ne te
livre au juge, le juge au garde, et que tu ne sois mis en prison. 26
En vérité je te le dis, tu ne sortiras point de là que tu n’aies
payé jusqu’au dernier centime.
22
ἐγὼ δὲ λέγω ὑμῖν ὅτι
πᾶς ὁ ὀργιζόμενος τῷ ἀδελφῷ ⸀αὐτοῦ
ἔνοχος ἔσται τῇ κρίσει·
22
egô de legô humin hoti pas ho
orgidzomenos tô adelphô autoû evochos estai tê krisei
16
Lavez-vous, purifiez-vous,
Ôtez de ma vue la méchanceté de vos actions,
Cessez (de faire) le mal.
17 Apprenez à faire le bien,
Recherchez le droit,
Ramenez l’oppresseur dans le bon chemin,
Faites droit à l’orphelin,
Défendez la veuve.
Ôtez de ma vue la méchanceté de vos actions,
Cessez (de faire) le mal.
17 Apprenez à faire le bien,
Recherchez le droit,
Ramenez l’oppresseur dans le bon chemin,
Faites droit à l’orphelin,
Défendez la veuve.
Ésaïe 1, 16-17
« Chante, déesse, la colère
d'Achille », ainsi débute L'Iliade d'Homère qui n'est autre
que le récit des multiples colères des hommes et des dieux et de
leurs conséquences funestes. Véritable procès contre cette colère
destructrice, qui se manifeste par la démesure et culmine dans les
outrages faits à la dépouille d'Hector par Achille victorieux,
L'Iliade regrette la destruction de Troie qui partage avec les Grecs
la même culture, les mêmes dieux et les mêmes rites. La guerre de
Troie est une guerre fratricide où le meurtre est le résultat de la
colère.
Lorsqu'il donne sa lecture du 6e
commandement, « tu ne tueras pas », Jésus étend
justement l'interdit du meurtre jusqu'à la colère. Sans doute parce
qu'il sait qu'il faut s'attaquer aux causes plutôt qu'aux
conséquences. Remarquons avant tout cette toute petite préposition
« de, (δὲ) » traduit par
« mais » en français. Ce n'est cependant pas un « mais »
d'opposition comme celui (ἀλλὰ) qui exprimait l'opposition
entre « abolir » et « accomplir » au verset
17. Il signifie plutôt une suite logique, similaire à « le
meurtre est proscrit donc la colère également » puisqu'il
faut couper l'arbre (le meurtre) à sa racine (la colère).
Pour le dire autrement, dans un
vocabulaire qui nous est devenu familier, le meurtre est le symptôme
d'un mal qui est bien plus profond. Jésus développe sa pensée en
donnant un exemple concret : « si ton frère a quelque
chose contre toi, va d'abord te réconcilier avec lui ». Il se
place dans le registre proprement religieux, c'est au moment de
présenter son offrande, ou de partager le pain et le vin de la
réconciliation, qu'il faut s'interroger sur la qualité de nos
relations pour qu'elles ne soient pas entachées d'hypocrisie.
Si nous pensons être au bénéfice de
la grâce de Dieu et être pardonnés pour nos fautes à son égard,
les fautes envers nos frères sont, et restent, de notre entière
responsabilité. Et c'est à nous qu'il appartient de chercher à les
réparer. Dans la logique de Jésus, il ne s'agit pas seulement de
s'abstenir du meurtre, ce qui est, somme toute, assez facile pour la
plupart d'entre nous ! Mais de réparer les torts que nous avons
pu causer.
La notion de colère va plus loin
encore car elle est aussi une forme de mépris de l'autre. Celui qui
est en colère trouve toujours toutes les raisons de légitimer sa
colère qui n'est jamais qu'une forme de haine. Toute forme d'insulte
ou de dénigrement se réclame, en effet, d'une supériorité de
celui qui se croit en droit de juger l'autre, sans parler de la
dégradation que produit la colère chez celui qui, perdant la mesure
de ses paroles et de ses actes, s'avilit dans la détestation. C'est
cet effet boomerang que décrit Jésus lorsqu'il considère le
coléreux comme passible du jugement qu'il prétend exercer : il
se fait du mal à lui-même. Lorsqu'il condamne la colère, c'est la
haine, envers soi-même, envers l'autre et en définitive envers
Dieu, qu'elle signifie que Jésus désigne comme une forme de meurtre
symbolique.
Ainsi donc plutôt que de chercher à
juger et condamner, apprenons à renoncer à toute forme de colère
et à faire le bien autour de nous afin d'accomplir la parole du
prophète Ésaïe.
-------------------------------------------De très nombreuses analyses circulent pour envisager le monde à venir, parfois dans des perspectives catastrophiques, parfois utopiques et parfois pleines d'espérance pour une monde plus généreux, plus fraternel en tout cas plus humain.
C'est cette dernière perspective que, ne voulant pas rester dans le contexte de l'actualité, mais rechercher du sens et des principes directeurs pour cette vie nouvelle qui nous attend, nous poursuivons avec vous nos méditations théologiques car nous sommes persuadés que "Penser Dieu, ce n'est pas autre chose qu'une certaine manière de penser le monde".
Après le Notre Père, les Béatitudes, le Décalogue, c'est maintenant les "antithèses" de Jésus (Vous avez entendu (…) mais moi je vous dis…" qui nous intéressent.
Elles se trouvent dans l'évangile de Matthieu au chapitre 5, versets 17 à 48
Dimanche 3 mai 2020 : Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.
Lundi 4 mai 2020 : Mais moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement
Mardi 5 mai 2020 : Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis adultère avec elle dans son cœur.
Mercredi 6 mai 2020 : Mais moi, je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère
Samedi 9 mai 2020 : Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent
Dimanche 10 mai
2020 : Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.
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