Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent

Samedi 9 mai 2020 : 43 Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44 Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. 45 Alors vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. 46 En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les péagers aussi n’en font-ils pas autant 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens aussi, eux-mêmes, n’en font-ils pas autant ?

43 Ἠκούσατε ὅτι ἐρρέθη· Ἀγαπήσεις τὸν πλησίον σου καὶ μισήσεις τὸν ἐχθρόν σου. 44 ἐγὼ δὲ λέγω ὑμῖν, ἀγαπᾶτε τοὺς ἐχθροὺς ⸀ὑμῶν καὶ προσεύχεσθε ὑπὲρ ⸀τῶν διωκόντων ὑμᾶς· 45 ὅπως γένησθε υἱοὶ τοῦ πατρὸς ὑμῶν τοῦ ⸀ἐν οὐρανοῖς, ὅτι τὸν ἥλιον αὐτοῦ ἀνατέλλει ἐπὶ πονηροὺς καὶ ἀγαθοὺς καὶ βρέχει ἐπὶ δικαίους καὶ ἀδίκους. 46 ἐὰν γὰρ ἀγαπήσητε τοὺς ἀγαπῶντας ὑμᾶς, τίνα μισθὸν ἔχετε; οὐχὶ καὶ οἱ τελῶναι ⸂τὸ αὐτὸ⸃ ποιοῦσιν; 47 καὶ ἐὰν ἀσπάσησθε τοὺς ⸀ἀδελφοὺς ὑμῶν μόνον, τί περισσὸν ποιεῖτε; οὐχὶ καὶ οἱ ⸀ἐθνικοὶ ⸂τὸ αὐτὸ⸃ ποιοῦσιν;

44 egô de legô humin, agapate tous echthrous humôn

25 Et voici qu’un docteur de la loi se leva et lui dit, pour le mettre à l’épreuve : Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? 26 Jésus lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu? 27 Il répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. 28 Tu as bien répondu, lui dit Jésus ; fais cela, et tu vivras.

29 Mais lui voulut se justifier et dit à Jésus : Et qui est mon prochain? 30 Jésus reprit la parole et dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups et s’en allèrent en le laissant à demi-mort. 31 Par hasard, un sacrificateur descendait par le même chemin ; il vit cet homme et passa outre. 32 Un Lévite arriva de même à cet endroit ; il le vit et passa outre. 33 Mais un Samaritain, qui voyageait, arriva près de lui, le vit et en eut compassion. 34 Il s’approcha et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le plaça sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie et prit soin de lui. 35 Le lendemain, il sortit deux deniers, les donna à l’hôtelier et dit : Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras en plus, je te le paierai moi-même à mon retour. 36 Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands 37 Il répondit : C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui. Et Jésus lui dit : Va, et toi, fais de même.

Luc 10, 25-37

Une fois de plus, Jésus nous prend à contre-pied en faisant d'abord mine de nous comprendre afin de mieux pouvoir nous faire penser différemment. En effet, Jésus connaît la loi et il sait très bien que nulle part, elle n'autorise ou légitime la haine de qui que ce soit. Pourtant il reprend à son compte l'interprétation qui en était faite en son temps et que nous continuons d'ailleurs le plus souvent aujourd'hui. Il nous paraît, en effet, légitime, comme aux contemporains de Jésus, de faire un tri pour l'application du grand principe de la loi, à savoir « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l’Éternel. » (Lévitique 19, 18).

Notre prochain, c'est évidemment celui ou celle que l'on aime ! Au-delà de l'évidence, mon prochain c'est aussi celui ou celle qui pense, vit et agit comme moi. C'est celui ou celle qui est de ma famille, de ma communauté religieuse ou de pensée. Mon prochain partage mes valeurs, mes idées et mes principes. Il partage un héritage historique qui nous est commun, a la même analyse socio-politique que moi et envisage l'avenir dans les mêmes termes que moi. Il prie comme moi et a le même Dieu que moi. En bref, mon prochain est mon miroir et a une fâcheuse tendance à me ressembler! Il en est d'autant plus facile à « aimer comme moi-même ».

L'amour dont nous parle Jésus n'a, au contraire, d'abord strictement rien à voir avec les sentiments. On ne peut imposer à personne d'aimer tout un chacun de la même manière que nous aimons notre conjoint, nos enfants, nos parents, nos amis. Ces amours-là, fondés sur une communauté de projets, de désirs et d'aspirations, relèvent d'une manière ou d'une autre d'un choix. Le prochain dont nous parle Jésus est celui qu'a priori nous pourrions considérer comme un « ennemi », c'est-à-dire celui qui est différent de nous et se place, d'une façon ou d'une autre, en compétition avec nous. Ou à qui les circonstances de la vie nous confrontent sans que nous ne puissions y échapper.

Entre les prochains « qui nous ressemblent » et ceux « qui diffèrent de nous » et avec qui nous sommes, que nous le voulions ou non, en concurrence ou en conflit, que ce soit dans le milieu professionnel ou en société, parce que nous avons peur qu'ils nous mettent en danger, ne serait-ce qu'en ne respectant pas comme nous les nouvelles règles de distanciation sociale, Jésus ne nous appelle pas à choisir.

Envers ceux que nous avons choisi d'aimer et ceux que nous n'avons pas choisis, nous avons les mêmes devoirs d'attention, de bienveillance et de mise en pratique de la justice, la même obligation de faire du bien. En la matière, ce ne sont pas les sentiments qui priment mais une certaine idée de la dignité de l'être humain. Car tout être humain, pas seulement celui qui me ressemble et est d'accord avec moi, est, « comme moi », créé à l'image de Dieu et donc digne du respect dû à Dieu lui-même.

L'indifférence des premiers passants de la parabole du Bon Samaritain, alors même qu'ils étaient tenus pas la loi de venir en aide à la victime, celle-ci faisant justement partie de leur communauté, est dénoncée par Jésus qui donne en exemple ce Samaritain. Ce dernier aurait pu passer outre, nul ne lui aurait fait le reproche en son temps de s'être désintéressé de cette victime qui lui est étrangère et indifférente. Pourtant c'est sa miséricorde, si humaine et si évidente, qui nous est donnée comme modèle de vie si nous voulons savoir qui est notre prochain.

Aux valeurs de compétition et de concurrence, d'indifférence et de cynisme, si bien acceptées et valorisées dans notre société d'avant la crise, doivent succéder des principes de solidarité et d'attention à l'autre, une restauration de la notion même de ce qui nous est commun à tous.

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De très nombreuses analyses circulent pour envisager le monde à venir, parfois dans des perspectives catastrophiques, parfois utopiques et parfois pleines d'espérance pour une monde plus généreux, plus fraternel en tout cas plus humain.

C'est cette dernière perspective que, ne voulant pas rester dans le contexte de l'actualité, mais rechercher du sens et des principes directeurs pour cette vie nouvelle qui nous attend, nous poursuivons avec vous nos méditations théologiques car nous sommes persuadés que "Penser Dieu, ce n'est pas autre chose qu'une certaine manière de penser le monde".

Après le Notre Père, les Béatitudes, le Décalogue, c'est maintenant les "antithèses" de Jésus (Vous avez entendu (…) mais moi je vous dis…" qui nous intéressent

Elles se trouvent dans l'évangile de Matthieu au chapitre 5, versets 17 à 48
 
Dimanche 3 mai 2020 : Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.


Samedi 9 mai 2020 : Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent

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