Mais moi, je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère

Mercredi 6 mai 2020 : 31 Il a été dit : Que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce. 32 Mais moi, je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère.

31 Ἐρρέθη ⸀δέ· Ὃς ἂν ἀπολύσῃ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ, δότω αὐτῇ ἀποστάσιον. 32 ἐγὼ δὲ λέγω ὑμῖν ὅτι ⸂πᾶς ὁ ἀπολύων⸃ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ παρεκτὸς λόγου πορνείας ποιεῖ αὐτὴν ⸀μοιχευθῆναι, καὶ ὃς ἐὰν ἀπολελυμένην γαμήσῃ μοιχᾶται.

32 egô de legô humin hoti pas ho apoluôn tên gunaika autoû parektos logou porneias poiei autên moicheuthênai

Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle.

Ephésiens 5, 25

Après avoir abordé la place de la femme dans la société en général dans l'antithèse précédente, Jésus aborde la question du couple, considéré comme base essentielle de la société. En tout cas comme le lieu où le royaume de Dieu qu'il annonce se met le plus directement à l'épreuve puisqu'il ne peut y avoir de royaume hors de la relation à l'autre et que la relation de couple est la première dans laquelle chacun s'est engagée librement.

Remarquons d'abord la modernité, certes relative par rapport à notre époque, de l'acceptation du divorce, « répudiation » dans les termes antiques. Remarquons encore qu'ici Jésus ne reprend pas directement un des dix commandements mais l'une des 613 prescriptions de la loi juive, celle que l'on trouve dans le Deutéronome : donner à l'épouse un acte de divorce (Dt 24, 1). Par cet acte, l'épouse retrouvait l'entière liberté de se remarier dans une sorte de « solde de tout compte ». Surtout elle devenait interdite à son ancien mari qui ne pouvait plus prétendre à aucun droit sur elle mais conservait néanmoins des devoirs, notamment celui de subvenir à ses besoins si elle ne se remariait pas. La loi créait ainsi un espace de liberté pour les épouses qui n'étaient plus assujetties à la volonté de leurs maris et leur donnait une sorte de relative sécurité économique.

Loin de l'image de tolérance absolue attachée au Jésus de la modernité triomphante des années 1960, Jésus apparaît ici comme particulièrement réactionnaire, considérant le remariage comme adultère. Ce qui ne manquera pas de choquer ceux d'entre nous qui sont divorcés et remariés ou vivent une nouvelle histoire d'amour, peu importe l'identité sexuelle des partenaires, qui peut parfois être plus riche et intense que la première. Et il ne suffit pas d'éluder cette phrase de Jésus pour se débarrasser du problème.

Il faut cependant la relire à la lumière d'un autre épisode de sa vie qui nous est relaté, toujours par Matthieu, au chapitre 19. À la question de scribes et de pharisiens qui cherchaient à le piéger en lui parlant justement de cet acte de divorce, Jésus répond que « c'est à cause de la dureté de votre cœur » (Mt 19, 3-9). Ce qui est ici reconnu, c'est l'échec d'un projet de vie qui ne peut pour autant signifier la fin de la vie. Parce qu'il est un échec par rapport à un engagement et une promesse faite à un autre, le divorce ou la séparation d'un couple fondé sur un projet, doit être assumé et réfléchi. C'est-à-dire compris dans ses causes de manière à éviter de reproduire celles-ci dans un nouveau projet avec une autre personne.

C'est cette volatilité de l'engagement et, dans l'esprit de la loi, toute facilité qui reviendrait à expédier le projet de vie commune qui est à proscrire dans l'esprit de Jésus. Certains couples aujourd'hui confinés durant des semaines, ou séparés par les circonstances, auront ainsi, au sens propre, fait l'épreuve de leurs attachements et de leurs projets de vie. Les nombreux couples qui ne se supportent plus devront être accompagnés après le déconfinement pour faire la part des conditions extérieures, promiscuité, anxiété liée à la perte d'emploi, tensions autour des enfants, des soins du ménage pour ne prendre que quelques exemples, et la part des raisons profondes des difficultés rencontrées. Sans parler des violences intrafamiliales qui sont un véritable problème de société.

C'est au refus de toute légèreté, comme de toute condescendance, dans ses questions que Jésus nous invite. Les blessures et les joies à l'intérieur d'un couple sont constitutives de notre histoire personnelle et il est essentiel de les prendre au sérieux, non pas avec « dureté de cœur » mais avec attention et compréhension. D'autant plus que le couple est l'analogie de celui formé entre Dieu et l'humain. La manière dont nous vivons en couple en dit plus long sur la réalité de notre foi que bien des prières et des sermons, car c'est en son sein que commence le royaume de Dieu.

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De très nombreuses analyses circulent pour envisager le monde à venir, parfois dans des perspectives catastrophiques, parfois utopiques et parfois pleines d'espérance pour une monde plus généreux, plus fraternel en tout cas plus humain.

C'est cette dernière perspective que, ne voulant pas rester dans le contexte de l'actualité, mais rechercher du sens et des principes directeurs pour cette vie nouvelle qui nous attend, nous poursuivons avec vous nos méditations théologiques car nous sommes persuadés que "Penser Dieu, ce n'est pas autre chose qu'une certaine manière de penser le monde".

Après le Notre Père, les Béatitudes, le Décalogue, c'est maintenant les "antithèses" de Jésus (Vous avez entendu (…) mais moi je vous dis…" qui nous intéressent

Elles se trouvent dans l'évangile de Matthieu au chapitre 5, versets 17 à 48
 
Dimanche 3 mai 2020 : Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.


Mercredi 6 mai 2020 :  Mais moi, je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère

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