Vendredi
31 décembre 2021
Taureau
ou la pensée d'autrui
Intérieur
– Renée Vivien
Dans
mon âme a fleuri le miracle des roses.
Pour le mettre à l’abri,
tenons les portes closes.
Je
défends mon bonheur, comme on fait des trésors,
Contre les
regards durs et les bruits du dehors.
Les
rideaux sont tirés sur l’odorant silence,
Où l’heure au
cours égal coule avec nonchalance.
Aucun
souffle ne fait trembler le mimosa
Sur lequel, en chantant, un vol
d’oiseaux pesa.
Notre
chambre paraît un jardin immobile
Où des parfums errants
viennent trouver asile.
Mon
existence est comme un voyage accompli.
C’est le calme, c’est
le refuge, c’est l’oubli.
Pour
garder cette paix faite de lueurs roses,
O ma Sérénité ! tenons
les portes closes.
La
lampe veille sur les livres endormis,
Et le feu danse, et les
meubles sont nos amis.
Je
ne sais plus l’aspect glacial de la rue
Où chacun passe, avec
une hâte recrue.
Je
ne sais plus si l’on médit de nous, ni si
L’on parle encor…
Les mots ne font plus mal ici.
Tes
cheveux sont plus beaux qu’une forêt d’automne,
Et ton art
soucieux les tresse et les ordonne.
Oui,
les chuchotements ont perdu leur venin,
Et la haine d’autrui
n’est plus qu’un mal bénin.
Ta
robe verte a des frissons d’herbes sauvages,
Mon amie, et tes
yeux sont pleins de paysages.
Qui
viendrait nous troubler, nous qui sommes si loin
Des hommes ?
Deux enfants oubliés dans un coin ?
Loin
des pavés houleux où se fanent les roses,
Où s’éraillent les
chants, tenons les portes closes…
Ferras
/ Tortelier, Double Concerto in A minor Op.102 by Johannes Brahms -
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Créé
le 18 octobre 1887 à Cologne par Joseph Joachim, célèbre
violoniste et Robert Hausmann, violoncelliste du Quatuor Joachim,
sous la direction de l’auteur, le double concerto pour violon et
violoncelle de Brahms est la dernière œuvre concertante de Brahms
qui termine ainsi sur une formation fort peu courante à l’époque
romantique. Comme précédents illustres, on ne peut guère citer que
ceux de Bach, celui de Mozart pour violon et alto, celui de Spohr
pour 2 violons et le triple concerto de Beethoven.
L’aspect
peu traditionnel de l’œuvre explique peut-être son accueil
réservé – surtout en France- et sa popularité assez réduite.
Le
double concerto comporte 3 mouvements.
1 –
ALLEGRO D’une forme tout à fait particulière en raison de sa
liberté de construction et de sa richesse thématique : 3
thèmes principaux et jusqu’à 8 idées secondaires entrainant une
durée d’exécution supérieure à la totalité de celle des deux
autres mouvements suivants. Quatre mesures d’orchestre font
entendre le début du thème principal. Aussitôt après, le
violoncelle exécute une cadence parsemée de larges accords. Une
courte intervention des vents expose une mélodie simple et lyrique
qui sera le motif contrastant. C’est ensuite l’entrée du violon
bientôt rejoint par le violoncelle : les deux solistes
exécutent un duo qu’ils terminent par un long trait à l’octave.
Alors, seulement, à lieu l’exposition orchestrale dans son
intégralité. Les deux solistes rentrent ensuite successivement et
leur traitement manifeste le souci de Brahms de les équilibrer en
leur confiant des parties d’importance égale. Toutefois, on peut
constater que dans l’exposition des thèmes, c’est le violoncelle
qui prend la priorité. La partie développement très complexe,
amène une accentuation de la virtuosité. La réexposition module
bientôt en la majeur et conserve cette tonalité jusqu’à la coda
qui retrouve le mode mineur.
2-
ANDANTE (Ré Majeur) C’est une des très belles pages de la
maturité de Brahms. Après 4 notes montantes au cor et aux bois qui
donnent la cellule thématique, les 2 solistes jouent à l’octave
dans le grave de leur registre et ensemble avec les pupitres de
l’orchestre la large et noble mélodie de la partie A. La partie B
réplique avec des tierces aux bois, dans le ton de La Majeur,
évoquant les sonorités d’un choral d’orgue. Les deux solistes
auront ensuite un rôle mélodique ornemental avec des valeurs
rythmique de plus en plus resserrées qui ramèneront la première
partie suivie d’une réapparition condensée du 2e thème et de
formules ornementales, faisant office d’une ample coda.
3-
VIVACE NON TROPPO Le premier thème vif et léger, un peu énigmatique
est exposé par le violoncelle et repris par le violon. On retrouve
donc la même hiérarchie des instruments que dans l’allegro
initial. Il en sera de même pour le 2eme thème large, à la fois
carré et chantant. Dans la partie centrale surgit une nouvelle idée
très caractérisée d’où l’influence tzigane ne semble pas
absente. Les parties de solistes atteignent ensuite leur plus haut
niveau de virtuosité. Dans la réexposition, le 2eme thème sera en
La Majeur et cette tonalité se maintiendra jusqu’à la fin. La
coda (poco menuo allegro) est remarquable par la finesse de ses
lignes et de sa texture.
Matthieu Denni
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