Jeudi 30 décembre 2021
Gémeaux ou le langage
Elsa – Louis Aragon
Tandis que
je parlais le langage
des vers
Elle s'est
doucement tendrement
endormie
Comme une maison
d'ombre au creux de
notre vie
Une
lampe baissée au cœur des myrtes
verts
Sa joue a retrouvé
le printemps du repos
Ô corps sans poids pose
dans un songe de toile
Ciel
formé de ses yeux à l'heure
des étoiles
Un jeune
sang l'habite au couvert
de sa peau
La voila
qui reprend le versant
de ses fables
Dieu sait obéissant
à quels lointains
signaux
Et c'est
toujours le bal la neige
les traîneaux
Elle a rejoint
la nuit dans ses bras adorables
Je
vois sa main bouger Sa bouche
Et je me dis
Qu'elle reste
pareille aux marches
du silence
Qui m'échappe
pourtant de toute son
enfance
Dans ce pays secret
à mes pas interdit
Je te supplie
amour au nom de nous ensemble
De
ma suppliciante et folle
jalousie
Ne t'en
va pas trop loin sur la pente choisie
Je
suis auprès de toi comme
un saule qui tremble
J'ai
peur éperdument du sommeil
de tes yeux
Je me ronge
le cœur de ce cœur
que j'écoute
Amour arrête-toi
dans ton rêve et ta route
Rends-moi ta
conscience et mon mal merveilleux
Lugansky
- Grieg Piano Concerto in A minor - YouTube
Le lendemain du concert du 3 avril 1869, Benjamin Feddersen, adresse une lettre à Grieg. "La salle du Casino était presque aussi pleine que pour les concerts de la Société Musicale. Gade, Hartmann, Rubinstein, Winding, Hansen, étaient assis ensemble dans un secteur réservé. La reine était également présente en compagnie de nombreuses dames et messieurs, ainsi que le prince héritier et ses jeunes frères et soeurs… "Ta composition fut écoutée avec un intérêt considérable. Tandis que mes oreilles prêtaient attention à ta musique… j'observais et comprenais chaque expression, chaque émotion et je peux t'assurer que Gade, Hartmann, Rubinstein et Winding furent emplis de joie et d'admiration pour ton œuvre… "
Nul doute qu'Edvard Grieg, le jeune compositeur de 25 ans dont on a joué le concerto à Copenhague le 3 avril 1869 a savouré son triomphe, même si c'est de loin et seulement à travers les lettres de ses amis. La réception est de bon augure, et l’œuvre commence sa vie avec pour fées penchées sur son berceau les influentes personnalités de Gade, de Hartmann et de Rubinstein
Comment se fait-il que le jeune Edvard Grieg ne puisse pas être présent à Copenhague pour écouter son concerto le jour de la création ? D'abord, on peut remarquer que cette création, qui devait avoir lieu l'hiver précédent a été repoussée parce que déjà, le compositeur n'avait pas le temps de l'orchestrer ! Le temps lui manque, d'une manière générale !
C'est qu'il doit en consacrer la majeure partie aux activités rémunératrices indispensables et qu'il ne lui en reste que très peu pour son activité de prédilection, la composition. C'est seulement l'été, pendant les vacances, qu'il peut trouver la concentration nécessaire pour avancer dans de grandes œuvres.
En lisant pour la première fois le Concerto de Grieg lorsqu'il reçoit la partition, Liszt (qui reconnaît sans doute un peu de son écriture pour piano, écrit au jeune compositeur "Continuez ainsi : je vous le dis, vous avez ce qu'il faut — ne les laissez pas vous intimider." Edmund Neupert, le créateur de la partition, écrit à Grieg le lendemain "Je suis chargé de te féliciter de la part de Rubinstein et de te dire qu'il fut réellement surpris d'avoir entendu une si brillante composition ; il cherche à faire ta connaissance… Gade pensa beaucoup de bien des premier et deuxième mouvements, moins du troisième. Il parla cependant avec une authentique chaleur. Le vieux Hartmann était extatique. J'ai eu au moins deux rappels et à la fin j'ai eu droit à une grande fanfare de l'orchestre…"
Matthieu Denni
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