12 voeux en musique 2022 - 9

 Lundi 3 janvier 2022

Verseau ou l'odorat

Le parfum – Charles Baudelaire

Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d'encens qui remplit une église,
Ou d'un sachet le musc invétéré ?

Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré !
Ainsi l'amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.

De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant sachet, encensoir de l'alcôve,
Une senteur montait, sauvage et fauve,

Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure.

 

Clara Haskil plays Mozart's Piano Concerto No. 20 (RIAS-Symphonie, Ferenc Fricsay, cond.)(1954) - YouTube

1785, Mozart, enfin libre, est installé depuis 3 ans à Vienne avec sa femme Constance, mais les commandes d’opéra se faisant désirer, il organise pour le 11 février un concert de souscription au Mehlgrube, un ancien entrepôt de farine transformé en casino avant de devenir à la fin du XVIIIe siècle une auberge où Beethoven se produira souvent. La partition, composée pour l’occasion, ne sera achevée que la veille et comme l’écrit Léopold, venu tout spécialement de Salzbourg, à sa fille Nannerl, « le copiste n’avait encore pas le jour même fini son travail et ton frère n’a pas eu le temps de jouer le Rondo parce qu’il devait revoir la copie ». Qu’importe l’orchestre déchiffrera le final à vue, Mozart dirigeant du piano tout en improvisant aussi les cadences qu’il notera par la suite sans qu’elles aient été conservées, laissant place à celles de Beethoven qui admirait beaucoup cette page, dont d’aucuns prétendent que sa tonalité comme sa construction seraient liées à l’entrée quelques mois plus tôt du compositeur en maçonnerie. Quoiqu’il en soit, son « frère » Joseph Haydn assista sans doute à la création, lui qui avait déclaré à Léopold, « je vous le dis devant Dieu, foi d’honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse ».

 
Et jamais concerto n’avait commencé de manière si sauvage et passionnée, presque dramatique préfigurant la rage d’Elvira dans le futur Don Giovanni, ou la folie meurtrière de son ultime Reine de la Nuit

Matthieu Denni 

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