Lundi 3 janvier 2022
Verseau ou l'odorat
Le parfum – Charles Baudelaire
Lecteur,
as-tu quelquefois respiré
Avec
ivresse et lente gourmandise
Ce
grain d'encens qui remplit une église,
Ou
d'un sachet le musc invétéré ?
Charme
profond, magique, dont nous grise
Dans
le présent le passé restauré !
Ainsi
l'amant sur un corps adoré
Du
souvenir cueille la fleur exquise.
De
ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant
sachet, encensoir de l'alcôve,
Une
senteur montait, sauvage et fauve,
Et
des habits, mousseline ou velours,
Tout
imprégnés de sa jeunesse pure,
Se
dégageait un parfum de fourrure.
1785, Mozart, enfin libre, est installé depuis 3 ans à Vienne avec sa femme Constance, mais les commandes d’opéra se faisant désirer, il organise pour le 11 février un concert de souscription au Mehlgrube, un ancien entrepôt de farine transformé en casino avant de devenir à la fin du XVIIIe siècle une auberge où Beethoven se produira souvent. La partition, composée pour l’occasion, ne sera achevée que la veille et comme l’écrit Léopold, venu tout spécialement de Salzbourg, à sa fille Nannerl, « le copiste n’avait encore pas le jour même fini son travail et ton frère n’a pas eu le temps de jouer le Rondo parce qu’il devait revoir la copie ». Qu’importe l’orchestre déchiffrera le final à vue, Mozart dirigeant du piano tout en improvisant aussi les cadences qu’il notera par la suite sans qu’elles aient été conservées, laissant place à celles de Beethoven qui admirait beaucoup cette page, dont d’aucuns prétendent que sa tonalité comme sa construction seraient liées à l’entrée quelques mois plus tôt du compositeur en maçonnerie. Quoiqu’il en soit, son « frère » Joseph Haydn assista sans doute à la création, lui qui avait déclaré à Léopold, « je vous le dis devant Dieu, foi d’honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse ».
Et
jamais concerto n’avait commencé de manière si sauvage et
passionnée, presque dramatique préfigurant la rage d’Elvira dans
le futur Don Giovanni, ou la folie meurtrière de son ultime Reine de
la Nuit
Matthieu Denni
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire