12 voeux en musique 2022 - 8

 Dimanche 2 janvier 2022

Poissons ou le goût

Le goût du néant – Charles Baudelaire

Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.

Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute.

Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,
L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute ;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte !
Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et boudeur !

Le Printemps adorable a perdu son odeur !

Et le Temps m'engloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur ;
Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.

Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute ?

Ravel: Rapsodie Espagnole, Munch & BSO (1956) ラヴェル スペイン狂詩曲 ミュンシュ - YouTube

C’est avec la Rapsodie espagnole, composée en 1907-1908 et créée le 15 mars 1908 au théâtre du Châtelet sous la direction d’Édouard Colonne, que Ravel dévoile son génie d’orchestrateur, entrevu auparavant dans le cycle de mélodies Shéhérazade et l’orchestration d’Une barque sur l’océan. Si la Rapsodie est d’abord composée pour piano, sa parure symphonique est entendue en concert avant la version pour deux pianos. Une révélation dont se souvient Roland-Manuel : « C’est dans la Rapsodie espagnole que retentit pour la première fois cet orchestre nerveux, félin, dont la transparence, la netteté et la vigueur sont exemplaires ; dont la sonorité tout ensemble soyeuse et sèche est comme la marque de Ravel. » Toutefois, la Habanera avait été composée dès 1895 et créée au piano dès 1898 comme premier volet des Sites auriculaires, avant de prendre place dans la Rapsodie. De fait, ce troisième mouvement est le seul à ne pas contenir le motif de quatre notes (fa-mi-ré-do dièse) qui résonne de façon obsédante dans Prélude à la nuit, avant de reparaître dans Malagueña et Feria. Une évocation de l’Espagne amorcée dans le mystère de la nuit, couronnée par l’incandescence d’une fête diurne : telle est l’impression que laissent les quatre tableaux. Après les frémissements et les élans voluptueux du Prélude à la nuit, la Malagueña introduit plus de mordant. La partie centrale de la nonchalante et mélancolique Habanera annonce la Feria, dont l’énergie dionysiaque n’est pas dépourvue d’ambiguïté. Daphnis et Chloé, La Valse et le Boléro s’achèveront aussi avec cette ivresse fiévreuse, à la fois apogée somptueux et cataclysme destructeur

Matthieu Denni 

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