L'Heure Musicale virtuelle du 13 novembre 2021

 Samedi 13 novembre 2021

WO DIE ZITRONEN BLÜHN...

OU L'ITALIE FANTASMÉE

 


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Kennst du das Land, wo die Zitronen blühn,

Im dunkeln Laub die Goldorangen glühn,

Ein sanfter Wind vom blauen Himmel weht,

Die Myrte still und hoch der Lorbeer steht?

Kennst du es wohl? Dahin!

Dahin möcht’ ich mit dir,

O mein Geliebter, ziehn.

Kennst du das Haus? Auf Säulen ruht sein Dach,

Es glänzt der Saal, es schimmert das Gemach,

Und Marmorbilder stehn und sehn mich an:

Was hat man dir, du armes Kind, getan?

Kennst du es wohl? Dahin!

Dahin möcht’ ich mit dir,

O mein Beschützer, ziehn.

Kennst du den Berg und seinen Wolkensteg?

Das Maultier such im Nebel seinen Weg,

In Höhlen wohnt der Drachen alte Brut;

Es stürzt der Fels und über ihn die Flut.

Kennst du ihn wohl? Dahin!

Dahin geht unser Weg!

O Vater, laß uns ziehn!

J W Goethe


Abbado, Mendelssohn-Bartholdy Symphony No.4 "Italian" in A major Op.90 - YouTube

L’italianité se fait surtout sentir dans les mouvements extrêmes. L’œuvre débute par un Allegro vivace festif en la majeur et s’achève par un saltarello, une danse née dans l’Italie médiévale. 

Créée en 1833, l’Italienne est « le chef-d’œuvre symphonique qu’attendait l’Europe, en deuil de Beethoven », note la musicologue Brigitte François-Sappey. « Si une symphonie possédait tous les atouts pour conquérir le vaste monde, c’était bien l’Italienne. Et pourtant Mendelssohn, son auteur itinérant, douta d’elle au point de la séquestrer ». Mécontent, le compositeur refuse en effet de la publier de son vivant.

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Hugo Wolf: Italian Serenade - YouTube

La Sérénade italienne est la plus connue des œuvres instrumentales de Wolf, par ailleurs compositeur de nombreux lieder. Profondément dépressif, le musicien semble avoir écrit cette pièce avec une intensité fiévreuse, puisqu'il ne mit que deux jours pour l'achever dans une première version pour quatuor à cordes en mai 1887. En 1892, il l'instrumenta pour petit orchestre, avec l'idée d'y ajouter deux autres mouvements qui restèrent à l'état d'esquisses.

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RICHARD STRAUSS: "Aus Italien" - YouTube

On connaît bien les poèmes symphoniques de Strauss, de Till l’espiègle à Mort et transfiguration. On connaît moins en revanche la fantaisie symphonique qu’il a composée en 1886 sur ses souvenirs italiens.


Élevé dans le culte de Mozart, de Haydn, de Beethoven et des grands compositeurs romantiques (Mendelssohn, Schumann, Brahms) par un père antiwagnérien, Richard Strauss s’est inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs jusqu’en 1886. Le jeune compositeur, enfant prodige qui a acquis auprès de son père, le corniste Franz Strauss, une solide éducation musicale, était à cette date l’auteur de pièces de musique « pure », parmi lesquelles figurait une symphonie composée en 1883. Mais en 1885 Strauss fait la rencontre d’Alexandre Ritter, neveu par alliance de Richard Wagner, et grand défenseur de ce qu’on appelle alors la « musique de l’avenir » incarnée par Franz Liszt et par le maître de Bayreuth. Cette rencontre est décisive : Ritter l’éloigne de Brahms et lui ouvre les portes de la musique descriptive, de la Tonmalerei illustrée par les poèmes symphoniques de Liszt et par les œuvres de Berlioz.

Ce tournant majeur dans la carrière du compositeur est attesté par la « fantaisie symphonique » Aus Italien (« D’Italie »), écrite à la suite d’un voyage de plusieurs mois au début de l’année 1886, au cours duquel Strauss a visité le Latium et la Campanie. Comme de nombreux Allemands avant lui, depuis Goethe jusqu’à Nietzsche, Strauss a été profondément marqué par cette expérience, qui lui permet de confronter, conventionnellement, les « brumes du Nord » à la « lumière du Midi ».

Aus Italien offre surtout le premier témoignage, d’après le compositeur lui-même, du nouveau style qu’il adopte à partir de ce moment : l’évocation musicale des impressions produites par des paysages ou des lectures, dans le droit fil de la Symphonie pastorale de Beethoven et d’Harold en Italie de Berlioz. Avec ses quatre mouvements distincts, Aus Italien indique le changement qui s’opère alors : l’œuvre apparaît comme une symphonie classique dont l’organisation traditionnelle des mouvements aurait été modifiée ; elle préfigure tout autant la vaste Alpensinfonie de 1915.

Ruines romaines

Cette « fantaisie symphonique » s’ouvre par une évocation de la campagne romaine au crépuscule, en sol majeur, dans un mouvement lent initial. À une introduction emplie de mystère, grâce à l’emploi d’accords étageant leurs notes dans un vaste ambitus, succède une évocation du soleil couchant et de la tombée de la nuit. Cette atmosphère paisible contraste avec le second mouvement, un rapide allegro à 6/4, dans lequel Strauss évoque les « ruines de Rome » en utilisant des thèmes aux allures nettes et martiales et une orchestration limpide ; on songe ici à Mendelssohn et à Schumann tout autant qu’à Berlioz.

C’est dans le troisième mouvement que la maîtrise du jeune compositeur apparaît et que se dessine déjà la splendeur orchestrale caractéristique de ses futurs poèmes symphoniques. Dans cette évocation de « la plage de Sorrente », en la majeur, Strauss fait résonner les bruits de la nature en arabesques finement dessinées, avec des bois et des cordes dont les thèmes miroitent au sein d’une polyphonie raffinée. Le finale, « Vie populaire à Naples », est bâti principalement sur un motif de tarentelle, signe conventionnel de l’italianité, et sur une mélodie en vogue vers 1880, que Strauss a considérée comme une authentique « chanson populaire » : « Funiculi, funicula », du compositeur italien Luigi Denza (1846-1922). Aus Italien s’achève sur une brillante coda en sol majeur.

Aus Italien a été créé le 2 mars 1887 à l’Odeonsaal de Munich sous la direction de Richard Strauss. L’œuvre est dédiée à Hans von Bülow.

Matthieu Denni

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