Un vitrail par jour 21

28 novembre Une étoile dans le ciel

Les Mages voient au ciel l'étoile miraculeuse. Les Mages, dans l'Orient, voient au ciel le signe miraculeux leur annonçant la naissance du Messie. Ce signe est parfois une étoile, comme dans le récit biblique; le plus souvent, c'est l'image resplendissante d'un enfant; ici c'est le Christ priant qui apparaît, en buste, dans les nuages.

Matthieu 2, 1-2

Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, 2 et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.

Ésaïe 49, 1

Îles, écoutez-moi ! Peuples lointains, soyez attentifs ! L’Éternel m’a appelé dès ma naissance, Il m’a nommé dès ma sortie des entrailles maternelles.

« Ce même jour que Dieu fut né en Judée, sa nativité fut annoncée en Orient à trois puissants rois qui virent lors une nouvelle étoile en laquelle leur apparût un petit enfant, sur le chef duquel resplendissait une croix d'or » nous disent le Speculum Humanae Salvationis et les vitraux qui en reproduisent les illustrations. C'est ainsi que les mages de l'évangile devinrent de puissants rois encore connus aujourd'hui comme les rois mages. Ils ne sont pas non plus trois pour l'évangéliste, les églises arméniennes et syriaques vont jusqu'à imaginer qu'ils étaient douze comme les disciples et les apôtres. La tradition des trois mages est certainement très ancienne et s'est imposée dans les traditions grecques et latines par analogie avec les présents que font les mages au moment de l'épiphanie. Dans le contexte de la chrétienté triomphante, il ne pouvait plus être questions de magiciens, astrologues et autres devins n'étant plus tolérés dans l'Occident chrétien.

Mais la représentation la plus intéressante, c'est bien sûr que l'étoile soit figurée par le Christ lui-même, reprenant l'annonce de Balaam (cf. vitrail 6) « De Jacob naîtra une étoile ». C'est ainsi que les prophéties trouvent leur accomplissement à posteriori, lorsqu'un événement se produit qui en donne la signification. L'art chrétien a souvent repris cette image d'un enfant nimbé et couronné d'une croix d'or. Un raccourci pour signifier que le destin de l'enfant est déjà inclus dans sa nativité. C'est aussi l'attribut qui permet dans l'art de reconnaître le Christ, de la même manière que chaque dieu dans toutes les religions se reconnaît par des caractéristiques qui lui sont propre : l'égide de Zeus, les sandales ailées de Hermès, le casque d'Athéna ou le trident de Poséidon.

De la difficulté de représenter Dieu

La représentation du divin répond à des codes extrêmement stricts à une époque donnée mais elle est en constante évolution. Ce qui est permis à telle période devient saugrenu voire blasphématoire à telle autre, à telle enseigne qu'il arrive que certains s'autorisent à tuer parce que d'autres ont simplement représenté, non pas Dieu mais leur prophète. Plus généralement, les mentalités évoluent et les codes de représentation s'oublient. Ainsi qui comprendrait aujourd'hui le monogramme du Christ qui dans certaines représentations des mages remplace l'étoile et l'enfant.

Qu'ils soient rois ou mages semble n'avoir a priori que peu d'importance. L'essentiel pour nos vitraux étant la cohérence entre les annonces et leur réalisation. Une autre dimension cependant de nos mages n'est autre que leur origine. C'est de l'Orient qu'ils viennent, de ce monde étranger, de ce monde dangereux que l'on ne connaît pas. Comme Balaam était le signe de la conscience de Dieu en dehors du peuple élu et signifiait l'universalité de ce Dieu qui, autrement, serait cantonné à ce petit peuple coincé entre la mer et le Jourdain. Souvenons-nous qu'à l'époque de la naissance, ce fameux jour où les mages virent l'étoile et se mirent en route, l'essentiel du monde connu est sous la domination de l'empire romain dont la majorité des habitants n'a eu aucune difficulté à donner le nouveau nom de Jupiter à l'ancien Zeus. Ils n'hésiteront pas quelque décennies plus tard à troquer le nom de Jupiter pour celui de Jésus, le revêtant des mêmes attributs et en en faisant le même « tout puissant » pour instaurer la même religion de la force alors que nos mages sont eux porteurs d'une religion de l'esprit, de la conscience de l'unité de toutes choses. En en faisant des rois, les commentateurs médiévaux ont choisi le pouvoir alors que les mages auraient pu représenter le savoir, la science et la connaissance de l'unité du monde.

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