Un vitrail par jour 17

24 novembre La vraie sagesse

La Tour de David. Quatorze écussons y sont suspendus; la porte est munie d'une grande serrure.

Difficile d'imaginer une représentation plus symbolique de la sureté de la virginité de Marie que cette tour de David hérissée de « mille écussons » nous dit Ludolphe de Saxe. Si notre maître verrier n'en a représenté que quatorze, ce n'est pas seulement pour des questions d'efficacité graphique. Une fois encore, Ludolphe est, outre un défenseur de la notion d'Immaculée conception, dont la Tour est devenue depuis lors l'emblème, c'est aussi un guide spirituel et, après nous avoir expliqué que Joseph avait été donné à Marie comme protecteur, la vrai protection, signifiée par la Tour n'est autre que la protection de Dieu lui-même, laquelle produit les « mille vertus » propre à Marie qui sont représentés par les boucliers.

Ce sont ces vertus qui éloignent naturellement Marie, non seulement de toutes formes de péchés qu'elle pourrait éprouver mais aussi de celles que d'autres pourraient éprouver à son endroit : « d'elle yssait (émanait) une vertu divine, qui éteignaient toutes les illicites concupiscences de ceux qui la regardaient ». Ces vertus lui viennent de Dieu qui est « Deus, vera sophia » (Dieu, vraie sagesse » par opposition avec Apollon réputé aussi être « Dieu de sagesse ». En tant que guide spirituel, Ludolphe montre l'exemple des vertus de Marie pour qu'elles soient mises en pratique par ses lecteurs et qu'ils se détournent de ceux qui ne sont la vraie sagesse.

Les vraies vertus

La représentation de quatorze écussons seulement devait pouvoir servir de support catéchétique puisqu'il est aisé de les rapprocher des sept vertus de la foi catholique traditionnelle, à savoir la foi, l'espérance, l'amour, la prudence, la tempérance, la force et la justice, en y ajoutant les sept fruits de l'esprit que sont sagesse, intelligence, science, conseil, force, piété filiale et crainte que l'auteur du Speculum associait avec les sept fleurs de l'arbre de Jessé. Mais outre la répétition de la force au nombre des vertus, reconnaissons que ce n'est jamais qu'une conjecture puisque Ludolphe lui-même ne détaille pas les vertus de Marie dont le nombre est si vaste qu'il ne peut être inférieur à mille. Si pour nous aujourd'hui, l'idée de Tour n'évoque plus que l'idée de la démesure des gratte-ciels, il faut se souvenir que leur caractéristique de défense faisait partie du quotidien des contemporains de la fabrication des nos vitraux.

Profitons de l'occasion pour évoquer un autre trésor du temple Saint-Étienne, lui aussi couvert d'écussons mais d'une symbolique très différente. Il s'agit de l'épitaphe de la famille Waldner de Freundstein qui se trouve dans l'une de nos salles, justement appelée « Salle des épitaphes ». Une épitaphe est une pierre tombale sans tombe, uniquement destinée à entretenir le souvenir du défunt. Les trois vertus dites théologales, la foi, l'espérance et la charité y sont représentées par les trois symboles de la croix, de l'ancre et de l'enfant. Les écussons des familles parentes et alliées des Waldner de Freundstein, soulignant, non pas les vertus, mais l'importance de cette famille protestante.

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