Jeudi 6 janvier 2022
Scorpion ou le sens de la vie
La vie profonde – Anna de Noailles
Être
dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre
ses désirs comme un profond feuillage,
Et
sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La
sève universelle affluer dans ses mains !
Vivre,
avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire
le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et
goûter chaudement la joie et la douleur
Qui
font une buée humaine dans l'espace !
Sentir,
dans son cœur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner
ainsi que le vent sur la terre.
—
S'élever
au réel et pencher au mystère,
Être
le jour qui monte et l'ombre qui descend.
Comme
du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser
du cœur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et
comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir
l'âme qui rêve, au bord du monde assise...
Bizet Carmen Suite: L'Arlésienne Suites 1 & 2 Paray, Detroit Symphony Orchestra - YouTube
Sur une commande de Léon Carvalho, Georges Bizet compose la musique de L’Arlésienne pour le drame éponyme en trois actes d’Alphonse Daudet. Créée à Paris le 1er octobre 1872, au Théâtre du Vaudeville, la pièce est un échec, mais la musique est plus appréciée. Bizet retravaille alors plusieurs pièces de la musique de scène qui sont jouées le 10 novembre 1874 au Cirque d’Hiver sous la direction de Jules Pasdeloup. Cette suite, qui devient la Suite n° 1 – Ernest Guiraud adapte en effet une seconde suite en 1879, quatre ans après la mort de Bizet – remporte dès sa première audition un très vif succès.
Alphonse Daudet tire sa pièce d’une nouvelle éponyme des Lettres de mon moulin (1869) : un garçon de la campagne tombe amoureux d’une jeune arlésienne aperçue aux arènes. Bien qu’il ne la recroise pas, il pousse ses parents à consentir au mariage, apprend qu’elle a sans doute eu une relation avec un autre homme, renonce au mariage et, pour rassurer ses proches, fait semblant de l’oublier mais finit par se suicider.
Composée pour un petit orchestre de vingt-six musiciens, la partition de la musique de scène comporte 27 numéros. Plus de la moitié sont de courts mélodrames de quelques mesures, mais les autres numéros comprennent un prélude, six chœurs, des entractes et des intermezzos. Quand Bizet reprend sa partition pour écrire une suite, il développe les effectifs de l’orchestre en ajoutant notamment un instrument encore tout récent, le saxophone. Il conçoit sa suite sur le plan d’une symphonie classique en quatre mouvements et, pour cela, s’éloigne de l’ordre de l’histoire. Ernest Guiraud structure la Suite n° 2 sur le même principe. Pour le troisième mouvement, il utilise un menuet du troisième acte de La Jolie Fille de Perth, un autre opéra de Bizet (créé en 1867).
Matthieu Denni
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire