Mardi 4 janvier 2022
Capricorne ou l'équilibre
Poème de l'amour – Anna de Noailles
Lorsque tu ne
seras, dans quelque
humble retraite,
Qu'un
homme vieux et
fatigué ;
Lorsque sera terni
le charme que te prête
Ton
beau sourire triste
et gai;
Quand ton oeil studieux
dont la langueur observe,
Et
même semble discuter,
N'aura
plus sa rêveuse et vigilante
verve,
Et son bleu
calice éclaté,
Quand
nul ne fera plus tinter à ton
oreille
L'éloge
que tu réclamais,
Songe,
ô futur cadavre,
éphémère merveille,
Avec
quel excès je t'aimais
!
Rappelle à ton orgueil,
s'il souffre et s'inquiète,
Que
c'est moi-même, et non pas toi,
Qui
voulus, rapprochant
sournoisement nos têtes,
Ce
baiser tendre, humide
et droit,
Cet
unique baiser qui met en équilibre
Deux
visages encore
errants,
Et qui ne
m'a jamais plus permis
d'être libre,
En
mon cœur vivace et
mourant...
Pergolesi - Stabat Mater (complete/full) - Nathalie Stutzmann - YouTube
Un doute subsiste sur le commanditaire du Stabat Mater : ce pourrait être le duc de Maddaloni, mécène de Pergolesi, ou bien des franciscains, membres de la Confrérie des chevaliers de la Vierge des sept douleurs. Cette œuvre vient remplacer le Stabat Mater composé vingt ans plus tôt par Alessandro Scarlatti et interprété chaque année à l’occasion de la fête de la Vierge des sept douleurs, le vendredi précédant les Rameaux. Pergolesi a comme seule contrainte d’utiliser le même effectif réduit que son prédécesseur : un ensemble à cordes, un continuo et deux voix. Il travaille au Stabat Mater lors de sa retraite au monastère de Pozzuoli. C’est la dernière œuvre qu’il compose. Quelques jours avant sa mort, il lègue la partition à l’un de ses premiers professeurs, Francesco Feo (1691-1761). Il n’entendra jamais le fruit de son travail mais il est possible que la pièce ait été interprétée cette même année, lors d’une impressionnante procession de la fête de la Vierge où se mêlaient aux musiciens professionnels le peuple chantant et interprétant des danses rituelles.
Le motet est un genre musical qui apparaît au XIIIe siècle et évolue au fil des époques. Au début du XVIIIe siècle, c’est une pièce vocale polyphonique qui met en musique un texte le plus souvent religieux. Or, à Naples, Pergolesi et ses contemporains passent en permanence du genre profane au genre sacré : les innovations d’écriture pour l’opéra et la musique instrumentale se retrouvent alors dans la musique sacrée et donc dans les motets. Dans le Stabat Mater de Pergolesi, on retrouve l’influence de l’opéra à travers ses airs et ses duos accompagnés par l’ensemble instrumental et soutenus par la basse continue
Le texte du Stabat Mater est un texte liturgique qui date du début du XIIIe siècle. Attribué à Jacopone da Todi, il décrit les douleurs de la Vierge devant son fils crucifié. Il a été ajouté au rituel chrétien en 1727 par le pape Benoît XIII. La première partie du texte décrit la souffrance éprouvée par Marie tandis que la seconde est une prière qui lui est adressée afin de partager ses tourments. De ce texte composé de 20 tercets (strophes de 3 vers), Pergolesi en regroupe certains afin de former 12 séquences, certaines plus longues que d’autres, alternant airs pour soliste et duos.
Le compositeur emploie des voix féminines – même si l’œuvre a sans doute été interprétée à l’époque par des castrats ou des enfants –, le timbre des voix rappelant ainsi celui d’une mère. Pergolesi se rapproche une nouvelle fois de l’opéra en accentuant le côté humain de l’œuvre : évoquant Marie pleurant au pied de la croix, il théâtralise le texte afin d’exprimer l’affect central du Stabat Mater, à savoir la douleur.
Matthieu Denni
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