Le chandelier à sept branches. Ce chandelier, qui se trouvait dans le tabernacle et dans le temple de Jérusalem, a été considéré plus tard comme un symbole de la Lumière du monde, c'est-à-dire du Christ.
Exode 27, 20-21
20 Tu ordonneras aux enfants d’Israël de t’apporter pour le chandelier de l’huile pure d’olives concassées, afin d’entretenir les lampes continuellement. 21 C’est dans la tente d’assignation, en dehors du voile qui est devant le témoignage, qu’Aaron et ses fils la prépareront, pour que les lampes brûlent du soir au matin en présence de l’Éternel. C’est une loi perpétuelle pour leurs descendants, et que devront observer les enfants d’Israël.
Symbole du judaïsme par excellence, le chandelier à sept branches (ménorah) est aussi dans l'esprit de l'auteur du Speculum Humanae Salvationis, le type même du message évangélique. En effet, c'est pour lui en corrélation directe avec la chandelle allumée par Marie, c'est-à-dire le Christ lui-même, que le chandelier, brûlant perpétuellement dans le temple de Jérusalem doit être compris. Chacune de ses sept chandelles est l'image d'une des sept œuvres de miséricorde. Ces œuvres de miséricorde sont celles dictées par Jésus en Matthieu 25, 35-36 : « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi. » auxquelles les commentateurs médiévaux ajoutaient l'ensevelissement des morts. Nous retrouverons ces œuvres de miséricorde dans une autre série de nos vitraux du temple Saint-Étienne, dans les actuelles fenêtres huit et neuf, associées aux triomphes de la vertu.
Ludolphe de Saxe considère vraiment le chandelier comme une anticipation du message de l'évangile. Il n'en va pas de même pour notre artisan verrier. Certes les chandelles sont allumées mais au centre du chandelier, au milieu des feuilles d'acanthe décoratives, il glisse un visage grimaçant, parfaite représentation de cet antisémitisme viscéral dont les Églises ont tant de mal à se défaire. Il faut cependant se souvenir que les vitraux étaient originellement placés au fond du chœur bâti au XIVe siècle dans l'ancienne église. Personne parmi les fidèles ne pouvait distinguer ce détail, c'est sans aucun doute la touche personnelle de l'artisan verrier comme le sont tant et tant de figures plus ou moins grotesques sur les colonnades des églises et cloîtres romans ou gothiques et, en tout cas en ce qui concerne notre vitrail, ne correspond pas du tout à l'intention de l'auteur.
Il est plus intéressant de souligner la correspondance entre Hanoukka, la fête juive de la lumière, célébrée cette année du 10 au 18 décembre, durant laquelle une bougie supplémentaire est allumée chaque jour et la « fête des lumières » qu'est devenue aujourd'hui Noël dans notre société sécularisée. Hanoukka est un rappel constant à la fidélité et à la mémoire des délivrances du peuple d'Israël. Les chandeliers de l'Avent que l'on met à la fenêtre dans les pays de traditions germaniques, notamment en Alsace, répondent à leur manière à ces chandeliers. Dans les ténèbres de l'hiver, le besoin d'une lumière, fragile mais nécessaire, est le souvenir de cette autre lumière qui est venue dans le monde pour l'illuminer d'une parole d'espérance.
Une espérance laïcisée
On peut certes se plaindre que la majorité de la population soit déchristianisée et ne voit plus dans la période de Noël qu'une occasion de consommer avec bonne conscience. On peut aussi regretter que la référence chrétienne disparaisse de plus en plus au profit de la « Magie de Noël ». Mais on peut aussi se réjouir que Noël soit associé à la générosité, à la solidarité, à la fraternité et à la paix universelle car c'est bien là le message essentiel de l'évangile. La sécularisation des fêtes chrétiennes est comme le sel dans la pâte, il faut bien qu'il se dissolve pour donner du goût au choses. À chacun de nous de faire en sorte que le sel ne perde sa saveur.
בָּרוּךְ אַתָּה יְיָ אֱ-לֹהֵינוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְוֹתָיו וְצִוָּנוּ לְהַדְלִיק נֵר חֲנֻכָּה:
« Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bemitsvotav Vetsivanou Lehadlik Ner ‘Hanouka »
בָּרוּךְ אַתָּה יְיָ אֱ-לֹהֵינוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם שֶׁעָשָׂה נִסִּים לַאֲבוֹתֵֽינוּ בַּיָּמִים הָהֵם בִּזְמַן הַזֶּה:
« Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéassa Nissim Laavoténou Bayamime Hahème, Bizmane Hazé »
Aujourd'hui que nous allumons nos couronnes de l'Avent, chaque dimanche ou chaque jour, nous pouvons aussi faire nôtre la prière de Hanoukka : « Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné d’allumer les lumières de ‘Hanoukka. Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’Univers, qui a fait des miracles pour nos pères en ces jours-là, en ce temps-ci » et nous souvenir que fêter Noël et la lumière venue dans le monde, c'est avant toutes choses pratiquer la miséricorde chaque jour, auprès de tous ceux qui nous sont confiés.
Roland Kauffmann
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