Un vitrail par jour 1

1 - 8 novembre 2020 – Un autre soi-même

La création de la femme. Dieu tire Ève du flanc d'Adam ; celui-ci est assis, endormi, sur la pente d'une montagne; près de lui, au premier plan, un arbuste signifiant que l'on se trouve dans le jardin d'Eden.

Genèse 2, 21-23 : Alors l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! On l’appellera femme (’ishshah, épouse), parce qu’elle a été prise de l’homme (’iysh, mari).

Le récit de nos vitraux du temple Saint-Étienne commence par la création de la femme, de celle qui prendra plus tard le nom de Ève, la « vivante » par contraste avec le « boueux » (Adam) dont elle est issue. À l'inverse du premier récit de la création de l'humanité, où l'homme et la femme étaient créés en même temps et à l'image de Dieu grâce à un simple mot prononcé, celui que l'on trouve au deuxième chapitre de la Genèse insiste sur le processus de création. L'homme y est créé directement de la poussière, avant même les végétaux et les animaux, et la femme vient couronner la création en lui donnant sa perfection. Loin d'être pour la tradition biblique celle par qui le malheur arrive comme l'est Pandore et sa fameuse boite, la femme y est le sommet de la création.

Et à l'inverse encore des religions antiques, elle n'est pas issue du divin lui-même comme pouvait l'être Athéna ni l'objet d'une rivalité entre les hommes et les dieux comme le sont tant de femmes des mythologies. Ni tout à fait identique, ni tout à fait différente, la femme sortie de la côte de l'homme lui est réservée et n'est pas le lieu de la confrontation entre l'humain et le divin. Elle est pour l'homme, son véritable « vis-à-vis » plus que ne pouvait l'être aucune autre créature. Avec cet autre moi-même, ce n'est rien de moins que la figure de l'altérité qui apparaît.

Se reconnaître dans l'autre

Alors que le premier récit place l'humain en relation avec le divin, la nécessité d'être le plus possible proche de l'image de Dieu, le second récit fait de l'humanité un rapport d'altérité. C'est dans le rapport de soi à soi et de soi avec les autres, dont la femme est la première qui soit vraiment autre, que va se jouer tout le drame de l'existence dès l'origine. C'est à la manière dont la femme, en tant que telle, est considérée que peut s'évaluer une culture, une religion, un art de vivre, autrement dit une éthique. Ce qui est vrai dans la vie sociale l'est bien évidemment aussi dans la vie familiale et personnelle sans que ne puissent être fondés aucun rapport de domination, de supériorité ou de soumission, sans qu'il ne puisse y avoir aucune infériorité de l'une par rapport à l'autre.

L'histoire que nous racontent les vitraux du temple Saint-Étienne et que nous allons entamer dans ces prochaines semaines est celle du salut du genre humain, telle qu'elle se donne à comprendre dans le récit biblique avec toutes ses péripéties. Mais cette histoire commence par celle d'une femme, Ève, en tant qu'elle est l'initiale de l'altérité et de toutes les femmes. Elle aura ensuite une nouvelle représentation dans la « nouvelle Ève », c'est-à-dire Marie pour la spiritualité médiévale, elle-même image de la « nouvelle humanité » que veut être l'Église de ce temps-là. 

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