Théologie pour les curieux - 25 février 2017

La Bible est avant tout le livre saint du judaïsme et il arrive qu'on l'oublie tant nous avons l'habitude des lectures chrétiennes ou modernes. Or elle a été écrite avec une profondeur historique et culturelle qui lui est propre et c'est toute la richesse de cet ouvrage de David Banon, ancien directeur du Département des études hébraïques et juives de l’Université de Strasbourg que de nous renvoyer à la "réserve de sens" que le texte contient à travers le Midrach.

Le Midrach, c'est tout cet environnement culturel qui explique les termes et les articulations à l'intérieur d'un texte et recherche la dimension éthique contenue dans son interprétation à travers l'histoire. Un texte, fut-il biblique, ne dit rien qui soit forcément compréhensible par-delà l'obstacle des siècles, il ne parle que dans la mesure où on le fait parler et il n'est d'autre moyen d'y parvenir que de se poser toujours la question de l'altérité.

Le meilleur moyen de comprendre un texte biblique, selon Banon, c'est d'introduire "autrui" dans l'interprétation: "comment le texte me permet-il de faire droit à l'autre, à mon prochain ou à l'Autre dans mon existence concrète ici et maintenant ? " voilà bien la question auquel l'ouvrage apporte un éclairage stimulant.
Albin Michel, Paris, janvier 2017, 288 p., 22,90€


 Les préjugés religieux voudraient que le protestantisme soit la "religion de la grâce" quand le catholicisme serait celle du "mérite". Or Isabelle Chareire, professeur à la faculté de théologie catholique de Lyon, replace la notion de "grâce" dans la perspective catholique du "don gratuit" qui s'inscrit dans la liberté de chacun par le biais de "médiations" dont la Loi est la première mais aussi l'Esprit et l'Incarnation.

C'est dans un constant aller-retour entre doctrine de l'Église et littérature qu'Isabelle Chareire défend l'idée que la liberté de répondre ou non à la grâce de Dieu est la première des libertés et que cette grâce n'est pas seulement un don mais un chemin qui nous transforme.

Bayard, Paris, 2016, 216 p., 21,90€


Pour mieux comprendre le monde auquel elle s'adresse, la théologie a besoin d'analyse sociologique et politique. Jacques Ellul fut l'un de ces penseurs au croisement de la théologie et de la sociologie, sans que dans son œuvre, l'un ou l'autre domaines ne se confondent mais se nourrissent réciproquement.

La nouvelle réédition en poche de son ouvrage fondamental paru initialement en 1988 est l'occasion d'interroger le système technicien dans sa prétention globalisante, voire totalisante pour ne pas pas dire totalitaire. La technologie, lorsqu'elle se considère comme seule ou à tout le moins meilleure explication du monde et de ses causalités n'est alors rien de moins qu'une idole. Voilà bien une critique que la théologie peut aujourd'hui reprendre à son compte.

Fayard/Pluriel, Paris, février 2017, 766 p., 13€
Directeur de recherches au Collège des Bernardins à Paris, l'auteur nous offre une véritable initiation, c'est-à-dire une explication à destination de néophytes. Tout en partant du constat que l'islam est aujourd'hui en France un sujet ultra sensible, énigmatique et complexe, il nous introduit dans les diverses dimensions de ce qui est aujourd'hui devenu la deuxième religion en France.

Il n'élude aucune des questions que les non-musulmans se posent pour chercher à comprendre dans une attitude bienveillante. L'intérêt d'une présentation de l'islam par un auteur lui-même non musulman permet de dépassionner à tous les sens du terme et à faire de l'islam ce que sont toutes les religions, à savoir un objet d'études contradictoires et critiques.

Éditions du Cerf, 2017, 356 p., 24€


"Le christianisme continue la tradition juive", tel est l'esprit qui préside à ce recueil de textes et conférences que Paul Tillich, le grand théologien allemand, exilé en 1933 aux États-Unis, a consacrés à la question des relations entre christianisme et judaïsme et qiu sont publiés pour la première fois en français par les éditions Labor et Fides.

Qu'un théologien  allemand des années trente, opposé irréductiblement dès l'origine à l'idéologie nazie, luthérien de surcroît s'exprime sur la "question juive", sur les rapports entre la pensée juive et la pensée protestante à travers l’œuvre de Martin Buber ou la notion de "foi" dans les traditions juives et chrétiennes est profondément inspirant et manifeste bien à quel point judaïsme et christianisme sont liés et doivent parvenir à une intercompréhension réciproque.

Labor et Fides, Genève, 2017, 200 p., 20€

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