4 décembre – L'appel de Dieu
L'enfant Samuel voué à l'Éternel. Anne, sa mère, le remet à Éli, pour qu'il le consacre au service de Dieu. Le grand-prêtre est habillé en évêque. Au milieu de la composition, à l'arrière-plan, est l'autel, couvert d'une nappe à franges; au-dessus de l'autel est suspendue une lampe.
1 Samuel 1, 24-28
[Anne] le mena dans la maison de l’Éternel à Silo : l’enfant était encore tout jeune. 25 Ils égorgèrent les taureaux, et ils conduisirent l’enfant à Éli. 26 Anne dit : Mon seigneur, pardon ! Aussi vrai que ton âme vit, mon seigneur, je suis cette femme qui me tenais ici près de toi pour prier l’Éternel. 27 C’était pour cet enfant que je priais, et l’Éternel a exaucé la prière que je lui adressais. 28 Aussi je veux le prêter à l’Éternel : il sera toute sa vie prêté à l’Éternel. Et ils se prosternèrent là devant l’Éternel.
1 Samuel 3, 1-4
1 Le jeune Samuel était au service de l’Éternel devant Éli. La parole de l’Éternel était rare en ce temps-là, les visions n’étaient pas fréquentes. 2 En ce même temps, Éli, qui commençait à avoir les yeux troubles et ne pouvait plus voir, était couché à sa place, 3 la lampe de Dieu n’était pas encore éteinte, et Samuel était couché dans le temple de l’Éternel, où était l’arche de Dieu. 4 Alors l’Éternel appela Samuel. Il répondit : Me voici !
Scène parallèle à la présentation de Jésus au temple, la consécration de Samuel nous renvoi à nouveau dans ces temps anciens d'avant les rois d'Israël où, comme aujourd'hui, la parole de l'Éternel était rare !
Anne, mère de Samuel, était stérile comme Anne, mère de Marie et il a fallu l'intervention de Dieu pour que, comme en son temps Sara, femme d'Abraham, également stérile, un enfant vienne à naître suite à la prière de sa mère. Et cet enfant est confié par celle-ci au sacrificateur en charge à cette période à la Maison du l'Éternel, Éli (à ne pas confondre avec le prophète Élie). Comme Marie, l'enfant est confié à l'administration du temple pour une vie monacale consacrée toute entière au service de Dieu et il préfigure le fils de Marie. Et Ludolphe de filer la métaphore comme il aime à le faire : Samuel apporte une libération terrestre, Jésus une libération céleste ; Samuel amène le salut aux Juifs, Jésus au monde. La lumière est déjà là avec Samuel mais elle n'est pas encore allumée, elle est comme une lampe qui attend, celui qui doit venir bien sûr ; métaphore de l'alliance de Dieu avec son peuple, enfin accomplie pour les chrétiens avec la venue de son Fils. C'est ainsi que le Speculum Humanae Salvationis considère l'histoire du peuple Juif, comme étant une préparation à la véritable alliance, à la véritable lumière.
Un engagement
Pourtant Samuel vaut mieux que d'être considéré comme une simple étape sur le chemin du salut. Il prend toute sa place dans la filiation spirituelle qui va de Moïse à Jésus. La Mischna, la tradition juive, considère que Moïse a reçu la Torah au Sinaï, l'a transmise à Josué, lequel l'a transmise aux Anciens et ceux-ci l'ont transmise aux prophètes. Samuel est incontestablement un de ces Anciens, chaînon essentiel dans la transmission non seulement de la Loi mais aussi de la foi qui ne peut jamais être dissociée de celle-ci. S'il ne s'était pas levé, en répondant simplement à l'appel de Dieu « me voici », sans doute que l'espérance née à la sortie d'Égypte se serait perdue dans les innombrables cultes et autres idoles qui ont séduit le peuple.
Plus qu'à Jésus, c'est à la vocation de Gédéon (vitrail 20) qu'il faut rapporter l'histoire de Samuel qui tout au long de son existence sera à la recherche de la Parole de Dieu ou plus exactement de celui qui lui paraîtra le plus à même de l'incarner. Il est à la recherche de l'élu, de celui que Dieu va envoyer et il trouvera David, le futur grand roi d'Israël. Samuel est celui qui, armé de sa seule conscience et de sa seule parole va, comme le faisait l'illustre philosophe Diogène armé de sa seule lanterne, chercher un homme ! Mais pas n'importe quel homme. Celui qui aura le courage d'affronter l'adversité, de rechercher le droit et la justice, d'oser refuser les idoles de son temps pour ne pas se laisser abuser ni séduire par les fausses lumières qui voudraient nous faire croire que tout se vaut, que la vérité peut être alternative.
« La lampe de Dieu n'était pas encore éteinte » nous dit le récit de la vocation de Samuel. Aujourd'hui que la Parole de Dieu, comme au temps de Samuel, est rare et est plus souvent dévoyée par ceux qui veulent à nouveau en faire un instrument d'oppression et en font, soit une idéologie, soit une pensée magique, cette même lampe de Dieu n'est pas encore éteinte malgré les apparences. Il nous faut à notre tour chaque jour répondre à l'appel de Dieu. Et il n'est qu'une réponse possible : « me voici ! ».
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