
Indépendamment des incohérences militaires (comment imaginer un bataillon entier, installé dans une tranchée en lisière de forêt dans une campagne immaculée sans aucun moyen de communication ? Comment confier une mission si importante au destin aléatoire de deux pauvres bidasses alors que des régiments entiers font mouvement au même moment ?), Sam Mendes nous place avec ses héros dans l'éternelle question de savoir quand, comment et pourquoi se surpasser au mépris de sa propre vie pour un enjeu infiniment supérieur. Le dispositif technique de l'apparent plan séquence unique met le spectateur véritablement à hauteur d'homme. Nous accompagnons Blake et Schofield et partageons leurs dégouts, leurs peurs mais aussi leurs espoirs. Au moment de la mort de Blake, Schofield prend sur lui seul la mission et ira jusqu'au bout, non par héroïsme ou volonté de décoration mais par simple devoir d'humanité de faire tout ce qui est en son pouvoir pour sauver la vie de ses frères d'armes.
1917 n'est pas un film de guerre mais une fiction sur la guerre ! Une exploration de cette forme d'abnégation qui fait qu'un individu ordinaire tel que Schofield, sans aucune espèce de prétention, ne demandant rien d'autre que de survivre lui-même, en arrive à se surpasser sans jamais céder à aucune forme de découragement. En allant jusqu'à risquer sa propre vie pour ceux qui sont ses semblables, de jeunes hommes (rarement la jeunesse des soldats de la première guerre mondiale n'a été aussi bien montrée) arrachés à leur vie de famille, Schofield est pourtant un héros anonyme dans un épisode dérisoire de ces immenses boucheries que furent les grandes offensives d'infanterie. Restent de magnifiques moments de grâce qui montrent que même au plus sombre de la guerre, l'humanité garde une lumière.
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