L'un président de la Fédération protestante de France, l'autre a été rédacteur en chef du quotidien catholique La Croix; les deux sont réunis avec un Candide qui les fait réagir, rebondir sur les enjeux et les spécificités du protestantisme, catholicisme et de leur dialogue.
Le titre pourrait faire croire que presque plus rien ne sépare catholiques et protestant et qu'il ferait l'état des lieux de ce qui reste à résoudre pour parvenir à une parfaite unité. Au contraire, les deux auteurs se réjouissent de la différence irréductible qui existe et doit subsister entre deux systèmes de pensées qui ont chacun leur légitimité, leur cohérence et leur pertinence pour répondre à la grande diversité des quêtes de Dieu aujourd'hui.
Bayard, Montrouge, mars 2017, 274 p. 16,90€
Que Dieu puisse avoir besoin de sexualité et a fortiori de celle des hommes, il n'y a qu'un rabbin pour pouvoir oser dire et qui plus est une femme rabbin. Et pourtant, cette réédition de son essai paru en 2015 est savoureux tant la lecture des textes de la Genèse est renouvelée avec humour et intelligence au point que la chambre à coucher fait figure de nouvelle Genèse puisque dans la naissance de l'humain c'est Dieu lui-même qui advient.
En effet, le Dieu de la mystique juive n'a d'autre existence que dans l'humanité, il importe donc qu'elle se perpétue. Mais la naissance n'est pas seulement dans l'acte naturel, elle se continue dans la parentalité, dans la rencontre entre l'enfant et ses parents, miroirs l'un à l'autre de leur différence radicale, de leurs dépendances et de leurs responsabilités dissymétriques.
Le Livre de poche, 2017, (Grasset 2015), 192 pp., 6,90€
Yves Krumenacker est déjà l'auteur d'une biographie de Calvin, au-delà des légendes aux éditions Bayard, il livre ici une version plus accessible aux éditions Elippes qui visent à donner une compréhension fondamentales pour la culture générale du grand public cultivé.
Il expose les enjeux de la pensée de Calvin et surtout les conditions de son élaboration en revenant de manière très convaincante sur la formation humaniste de Jean Calvin. Surtout il évite parfaitement l'écueil de la prétendue théocratie de Calvin à Genève en racontant par le menu les difficultés qu'il a eu à faire valoir ses vues dans un premier temps.
Calvin se révèle ici obligé d'argumenter, d'expliquer, en bref de convaincre de la pertinence de ses choix et l'on voit à quel point il fonde son argumentation sur son analyse des textes bibliques et leur méditation.
ellipses, Paris, avril 2017, 500 p., 26e
Les musulmans sont souvent requis à s'opposer au fondamentalisme et à prendre position dans ce qu'il est convenu d'appeler le "pacte républicain". Abdelali Mamou, imam d'une mosquée d'Alfortville revendique une "contre-offensive" musulmane contre le radicalisme. Par une sorte d'antithèses systématique, "l'islam n'est pas le salafisme" "l'islam n'est pas le djihadisme", il présente un islam à ses yeux compatibles avec les sociétés sécularisées d'occident.
L'un des problèmes majeurs que l'on rencontre avec les responsables musulmans, c'est le principe de la dissimulation. L’imam d'Alfortville nous prêche-t-il ce qui nous plaît pour nous endormir ? et nous présenter un islam "compatible avec nos valeurs" ? L'on voudrait lui faire confiance mais les "mesures radicales" contre les radicaux ont le défaut d'être des privations de liberté pour tout le monde. Elles portent en elle le germe d'une société totalitaire opposée à notre histoire. Aussi longtemps que les musulmans ne pourront accepter les acquis des Lumières, leurs remèdes risquent d'être pire que le mal. Il faut cependant reconnaître l'intention d'Abdelali Mamoun mais le dilemne auquel il est confronté est soit de rester dans une logique musulmane traditionnelle, celle qui lui donne sa légitimité soir d'être en rupture avec elle ce qui lui enlèverait tout crédibilité envers les musulmans auxquels il s'adresse.
Éditions du Cerf, Paris, 2017, 226 p., 19€
Auteur à succès, Timothy Radcliffe est l'exemple de ses penseurs catholiques de bonne composition qui, à la manière anglo-saxonne rassure ses lecteurs en leur disant que tout va bien et que tout le monde est dans la même communion avec l'esprit.
Truffé d'anecdotes édifiantes, son ouvrage qui se veut une réponse à l'angoisse existentielle de notre époque troublée est à ranger dans le rayon du bien-être car finalement il n'y a plus d'impératif éthique mais seulement une acceptation de l'autre dans la différence de la destinée qui est la sienne. Une nouvelle manière d'affirmer la destinée irréductible telle que Dieu l'a voulu et donc d'enfermer l'individu dans son destin.
Éditions de Cerf, Paris, mars 2017, 212 p., 14€
La pépite du mois
"Ce que j'ai déclaré pur qui es-tu pour le déclarer impur ? ", par ce passage méconnu du livre des Actes, les premiers chrétiens ont été libérés des interdits de la Loi. Tout ce qui est de l'ordre de la création est à la disposition de l'homme sans qu'il soit nécessaire de sacraliser, de faire intervenir une dimension religieuses dans l'alimentation.
Mais, alors que tout devait être permis, les religieux ont rapidement codifié les modes alimentaires à telle enseigne que l'alimentation peut aujourd'hui être un marqueur de l'appartenance confessionnelle.
Massimo Montanari décrypte ses particularités révélatrices de la conception du monde de chaque croyant
Alma éditeur, Paris, mars 2017, Milan 2015, 296 p., 25€
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