Le temps qui passe 9

Samedi 2 janvier 2021

Agir librement, c’est reprendre possession de soi, c’est se replacer dans la pure durée

Le temps est le temps vécu de la conscience

Henri Bergson

Fernando Pessoa

Às vezes, em dias de luz perfeita e exata,

Em que as cousas têm toda a realidade que podem ter,

Pergunto a mim próprio devagar

Por que sequer atribuo eu

Beleza às cousas.

Uma flor acaso tem beleza?

Tem beleza acaso um fruto?

Não: têm cor e forma

E existência apenas.

A beleza é o nome de qualquer cousa que não existe

Que eu dou às cousas em troca do agrado que me dão.

Não significa nada.

Então por que digo eu das cousas: são belas?

Sim, mesmo a mim, que vivo só de viver,

Invisíveis, vêm ter comigo as mentiras dos homens

Perante as cousas,

Perante as cousas que simplesmente existem.

Que difícil ser próprio e não ver senão o visível!

Parfois, en certains jours de lumière parfaite et exacte,
où les choses ont toute la réalité dont elles portent le pouvoir,
je me demande à moi-même tout doucement
pourquoi j’ai moi aussi la faiblesse d’attribuer
aux choses de la beauté.

De la beauté, une fleur par hasard en aurait-elle ?
Un fruit, aurait-il par hasard de la beauté ?
Non : ils ont couleur et forme
et existence tout simplement.
La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas
et que je donne aux choses en fonction du plaisir qu’elles me donnent.
Cela ne signifie rien.
Pourquoi dis-je donc des choses : elles sont belles ?

Oui, même moi, qui ne vis que de vivre,
invisibles, viennent me rejoindre les mensonges des hommes
devant les choses,
devant les choses qui se contentent d’exister.

Qu’il est difficile d’être soi et de ne voir que le visible!

*

Aujourd'hui un Liederabend miniature en compagnie de Thomas Hampson. Mahler et Strauss, passeurs de musique entre les siècles, musique de basculement entre tonalité et atonalité, musique entre ombre et lumière...

1.

Oh petite rose rouge !

L’Homme gît dans la misère !
L’Homme gît dans la douleur !
J’aimerais plutôt être au Ciel.
Je suis arrivé sur une large route :
Un angelot est venu qui voulait m’en détourner.
Ah non ! Je ne m’en laissai pas détourner !
Je viens de Dieu et veux retourner à Dieu !
Le Dieu bien-aimé me donnera une petite lumière
Qui m’éclairera jusqu’à la bienheureuse vie éternelle !

2.

A minuit,
réveillé,
j'ai regardé le ciel ;
parmi les millions d'étoiles,
aucune ne m'a souri
à minuit.

A minuit
se tournèrent mes pensées
vers les ténèbres closes.
Aucune pensée de lumière
ne m'a consolé
à minuit.

A minuit
j'ai écouté
les battements de mon cœur,
et seule une douleur aigüe
s'est ranimée
à minuit.

A minuit
j'ai engagé le combat
ô humanité, contre tes souffrances;
ma force n'a pas suffi
à remporter la victoire
à minuit.

A minuit
j'ai remis ma force
dans tes mains,
Seigneur de vie et de mort,
toi qui veilles
à minuit !

3.

Et demain le soleil brillera à nouveau,

Et sur les chemins que j'emprunterai,

Il nous unira à nouveau, nous les heureux,

Au sein de cette terre qui inspire le soleil,

Et vers la plage, vaste, aux ondulations bleues,

Nous descendrons calmement et lentement,

Silencieux nous nous regarderons dans les yeux, 

Et sur nous descendra le silence muet du bonheur



Gustav Mahler: Urlicht Thomas Hampson (Piano Version) - YouTube

 


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