Le temps qui passe 8

 Vendredi 1er janvier 2021

En effet, il n’y a rien de remarquable dans le fait qu’un homme a vécu ; des milliers et des millions d’humains ont passé sur la terre. Pour qu’un homme devienne remarquable, il faut que sa vie offre une particularité ; autrement dit, sa vie ne prend que par ailleurs le caractère qui la signale. Il n’est pas remarquable qu’il a vécu, mais sa vie a présenté tel ou tel caractère particulier qui peut notamment consister dans l’œuvre accomplie, dans les résultats de sa vie.

Mais il est infiniment remarquable que Dieu ait vécu ici-bas comme un homme ordinaire. Si ce fait n’avait pas eu de conséquences, peu importerait, il n’en resterait pas moins remarquable, infiniment remarquable, et infiniment plus que toutes les conséquences. Qu’on essaye ici de déplacer ce caractère, et l’on verra la sottise de la tentative : qu’y a-t-il de remarquable à ce que la vie de Dieu ait eu des suites remarquables ? Parler de la sorte, c’est radoter.

Non, que Dieu ait vécu, le fait est infiniment remarquable ; il est le remarquable en soi. Supposons que la vie de Christ n’ait pas eu de conséquences ; si l’on prétendait alors que sa vie n’a pas été remarquable, on se moquerait de Dieu, car elle garde le même caractère ; et si l’on voulait mettre ailleurs ce caractère, il faudrait dire que le remarquable de sa vie est de ne pas avoir eu de résultats. En revanche, si l’on dit que la vie de Christ est remarquable en raison de ses résultats, on se moque encore de Dieu, car elle est le remarquable en soi.

L’accent ne porte donc pas sur le fait qu’un homme a vécu, mais expressément sur le fait que Dieu a vécu. Seul Dieu peut attacher à sa personne une telle valeur que le fait pour lui d’avoir vécu est infiniment plus important que toutes les suites de ce fait enregistrées dans l’histoire

Soren Kierkegaard

Hermann Hesse

Wie jede Blüte welkt und jede Jugend
Dem Alter weicht, blüht jede Lebensstufe,
Blüht jede Weisheit auch und jede Tugend
Zu ihrer Zeit und darf nicht ewig dauern.
Es muß das Herz bei jedem Lebensrufe
Bereit zum Abschied sein und Neubeginne,
Um sich in Tapferkeit und ohne Trauern
In andre, neue Bindungen zu geben.
Und jedem Anfang wohnt ein Zauber inne,
Der uns beschützt und der uns hilft, zu leben.

Wir sollen heiter Raum um Raum durchschreiten,
An keinem wie an einer Heimat hängen,
Der Weltgeist will nicht fesseln uns und engen,
Er will uns Stuf‘ um Stufe heben, weiten.
Kaum sind wir heimisch einem Lebenskreise
Und traulich eingewohnt, so droht Erschlaffen,
Nur wer bereit zu Aufbruch ist und Reise,
Mag lähmender Gewöhnung sich entraffen.

Es wird vielleicht auch noch die Todesstunde
Uns neuen Räumen jung entgegen senden,
Des Lebens Ruf an uns wird niemals enden…
Wohlan denn, Herz, nimm Abschied und gesunde!

Toute fleur fane et l’âge abat toute jeunesse :
La vie, à chaque étape, également fleurit,
Toute vertu fleurit, toute sagesse aussi,
À leur heure ‒ et ne faut qu’elles n’aient point de cesse.
Le cœur doit être prêt, dès que la vie l’appelle,
À faire ses adieux, à tout recommencer,
Afin qu’avec bravoure et sans rien regretter,
Il se donne à quelque autre accointance nouvelle :
Il est un sortilège en tout commencement,
Et qui nous aide à vivre en nous prémunissant.

Il faut de lieu en lieu gaiment nous transporter,
Ne dépendre d’aucun comme d’une patrie,
L’univers ne veut pas être geôle étrécie,
Mais nous grandir à chaque étape, et exalter.
Dès que nous nous sentons dans notre intimité
Et chez nous quelque part, l’atonie s’envisage ;
Seul celui qui est prêt au départ, au voyage,
Échappe à l’habitude et n’en est hébété.

Peut-être serons-nous, à l’heure de la mort,
Vers quelques nouveaux lieux envoyés, galopins !
La vie et son appel n’auront jamais de fin.
Allons, mon cœur, allons, prends congé, du ressort !

*

Outre les ouvertures et les intermezzi, un autre type de pièce symphonique est présent dans les opéras : les ballets. La Danse des heures issue de la Gioconda d'Amilcare Ponchielli fait partie des ballets les plus connus du répertoire. L'extrait présenté ici est issu de la production de Pier Luigi Pizzi chorégraphiée par Gheorghe Iancu (ici donnée au Liceu de Barcelone).

Lorsqu'Alvise découvre la liaison qu'entretient sa femme Laura avec Enzo, un noble banni, il la force à s'empoisonner (commettant un suicide, elle se condamnerait ainsi aux enfers). Mais Laura est sauvée par la Gioconda, une cantatrice elle-même amoureuse d'Enzo, qui remplace le poison par un puissant somnifère. Pendant la supposée agonie de sa femme, Alvise reçoit les nobles de la ville et fait jouer un ballet, la Danse des heures...

La Gioconda Pier Luigi Pizzi (La danse des heures) - Vidéo Dailymotion

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