Mercredi 6 janvier 2021
Il
brille le soleil –
Qu’apportent ses rayons
D’une
puissance telle
À la fleur, à la pierre ?
L’âme
ourdit son destin –
Après l’effort de croire,
Qui la
pousse à grandir
Vers la force de voir ?
Âme,
à toi de chercher
Dans la pierre le rayon,
Dans la fleur la
lumière :
Toi-même trouveras.
Le
rayon de soleil
Scintillant de lumière
A glissé vers la
terre.
Sa
promise, la fleur,
Vibrante de couleurs,
Radieuse, l’accueille.
À
la fille terrestre
En grande confidence
Le rayon dit comment
Les
puissants, les solaires,
Ces enfants de l’esprit,
Écoutent
chez les dieux
Monter le chant du monde.
Et
la fleur fiancée,
Aux brillantes couleurs,
Songeuse entend le
chant
Du
feu dans la lumière
Rudolf Steiner
Paul Celan
Corona
Aus
der Hand frisst der Herbst mit sein Blatt :
wir
sind Freunde.
Wir
schälen die Zeit aus den Nüssen und
lehren
sie gehn :
die
Zeit kehrt zurück in die Schale.
Im
Spiegel ist Sontag,
im
Traum wird geschlafen,
der
Mund redet wahr.
Mein
Aug steigt hinab zum Geschlecht der
Geliebten :
wir
sehen uns an,
wir
sagen uns Dunkles,
wir
lieben einander wie Mohn und Gedächtnis,
wie
schlafen wie Wein in den Muscheln,
wie
das Meer in Blutstrahl des Mondes.
Wir
stehen umschlungen im Fenster, sie sehen
uns
zu von der Straße :
es
ist Zeit, dass man weiß !
Es
ist Zeit, dass der Stein sich zu blühen bequemt,
dass
der Unrast ein Herz schlägt.
Es
ist Zeit, dass es Zeit wird.
Es
ist Zeit.
De
ma main l’automne mange sa feuille : nous sommes amis.
Nous
écalons le temps hors des noix et l’instruisons à marcher :
le
temps rentre dans l’écale.
Dimanche
au miroir,
on
dort dans le rêve,
la
bouche parle vrai.
Mon
œil descend jusqu’au sexe de l’aimée :
nous
nous regardons,
nous
nous disons des paroles obscures,
nous
nous aimons comme pavot et mémoire,
nous
dormons comme le vin dans les conques,
comme
la mer dans le rayon de sang de la lune.
Nous
sommes à la fenêtre enlacés, ils nous regardent de la rue :
il
est temps que l’on sache !
Il
est temps que la pierre consente à fleurir,
qu’au
désarroi batte un cœur.
Il
est temps qu’il soit temps.
Il
est temps.
*
Que sera le prochain printemps ?
Œuvre de rupture, contrairement aux précédents compositeurs russes qui acceptèrent les techniques symphoniques allemandes ; Stravinsky pour son Sacre du printemps, avait utilisé des méthodes complètement « antisymphoniques », avec des éléments non développés. Des blocs de contraste séparés étaient juxtaposés comme une mosaïque, et les mouvements accumulaient des lignes individuelles et des images rythmiques pour générer un crescendo de son et d'activité. Chacune des deux parties commence par une musique lente et calme, puis finit par une explosion. Les rythmes sont soit répétitifs, sur des ostinatos statiques, soit très dynamiques, avec des accents sans cesse déplacés (à tel point que le compositeur lui-même savait jouer la Danse sacrale mais ne savait pas la retranscrire.
De plus, bien qu'il ait dit n'en avoir utilisé qu'une seule pour toute l’œuvre (la mélodie d'ouverture du basson, lituanienne), il avait transformé une douzaine de mélodies slaves provenant des anciennes festivités pour Le Sacre du printemps. Certaines d'entre elles, étaient d'ailleurs éditées par son professeur, Rimsky-Korsakov. Aucunes n'étaient à l'état brute, mais transformées. La manière avec laquelle il avait basé sa musique complexe sur de tels matériaux bruts, était une manifestation extrême de la tradition nationale, de laquelle, il était issu.
Le Sacre du printemps ne comprend pas d'intrigue. « C'est une série de cérémonies de l'ancienne Russie », précisa le compositeur en interview le 13 février 1913.
Voici les notes de programme que les spectateurs avaient entre leurs mains lors de la première représentation, le 29 mai 1913 :
« Premier tableau : L'Adoration de la terre Printemps. La terre est couverte de fleurs. La terre est couverte d'herbe. Une grande joie règne sur la terre. Les hommes se livrent à la danse et interrogent l'avenir selon les rites. L'Aïeul de tous les sages prend part lui-même à la glorification du Printemps. On l'amène pour l'unir à la terre abondante et superbe. Chacun piétine la terre avec extase.
Deuxième tableau : Le Sacrifice Après le jour, après minuit. Sur les collines sont les pierres consacrées. Les adolescentes mènent les jeux mythiques et cherchent la grande voie. On glorifie, on acclame Celle qui fut désignée pour être livrée aux Dieux. On appelle les Aïeux, témoins vénérés. Et les sages aïeux des hommes contemplent le sacrifice. C'est ainsi qu'on sacrifie à Iarilo, le magnifique, le flamboyant [dans la mythologie slave, Iarilo est le dieu de la nature]. »
Un message d'espérance et de renouveau...
Matthieu Denni
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