20 janvier 2024
JAKOB WIMPFELING
1450 – 1528
Sélestat renaissante
Jakob Wimpfeling naquit à Sélestat en 1450. Il suivit l’enseignement de Ludwig Dringenberg à l’école latine, avant d’enrichir son cursus dans les Universités réputées de Freiburg, Erfurt et Heidelberg. Il étudia le droit canon et la théologie, prêcha à la cathédrale de Spire avant d’enseigner rhétorique et poésie à Heidelberg à la demande de l’Électeur palatin.
Il revint s’établir à Sélestat vers 1500, où sa réputation de modération et d’ouverture d’esprit lui permirent de constituer, autour de lui, une communauté très active d’admirateurs et d’amis, élèves et étudiants.
Après 1517, les divergences de vues qu’entraîna la Réforme disloquèrent ce groupe, dont les membres s’éparpillèrent, laissant Wimpfeling vieillir puis mourir dans la solitude et l’amertume.
La dispute avec Thomas Murner
Deus offenditur, ubi Argentina a Gallis repetitur (Dieu est offensé quand Strasbourg est revendiquée par les Français)
La dispute avec le théologien Thomas Murner de Strasbourg est devenue célèbre et augurait d'un avenir sombre, où l'Alsace deviendrait une frontière disputée plutôt qu'un lien partagé.
Wimpfeling et le franciscain strasbourgeois Thomas Murner en vinrent en effet à s'opposer, entre 1501 et 1502, à propos de la nationalité de Charlemagne :
Dans Germania (1501), Wimpfeling soutenait que les Germaniques étaient installés de tous temps sur la rive gauche du Rhin. Il soutenait également que Charlemagne était germanique.
Thomas Murner lui répondit, dans Germania Nova, qu'en fait Charlemagne était français, comme la rive gauche du Rhin.
Des points de vue longtemps irréconciliables…
L’œuvre pédagogique de Jakob Wimpfeling est d’une importance majeure : en effet, son enseignement contient tous les fondamentaux de l’humanisme à des fins de transmission, d’éducation, dans un esprit de formation et de respect de l’autre.
Les sciences théoriques, comme les sciences pratiques, sont également dignes d’intérêt. La morale doit être une vertu personnelle, un aboutissement logique du parcours éducatif, et non pas une contrainte plaquée sur l’être comme un corps étranger.
La critique de l’Église par Wimpfeling s’articule autour de la mauvaise qualité de son clergé, de son enseignement défaillant vis-à-vis de la jeunesse, encourageant la répétition mécanique sans véritable réflexion personnelle.
Sélestat d'époque...
La ville connaît un nouvel essor en 1217 lorsque l'empereur du Saint-Empire Romain Germanique, Frédéric II de Hohenstaufen, fait de Sélestat une ville impériale. Le prieuré bénédictin perd ainsi progressivement de ses privilèges au profit de la bourgeoisie locale. C'est au 13e siècle que la construction de l'église Saint-Georges est entreprise à proximité de l'église Sainte-Foy. C'est également à cette époque que la ville s'entoure d'un premier mur d'enceinte qui sera reconstruit, à la fin du 13e siècle, pour englober de nouvelles communautés religieuses. Le développement de la ville est très important au Moyen Age, les corporations sont nombreuses. On en compte jusqu'à quatorze au 14e siècle. Les foires et marchés se multiplient. Les places de la ville ont d'ailleurs gardé le nom des marchés qu'elles accueillaient autrefois (place du marché aux poissons, place du marché aux pots, place du marché aux choux, etc.)
En 1354, Sélestat fait partie des villes qui constituent la Décapole, ligue rassemblant dix villes libres alsaciennes au sein du Saint-Empire Romain Germanique, avec pour vocation le conseil et l'entraide dans un but sécuritaire et défensif. La position centrale de Sélestat fait d'elle le siège des archives et des réunions de la ligue.
À la Renaissance, Sélestat atteint son apogée. C'est une ville qui a un certain poids en Alsace et dans le Saint-Empire Romain Germanique grâce à son école latine fondée en 1452. Véritable foyer de l'humanisme rhénan, l'école latine de Sélestat forme de grands humanistes dont les plus célèbres sont Beatus Rhenanus, Martin Bucer, Jacques Wimpheling. Erasme lui-même sera subjugué par le bouillonnement intellectuel de la ville au 16e siècle et lui dédiera un poème : "L'éloge de Sélestat".
Et plus loin, le tombeau de ces sages venus d'Orient...
Au quatrième siècle, Hélène de Constantinople, future Sainte Hélène – se rendit en pèlerinage à Jérusalem. Elle en rapporta outre la Vraie Croix, différentes reliques dont les squelettes entiers des Rois Mages qu'elle avait fait exhumer. Déposés dans une église de Constantinople qui laissera place quelques siècles plus tard à la Basilique Sainte-Sophie, ils seront offerts en 343 par son fils, le roi Constantin, à l'évêque de Milan qui les transporta en Italie. Les reliques resteront à Milan environ huit siècles, dans la Basilique Sant'Eustorgio, construite là où le chariot transportant le lourd sarcophage de pierre s'était enfoncé dans le sol.
En 1163, Frédéric Barberousse, empereur romain germanique mais aussi roi d'Italie, duc de Souabe et d'Alsace, comte palatin de Bourgogne, fut furieux d'avoir été excommunié par le pape. Il mit Milan à sac et s'empara des reliques. Il en fit don à l'évêque de Cologne en 1164 qui fit réaliser un reliquaire en or par l’un des plus fameux orfèvres médiévaux, Nicolas de Verdun. C'est ainsi que Gaspard, Melchior et Balthazar se retrouvèrent à Cologne. La cathédrale sera conçue pour être un écrin de pierre grandiose construit pour abriter et honorer la châsse reliquaire des Rois Mages
Les pèlerins ne tardèrent pas à affluer et très vite, Cologne devint la quatrième ville sainte du Christianisme, aux côtés de Jérusalem, Rome et Constantinople.
La châsse des Rois Mages est le plus important des grands reliquaires du Moyen-Âge qui subsistent, tant par ses dimensions (longueur : 2,20 m ; largeur : 1,10 m ; hauteur : 1,53 m) que par sa richesse ornementale. Elle a été réalisée entre 1181 et 1230.
Le reliquaire est en bois de chêne recouvert d’or, d’argent et cuivre repoussé et doré. Des émaux et plusieurs centaines de pierres précieuses et semi-précieuses ainsi que des camées antiques y sont incrustés.
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