L'Heure Musicale Virtuelle du 18 février 2023

 Samedi 18 février 2023


Friedrich Hölderlin 1770 - 1843
La tour d'Hyperion

 « Pourquoi Hölderlin ? Parce que c’est la langue vivante la plus refoulée par notre culture, et toujours, en général, commentée par des philosophes idéalistes ou spiritualistes, alors que la force d’intervention de la langue d’Hölderlin, en même temps que s’est développée la philosophie de Hegel, prouve bien que quelque chose, dans l’éclatement du sujet occidental, se passe dans la poésie de façon irréversible. »

Philippe Sollers, L'avant garde aujourd'hui, 1973.

L'intégralité du programme

Il s’est donc passé quelque chose de très précis pour Hölderlin, à Bordeaux, en mars 1802. Le poème Souvenir y revient avec force. C’est le moment de l’année, on s’en souvient, où la nuit et le jour sont égaux. Hölderlin est né le 20 mars 1770, la veille du printemps. Il a trente-deux ans à Bordeaux et soixante-treize ans au moment de sa mort, le 7 juin 1843, dans la tour du menuisier Zimmer et de sa fille, Lotte, au bord du Neckar. Il est très attentif aux temps, Hölderlin, aux dates, aux saisons, surtout aux saisons. Son calendrier personnel et final, très chinois, n’est plus que cela : Printemps, Automne, Été, Hiver, avec, pour insister, des dates de plus en plus fantaisistes (mais pas n’importe lesquelles), en majorité d’avant sa naissance, qu’il inscrit à la fin de ses poèmes dits de la folie. En même temps, il signe de plus en plus, « avec humilité », du nom de Scardanelli. Un tel abandon du calendrier classique, chrétien, économique, et ce pseudonyme italien, en pleine montée prussienne, contribuent à nourrir la légende de son dérèglement mental. Scardanelli : on entend, si l’on veut, Scarlatti, Cardan, Hölderlin, Élie. Il joue beaucoup de l’épinette, déclame à la fenêtre, se promène dans le jardin, cueille des herbes et des fleurs, en fait des bouquets, puis les froisse, les jette. Il écrit toute la journée. Des visiteurs emportent parfois ces poèmes, dont la plupart sont perdus. Aucune importance, ils n’ont pas de prix. Un certain Fischer, par exemple, raconte : « Ma dernière visite eut lieu en avril 1843 (deux mois avant la mort du vieillard-poète). Comme je devais quitter Tübingen en mai, je lui demandai quelques lignes. Il me dit : "Comme Sa Sainteté voudra. Écrirai-je sur la Grèce, le Printemps, l’Esprit du Temps ?"Je demandai : "L’Esprit du Temps." L’œil brillant d’un feu juvénile, il gagna son pupitre, prit une grande feuille, une plume munie de toutes ses barbes, et écrivit, en scandant le rythme des doigts de la main gauche sur le papier et en poussant un hum de satisfaction à la fin de chaque ligne et hochant la tête, les vers suivants :

L’ESPRIT DU TEMPS
Les hommes dans ce monde rencontrent la vie,
Comme sont les années, comme les temps ambitionnent,
Comme est le changement, ainsi beaucoup de vrai demeure,
Que la durée se mêle aux années différentes.
La perfection atteint telle unité en cette vie
Que la noble ambition de l’homme s’en arrange.
Le 24 mai 1748 Avec humilité
SCARDANELLI. »

Le cardinal Scardanelli, avec humilité, présente son poème, scandé et cardé, à Sa Sainteté. Il fait beau, ce 24 mai. Le Neckar, par-delà la fenêtre en rotonde, glisse lentement et luit. Qu’importe l’année où l’on est pour le temps qu’il fait ?

Tels sont les messages rythmés et chiffrés de Hölderlin, agent secret des dieux en ce monde, sous le masque vrai de la folie. Tout le monde l’épie, mais personne ne lit ce qu’il trace. Il le sait. Il le regrette. Il s’en amuse. Il frustre les visiteurs intéressés et déjà spéculateurs de sa signature de poète presque oublié mais encore connu. On peut même imaginer que plus d’un touriste furieux, après avoir vu le film attendu du fou dans sa chambre, obséquieux, maigre, ravagé, ruiné, aura jeté en sortant ce bout de papier sans valeur. Rencontrer la bête pathétique et curieuse devenu fou par amour, à cause des petites femmes de France et de ses idées révolutionnaires, oui ; garder son poème improvisé, plat, cinglé et nul, non. « Scardanelli », quelle idée. Serait-il devenu catholique ? « Les hommes dans ce monde rencontrent la vie » : bon, et alors ? Pauvre vieux gâteux, et, en plus il écrit sur des thèmes qu’on lui propose, comme un artiste de foire, les saisons, voyez-moi ça. Quelle aliénation, quel désespoir, quelle tragédie, quel enfer. Alors que l’Histoire est en marche, que l’Allemagne s’affirme peu à peu dans le concert des nations, que les inventions scientifiques se succèdent, que les romans d’amour fleurissent un peu partout, que les villes s’étendent, que le commerce s’accroît, que les toilettes des femmes évoluent, sans parler des questions sociales et de la philosophie qui en traite. Hölderlin, génie foudroyé, ne perçoit pas l’avenir, le progrès ! Trente-six ans à regarder le même paysage par sa fenêtre. Pas une distraction, toujours la même rengaine sur son épinette, toujours les mêmes vers déclamés ! Il ne lit même pas le journal, vous vous rendez compte !

Pourtant, le menuisier Zimmer, chez lequel il a pris pension (un nom prédestiné, Zimmer, puisqu’il veut dire « chambre »), ne se plaint pas trop de son malade, voyez ce qu’il dit pendant l’été 1836 : « Oh ! en vérité il n’est plus du tout fou, ce qu’on appelle fou. Il est tout à fait sain de corps, il a bon appétit et boit sa bouteille de vin tous les jours à son heure. Il dort bien, sauf au plus chaud de l’été, où il rôde toute la nuit dans l’escalier. Mais il ne fait de mal à personne. C’est un bien agréable compagnon dans ma maison. Il se sert lui-même, s’habille et se met au lit tout seul. Il peut aussi penser, parler, faire de la musique, tout cela comme auparavant. » Là-dessus, le visiteur s’empresse de dire qu’il n’y a dans tout cela aucune cohérence. « C’est vrai », reconnaît le menuisier, qui est aussi charpentier. Le visiteur journaliste : « Et cet état a pu durer si long­temps sans une crise, sans une interruption ? » Le menuisier, soudain méfiant : « C’est en quoi il est vraiment souabe. Ce qu’est un Souabe, il l’est jusqu’au bout. »

Le journaliste a compris : le menuisier Chambre est aussi fou que son poète, ce sont là des histoires provinciales, archaïques, coupées de l’histoire mondiale et de la régulation des marchés. On fait un détour pour l’exotisme du lieu et de la situation, le bourgmestre et le pasteur hochent la tête, la femme du pasteur rougit, voilà où mène la philosophie trop compliquée, le cerveau explose, la subversion s’en mêle, les intellectuels, c’est connu, se sont toujours trompés. Ces jeunes gens autrefois, le pasteur me l’a dit, avaient de mauvaises fréquentations, des Français athées et débauchés et lui, justement, le fou, est allé en France, même Zimmer est obligé de le reconnaître, il me l’a dit l’autre jour au temple : « C’est la manie du paganisme qui lui a brouillé les idées. » Cette manie, on le sait, a été propagée par l’Antéchrist de l’Église de Rome, relayée ensuite par la Révolution. Elle est un grand danger pour la culture, l’éducation, l’État, l’Art, la Poésie, et sur­tout pour la femme au foyer. N’est-il pas vrai que ce délirant, autrefois précepteur refusant d’être pasteur, a été le suborneur d’une femme mariée mère de quatre enfants ? Que le scandale a été étouffé à grand-peine par le mari, l’honorable banquier Gontard de Francfort ? Il paraît que ce dément se fait appeler maintenant, par dérision, Monsieur le Bibliothécaire. Savez-vous que la dernière fois que je l’ai vu il m’a dit : « Mais non, mais non, que Votre Sainteté, Votre Altesse, Votre Grâce, se rassure. Sa Majesté veut-elle que je lui écrive un poème ? Sur l’été, le printemps, l’hiver ? Le passage des nuages ? Sur les moutons, là, sur ce pont ? »

Le conseiller aulique Genning, le 2 juillet 1805, notait déjà, en commençant, pendant ses vacances, ce qu’il appelle son « poème didactique » : « Le pauvre Hölderlin en loue l’idée, mais m’a dit que je ne devais pas le faire trop moral. Est-ce un esprit sain ou malade qui parle ici en lui ? » On voit que la bonne société était poétiquement sur ses gardes. Elle l’est toujours. Par exemple, aujourd’hui, tel directeur de journal ou de télévision, en train d’écrire son roman, rencontrant un écrivain qui lui dirait : « Vous écrivez un roman ? Vous ne voulez pas que je vous le termine pendant le week-end ? » serait amené à parler du « pauvre X. ». D’autant plus si X. lui disait soudain que, lui, maintenant, écrit des poèmes dont le sujet peut être n’importe quoi : les oiseaux, la lumière, les arbres, le temps, les montagnes, les feuillages, les dieux, les femmes brunes sur le sol de soie, le journal du jour lorsqu’on le jette, la télévision quand on l’éteint et que l’adorable fraîcheur de la nuit entre par la fenêtre. « Pauvre X., il est vraiment très atteint. » Voilà, à n’en pas douter, ce que le Directeur, en consultant son dossier publicitaire du lendemain et ses marges bénéficiaires en fonction de ses actionnaires, dirait le soir à sa femme en train de se maquiller pour le dîner qu’ils donnent tous deux en l’honneur de leurs amis fonctionnaires-romanciers, membres du jury Le Roman Pour Tous ou La Fiction Contre l’Exclusion, lequel décerne chaque mois son prix convoité par les candidats nommés par le jury lui-même.

Et ainsi de suite.

— Quoi ? Vous dites que les Illuminations de Rimbaud, méconnaissables car recopiées sur une mauvaise machine à écrire, ont été envoyées à tous les éditeurs, français et internationaux, et partout unanimement refusées ? Bon, d’accord, et alors ? Mauvaise plaisanterie de lycéens ou de rapeurs, aucune importance. D’ailleurs, il y a des photos de Rimbaud partout et jusque dans le métro. On a transféré ses cendres au Panthéon au siècle dernier. Comment, ce n’était pas lui ? Qui, alors ? Son frère ? Sa sœur ? De toute façon, Victor Malraux a dit ce qu’il fallait sur la question. À moins que ce ne soit Louis Breton ? André Aragon ? Albert Sartre ? Virginie Duras ? Jean-Paul Camus ? Simone Yourcenar ? Stéphane Verlaine ? Frédéric Mallarmé ? Paul Char ? Antonin Claudel ? Marcel Céline ? Louis­ Ferdinand Proust ? Guy Ducasse ? Isidore Debord ?

Le 19 avril 1812, l’année du désastre français en Russie, le menuisier Zimmer écrit à la mère de Hölderlin :

« Son esprit poétique se montre toujours aussi actif, ainsi il a vu chez moi le dessin d’un temple. Il m’a dit que je devrais en faire un comme cela en bois, à quoi j’ai répliqué qu’il me fallait travailler pour gagner mon pain, que je n’étais pas assez heureux pour pouvoir vivre comme lui dans le Repos philosophique. Il m’a répondu aussitôt : "Hélas, je suis pourtant un pauvre homme", et dans la minute même, il a écrit pour moi les vers suivants sur une planche :

Les lignes de la vie sont diverses
Comme les routes et les contours des montagnes
Ce que nous sommes ici, un Dieu là-bas peut le parfaire
Avec des harmonies et l’éternelle récompense et le repos. »

Madame Hölderlin mère montre cette lettre du menuisier au Pasteur. Ils hochent la tête ensemble. Le petit-fils du Pasteur la montre au Professeur, qui la lègue à son petit-neveu l’Éditeur, lequel la transmet au Poète officiel, qui connaît le Directeur, lequel sponsorise une exposition de manuscrits, dessins et tableaux poétiques, déjà tous vendus à des collectionneurs eux-mêmes conservateurs. « Vous voyez bien, commente le Poète officiel, au sujet du poème contenu dans la lettre du menuisier Zimmer, ce n’est presque rien. » De nos jours, en mars, la Directrice de la tour Zimmer transformée en musée me regarde d’un air soupçonneux. Il fait beau, le soleil brille sur le parquet ciré, un vase rempli de roses rouges est posé sur le sol, au centre de l’ancienne chambre, la Directrice trouve que je n’aurais pas dû ouvrir la fenêtre pour respirer l’air de la vallée traversée par le beau Neckar long de trois cent soixante kilomètres. Elle est blême de réprobation et de fureur rentrée, maintenant, parce que je m’attarde trop, selon elle, devant les vitrines où sont exposés les papiers de Hölderlin couverts de sa fine écriture noire, parce que je murmure pour moi-même les dates inscrites là, sous mes yeux : 2 mars 1648, 24 mai 1778, 25 décembre 1841, 9 mars 1840, 15 novembre 1759, 24 mai 1758, 24 janvier 1676, 24 janvier 1743, 24 mai 1748, 24 mai 1758, et encore 24 mai 1748. La Directrice, sur ma gauche, tapote légèrement la vitrine, je vois son alliance et son rouge à ongles, elle ne dit rien de façon indignée, sauf, à un moment : « Vous cherchez quelque chose de particulier ? » Ah oui, de très particulier, en somme, dans ce rayon de soleil, là, sur les papiers à peine jaunis par le temps, mais la Directrice n’en peut plus, elle attend des journalistes et un photographe, il doit y avoir aussi la télévision, la Directrice est exaspérée, une houle de haine la fait vibrer de toutes ses forces, elle referme violemment la fenêtre, manque de s’étaler les bras en avant dans le vase de fleurs, me pousse vers la sortie, me dit à peine au revoir, il y aura d’autres murs que celui de Berlin, des frontières meurtrières d’on­des, tenez-vous-le pour dit, sale type.

Les lignes de la vie sont diverses
Comme les routes et les contours des montagnes.

Vous voyez bien, rien, ou presque.
Mais c’est justement ce presque qui les irrite, les agite, les inquiète, les trouble. Ce rien n’est pas rien, il est même peut-être d’une folle richesse, et tout le reste, on le sent, pourrait soudain paraître superflu, nul, pauvre, inutile, faux. Ce rien est trop, beaucoup trop. Rassurons-nous, le monde étroitement réel et romanesquement falsifié existe, la Directrice et ses sentiments si intéressants existent, il y a mille choses à raconter tous les jours, des drames, des passions, des intérêts, des singularités, des nouveautés. Des cas extrêmes et tragiques comme ceux de Hölderlin, de Rimbaud, sont parfaitement isolables, d’ailleurs ils se sont jugés et punis eux-mêmes, nous en tirerons, si c’est nécessaire, autant de films déprimants qu’il faudra. Pas question d’arrêter l’industrie du disque. Il tourne désormais tout seul comme la planète, le disque. Et ne nous dites pas qu’il fait remonter, à travers sa rotation ultra-rapide, quelque chose d’invisible et d’à peine audible, quelque chose de tout simple à quoi nous n’aurions pas pensé en termes de chiffres assurés et de publicité réservée. Vous seriez alors un ennemi de la démocratie, on nous a d’ailleurs prévenus lors de la dernière réunion Son et Lumière.

Le menuisier Zimmer, on s’en souvient, a une fille qui s’appelle Lotte. Tout indique qu’elle aime tendrement le pensionnaire poète à l’épinette qui hante parfois l’escalier, la nuit, lorsque les jours d’été sont trop chauds. Ils parlent sans doute beaucoup ensemble. Le 7 juin 1843, dans une lettre étrangement datée « À minuit », elle
annonce au « Très honoré conseiller aulique » Karl Gock, demi-frère de Hölderlin, la mort de ce dernier :

« Le soir même, il a encore joué de l’épinette, il a soupé dans notre chambre et il est allé se mettre au lit, mais bien­tôt il a dû se relever et il m’a dit qu’il avait trop d’angoisse pour rester couché. J’ai essayé de le tranquilliser et je n’ai plus quitté son chevet. Au bout de quelques minutes, il a repris de sa médecine, il avait toujours plus d’angoisse, notre père était là aussi et un autre monsieur qui devait le veiller avec moi, mais il s’est éteint tout doucement, sans véritable agonie. Ma mère était aussi près de lui, aucun de nous ne s’imaginait qu’il allait mourir. Je suis si frappée que je ne peux même pas pleurer, et pourtant il faut être mille fois reconnaissants au bon Dieu de lui avoir épargné le lit de douleur, et il n’y a pas beaucoup d’hommes sur des milliers qui s’en aillent aussi doucement que M. votre frère bien-aimé. »

On ne sait rien du monsieur qui se trouvait là, pour l’agonie de Hölderlin, aux côtés de la famille Zimmer. On ne sait rien non plus du destin ultérieur de Lotte. Nous sommes en juin. Il fait très beau. La mer, de loin, à travers le fleuve, se mêle au soleil :

Le Neckar
Les souffles d’Italie l’accompagnent, la mer envoie
Avec lui ses nuages, ses plus beaux soleils.

Hölderlin a aussi écrit :

Mais l’esprit de quiétude
Aux heures où resplendit la Nature
Est uni à toute profondeur.

Et aussi :

Donne-moi de pouvoir tourner mes pensées,
Aux heures de fête et pour qu’une paix me soit rendue,
Vers les morts. Car au temps jadis
Il est mort bien des capitaines,
Des femmes belles, des poètes,
Et de nos jours
Si grande foule d’hommes !
Mais moi je suis tout seul.

Et aussi :

Vivre est une mort, et la mort aussi est une vie.

Et ainsi de suite.

Studio, Gallimard, 1997, p. 129-139.


Pour aller plus loin :

Brahms: Schicksalslied, op. 54 - Radio Filharmonisch Orkest o.l.v. Karina Canellakis - Live Concert : https://www.youtube.com/watch?v=XFe2hbw1FRo

An die Hoffnung, Op. 124 : https://www.youtube.com/watch?v=tDexPdrnrkw

Richard Strauss - Hölderlin Hymnen Op. 71 (Erich Leinsdorf with Staatskappelle Berlin) : https://www.youtube.com/watch?v=ryvTY8Z-_0I

Hölderlin Fragmente : https://www.youtube.com/watch?v=eySttQFYSpM

Friedrich Hölderlin : https://www.youtube.com/watch?v=54gaOW7WUeg

Friedrich Hölderlin : Folie et génie par Pierre Jean Jouve (1951 / France Culture) : https://www.youtube.com/watch?v=3EvB0Rw_kZs

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