Hommage à Charles Gounod à l'Heure Musicale

Messe solennelle en l’honneur de Sainte-Cécile / Charles Gounod (1818-1893)


Temple Saint-Étienne
Samedi 21 avril, 17h, 
entrée libre, plateau




Chœur et Orchestre de l'Université de Haute-Alsace dirigés par Paul-Philippe MEYER. Solistes : Mélanie MOUSSAY, soprano - Laurent ROOS, ténor (remplace William Lombardi, souffrant) et Fabien GASCHY, basse


Ecrite pour trois solistes (soprano, ténor, basse), chœur et orchestre, cette oeuvre est créée en novembre 1855 en l’église Saint-Eustache à Paris. Chaque année l’Association des artistes musiciens passait commande d’une œuvre pour honorer Sainte-Cécile ; la messe était alors chantée à Saint-Eustache à cette occasion.

Composée en différentes étapes, cette messe regroupe plusieurs parties de messe dont les premières datent de 1849, les dernières de l’été 1855. Elle est dédiée à Joseph-Guillaume Zimmermann, beau-père de Gounod, professeur de piano au Conservatoire de Paris qui a beaucoup contribué au rayonnement de son gendre en début de carrière.

Cette messe révèle un tiraillement du compositeur entre profane et religieux : les critiques y décèlent une empreinte religieuse avec des effets puisés dans le genre opéra. Ces accents théâtraux se retrouvent dans l’orchestration parfois descriptive et figuraliste. Sur le plan vocal, on y perçoit l’influence des œuvres de Palestrina étudiées à Rome après son Prix de Rome durant son séjour à la Villa Médicis, notamment dans le Kyrie et dans l’Et incarnatus. Le Gloria est original dans son approche. Alors qu’habituellement ce passage est traité de manière éclatante, il est introduit par un Larghetto, le chœur accompagnant la soprano en « bouche fermée » ; avec le texte Laudamus te, l’allure passe à un Allegro pomposo pour être plus jubilatoire. Le traitement du chœur à l’unisson dans une grande partie du Credo rappelle la participation chantée des fidèles à un office. Gounod donne ainsi une dimension participative et emphatique à son œuvre. L’Offertoire pour orchestre seul trouve son inspiration dans son oratorio Tobie, créé en 1854. Le Sanctus est une progression, un crescendo pour célébrer la puissance divine. Avec le Benedictus, Gounod propose un contraste, une page statique, angélique terminant sur un majestueux Hosanna. Enfin l’ambiance de l’opéra réapparaît dans l’Agnus Dei. Le Domine salvum chanté à la fin renvoie au motet de l’Ancien régime dédié aux Rois et chanté durant les offices. Gounod modifie les paroles au profit d’un texte en l’honneur de l’Empereur Napoléon III : de nos jours comme du temps de la Révolution, le texte est adapté à la République. Il y a quelques décennies ce motet était fréquemment chanté à l’issue des offices en Alsace. Dans le cadre du Concordat, il est encore chanté aux grandes occasions, notamment lors de l’installation d’un nouvel Archevêque à Strasbourg. Chacune des trois interventions est écrite en fonction de ses destinataires (église, armée, nation).

Cette messe est un éminent témoignage du sens de la mélodie du compositeur, de son souci de l’intelligibilité du texte et celui de toucher un public très large, les musiciens amateurs et professionnels célébrant leur patronne.

L’œuvre contribue à la célébrité du compositeur dans les milieux musicaux les plus larges, résonance qu’il avait jusqu’ici difficilement trouvée. En 1859 avec son opéra Faust, ce sera une consécration qui le placera parmi les compositeurs français marquants de son temps.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire