Théologie pour les curieux - 11 mars 2017

Là où on s'attendrait à trouver un précis de dogmatique chrétienne, c'est à un chemin de méditation qu'invite Marie-Christine Bernard. Largement fondée sur une lecture biblique, elle renvoie au sens des mots, préférant ainsi "bonheur" à "amour", dans la mesure où le premier se réfère à un projet plutôt qu'à un sentiment. Le bonheur pouvant être différent en fonction du projet de vie. C'est d'ailleurs cela qu'est le christianisme pour l'auteur, un projet de vie dans lequel nous sommes invités à entrer dans l'espace de la rencontre.

Nulle aspérité dans cette présentation où finalement le risque est grand de tomber dans le manuel de direction spirituel permettant à chacun de "vivre sa vie" comme il l'entend mais sous le regard de Dieu. C'est bien plus un ouvrage de coaching qu'une théologie systématique où l'on peut regretter que "chrétien" signifie une fois de plus "catholique". Là est le piège, puisque la diversité est si forte dans l'Église catholique, qu'elle est la place où toutes les diversités peuvent se déployer, pourquoi faudrait-il une diversité de la foi en dehors d'elle ? et donc pourquoi d'autres confessions chrétiennes que la Romaine ?

Presses de la Renaissance, Paris, 2017, 1ère éd. 2009, 310 pp., 12.90€

 À l'opposé du précédent, cet ouvrage ne répond pas à toutes les questions théologiques par la simple recherche du bonheur. Au contraire, sur une base a-théologique et pourtant ô combien théologique, il interroge et bouscule, les esprits de la bienpensance athée voire agnostique, tels que André Comte-Sponville ou Élisabeth Badinter, n'y manquerait plus que Michel Onfray dans ce grand ménage. Ne pas croire en Dieu ne veut pas dire ne pas avoir de spiritualité, ne pas se reconnaître dans les dieux des autres ne veut pas dire ne pas avoir une vision du monde et un certain rapport à la transcendance, considérée simplement comme ce qui est et qui nous dépasse. Nul besoin de dieux pour cela et nul besoin non plus de tous les brûler.

Se situant dans la lignée d'un Wittgenstein, Corcuff fait une œuvre profondément théologique dans la mesure où il s'inscrit dans une attente mais une attente sans idoles comme le demandait en son temps le théologique protestant Gabriel Vahanian dans son livre inédit en français "Wait without Idols".

Textuel, Paris, 2016, 96 pp. 12.90€


 LE manuel nécessaire en cette année de célébration de la Réforme que cet atlas historique et théologique qui a l'intelligence de présenter le contexte, l'éclosion et le développement de la Réforme sans oublier ses adversaires.

Dans une perspective anglo-saxonne, il nous permet également de sortir du cadre français ou à la rigueur allemande qui prévaut parfois dans notre relecture de l'histoire. Les soixante courts chapitres sont l'objet d'une cartographie particulièrement lisible et attrayante ainsi que d'une présentation à la fois limpide et documentée.

Une véritable réussite

Excelsis, 2016, 160 pp., 25€



Il y a les "cafés philo", les "cafés histoires", ces ateliers grand public où l'on aborde des sujets ardus d'une manière simple et ouverte. C'est le concept de ce "Café Spinoza" que l'on doit à un véritable amoureux de la pensée de Spinoza et dont la gageure est de réunir un public hétérogène mais intéressé par Spinoza .

Il livre ici douze sujets travaillés au café et qui sont chacun une porte d'entrée dans le complexité spinoziste. Qu'il s'agisse de son rapport à la nature qu'on l'accuse souvent de confondre avec Dieu, ou avec la morale, relativisant le bien et le mal n'existant pas en soi ou encore du rapport de Nietzsche avec le penseur juif du XVIIe siècle, c'est une véritable mine pour les lecteurs de l'Éthique mais aussi pour ceux qui n'y connaissent rien.

Le Bord de L'eau, Lormont, 264 pp., 20€


Si le roman est la meilleure manière d'exprimer une théologie, ses questions, ses doutes et ses certitudes, ses errements et la part de chance qui lui permettent d'exister, il faut vraiment saluer le travail de Anne Soupa, bibliste et ancienne rédactrice en chef de la revue Biblia.

Elle nous offre le récit de ces jours décisifs qu'ont été la rencontre entre le 12 et le 15 octobre entre Luther et Cajétan, le cardinal envoyé par le pape pour l'amener à la conciliation. La forme romanesque permet de rendre à merveille la part de négociation et de stratégie chez l'un et l'autre des protagonistes tout en permettant d'expliquer les positions de chacun d'une manière remarquable de simplicité.

Salvator, Paris, 220 p., 20€

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