Théologie pour les curieux 18 - 1er octobre 2016

Dans la suite de notre dernière théologie pour les curieux où nous nous interrogions sur la place des femmes dans l'Église, l'ouvrage de l'essayiste italienne Lucetta Scaraffia s'inscrit dans une volonté manifestée par le pape François de reconsidérer le féminin dans l'Église.

Sans prétendre encore à la révolution que serait le ministère féminin et refusant ce qu'elle appelle les "utopies libertaires" et autre "théories du genre", signifiant ainsi son appartenance à un féminisme conservateur, l'ouvrage n'en est pas moins une contribution importante pour une Église catholique romaine en quête d'un retour aux fondements de l'Évangile pour qui "il n'y a plus ni homme ni femme".
 
Salvator, Paris, septembre 2016, 173 pp., 18.90€



Toutes les raisons qui font qu'un intellectuel français contemporains ne puisse plus continuer à croire à la religion des saintes images et des histoires pieuses, tous ces petits décalages entre la vie moderne et la représentation du monde véhiculée par l'environnement socio-culturel catholique romain.

Une détente fraîche et légère où l'on se reconnaît bien souvent, perdu dans le fatras des bondieuseries qui masquent l'Évangile bien plus que ne le feraient toutes les indifférences. Sous la manière d'une lettre ouverte à Dieu, ce sont les questions simples d'un honnête homme qui ne peut plus se contenter de la foi du charbonnier.

Chiflet & Cie, Paris, septembre 2016, 160 pp., 15€



Devenu médiatiquement célèbre pour avoir démissionné du lycée Averroès qu'il dénonçait pour être un lieu d'implantation d'un islam radical en France, Soufiane Zitouni est caractéristique de ces enfants immigrés, musulmans et arabes de culture plus que de confession. Formés à l'école républicaine et revendiquant les valeurs émancipatrices de tout individu par rapport à son groupe socio-culturel, il livre ici un plaidoyer bienvenu au moment où se pose la question de la compatibilité de l'islam et de la République.

L'islam est malade de sa conception fondamentale d'une communauté fantasmée, la Oumma, qui pour se construire et pallier à ses frustrations et ses échecs doit se délimiter par rapport à des ennemis, qu'ils soient juifs, chrétiens, occidentaux  ou femmes.

Les Échappés, Paris, avril 2016, 304 pp., 17€





Indépassable optimiste en toute lucidité, Michel Serres nous livre ici sa "philosophie de l'histoire", c'est-à-dire non pas la chronologie mais le sens qu'il discerne dans l'évolution humaine qu'a contrario du sens commun, il considère en constante amélioration par l'augmentation constante du "souci de l'autre" symbolisé par la figure évangélique du samaritain.

Prenant le fil de Darwin, de Bonaparte et du samaritain, il décrit trois âges de l'histoire, l'âge de la mobilité lente, du long récit de l'émergence de l'homme. Puis "l'âge dur" des temps modernes où l'industrie modifie complètement l'équilibre du monde, ce que d'autre nomment aujourd'hui l'anthropocène. Enfin "l'âge doux" où la préoccupation environnementale, sociale et politique s'affirme comme le seul espoir de survie pour l'humanité.

Le Pommier, Paris, 216 pp., 19€

Beaucoup moins optimiste, Günthers Anders est outre le premier mari de Hannah Arendt, le premier critique de l'idéologie technicienne du progrès, profondément marqué non seulement par la shoa mais aussi par hiroshima ou encore la guerre du Vietnam. Il se revendique lui-même comme un "semeur de panique", celle qui devrait saisir tout être humain sensé devant l'accumulation de biens matériels.

Comme beaucoup d'intellectuels juifs, il a été renvoyé à sa judéité à son corps défendant, ne la revendiquant en aucune manière mais ne pouvant non plus s'en détacher tant cela apparaîtrait pour une trahison devant "le cimetière de souvenirs" qu'est le "lent fleuve des disparus".

L'ouvrage est une compilation de textes où Günther Anders, revient sur ce qui le constitue en tant que juifs sans être croyant et pourtant... ainsi que des recueils des poèmes et une analyse de la création de l'État d'Israël qui reste prophétique aujourd'hui. À noter la splendide qualité de l'édition.

Éditions Fario, juin 2016, 208 pp., 19€



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