Le vitrail à portée de regard

Notre nouvelle exposition d'été 

  Exposition de Patrick et Guillaume Jaegy. Tous les jours (sauf lundis et jours fériés), de 13h à 19h, entrée libre. Présence des artistes les vendredis après-midi. Jusqu'au dimanche 11 septembre.

La lumière a toujours été associée à la représentation de Dieu dans l'art chrétien. Ainsi de l'alternance entre pénombre et illumination dans les premières églises où le mystère de Dieu répondait à l'intériorité de l'âme. Les cascades de lumière inondant les églises gothiques et les cathédrales traduisaient ensuite une nouvelle conception même de Dieu, compris alors comme irradiant le monde de sa bonté.


Très rapidement cette inondation de lumière va se traduire par la mise en récit des grandes épisodes évangéliques ou des vies des saints. Dès le 12e siècle, les maîtres verriers vont transformer la lumière brute en image en colorant les pièces de verre des vastes fenêtres des édifices religieux. Alors que le lecteur regarde une enluminure dont les couleurs sont posées sur un manuscrit, le fidèle voit la lumière devenir une image en traversant le verre coloré. Et la manière dont ce verre va être coloré, autrement dit l'art du verrier, va intervenir dans la construction même de l'image et interagir avec le regard du fidèle.


Le maître verrier joue avec la lumière, il en fait un conte, un roman, un récit. En bref, il fait de la lumière son langage pour nous faire réfléchir et voir autrement ce que nous connaissons déjà par les Écritures. En travaillant le verre, c'est la lumière qu'il transforme mais plus encore c'est notre intelligence sensible qu'il forme.


Un art qui, au-delà de ses progrès techniques relatifs, n'a pas vraiment changé depuis le Moyen-Âge. Fidèle à cet esprit, Patrick Jaegy nous offre tout au long de cet été 2016 son regard sur la manière dont la lumière va venir impressionner notre esprit et peut-être notre âme. Ses interprétations lumineuses de scènes issues de ce patrimoine culturel commun à tous qu'est le Bible est une véritable prédication, fidèle là aussi à l'intention pédagogique des premiers verriers. Car il nous invite à comprendre le récit biblique comme un miroir de notre vie avec la force d'une parole qui nous rejoint à l'intérieur, réalisant ainsi ce mystère d'une lumière transformée qui nous touche jusque dans nos ténèbres.


Dans l'écrin du temple Saint-Étienne, Patrick Jaegy expose pour la première fois ses œuvres les plus personnelles tandis que Guillaume Jaegy montre que le flambeau est dignement repris. Elle entrent évidemment en résonance avec les vitraux du 14e siècle. De cette amicale confrontation ne ressort nul vainqueur mais seulement une immense reconnaissance à ces sculpteurs de lumières à travers les siècles.


Notre dossier spécial paru dans le Ralliement protestant de l'été 2016
Dossier réalisé par Jean-Marc Meyer 



Que voyons-nous lorsque nous entrons dans une église ? Divers objets caractérisant l'espace. Des bancs, voire des chaises, une table dans les temples protestants, un autel dans les églises catholiques, une chaire plus ou moins haute et utilisée. Parfois des éléments décoratifs, tels des statues ou des tableaux, voire une Bible ornant la table protestante. Et pourtant la première chose que l'on voit ne se voit pas en tant que telle.


La toute première impression d'un lieu de culte, quel qu'il soit, n'est autre que celle produite par la lumière ou son absence. La manière dont la lumière va éclairer ou non le lieu donne sa couleur à l'endroit, le charge d'une dimension symbolique et d'une signification qui va subtilement influencer notre compréhension de ce qui va se passer lors de l'office religieux. Une esthétique qui va, sans que nous nous en rendions compte, former notre sentiment et ouvrir notre cœur et notre intelligence d'une certaine façon à l'événement de la Parole.


La lumière agît sur nous et les maîtres verriers, créateurs des vitraux de nos temples et églises le savent bien. Lorsqu'ils taillent le verre, en grattent les couches colorées, fondent le plomb des bordures et dessinent leur fenêtre, c'est à la fois une prière et un message. Une prière parce qu'ils cherchent à servir l'esprit ; un message parce qu'ils lui donnent une forme.


Une prière de feu dans le cas des vitraux réalisés par Patrick Jaegy exposés au temple Saint-Étienne cet été. Les couleurs y jouent avec les formes dans une grande diversité mais toujours avec une chaleur et une intensité qui nous rejoignent sans jamais nous contraindre, au point que l’œuvre, certes figée dans un cadre, naît réellement dans notre regard. « Le vitrail à portée de regard » ou comment le récit biblique se donne à voir dans l'art du verrier mais aussi dans la manière dont nous le considérons. Alors prenons le temps d'entendre la Parole en allant voir comment l'art de Patrick Jaegy la donne à voir et à entendre en lumière.


Roland Kauffmann, pasteur animateur, Saint-Étienne Réunion

Commentaire des œuvres contemporaines en regard des vitraux anciens : Victor Ludwig


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