Still the water, l'envoutement des chamans

Still the water, le film de Naomi Kawase est une véritable épure panthéiste construit sur les oppositions propres à la culture japonaise. 


Entre extrême modernité (superficialité) d'un pays à la pointe des progrès et mystère des conditions de vies dans les campagnes, dans cette île isolée où le bruissement des arbres et le dernier souffle de vie de la mère de la jeune Kyôko.

Kyôko et Kaito sont de jeunes adolescents, Kaito vient de Tokyo où est toujours son père tandis que sa mère tente de refaire sa vie dans les bras d'un homme dragon, comme s'il était le simulacre de ce père tatoueur qui l'a abandonné. Kaito craint la mer (la mère ?) tandis que Kyôko ne cesse de s'y baigner comme si la mer purifiait son corps et son âme mieux que les sacrifices de chèvres blanches que son grand-père ne cesse de faire pour se concilier les puissances naturelles qui maîtrisent le destin de tous.

Entre la mère de Kaito et son amant, la mère de Kyôko et son mari, entre ce vieillard dont on ne saura jamais s'il n'est pas un esprit protecteur, l'un de ceux qui sont invoqués par cet "air du mois d'août" qui accompagnera la mort (où plutôt son passage vers la vie), autant d'oppositions où la mort ne s'oppose pas tant à la vie qu'à la naissance. Lorsque finalement Kaito ose se jeter à l'eau, emmené par Kyôko, c'est à la rencontre de ceux qui sont les ancêtres qu'il se lance, une rencontre avec lui-même.

Ce film contemplatif, s'il parle de la mort omniprésente, ne le fait que par le biais de la vie. Les émotions y sont liées à la beauté, à la plénitude, à la sagesse; autant de forces ancestrales qui contrastent avec la figure du père et de l'amant, des hommes trop pleins, incapables de vivre dans l'île.

Il nous parle de l'unicité du monde malgré les apparences de séparation, un monde réconcilié à travers les oppositions;

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