tag:blogger.com,1999:blog-37235811959232321322024-03-15T10:29:10.507-07:00Saint-Étienne RéunionUnknownnoreply@blogger.comBlogger1329125tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-22683731249062420972024-03-15T04:09:00.000-07:002024-03-15T04:10:52.066-07:00L'Heure musicale virtuelle du 16 mars 2024<p style="text-align: center;"></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>SEBASTIAN
BRANT</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>1458
– 1521</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>Archétypes
de la folie</b></i></span></span></p><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b> </b></i></span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIR2PlQC5DZl5clMk7lyyPMuOLK3-PPzU5TEfaianfFyowYR9OnK1C1CmdeLGu05Sjpfacfmc-YlbaZENoHl-moF_KpEIoW5xk1_bDy94j9ENjrED-kNvHFBst-SkvbWVQMeFPlyo39ikBgdZ-T3Ijf4_x9YmDXTKgSWhsm1Sy0brRQTk16zBr2dQpM7k/s246/2024-03-17%20Brant%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="246" data-original-width="205" height="246" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIR2PlQC5DZl5clMk7lyyPMuOLK3-PPzU5TEfaianfFyowYR9OnK1C1CmdeLGu05Sjpfacfmc-YlbaZENoHl-moF_KpEIoW5xk1_bDy94j9ENjrED-kNvHFBst-SkvbWVQMeFPlyo39ikBgdZ-T3Ijf4_x9YmDXTKgSWhsm1Sy0brRQTk16zBr2dQpM7k/s1600/2024-03-17%20Brant%201.jpg" width="205" /></a></p><br /><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: #ff3300; font-family: arial; font-size: small;"><span><i><b>Une
heure en musique...</b></i></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<p class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial; font-size: small;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=fSG1CTVD4fo" rel="nofollow" target="_blank">Schumann - Carnaval Op. 9 - Claudio Arrau, piano (1961)</a></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<p class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><span style="font-family: arial; font-size: small;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=2KEyM9hnheA" rel="nofollow" target="_blank">Schumann - Faschingsschwank aus Wien, op. 26 (Audio+Sheet) [Cziffra]</a></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">Issu d’une famille de moyenne
bourgeoisie, Sebastian Brant, poète d’expression latine et
allemande, polygraphe, professeur de droit et jurisconsulte,
administrateur communal et conseiller impérial, naquit en 1457 à
Strasbourg, vraisemblablement dans le vieux quartier « Finkwiller ».
Son grand-père avait été sept fois membre du Conseil de la Ville.
Quand son père qui tenait l’auberge du « Lion d’Or » (rue d’Or
à Strasbourg) mourut en 1468, Sebastian avait à peine 11 ans. Doué
et travailleur, sérieux et pieux, il se passionna précocement pour
l’étude. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">Comme il n’y avait pas encore
d’université à Strasbourg en ce temps-là (le Gymnase protestant
ne fut fondé qu’en 1538), sa mère décida de l’envoyer en 1475
à Bâle où il se consacra alors consciencieusement aux études
juridiques. Reçu bachelier, puis licencié et enfin « docteur en
les deux droits », civil et canonique (in beiden rechten doctor), en
1489, il fut nommé professeur à la Faculté même où il avait
obtenu ses grades; il fut promu doyen en 1492.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">En 1485, il avait épousé la
fille d’un coutelier bâlois, dont il eut sept enfants : il ne
semble pas que ce mariage ait eu une quelconque répercussion sur ses
activités professionnelles ni sur ses inspirations créatrices. En
enseignant, il élabora un « cours d’introduction à l’étude du
droit » qu’il publia par la suite. Attiré par les lettres de
l’Antiquité, ferré en latin et en grec, il consacra de plus en
plus ses heures de loisir à la lecture des auteurs classiques connus
à l’époque, nommément Virgile, son poète préféré. Finalement
il instaura à l’Université de Bâle un cours de poétique, bien
fréquenté, et se mit à composer en latin des poèmes, différentes
pièces en vers de caractère anecdotique, politique, moral ou
religieux, notamment Varia carmina (1498). Mais petit à petit il se
détacha du latin, alors langue officielle de l’enseignement, pour
écrire de plus en plus dans la langue maternelle, celle du peuple,
l’allemand. En ceci il fut un vrai Alsacien, fier de son identité,
fidèle aux traditions ancestrales, gardien vigilant du patrimoine
linguistique et culturel de son pays d’origine. N’oublions pas
qu’à cette époque-là l’Alsace faisait partie depuis mille ans
déjà de la Germanie et était loyalement attachée au Saint Empire
romain germanique.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">Il traduisit en allemand les
distiques de Caton, écrivit son Tugent Spyl (publié en 1554) et
composa nombre de poèmes, Deutsche Gedichte, dont un choix fut édité
en 1875, entre autres Von dem Donnerstein consacré à la chute du
fameux météorite tombé du ciel le 7 novembre 1492 près
d’Ensisheim et toujours conservé à la mairie de l’ancienne
capitale de la Haute-Alsace. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">En 1494, Sebastian Brant, de plus
en plus versé dans l’art poétique allemand, publia à Bâle son
fameux poème satirique Das Narrenschiff (« La Nef des fous »),
suite originale de cent douze chapitres en vers octosyllabiques, plus
exactement iambiques à quatre pieds, rédigés en une langue
vigoureuse et pittoresque qui se situe entre le moyen-haut-allemand
tardif (Spätmittelhochdeutsch) et le nouveau-haut-allemand précoce
(Frühneu hochdeutsch) et qui est farcie de régionalismes
alémaniques puisés dans le vieil alsacien d’alors. Unique en son
genre, ce livre qui fit fureur lui assura la célébrité.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">Pris par le mal du pays, cédant
aux instances de ses nombreux amis et admirateurs strasbourgeois, il
rentra au bercail en 1500. Sur la recommandation de Geiler von
Kaysersberg, prédicateur à la cathédrale, ses concitoyens lui
confièrent en 1503 les fonctions de syndic et de chancelier
municipal (Stadtschreiber) qui firent de lui l’un des personnages
les plus importants du Strasbourg d’alors, ville libre d’Empire
(freie Reichsstadt). Vu son talent et sa science, il fut un excellent
ambassadeur, s’acquittant toujours avec tact et habileté des
missions souvent délicates dont le chargeait le magistrat de la
ville. Appréciant ses qualités et capacités extraordinaires,
l’empereur Maximilien 1er le choisit comme conseiller, le fit
assesseur au tribunal aulique de Spire et lui décerna le titre de
Cames Palatinus (« comte palatin »). Malgré tous les devoirs de
ses charges officielles, Brant continua à cultiver les lettres et à
s’occuper de la vie culturelle de la région dans le cadre des
réunions de la Société scientifique rhénane. Sur le plan des
querelles religieuses de l’époque, il était partagé, comme
écartelé, entre des forces contraires et éprouvait de douloureux
tiraillements : en effet, il fut un ardent adversaire des idées
réformatrices bien qu’il eût fustigé, en courageux précurseur,
les vices et abus de ceux qui incarnaient la foi orthodoxe. Voyant,
vers la fin de sa vie, l’Église et l’Empire ébranlés par les
doctrines des contestataires, il fut empli d’une profonde
tristesse. Il mourut à Strasbourg le 10 mai 1521, inquiet et las, au
retour d’un voyage à Gand en Belgique où il avait obtenu le
renouvellement des privilèges de sa ville et prononcé l’éloge du
nouvel empereur, Charles Quint (1520).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-family: arial; font-size: small;"><span><i><b>Das
Narrenschiff (« La Nef des Fous »)</b></i></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">Le chef-d’œuvre
satirico-moralisant de Sebastian Brant, alias « Sebastianus Titio »
(forme latinisée du prénom et du patronyme), fut un best-seller de
la fin du XVe siècle : truffé de citations classiques et bibliques,
illustré en partie par le jeune Albrecht Dürer, encore à Bâle en
1494, écrit en une langue familière, truculente, il revalorisa un
genre littéraire, – un genre littéraire qui culmina dans «
l’Éloge de la Folie » d’Érasme de Rotterdam (1509). </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">Dans chacun des cent douze
chapitres du livre, orné chacun d’une gravure illustrant le vice
dénoncé et comportant ensemble quelque 7 000 vers, l’auteur
dénonce et ridiculise un certain aspect de la « folie humaine », y
caricature des types de « fous » – entendez de pécheurs – qui
défilent, amusent ou attristent le lecteur et se trouvent finalement
regroupés dans une nef qui fait voile vers la « Narragonie »,
l’île de la folie. Dans le prologue, la longue Vorred, il évoque
la nef symbolique qu’il arme pour embarquer tous les « fous » qui
s’agitent autour de lui ; il dit qu’il faudra recourir à toutes
sortes d’embarcations pour les contenir tous. Son admirable ouvrage
est l’amalgame de toutes ses connaissances et convictions mélangées
dans le creuset de sa remarquable personnalité ; il a fondu ensemble
nombre d’éléments divers empruntés à la mythologie, à la
Bible, aux auteurs anciens et à la réalité quotidienne pour créer
une variété de personnages fortement typés : les « fous de son
temps ». Ce sont des êtres affligés de vices, des insensés voués
à la perdition parce que leur comportement est « contraire à la
loi divine et à l’ordre social ». Brant veut leur faire
comprendre qu’il ne faut pas succomber aux tentations, aux
faiblesses, aux péchés qui, selon lui, engendrent les malheurs de
l’humanité. Il fustige impitoyablement aussi bien les égarements
« véniels » que les aveuglements « mortels » : la passion des
jeux et des livres, la manie de la mode et des voyages, l’abus des
médicaments ou de l’alcool, la mendicité, l’ingratitude,
l’orgueil, la jalousie, la médisance, l’avarice, la fraude,
l’usure, l’adultère, le concubinage, l’impulsivité, la
grossièreté, la brutalité, le blasphème, etc.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial; font-size: small;">S’il condamne avec rigueur et
vigueur tous les défauts des hommes, c’est dans l’espoir de
pouvoir les aider à se corriger. Il veut que sa galerie de fous soit
un « miroir » dans lequel tout un chacun pourra en partie se
reconnaître et, dès lors, s’amender, se redresser. Le
Narrenschiff présente un réel intérêt documentaire parce que
Brant y a consigné nombre d’observations et de réflexions ayant
trait à son temps et à son milieu. À travers les vices, il y
décrit son entourage, notamment le monde universitaire et
carnavalesque du Bâle de l’époque. N’oublions pas qu’il a
publié son livre à bon escient à l’occasion du carnaval
bâlois de l’an 1494 (uff die Vasenaht 1494). La « folie » au
sens de l’insanité, de l’extravagance, de la passion, de
l’aveuglement ou de l’inconscience n ‘a pas été inventée
comme thème littéraire par Brant, certes, mais c’est lui qui a su
donner à ce sujet une nouvelle dimension, un retentissement
insoupçonné, extraordinaire ; par là même il a de nouveau donné
du relief à l’ancienne allégorie de la nef qui a beaucoup
contribué au retentissement inouï de sa satire. Cet ouvrage
marquant fut, après la Bible, le livre le plus lu au XVIe siècle,
non seulement en Allemagne, mais dans l’Europe tout entière, même
au temps de la Réforme puisque son caractère critique et
moralisant, fondé sur nombre de citations bibliques, cadrait bien
avec l’orientation de la foi purifiée. Comme sa diffusion ne se
heurtait à aucune frontière nationale ni religieuse, les
contemporains louaient en chœur son auteur : ils glorifiaient sa
performance, exaltaient ses mérites, soutenaient son action. Geiler
von Kaysersberg, le grand prédicateur de la cathédrale de
Strasbourg, exploita surtout l’action thérapeutique du
Narrenschiff sur les âmes en peine ou en perdition : à ses yeux
c’était « le miroir du salut » (der spiegel des heils), tout
comme pour Onofrius Brant, le fils du poète, c’était « la nef du
salut » (das schiff des heils). Une année durant, du mercredi des
Cendres 1498 jusqu’au jour de Pâques 1499, le « Bossuet alsacien
» fit du haut de sa magnifique chaire des sermons inspirés par
certains vers ou chapitres du Narrenschiff, car il estimait que les
caricatures originales brossées par son ami avaient un effet plus
salutaire sur les pécheurs concernés que les versets et lieux
communs des Saintes Écritures, sans cesse ressassés et rebattus
dans la langue sacrée. Wimpheling, le chef de file des humanistes
alsaciens, proposa d’introduire la version latine du chef-d’œuvre
comme livre de lecture dans le cycle des études secondaires.
N’oublions pas qu’à l’époque où la langue des savants et
lettrés était le latin, Brant, en écrivant son poème en allemand,
a considérablement réhabilité la langue du peuple. </span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial; font-size: small;">Matthieu Denni<br /></span></p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-2289871086375254332024-02-09T10:58:00.000-08:002024-02-09T10:58:50.240-08:00L'Heure Musicale virtuelle du 10 février 2024<p style="text-align: center;"> <span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>JOHANNES
REUCHLIN</b></i></span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b></b></i></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOit3KwtNgrpO9Il1pjuPAYq7wSNBU8gxUvdeEh3TzVF1ISJ-x4TmKtfnQ7J3C9GY8uSArfjRc_uJRB-do4ZsQ6tkNGEqTtfwhIYNffnXrHpuPKVaiFiP8e03GKWC9IgozeCXMgrPaK22MjzsM_w__fq-ATzqmgwb0471oclPOXJo5tKrLnuWHzHOsUns/s2100/2024-002-03%20Reuchllin%201.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1400" data-original-width="2100" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOit3KwtNgrpO9Il1pjuPAYq7wSNBU8gxUvdeEh3TzVF1ISJ-x4TmKtfnQ7J3C9GY8uSArfjRc_uJRB-do4ZsQ6tkNGEqTtfwhIYNffnXrHpuPKVaiFiP8e03GKWC9IgozeCXMgrPaK22MjzsM_w__fq-ATzqmgwb0471oclPOXJo5tKrLnuWHzHOsUns/s320/2024-002-03%20Reuchllin%201.jpg" width="320" /></a></b></i></span></span></div><p></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>1455
– 1522</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>L'Alsace,
les juifs, les cendres... </b></i></span></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: #ff3300; font-size: medium;"><i><b>Une
heure en musique...</b></i></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=NCWxgDuT75o">https://www.youtube.com/watch?v=NCWxgDuT75o</a></u></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">"La vérité
s'élèvera de la terre et chassera les ténèbres". C'est ce
qu'écrivait dans une lettre Johannes Reuchlin, diplomate, juriste de
pointe, auteur de comédies et l'un des grands érudits d'Europe, peu
avant sa mort. Il y a 500 ans, le 30 juin de l'année 1522, il
succombait à la fièvre jaune à Stuttgart, à l'âge de 67 ans.<br /><br />La
tombe de Reuchlin dans l'église Leonhardskirche de cette ville porte
des inscriptions dans les trois langues que l'homme a initiées avec
passion : Le latin, le grec et l'hébreu. Pour ces deux dernières
langues, il s'agissait d'un acte pionnier, car même les théologiens
les plus cultivés n'avaient étudié leur Bible au Moyen-Âge que
dans la traduction latine de Saint Jérôme, et non dans les deux
langues originales. Johannes Reuchlin disait qu'il vénérait certes
Jérôme, mais que la vérité était plus divine en cas de doute sur
la critique textuelle. Il a donc appris l'hébreu auprès d'érudits
juifs, comme Jakob ben Jechiel Loans, le médecin personnel de
l'empereur Frédéric III. C'est ainsi que Reuchlin est devenu le
fondateur de la judéologie chrétienne.<br /><br />Cependant, la lumière
de la vérité était une chose en soi à l'époque de la Renaissance
et des disputes religieuses. Quelle vérité en effet ? Et avec le
triomphe des nouveaux médias, en l'occurrence l'imprimerie, les deux
étaient alors portés en même temps dans le monde : l'humanisme et
le discours de haine.</span></span></p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
</p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Deux ans avant sa mort,
en 1520, le Vatican à Rome l'avait définitivement attesté à
Reuchlin : son plaidoyer pour la préservation des écrits juifs
était un "livre scandaleux, illicitement favorable aux juifs et
donc offensant pour les chrétiens pieux". L'auteur doit se
taire à jamais dans cette affaire et supporter les frais de justice.
Comme un certain Martin Luther venait de causer des problèmes en
Allemagne, Rome voulait faire des exemples et montrer les limites de
la tolérance.<br /><br />Au début du siècle, des écrits antisémites
d'un converti de Cologne avaient exigé et déjà organisé la
destruction des livres juifs - on enlevait donc leurs livres sacrés
aux communautés juives déjà harcelées. En 1510, l'empereur
demanda à Reuchlin, parmi d'autres érudits et facultés, de donner
son avis sur la question de savoir "si l'on doit prendre aux
juifs tous leurs livres, les détruire et les brûler". Il fut
le seul à se prononcer contre la destruction des livres.<br /><br />Sous
le titre "Augenspiegel" (miroir oculaire) - le symbole des
lunettes était synonyme de lucidité - Reuchlin a avancé trois
arguments. Premièrement, théologiquement : les écrits
d'interprétation juifs font partie de l'histoire du salut et sont
donc également importants pour la compréhension de l'Ancien
Testament par le christianisme. "Notre apôtre Paul a appris
toute la sagesse juive et l'a étudiée chez les rabbins".<br /><br />Le
deuxième argument de Reuchlin était juridique : selon le droit
romain, les Juifs bénéficiaient d'une protection juridique en tant
que citoyens de l'Empire, aucune mission violente n'était donc
autorisée, la protection de la propriété et la liberté religieuse
s'appliquaient à eux. Le troisième argument était humaniste : dans
l'esprit de la "restauration des sciences", les sources
devaient être préservées. Les écrits païens de l'Antiquité ne
seraient pas non plus détruits, même si, du point de vue chrétien,
ils contenaient des choses bien pires encore.<br /><br />C'était une
position courageuse, une opinion minoritaire, qui a valu à Reuchlin
de nombreux ennuis. Il ne faut pas pour autant faire de lui un
philosémite engagé : En tant que chrétien, il voyait les juifs
dans l'erreur concernant le Messie, et il partageait les préjugés
typiques de son époque à leur encontre. Le sioniste et écrivain
Max Brod, ami et éditeur de Franz Kafka, l'a également précisé
dans sa biographie approfondie de Reuchlin, parue en 1965 et
aujourd'hui rééditée dans l'édition des œuvres de Brod. "Le
sort des juifs en Allemagne", écrit Brod, "était alors
sur le fil du rasoir". Et d'ajouter, sarcastique : "En
fait, il l'était presque toujours".</span></span></p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
</p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Mais Max Brod, dont le
frère a été assassiné à Auschwitz, reconnaît également que
Johannes Reuchlin, contrairement à la plupart de ses contemporains,
"a beaucoup appris" en ce qui concerne le judaïsme, et
loue "la douceur et la droiture particulières du caractère de
Reuchlin". La curiosité de Reuchlin pour la mystique juive
était également inhabituelle : dans son trialogue "De arte
Cabbalistica" (1517), il traquait la parenté des premières
doctrines secrètes - une lecture chrétienne de la Kabbale, mais
pleine de respect pour la recherche de la révélation divine
symboliquement cachée dans toutes les religions. Un intérêt que
Reuchlin partageait avec le philosophe de la Renaissance Pic de la
Mirandole, dont il avait fait la connaissance à Florence.
L'historien des religions israélo-allemand Gershom Scholem a rendu
hommage à ces mérites lorsqu'il a reçu le prix Reuchlin en
Allemagne en 1969.<br /></span></span>
</p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Or, il s'agissait de
choses qui ne permettaient pas de devenir un héros national en
Allemagne. "Il était justement un médiateur à tous points de
vue", dit Christoph Koch, qui, en tant que conservateur du
patrimoine dans la ville natale de Reuchlin, Pforzheim, a créé le
musée Reuchlin ouvert en 2008 et fait office de "délégué
Reuchlin". Bien qu'il ait contribué à la révolution de
l'éducation qui a fait la grandeur du protestantisme allemand avec
toutes ses conséquences sur la culture nationale, Reuchlin ne s'est
pas vraiment laissé intégrer dans l'histoire héroïque de Luther.
En effet, il n'a pas rejoint les réformateurs de Wittenberg, mais
est resté catholique, bien qu'il ait recommandé son élève et
parent éloigné Philipp Melanchthon, compagnon d'armes de Luther,
comme premier professeur d'études grecques à Wittenberg et lui ait
donné son nom grec ("Melanchthon" pour "Schwarzerdt").
Mais il ne devint pas non plus un véritable martyr des Lumières
dans les mémoires, car il ne fut pas brûlé sur le bûcher.</span></span></p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
</p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">De plus, la défense des
juifs par Reuchlin n'a longtemps pas été mise en avant dans
l'histoire de la réception nationale protestante - de même, on
passait volontiers sous silence les écrits antisémites tardifs de
Luther, publiés vingt ans après la mort de Reuchlin. Quant aux
écrits savants et aux grammaires hébraïques de Reuchlin, ils sont
restés obscurs pour la plupart, même si l'une de ses comédies
("Henno"), écrite à l'origine en latin, a connu un
certain succès.</span></span></p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
</p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Et aujourd'hui ? En cette
année de commémoration, Stuttgart organise une série de
manifestations, mais c'est surtout Pforzheim qui garde vivant
l'héritage de son fils le plus célèbre. Phorcensis, c'est ainsi
que se nommait Reuchlin, originaire de Pforzheim. Dans la ville
située entre Stuttgart et Karlsruhe, qui a été particulièrement
détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, la maison natale de
Reuchlin n'est plus localisable avec précision, mais le musée
Reuchlin a été habilement construit à la place de la bibliothèque
détruite, en tant qu'annexe de la collégiale. À côté se trouvent
les tombes des margraves de Bade, dont la cour a ensuite déménagé
à Karlsruhe. Un congrès scientifique est organisé à l'occasion du
500e anniversaire de sa mort ; dans une ville à fort taux
d'immigration, on essaie habituellement de faire connaître Reuchlin
moins en tant que philologue qu'en tant qu'avocat du multilinguisme,
de la curiosité et de la tolérance. Le musée des bijoux -
Pforzheim est spécialisée dans la mécanique de précision -
célèbre le penchant de Reuchlin pour les bijoux oratoires.</span></span></p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left; text-decoration: none;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Et
au-dessus de tout cela plane un rêve de forme de vie humaniste, que
Johannes Reuchlin a un jour décrit dans une lettre de la manière
suivante : "que toutes les choses divines et humaines soient
discutées de manière impartiale, à l'exemple d'Aristote, en buvant
des coupes toujours pleines, jusque tard dans la nuit"</span></span></span></span></span><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">.</span></span></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Matthieu Denni <br /></span></span></p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-83644919307009562162024-01-03T02:03:00.000-08:002024-01-17T09:14:45.943-08:00L'Heure Musicale virtuelle du 20 janvier 2024<p style="text-align: center;"> <span style="color: #009999; font-size: large;"><i><b>20</b></i></span><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>
janvier 2024</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>JAKOB
WIMPFELING</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>1450
– 1528</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>Sélestat
renaissante</b></i></span></span></p><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b></b></i></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvgoTWzgp9GGq7iRDrDqj8umM1Fu6ujXuVt2uTRy-faY3CMkFhs3Uyr67BMMU_kgW1l98fSMTVYNE8KAaPpXn81HtC-yhdG-wdkS308Y4h1joQPIQhYXvH9hhZbupo9MaqxayrN1z3VAeOrnfdcCLUQRF-7WgjniLJqHn8NKy4_IbSF51sy-f96SnZemE/s220/2024-01-06%20Wimpfeling%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="166" data-original-width="220" height="166" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvgoTWzgp9GGq7iRDrDqj8umM1Fu6ujXuVt2uTRy-faY3CMkFhs3Uyr67BMMU_kgW1l98fSMTVYNE8KAaPpXn81HtC-yhdG-wdkS308Y4h1joQPIQhYXvH9hhZbupo9MaqxayrN1z3VAeOrnfdcCLUQRF-7WgjniLJqHn8NKy4_IbSF51sy-f96SnZemE/s1600/2024-01-06%20Wimpfeling%201.jpg" width="220" /></a></b></i></span></span></div><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b> </b></i></span></span><p></p><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i><b>Une heure
en musique...</b></i></span></div>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<div class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=_9L7_PNbk9I" rel="nofollow" target="_blank"><span style="font-size: small;">Beethoven / Ligeti / Manoury: Gürzenich-Orchester / Kristian Bezuidenhout / François-Xavier Roth</span></a></div><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Jakob
Wimpfeling naquit à Sélestat en 1450. Il suivit l’enseignement de
Ludwig Dringenberg à l’école latine, avant d’enrichir son
cursus dans les Universités réputées de Freiburg, Erfurt et
Heidelberg. Il étudia le droit canon et la théologie, prêcha à la
cathédrale de Spire avant d’enseigner rhétorique et poésie à
Heidelberg à la demande de l’Électeur palatin.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Il
revint s’établir à Sélestat vers 1500, où sa réputation de
modération et d’ouverture d’esprit lui permirent de constituer,
autour de lui, une communauté très active d’admirateurs et
d’amis, élèves et étudiants.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Après
1517, les divergences de vues qu’entraîna la Réforme disloquèrent
ce groupe, dont les membres s’éparpillèrent, laissant Wimpfeling
vieillir puis mourir dans la solitude et l’amertume.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><b><span style="font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;">La
dispute avec Thomas Murner</span></span></span></b></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i>Deus
offenditur, ubi Argentina a Gallis repetitur</i> </span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">(</span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Dieu
est offensé quand Strasbourg est revendiquée par les Français</span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">)</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La
dispute avec le théologien Thomas Murner de Strasbourg est devenue
célèbre et augurait d'un avenir sombre, où l'Alsace deviendrait
une frontière disputée plutôt qu'un lien partagé.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Wimpfeling
et le franciscain strasbourgeois Thomas Murner en vinrent en effet à
s'opposer, entre 1501 et 1502, à propos de la nationalité de
Charlemagne :</span></p>
<ul><li><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Dans
<i> </i></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Germania</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i>
</i>(1501), Wimpfeling soutenait que les Germaniques étaient installés
de tous temps sur la rive gauche du Rhin. Il soutenait également
que Charlemagne était germanique. </span></span></span></span>
</p>
</li><li><p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Thomas
Murner lui répondit, dans </span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Germania
Nova</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">,
qu'en fait Charlemagne était français, comme la rive gauche du
Rhin. </span></span></span></span>
</p>
</li></ul>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><b><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Des
points de vue longtemps irréconciliables…</span></b></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L’œuvre
pédagogique de Jakob Wimpfeling est d’une importance majeure :
en effet, son enseignement contient tous les fondamentaux de
l’humanisme à des fins de transmission, d’éducation, dans un
esprit de formation et de respect de l’autre. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Les
sciences théoriques, comme les sciences pratiques, sont également
dignes d’intérêt. La morale doit être une vertu personnelle, un
aboutissement logique du parcours éducatif, et non pas une
contrainte plaquée sur l’être comme un corps étranger.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La
critique de l’Église par Wimpfeling s’articule autour de la
mauvaise qualité de son clergé, de son enseignement défaillant
vis-à-vis de la jeunesse, encourageant la répétition mécanique
sans véritable réflexion personnelle.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>Sélestat
d'époque...</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La ville connaît un
nouvel essor en 1217 lorsque l'empereur du Saint-Empire Romain
Germanique, Frédéric II de Hohenstaufen, fait de Sélestat une
ville impériale. Le prieuré bénédictin perd ainsi progressivement
de ses privilèges au profit de la bourgeoisie locale. C'est au 13e
siècle que la construction de l'église Saint-Georges est entreprise
à proximité de l'église Sainte-Foy. C'est également à cette
époque que la ville s'entoure d'un premier mur d'enceinte qui sera
reconstruit, à la fin du 13e siècle, pour englober de nouvelles
communautés religieuses. Le développement de la ville est très
important au Moyen Age, les corporations sont nombreuses. On en
compte jusqu'à quatorze au 14e siècle. Les foires et marchés se
multiplient. Les places de la ville ont d'ailleurs gardé le nom des
marchés qu'elles accueillaient autrefois (place du marché aux
poissons, place du marché aux pots, place du marché aux choux,
etc.) </span>
</p>
<div dir="LTR" id="Section1">
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">En 1354, Sélestat fait
partie des villes qui constituent la Décapole, ligue rassemblant
dix villes libres alsaciennes au sein du Saint-Empire Romain
Germanique, avec pour vocation le conseil et l'entraide dans un but
sécuritaire et défensif. La position centrale de Sélestat fait
d'elle le siège des archives et des réunions de la ligue. </span>
</p>
</div>
<div dir="LTR" id="Section2">
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">À la Renaissance,
Sélestat atteint son apogée. C'est une ville qui a un certain
poids en Alsace et dans le Saint-Empire Romain Germanique grâce à
son école latine fondée en 1452. Véritable foyer de l'humanisme
rhénan, l'école latine de Sélestat forme de grands humanistes
dont les plus célèbres sont Beatus Rhenanus, Martin Bucer, Jacques
Wimpheling. Erasme lui-même sera subjugué par le bouillonnement
intellectuel de la ville au 16e siècle et lui dédiera un poème :
"L'éloge de Sélestat". </span>
</p>
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>Et
plus loin, le tombeau de ces sages venus d'Orient...</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Au
quatrième siècle, </span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Hélène
de Constantinople</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
future Sainte Hélène – se rendit en pèlerinage à Jérusalem.
Elle en rapporta outre la Vraie Croix, différentes reliques dont les
squelettes entiers des Rois Mages qu'elle avait fait exhumer. Déposés
dans une église de Constantinople qui laissera place quelques
siècles plus tard à la Basilique Sainte-Sophie, ils seront offerts
en 343 par son fils, le roi Constantin, à l'évêque de Milan qui
les transporta en Italie. Les reliques resteront à Milan
environ huit siècles, dans la </span></span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Basilique
Sant'Eustorgio</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
construite là où le chariot transportant le lourd sarcophage de
pierre s'était enfoncé dans le sol. </span></span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.35cm;"><span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">En
1163, </span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Frédéric
Barberousse</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
</span></span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">empereur
romain germanique mais aussi roi d'Italie, duc de Souabe et d'Alsace,
comte palatin de Bourgogne, fut </span></span></span></span><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">furieux
d'avoir été excommunié par le pape. Il mit Milan à sac et
s'empara des reliques. Il en fit don à l'évêque de Cologne en </span></span></span></span></span><b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">1164</span></span></span></span></span></b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
qui fit réaliser un reliquaire en or par l’un des plus fameux
orfèvres médiévaux, Nicolas de Verdun. C'est ainsi que </span></span></span></span></span><b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Gaspard</span></span></span></span></span></b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
</span></span></span></span></span><b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Melchior</span></span></span></span></span></b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
et </span></span></span></span></span><b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Balthazar</span></span></span></span></span></b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
se retrouvèrent à Cologne. </span></span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
cathédrale sera conçue pour être un écrin de pierre grandiose
construit pour abriter et honorer la châsse reliquaire des Rois
Mages</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0.35cm; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif">Les
pèlerins ne tardèrent pas à affluer et très vite, Cologne devint
la quatrième ville sainte du Christianisme, aux côtés de
Jérusalem, Rome et Constantinople. </span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
châsse des Rois Mages est le plus important des grands reliquaires
du Moyen-Âge qui subsistent, tant par ses dimensions (longueur :
2,20 m ; largeur : 1,10 m ; hauteur : 1,53 m) que par sa richesse
ornementale. Elle a été réalisée entre </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">1181
et 1230</span></span></span></span></b><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
</span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_6T8HlSo1blTJJ0b9odFxg6yTguDXA8ePT36Az8LDRUiIPyvPPG-QDsVB1CwzcxTIOPsInFcS8oo10YdZBTqVA1geeuE7mdnoHESPLw6FdmtSQe2OBuYSzghOb2fVxg2cEOSQY-uVPKjSHcBU0I7nwyLilIkoy4c4Mg30ZeNNCFVlMYiVrCZPNkIpnsI/s1024/2024-01-06%20Wimpfeling%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="681" data-original-width="1024" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_6T8HlSo1blTJJ0b9odFxg6yTguDXA8ePT36Az8LDRUiIPyvPPG-QDsVB1CwzcxTIOPsInFcS8oo10YdZBTqVA1geeuE7mdnoHESPLw6FdmtSQe2OBuYSzghOb2fVxg2cEOSQY-uVPKjSHcBU0I7nwyLilIkoy4c4Mg30ZeNNCFVlMYiVrCZPNkIpnsI/s320/2024-01-06%20Wimpfeling%202.jpg" width="320" /></a></div><br /><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Le reliquaire est en bois
de chêne recouvert d’or, d’argent et cuivre repoussé et doré.
Des émaux et plusieurs centaines de pierres précieuses et
semi-précieuses ainsi que des camées antiques y sont incrustés.</span><p></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-22120110083738306822023-12-31T07:04:00.000-08:002023-12-31T07:04:00.133-08:00Bonne année 2024<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7tfe2SdAWQeK1Cm9WGSNtPEsNzxpwaP_qZuVcFhMyL1VRG6HOLzegveDMQ9dPPtGw82X4DtwZCqvZBwtCSltni4J1zKmI6C1Qg4ZeKT0-4cclTAuRppxdB8alz6bg5dKr05FcB33VTLquHjTN1BaDWQfSoRKnLuI91gGIHE7DaS1m4SXgXjHN99cEr_o/s1772/Cartes%20voeux%20SER%202024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1264" data-original-width="1772" height="443" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7tfe2SdAWQeK1Cm9WGSNtPEsNzxpwaP_qZuVcFhMyL1VRG6HOLzegveDMQ9dPPtGw82X4DtwZCqvZBwtCSltni4J1zKmI6C1Qg4ZeKT0-4cclTAuRppxdB8alz6bg5dKr05FcB33VTLquHjTN1BaDWQfSoRKnLuI91gGIHE7DaS1m4SXgXjHN99cEr_o/w622-h443/Cartes%20voeux%20SER%202024.jpg" width="622" /></a></div><p></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-67879854026780012992023-12-27T10:48:00.000-08:002023-12-28T02:27:25.470-08:00L'Heure Musicale virtuelle du 30 décembre 2023<p style="text-align: center;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"> <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><span style="color: #009999;"><i><span style="text-decoration: none;"><b>30
décembre 2023</b></span></i></span></span></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: #009999;"><i><span style="text-decoration: none;"><b>NICOLAS
DE CUES </b></span></i></span></span></span>
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: #009999;"><i><span style="text-decoration: none;"><b>1401
– 1464</b></span></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: #009999;"><i><span style="text-decoration: none;"><b>Dieu,
l'ignorance et les mathématiques </b></span></i></span></span></span>
</p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtRbkhcqjdPiORw6F6pCAWJ-QBmKJcCFQzCYK_qZw5hWLXaeSrdG9xbTyBMkSeY2AXnaXBOPcFFVOxZPfsj87jL0hKskr8pBwfjwNYX0IOiatHOcE6nrZTeHLdG8sCuXjnckHMeChDnEplTh_6PQNLNIuSknxvk6gr785YPKGU8IqZ6d5SHpa7MrAyHTY/s250/2023-12-30%20De%20Cues.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="250" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtRbkhcqjdPiORw6F6pCAWJ-QBmKJcCFQzCYK_qZw5hWLXaeSrdG9xbTyBMkSeY2AXnaXBOPcFFVOxZPfsj87jL0hKskr8pBwfjwNYX0IOiatHOcE6nrZTeHLdG8sCuXjnckHMeChDnEplTh_6PQNLNIuSknxvk6gr785YPKGU8IqZ6d5SHpa7MrAyHTY/s1600/2023-12-30%20De%20Cues.jpg" width="250" /></a></span></div><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="RIGHT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span style="color: black;"><span style="text-decoration: none;">„<span lang="zxx"><i><span style="font-weight: normal;">Eine
so hohe Persönlichkeit wie Nikolaus Cusanus wirkte schon im
gewöhnlichen Leben aus der Arupa-Sphäre heraus. Zwar handelt jeder
Mensch aus der Arupa-Sphäre heraus, aber nur wenige wissen etwas
davon. Je höher sich ein Mensch in der Zeit zwischen zwei Erdenleben
in die Arupa-Sphäre erhoben hat, desto mehr kommt das Göttliche bei
ihm zum Durchbruch. Cusanus hat ein Werk geschrieben über das
Nicht-Wissen aus dem höheren Wissen heraus: «De docta ignorantia».
Ignorantia heißt Nicht-Wissen, und Nicht-Wissen ist hier
gleichbedeutend mit höherem Anschauen. In seinen Büchern hat er das
folgende ausgesprochen: Es gibt einen Wahrheitskern in allen
Religionen, wir brauchen nur tief genug in dieselben hineinzuschauen.
- Er hat auch schon ausgesprochen, daß die Erde sich um die Sonne
bewegt. Er hat das aus einer Intuition heraus gesagt. Kopernikus
hatte diese Erkenntnis erst im 16. Jahrhundert, Cusanus bereits im
15. Jahrhundert. Eine solche Inkarnation wie die des Cusanus ist im
Zusammenhang zu betrachten mit seiner späteren Verkörperung.
Cusanus weist schon hin einerseits auf die zukünftige Theosophie und
andererseits auf die zukünftige moderne Naturwissenschaft. Das hatte
Einfluß auf seine folgende Inkarnation. Nikolaus Cusanus war es, der
in Kopernikus wiedererschienen ist.“ </span></i></span></span></span></span>
</p>
<p align="RIGHT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: #ff3300;"><i><span style="text-decoration: none;"><b> </b></span></i></span></span></span><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: #ff3300;"><i><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> </span></span></i></span></span></span><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: black;"><i><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> </span></span></i></span></span></span><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: black;"><i><span style="text-decoration: none;"><b>Rudolf
STEINER</b></span></i></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-family: inherit; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: #ff3300;"><i><span style="text-decoration: none;"><b>Une
heure en musique...</b></span></i></span></span></span></p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=0ZsP-BMWrjE" rel="nofollow" style="font-weight: normal;" target="_blank"><span style="font-size: small;">FESTSPIELHAUS BADEN-BADEN: Sylvesterkonzert 2011</span></a>
</h1><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">On
dit de N. de Cues (1401-1464) qu'il fut le dernier penseur médiéval
et le premier penseur de la Renaissance. Né à Cusa, sur les bords
de la Moselle en Allemagne, N. de Cues a suivi des études de
droit canonique. Il participe au Concile de Bâle à partir de 1432.
Cet épisode lui inspire sa première oeuvre en 1433, le De Concordia
Catholica. Mais en 1434, il perd un procès et se tourne vers le pape
dont il va devenir un précieux collaborateur. En 1437 et 1438, il
est envoyé en mission en Crète pour réunir un synode entre
l'église grecque et l'église de Rome. C'est pendant le voyage en
bateau qu'il a l'idée de la coïncidence des opposés. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">En
1440, il écrit son principal ouvrage philosophique, De Docta
Ignorantia. Immédiatement, il le complète par le De Conjecturis qui
se présente comme un art général de la conjecture avec quelques
applications pratiques. Il se sert de figures géométriques dont la
plus célèbre est la figure P (L.I, ch. 11) pour traduire à la fois
l'unité et l'altérité de Dieu et du monde. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"><a name="1445"></a></span>
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">N.
de Cues écrit sa première œuvre mathématique, le De
Transmutationibus geometricis, en 1445 ; il est alors porte-parole du
pape Eugène IV au concile de Bâle. Sa réputation de juriste et de
polémiste est telle qu'on le surnommera l'" Hercule des
Eugéniens". Il est envoyé en Septembre 1446 à la diète de
Francfort, puis en Juillet 1447 à la diète d'Aschaffenbourg pour
rallier les électeurs de ces régions au parti du pape. Il reçoit
de nombreuses sommes d'argent de la curie pour ses dépenses de
voyage et pour les services rendus; il reçoit également de
nombreuses faveurs : bénéfices ecclésiastiques, pouvoirs
particuliers d'absolution; les titres, enfin, s'accumulent :
sous-diacre du pape et archidiacre de Brabant depuis 1442, il nommé
cardinal par Nicolas V en Décembre 1448 et prêtre de
Saint-Pierre-aux-liens en Janvier 1449.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">En
1447, il écrit le De Genesi : Il s'agit d'une réflexion sur l'acte
divin de création du monde. Dieu est le " même " et ne
peut produire que le même. Son acte créateur est désigné comme
une " assimilation ". On y discerne deux mouvements : le
même descend vers l'autre; l'autre monte vers le même.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">En
1449, il écrit l'Apologia doctae ignorantiae en réponse aux
attaques de J. Wenck. D'après ce dernier, N. de Cues ne peut
outrepasser le principe de non-contradiction; une telle transgression
le conduirait au panthéisme. N. de Cues répond en expliquant la
différence entre la raison discursive et la vision intellectuelle;
ce sont deux genres différents de connaissance. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"><a name="1450"></a></span>
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Le
De Arithmeticis complementis paraît en 1450. Il écrit aussi le De
Idiota dont le livre le plus important est le De mente. On y
trouve des concepts centraux pour sa théorie de la connaissance. La
pensée est définie comme mesure, comme nombre vivant, comme
mouvement de la passion vers l'intellection. <br />Le De circuli
Quadratura du 12 Juillet 1450 établit explicitement le lien entre le
problème mathématique (comment atteindre la quadrature du cercle)
et le problème théologique (comment atteindre Dieu).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"><a name="1452"></a></span>
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Sa
production s'interrompt pendant près de trois ans ; du 31 Décembre
1450 au 12 Avril 1452, N. de Cues accomplit la plus importante
mission de sa carrière, la grande légation en Allemagne; il doit
réformer la vie religieuse sur un territoire s'étendant de la
Suisse à Hambourg, de Louvain à Magdebourg. En quinze mois, il
parcourt plus de 70 villes, passant à Salzbourg, Mayence,
Magdebourg, Cologne, Trèves, Hildesheim, Nuremberg, Munich, Utrecht,
Amsterdam, Leyde, Liège, Luxembourg, Louvain, etc. Il préside des
synodes, publie des décrets de réforme, entend les plaintes,
tranche des conflits, rétablit l'ordre dans les impôts
ecclésiastiques, met fin aux abus, réprime le commerce dans les
églises, prononce quantité de sermons, nomme des délégués.
Accompagné d'une petite troupe de trente hommes, il est reçu avec
éclat dans la plupart des villes. Les foules se pressent parfois au
point de s'étouffer sur son passage. Il est l'un des rares cardinaux
allemands du moyen âge. Il cherche à réduire les cultes
superstitieux et les pèlerinages pour des reliques suspectes. Ses
sermons sont parfois durs. La tâche la plus rude consiste à
réformer la vie dans les monastères; les habitudes de luxe, les
entorses à la règle, en particulier le concubinage, sont multiples.
Pour y parvenir, il convoque des conciles provinciaux réunissant des
archevêques, des évêques et des délégués diocésains, il menace
d'excommunication des communautés entières si, dans les trois
jours, les concubines ne sont pas renvoyées; il désigne ensuite des
visiteurs chargés de vérifier pendant un an l'application de ses
décrets dans les monastères.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">A
la fin de l'année 1452, il regagne son diocèse de Brixen dans les
Alpes autrichiennes. Il se fait un devoir de mener au mieux la
réforme de la vie religieuse dans son propre diocèse en réunissant
plusieurs synodes. Mais il entre en grave conflit avec les
religieuses de Sonnenburg dont l'abbesse est Verena de Stuben.
Là, les jeunes filles de la noblesse tyrolienne mènent, sous
couvert de vie religieuse, une existence des plus libres. L'abbesse
n'entend pas se plier aux injonctions de N. de Cues, et en appelle à
l'intervention du duc Sigismond d'Autriche. Elle joue de la rivalité
entre l'évêque et le duc pour la juridiction territoriale de cette
région. Malgré son attachement à la vie religieuse, N. de Cues est
resté juriste et ne renonce pas à ses droits temporels. Procès,
menaces, intercessions auprès du pape, sursis à exécutions, etc.
tous les moyens sont bons pour résister à N. de Cues; celui-ci en
est très affecté. Il se rappelle les brillantes réceptions lors de
sa légation en Allemagne et ne supporte pas les affronts d'une
abbesse. <br />Il cherche un réconfort moral auprès des moines de
Tegernsee avec lesquels il entretient une correspondance sur la
mystique. Il leur dédie le <i>De visione Dei</i> en 1453; c'est un exercice
de théologie mystique par l'exemple d'un tableau sur lequel un
visage semble regarder le spectateur quelle que soit sa position face
au tableau. Cette métaphore lui permet de développer une méditation
sur le regard de Dieu, et sur les rapports entre Dieu et la création.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">L'année
1453 est l'une des plus fécondes de sa vie. Il vient de recevoir la
nouvelle traduction des œuvres d'Archimède commandée par le pape
Nicolas V à Jacob de Crémone. Il écrit le <i>De Mathematicis
complementis</i>. Aussitôt après, il rédige le <i>Complementum
Theologicum</i>. Avec ce texte, N. de Cues inverse l'ordre habituel de
rédaction de ses idées : il a écrit un complément mathématique;
il le complète aussitôt par un complément théologique pour
montrer les applications de ses idées mathématiques en théologie
(alors qu'habituellement, les textes mathématiques sont conçus
comme des illustrations après-coup de ses thèses théologiques).
Les deux registres coexistent en permanence dans ses
préoccupations.<br />En 1454, N. de Cues écrit le <i>De Pace Fidei</i>. Cet
ouvrage contemporain de la prise de Constantinople par les Turcs est
un dialogue entre des représentants de diverses religions. N. de
Cues s'efforce de démontrer qu'on pourrait dépasser les divisions
religieuses, convaincu que ces divisions se situent dans les usages
et les rites, et non dans la vénération d'un Dieu unique. Il dégage
- de son point de vue - les traits essentiels et communs d'une
religion universelle.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">L'année
1455 est plus détendue : N. de Cues se cherche un successeur pour
son évêché. Puis l'affaire de Sonnenburg tourne mal quand
l'abbesse engage des mercenaires à son service pour prélever de
force des impôts sur les habitants de la région; il en résulte un
combat, des massacres et un pillage. En Juillet 1457, N. de Cues doit
se réfugier dans la forteresse d'Andratz. En apprenant ces
événements, le pape est indigné et somme le duc Sigismond de
rendre sa liberté à l'évêque; mais il faut parlementer jusqu'au
printemps pour que N. de Cues puisse quitter Andratz en Mars 1458.<br />Le
De Mathematicis complementis ayant donné lieu à des échanges avec
ses amis, N. de Cues essaie d'améliorer ses démonstrations en
rédigeant en 1457 Des courbes et des cordes. Ce texte se présente
comme un compte-rendu d'une discussion qui aurait réellement eu lieu
entre N. de Cues et Toscanelli.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Le
De caesarea circuli quadratura est achevé le 6 Août 1457, alors que
N. de Cues était retenu depuis le 10 Juillet dans la forteresse
d'Andratz. On sent poindre à la fin de ce texte un certain agacement
à l'égard des critiques qui lui ont été faites, agacement qui est
sûrement aussi en rapport avec sa situation d'assiégé.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"><a name="1458"></a></span>
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Le
30 Septembre 1458, après qu'il a définitivement perdu son diocèse,
N. de Cues rentre à Rome. Il écrit le De mathematica perfectione
dans lequel il change de position : renonçant à déterminer
exactement l'égalité de la droite et de la courbe, il recourt à
l'intuition. N. de Cues considérait cet ouvrage comme son meilleur
traité mathématique. La fin présente une accumulation d'opérations
réalisables par la coïncidence des opposés et laisse croire ainsi
au triomphe de cette méthode.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">En
1458, il compose le De Beryllo. Comme pour le De Visione Dei, il
s'appuie sur une métaphore. Le béryl est une pierre translucide
avec laquelle on peut fabriquer des lunettes. N. de Cues imagine un
béryl pour l'intelligence, une sorte de loupe mentale comme moyen
d'atteindre la vérité invisible. C'est un traité de la
connaissance, dans lequel il réexamine des notions comme l'unité,
le point, la divisibilité, le minimum, en discutant les principes du
platonisme et de l'aristotélisme à la lumière de son propre
principe de la coïncidence des opposés. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Le
11 Janvier 1459, il est nommé vicaire général de Rome par le
nouveau pape Pie II. Néanmoins, le conflit avec le duc Sigismond
n'est pas clos. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"><a name="1460"></a></span>
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">En
Janvier 1460, N. de Cues doit retourner à Brixen pour réaffirmer
son autorité. Malheureusement, il est à nouveau attaqué par une
armée de 500 cavaliers et 3000 fantassins. Il se réfugie en Avril à
Andratz, mais doit rapidement se rendre; sous la contrainte, il signe
un traité par lequel il renonce à sa juridiction temporelle,
abandonne les châteaux attachés à l'évêché, annule ses décrets,
paie une rançon, etc. Sitôt libéré, N. de Cues récuse ce traité
arraché de force et rentre à Rome. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"><a name="1464"></a></span>
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Il
écrit en 1462 un nouveau dialogue entre platoniciens et
aristotéliciens, le De non aliud afin de définir une nouvelle
conception de Dieu comme " non-autre ". Il ne quittera plus
Rome jusqu'à sa mort, le 11 Août 1464.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
</p>
<h2 align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span style="color: #ff3300; font-family: inherit; font-size: small;"><span><i><b>De
la docte ignorance</b></i></span></span></h2>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
</p>
<h3 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-top: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Dieu,
ni prononçable, ni mesurable. </span>
</h3>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: inherit; font-size: small;">Le
De docta ignorantia est un texte à tous égards remarquable
vis-à-vis de la logique qu’il délivre au fur et à mesure de la
lecture, mais il reste difficile dans certaines de ses terminologies
car il est nourri de nombreuses références, parmi lesquelles on
peut citer Saint Augustin, Scot Érigène et Maître Eckhart, et ce
ne sont là que des pointes d’iceberg. Nicolas de Cues a lu et
ruminé les grands auteurs de la chrétienté, et ce n’est qu’en
1440 qu’il met le point final à sa réflexion, après trois années
de rédaction. Si l’on a pu dire du Cusain qu’il fut le plus
grand mystique de son temps, la postérité l’a volontiers comparé
à une passerelle entre l’époque médiévale et l’époque
moderne, comme s’il avait définitivement synthétisé les
inquiétudes de la théologie médiévale tout en préparant les
problématiques du lendemain, déjà travaillées par un souci de
laïcisation entre les facultés proprement humaines de la raison et
les manières dont Dieu trouve à s’exprimer dans le monde –
entre la connaissance des hommes d’une part, finie et imprécise,
et les expressions de Dieu d’autre part, infinies et absolument
précises, il n’existe aucune équivalence de vocabulaire ; nos
langages sont incompatibles avec la grammaire divine, notre syntaxe
est trop frileuse pour capter ne serait-ce qu’une partie de la
langue créatrice par excellence. <br />En d’autres termes, Nicolas
de Cues a posé de façon radicale les limites de nos pouvoirs de
connaître, traçant une frontière entre la parole déceptive qui
voudrait rapporter les signes de Dieu et la tendance inconnaissable
avec laquelle Dieu émane de lui-même dans le monde qu’il a créé.
Si la théologie affirmative attribuait des qualités à Dieu, la
théologie négative en a fait la correction en soutenant que la
raison humaine était incapable de se livrer à un si périlleux
exercice de prédication. L’auteur de La Docte Ignorance réfléchit
les deux traditions théologiques sans faire état des récompenses
ou des blâmes : il propose une théologie mystique où Dieu se dit
dans les termes de l’Un, à partir de quoi s’élabore un discours
qui instruit la théologie d’une posture mathématique,
c’est-à-dire, en définitive, un projet régulateur pour le savoir
que nous sommes susceptibles de développer. La conséquence de ceci,
c’est que l’on passe d’une métaphysique de l’Être,
largement héritée d’Aristote, à une métaphysique de l’Un,
davantage néoplatonicienne, et même annonciatrice dans son principe
de la méthode kantienne où il faudra réinvestir la nature sans
penser qu’on en possède autre chose qu’une connaissance
artificielle (= la connaissance mathématique des symboles, celle qui
paraît aller le plus loin en matière de savoir). En effet, une fois
que notre savoir s’est reconnu comme limité, en dépit de tous ses
efforts symboliques ou poétiques, il ne peut plus songer connaître
le monde comme Dieu le connaîtrait. Trois siècles avant Kant, le
Cusain nous apprend ni plus ni moins que nous n’avons d’autre
choix que celui de vivre dans un monde multiple, essentiellement
chaotique. Depuis ce monde de la comparaison et du mesurable, il ne
servirait à rien de vouloir se prononcer sur l’Un. Ceci étant
posé, il nous incombe de construire des liaisons, des jugements
synthétiques, de penser rationnellement notre ignorance, ce qui
devrait au mieux nous permettre de retrouver un peu d’ordre dans le
chaos, au pire nous inciter à commencer ce travail en nous
dispensant de prendre le problème à l’envers, en l’occurrence
en commençant par Dieu.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: inherit; font-size: small;">Que
nous ne puissions rien dire de l’Un, c’est-à-dire de Dieu, c’est
la grande leçon d’ignorance de ce traité. De la vérité absolue,
nous n’aurons jamais rien que des vraisemblances déformées.
Autrement dit, la connaissance la meilleure que nous pouvons espérer
obtenir, c’est celle de notre propre ignorance, et ce sera déjà
beaucoup si nous nous efforçons de la rationaliser. Savoir que l’on
ne peut pas savoir absolument, qu’est-ce sinon la conclusion de la
philosophie socratique ? On aura beau avoir testé un maximum
d’hypothèses, on n’en sera pas plus avancé, sinon dans l’acte
de sagesse qui s’évertue à poser des questions en dépit des
maigres résultats obtenus. L’enjeu n’est cependant pas le même
que celui de la première philosophie platonicienne, qui consistait à
entretenir le Logos de la discussion, déployant de la sorte un
apprentissage du questionner et du répondre dans un contexte
dialogique où les problèmes devaient se dire et se dédire.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: inherit; font-size: small;">Avec
le De docta ignorantia, Nicolas de Cues souhaite examiner les tenants
et les aboutissants de l’inconnaissabilité de Dieu. L’objectif
profond de cet examen est de cerner les préliminaires d’une
anthropologie où l’homme se serait mis dans la capacité de
réinitialiser la place de sa raison par rapport à l’intellect
divin. Il s’agit de différencier une vérité de foi d’une
vérité de raison, la première étant plus appropriée que la
seconde dès lors que le Verbe divin est recherché. La raison ne
peut se concentrer que sur du mesurable, elle est parfaitement
inadaptée à l’intelligence de Dieu qui n’a en outre pas besoin
de nous pour intelliger. Que l’on désire Dieu est une chose, mais
si nous le désirons, c’est parce que lui, au préalable, nous
désire. Ce rapport « érotique » est imprononçable en raison, et
ceux qui le poursuivent malgré tout se trompent sur leurs
possibilités d’auto-transcendance. La vérité scientifique n’est
acceptable que dans un monde approximatif et pourtant perfectible,
d’où le fait que la science ne puisse se concevoir qu’à
l’instar d’une série d’erreurs rectifiées. De l’Un, nous
n’avons rien à raconter, ni même rien à modifier. Si nous lui
attribuions des qualités, nous le diviserions, en quoi nous
entrerions dans la plus grande corruption de la raison.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: inherit; font-size: small;">Ce
positionnement religieux témoigne du fidéisme de Nicolas de Cues.
La vérité religieuse, selon le fidéisme, ne dépend que du seul et
unique acte de foi, s’appuyant sur la continuité d’une tradition
plutôt que sur une étude poussée de la raison humaine. Entre les
vertus théologales que sont la foi, l’amour et l’espérance,
l’attitude fidéiste accorde la prépondérance de la foi. Aussi,
quand le Cusain parle de Dieu comme de l’Un ou du « Maximum absolu
», il ne s’ensuit pas qu’il faille comprendre ces termes
mathématiques au travers d’une démonstration rationnelle. Dieu
est l’incompréhensible total, il n’est justiciable d’aucune
analogie avec l’univers du multiple, malgré le fait qu’il
coïncide avec toutes choses dans un rapport immédiat et purement
interne à la divinité. Dans un écrit ultérieur, le Cusain
complètera les expressions « Un » ou « Maximum absolu » en
proposant le non moins énigmatique « Non-Autre ». À la fois avec
tous et sans personne, partout et nulle part, Dieu est celui-là seul
qui peut supporter le paradoxe de son infinité et du monde fini
qu’il a créé. Or comme nous n’avons accès qu’à la finitude
du monde, nous ne pouvons que mal comprendre Dieu, sinon dans son
incompréhensibilité, et surtout notre intelligence se heurte à la
façon que Dieu a de se complexifier en s’exprimant dans le
monde.<br />Notre monde habitable, d’ailleurs, prend le nom de «
Maximum contracté » dans le traité. Tout ce que le Cusain écrit
sur le « Maximum contracté » est une source d’éclairage afin de
ne pas confondre l’univers des formes et des proportions
mathématiques avec la perfection qui relève d’une substance
immuable. Pour le dire autrement et de façon tout à fait
convaincante, tel que le fait Hervé Pasqua dans sa lumineuse
introduction qui nous a beaucoup assisté dans notre lecture, les
conclusions tirées du « Maximum contracté » ont pour but de
proposer un distinguo entre le domaine de la sagesse, où l’ignorance
s’affirme, et le domaine de la science, où les calculs sont
opérations de presque tout sauf de l’Un, lequel est au-delà du
nombre. La personnalité de Jésus-Christ, quant à elle, est évoquée
comme un maximum à la fois absolu et contracté, parce qu’il est
le point de ralliement de la sagesse et de la science, existant aussi
bien dans l’ignorance salvatrice que dans la parole pragmatique.
Ces trois « maximums » ont pour conséquence de renouveler la
conception de la Trinité, mais sur ce point nous ne pouvons guère
présenter quoi que ce soit, le problème étant hors de notre
portée, en cela qu’il mériterait une lecture plus experte que la
nôtre ainsi que l’aiguillon plus aiguisé d’un docteur de
l’Église. </span></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"> Matthieu Denni </span></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: inherit; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcVMM9EJEVUMT6tTf_Tk5P3ER0GAaPd65nLJ2SnO8mWLTo6NRP7xJE6ZCK4DgRDBUU27B9Fg7ETvA9hlns9MigmBCXBWP-1cEjg94JLbyPvIBcjkW6QY3wsihL0cDoGSZ-Lr-e6QmqUtp32QiEFueE_vvYmdW8xfhNbqyouauG48BF3PWysJVX-oR1-eM/s272/2023-12-30%20De%20Cues-bis.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="272" data-original-width="185" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcVMM9EJEVUMT6tTf_Tk5P3ER0GAaPd65nLJ2SnO8mWLTo6NRP7xJE6ZCK4DgRDBUU27B9Fg7ETvA9hlns9MigmBCXBWP-1cEjg94JLbyPvIBcjkW6QY3wsihL0cDoGSZ-Lr-e6QmqUtp32QiEFueE_vvYmdW8xfhNbqyouauG48BF3PWysJVX-oR1-eM/s1600/2023-12-30%20De%20Cues-bis.jpg" width="185" /></a></span></div><span style="font-family: inherit; font-size: small;"></span>
<p></p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-37050548041625540822023-12-23T10:46:00.000-08:002023-12-24T02:19:54.997-08:00L'Heure Musicale virtuelle du 23 décembre 2023<p style="text-align: center;"> <span style="color: #009999;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i><b>23
décembre 2023</b></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER" style="text-decoration: none;"><span style="color: #009999;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i><b>JOHANNES
GUTENBERG</b></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER" style="text-decoration: none;"><span style="color: #009999;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i><b>1400 ?
- 1468</b></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER" style="text-decoration: none;"><span style="color: #009999;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i><b>Le
don du Livre </b></i></span></span></span>
</p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJC_1n4WbkKM1uOk0WRMn0DL9TnWymGFqEzIe2CZESzBIeVEXoE5EiXaFbIKrySgeDpIq2n4jifH5HZJwczPLjLhAqXseqVt6Vgg1dj8IH4eOws7YmHA5nz0qlaa2yUuhgGSj77UIlew5_W4SRpfAAq3Sdmqsqsn2iwjdBUeaKqLqauqSdvaU9ur3qj2s/s930/2023-12-23%20Gutenberg.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="492" data-original-width="930" height="169" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJC_1n4WbkKM1uOk0WRMn0DL9TnWymGFqEzIe2CZESzBIeVEXoE5EiXaFbIKrySgeDpIq2n4jifH5HZJwczPLjLhAqXseqVt6Vgg1dj8IH4eOws7YmHA5nz0qlaa2yUuhgGSj77UIlew5_W4SRpfAAq3Sdmqsqsn2iwjdBUeaKqLqauqSdvaU9ur3qj2s/s320/2023-12-23%20Gutenberg.jpg" width="320" /></a></div><br /><p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span style="color: #ff3300;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i><b>Une
heure en musique...</b></i></span></span></span></p>
<div class="aquarium aquarium-panoramateaser">
<div class="container">
<header>
<div class="hgroup">
<div class="headline" itemprop="headline" style="text-align: left;"><a href="https://www.swrfernsehen.de/kulturmatinee/weihnachtskonzert-des-swr-vokalensembles-aus-der-kirche-st-michael-in-stuttgart-100.html" rel="nofollow" target="_blank">Weihnachtskonzert des SWR Vokalensembles aus der Kirche St. Michael in Stuttgart</a></div>
</div>
</header>
</div></div>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Johannes
Gutenberg (c. 1398 - 3 février 1468) est un forgeron, orfèvre,
imprimeur et éditeur allemand qui a inventé la première imprimerie
au monde. La presse à imprimerie de Gutenberg a révolutionné la
création de livres et a contribué à les rendre abordables,
inaugurant une nouvelle ère de livres et de littérature abordables.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Gutenberg
est né dans la ville allemande de Mayence. Il a commencé sa vie
professionnelle en tant que marchand, puis a déménagé dans le
travail en tant que forgeron et orfèvre. Dans la trentaine,
Gutenberg a déménagé, avec sa famille à Strasbourg.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">À
un moment donné, Gutenberg est devenu lourdement endetté en raison
d'un échec des investissements dans des miroirs sacrés. On dit
qu'il a promis à ses créanciers qu'ils pourraient avoir une part
dans la nouvelle imprimerie sur laquelle il travaillait. On dit aussi
que l'idée de l'imprimerie, est venue comme un flash de lumière,
bien que cela ait pu être une histoire embellie - ajoutée à un
jour plus tard.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Le
génie de l'imprimerie de Gutenberg est qu'elle a intégré diverses
technologies de différents domaines dans une manière pratique et
abordable d'imprimer des livres. Avec le soutien financier d'un riche
prêteur d'argent Johann Fust, Gutenberg a pu concrétiser ses idées.
Sa première imprimerie en travail a été révélée vers 1450 à
Strasbourg.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">L'élément
clé de la presse à imprimer était l'utilisation d'une impression
de type mobile - des caractères en bois réglables (plus tard en
métal), l'utilisation d'une encre à base d'huile et d'une presse
d'impression en bois dérivée des presses à vis utilisées dans
l'agriculture. </span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Avec
la nouvelle invention, 42 lignes pourraient être imprimées à la
fois, réduisant considérablement la main-d'œuvre et le coût de la
création de livres (qui étaient auparavant manuscrits manuscrits).
Cette presse à imprécer a rapidement été influente dans le
développement de la </span></span></span></span></span></span><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><a href="https://www.biographyonline.net/people/famous/renaissance.html"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Renaissance</span></span></span></span></span></span></a></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
</span></span></span></span></span></span><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><a href="https://www.biographyonline.net/people/famous/protestant-reformation.html"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">de
la Réforme</span></span></span></span></span></span></a></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
et de l'Age des </span></span></span></span></span></span><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><a href="https://www.biographyonline.net/people/famous/enlightenment.html"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Lumières
Scénaires</span></span></span></span></span></span></a></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
La nouvelle presse imprimerie a contribué à fournir un moyen
économique de partager des idées et des connaissances d'une manière
abordable pour les gens ordinaires. </span></span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Le
livre le plus influent publié par Gutenberg est la Bible de
Gutenberg en 1455. Ses presses d'imprimerie ont ensuite été
utilisées pour produire en masse des Bibles, contribuant à diffuser
le livre le plus influent de l'époque. La Bible de Gutenberg est
acclamée pour sa haute qualité de design et de qualité. 180
exemplaires de la Bible Gutenberg originale ont été produits,
principalement sur papier et certains sur vélin. Malgré le génie
de son invention, Gutenberg n'a jamais été en mesure de tirer parti
financièrement de son invention, mais la technologie s'est
rapidement répandue à travers l'Europe - en particulier à Venise
et en Italie, où l'impression a joué un rôle clé dans la
Renaissance. </span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Gutenberg meurt en 1468
et est enterré dans une église de sa ville natale de Mayence.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Ironiquement,
comme les indulgences de l'Église ont été la première chose
imprimée par Gutenberg, la presse à imprimer a également été
très influente dans la Réforme protestante. Martin Luther a été
l'un des premiers pionniers des brochures de production de masse
(plus de 300 000 exemplaires l'ont été de son vivant) et sa masse
courte de ces thèses ont été essentielles pour diffuser des idées
sur la Réforme.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span style="color: #ff3300;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i><b>Premiers livres imprimés...</b></i></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAnQmp-UtzNWyFUTdY0v4N1cJYrjosV1D9lYqG4SbO-0q3m-MW0uptKLJx0SqJsS6WFHBjpHbq5iG89N8uNlAV4On-ZKJ8IxzYuSvGB2iahe2uIOfO6zcv7Xnp0RxpuTHKmsK-35UonzxDI1-zaiun6QiwAvloLAaH0VCPxffzAMamELs1jzffW1k7hAg/s640/2023-12-23%20Gutenberg-bis.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="524" data-original-width="640" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAnQmp-UtzNWyFUTdY0v4N1cJYrjosV1D9lYqG4SbO-0q3m-MW0uptKLJx0SqJsS6WFHBjpHbq5iG89N8uNlAV4On-ZKJ8IxzYuSvGB2iahe2uIOfO6zcv7Xnp0RxpuTHKmsK-35UonzxDI1-zaiun6QiwAvloLAaH0VCPxffzAMamELs1jzffW1k7hAg/s320/2023-12-23%20Gutenberg-bis.jpg" width="320" /></a></div>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Vers
1455-1456, </span></span></span></span></span><strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">c'est
l'imprimerie qui joua ce rôle fondateur</span></span></span></span></span></strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Au delà de la prouesse
technique que représentait la machine elle-même, elle s'imposa
comme un extraordinaire amplificateur, un multiplicateur de force et
d'impact que les États et les puissants ne manquèrent pas de se
réapproprier.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">C'est tout un
environnement technique extrêmement dynamique qui permit cette
avancée : en effet, la machine elle-même ne peut s'expliquer sans
un environnement mûr pour la générer, un faisceau complexe de
techniques maîtrisées depuis longtemps qui purent être associées
et combinées.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
</span></span></span></span></span><strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">métallurgie</span></span></span></span></span></strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
pratiquée depuis des temps immémoriaux dans le massif du Harz et de
l'Erzgebirge, dans les Vosges et la Forêt-Noire, permit de maîtriser
la technique de fabrication des caractères métalliques mobiles. On
observe, à la même époque, des progrès importants dans la
fabrication et la disponibilité du papier.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les
progrès de l’</span></span></span></span></span><strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">hydraulique</span></span></span></span></span></strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
et de la </span></span></span></span></span><strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">mécanique</span></span></span></span></span></strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
accompagnèrent ces évolutions et contribuèrent dans une multitude
de villes et de principautés germaniques à créer un climat
politique où une bourgeoisie artisanale et entrepreneuriale put
gagner en assurance et s'affirmer vis-à-vis des élites
traditionnelles. Le père de Martin Luther était lui-même l'un de
ces entrepreneurs </span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">proto-industriels</span></span></span></span></span></em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
enrichis par l'activité minière. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">L’imprimerie esquisse
les grands traits d'une révolution technologique et industrielle que
les machines textiles exprimeront pleinement deux siècles et demi
plus tard, en Angleterre.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les
lieux d’où sont issus ces élans ne sont pas anodins : la Silicon
valley et au-delà, toute la côte ouest des États-Unis offraient à
la fin du XXe siècle toutes les conditions d'un </span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">bond</span></span></span></span></span></em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
à l'instar du bassin rhénan cinq cents ans plus tôt. On observe
actuellement un phénomène similaire en Asie, au Japon, en Corée du
Sud, à Taiwan.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">La base technologique
étant solidement constituée, l’expertise et la créativité
suffisamment indépendantes pour permettre les progrès et les
perfectionnements qui ont ponctué toute la période, le décollage
pouvait avoir lieu…</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
</span></span></span></span></span><strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">bassin
rhénan</span></span></span></span></span></strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
fut aux premières loges de cette extraordinaire percée
technologique, qui devait être suivie bien vite par une révolution
intellectuelle, à laquelle l'Alsace, Bade et la Suisse participèrent
intensément. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">L'Italie
du nord jusqu'à Rome, Paris, les </span></span></span></span></span><strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">grandes
capitales européennes</span></span></span></span></span></strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
ainsi que </span></span></span></span></span><strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">quelques
villes d'Europe centrale</span></span></span></span></span></strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
comme Prague et Cracovie s'affirmèrent comme autant de centres de
création, de réflexion, d'assimilation et de redistribution des
savoirs et des idées, à la manière de véritables </span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">hub</span></span></span></span></span></em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Très
vite, le berceau rhénan laissa se diffuser les secrets
technologiques de la presse mécanique. Dès 1480, en Allemagne, mais
aussi en France et en Italie, plus d’une centaine d’ateliers
fonctionnait à plein régime. </span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
progression fut foudroyante… et irréversible</span></span></span></span></span></strong><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
: à la fin du XVe siècle, presque 300 villes étaient dotées
d'ateliers d’imprimerie. À ce moment, près de vingt millions de
livres auraient déjà été imprimés ! </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">La phase initiale,
pionnière, épique, celle de l'étonnement et des espoirs, voire de
la sidération devant le potentiel dégagé par l'invention, ne dura
pas très longtemps : très vite, on passa à l'action et à
l'expérimentation mais aussi à la récupération de son
extraordinaire potentiel par les pouvoirs politiques, économiques et
spirituels traditionnels. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les
imprimeurs étaient alors les aristocrates de l’artisanat :
auréolés d’un grand prestige, admirés par les </span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">petites
mains</span></span></span></span></span></em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
respectés par les intellectuels : sans eux, en effet, pas de
République des Lettres...</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">La qualité des
matériaux, de l’encre, la fidélité à l’original manuscrit, le
nombre de coquilles, les calendrier des éditions, le rythme des
rééditions constituaient des sources de grand souci et de stress
pour les auteurs. La contribution exceptionnelle des imprimeurs au
grand œuvre humaniste ne fait aucun doute lorsqu’on se rappelle
que Gutenberg fut lui-même un imprimeur, que sa Bible en langue
latine posa le paradigme, le mètre-étalon à partir duquel l’élan
humaniste pouvait s’exprimer pleinement.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Le bassin du Rhin montre
une densité exceptionnelle de ces inventeurs/entrepreneurs de la
première heure. Outre Gutenberg, Johannes Mentel et Heinrich
Eggestein, de Rosheim en Alsace, Peter Schöffer, de Mayence,
prolongèrent et perfectionnèrent les nouvelles techniques.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Froben à Bâle, Mathias
Schürer à Strasbourg, Alde Manuce à Venise ou encore Denis Roce et
Jean Petit à Paris... autant d'imprimeurs dont les marques se
retrouvent sur de nombreux ouvrages conservés à la Bibliothèque
Humaniste de Sélestat.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">es hommes adroits,
inventifs mais aussi érudits, furent parmi les premiers humanistes
dont ils partageaient d'ailleurs les vues : voyageant entre Bamberg,
Mayence, Strasbourg et Bâle, en relation avec tout un réseau
d’artisans métallurgistes, de marchands de papier (comme Anton
Galliciani à Bâle), ils constituaient le socle sur lequel la pensée
humaniste put aisément s'inscrire et se diffuser. Cette mobilité
infatigable des imprimeurs d'origine rhénane permit une diffusion
très rapide de l'imprimerie.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">L'Alsace ne furent pas en
reste : Strasbourg fut l'une des premières villes européennes à
disposer d'une imprimerie, dès 1458, précédant de peu Haguenau, où
s'établit Heinrich Gran.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Ces hommes étaient des
techniciens avant d'être des intellectuels, bien qu'aucune limite
n'empêchait alors d'être à la fois l'un et l'autre. Mentelin et
Eggestein étaient calligraphes, copistes, clercs ou laïcs. Schöffer
avait étudié à la Sorbonne. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Le printemps humaniste
vit plus d'un profil hybride, des hommes aux compétences très
variées, trouver une place et l'opportunité d'exprimer leurs
talents.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Grâce à des
personnalités exceptionnelles comme Mentel, Eggestein et Gran, la
précocité de la conversion du versant alsacien du Rhin à
l'imprimerie permit l'émergence d'un groupe conséquent d'imprimeurs
majeurs, très influents au début du XVIe siècle, tels Knobloch à
Strasbourg, Schott qui s'établit un temps à Freiburg, Grüninger et
Farckall à Colmar, Schürer à Sélestat, Schirenbrand à
Mulhouse... À Strasbourg, Johannes Mentel imprima la première Bible
en langue allemande. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Ces
ouvrages furent, toutes proportions gardées, de véritables </span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">best
sellers</span></span></span></span></span></em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
stimulant curiosité, réflexion et critique.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">La Bible suivante fut
celle de Luther.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Avec un développement si
rapide du nombre des presses, on pouvait s’attendre à une
diffusion des livres tout aussi spectaculaire et par conséquent un
élargissement de l’accès à leurs contenus jamais vu auparavant. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">C'est ce qui arriva : la
révolution ne fut pas tant technique - le livre était en
circulation bien avant le XVe siècle et sa circulation, bien que
très restreinte, n'était pas nulle - que culturelle. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">C'est le nombre et la
variété des ouvrages qui fit la différence à partir des années
1500 : on dit qu'Érasme avait vendu près de 750 000 ouvrages au
moment de sa mort ! Nul autre que lui d'ailleurs, n’illustre mieux
ce va-et-vient dans un sillon rhénan qu’il contribua à creuser et
à élargir. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
greffe de la Réforme n’aurait jamais pu prendre sans l’imprimerie
: de ville en ville, depuis Wittenberg, près de 300 000 copies des
pamphlets de Luther s’étaient diffusés en moins de deux ans après
la publication de ses 95 Thèses, en 1517. Pour l'époque, il s'agit
d'une quasi-instantanéité impossible à stopper. On pense à la
</span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">mise
en ligne</span></span></span></span></span></em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
actuelle, qui ne fait que prolonger la même logique. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Après la maîtrise de la
base technique, dès 1460, l’accessibilité des livres est encore
favorisée par la baisse des coûts et des prix et explique leur
diffusion exponentielle. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Toute une génération
d’hommes, et quelques femmes, de moins en moins illettrés, avide
de lectures et de réflexion, se jeta sur les œuvres disponibles. Si
l'offre était devenue considérable, la demande ne l'était pas
moins. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les
Bibles représentaient le</span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
gros</span></span></span></span></span></em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de la première génération de livres, celle des incunables, dans la
continuité des manuscrits de la génération précédente : bibles
en langue latine, bibles en allemand, Nouveaux Testaments traduits en
grecs… Les domaines </span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">couverts</span></span></span></span></span></em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
par le livre imprimé s'élargissent cependant très vite aux poèmes,
commentaires satiriques, médecine, sciences naturelles,
architecture, études politiques, Histoire, réédition de livres
antiques… </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Après
1492 et les premiers voyages transatlantiques modernes, les livres de
géographie et les cartes font leur entrée triomphale dans ce
nouveau panthéon et font l'objet d'une véritable </span></span></span></span></span><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">mode. </span></span></span></span></span></em></p><p align="JUSTIFY"><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Matthieu Denni </span></span></span></span></span></em> <br /></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-80754231453050490302023-12-16T10:37:00.000-08:002023-12-18T11:14:12.664-08:00L'Heure musicale du 16 décembre 2023<p style="text-align: center;"> <span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>16
décembre 2023</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>HEINRICH
SEUSE (Henri Suso)</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>1296 ?-
1366</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>Noces
mystiques</b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjueqZ8HLVyNYVdVV31D4lUyxhJWUhjtfuIIPBqqd6lB8OF2QAYos4CkkNqi3gf6oRW1qeXZXPa51Xaf07MFqum5rgy7dE-wJFXEhG0zIhDOhMgB2QyBd_I3QvSar-S3NgMtYj53IclPUtt6n7uv1ctWNqDqI2HWkLYo1LUDasyOqJvHpIamDo6AGGylI4/s328/2023-12-16%20Henri%20Suso.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="328" data-original-width="240" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjueqZ8HLVyNYVdVV31D4lUyxhJWUhjtfuIIPBqqd6lB8OF2QAYos4CkkNqi3gf6oRW1qeXZXPa51Xaf07MFqum5rgy7dE-wJFXEhG0zIhDOhMgB2QyBd_I3QvSar-S3NgMtYj53IclPUtt6n7uv1ctWNqDqI2HWkLYo1LUDasyOqJvHpIamDo6AGGylI4/s320/2023-12-16%20Henri%20Suso.jpg" width="234" /></a></div><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i><b>Une
heure en musique...</b></i></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=WdCM85zD9Zc" rel="nofollow" target="_blank">KONZERT KÖLNER DOM - Die Domchöre singen zum Advent</a></div><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div dir="LTR" id="Section1">
<p align="JUSTIFY"><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">«
Après Maître Eckart et Jean Tauler, Henri Suso est représentatif
de l’École de spiritualité dominicaine des "mystiques
rhénans" du XIVe siècle. Elle garde la vision de l'univers
que lui donne saint Thomas, exalte le primat de la contemplation et,
pour y arriver, le dépouillement progressif du sensible, la
purification de ce qui agite et distrait, le regard sur le Christ,
Vérité éternelle.</span></span></span></span></span></em></p>
<p align="JUSTIFY"><em><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Suso
insiste sur l'union au Christ par la contemplation de ses
perfections et de ses souffrances. Après lui, l'accent sera mis
davantage sur l'affection que sur la connaissance : on cherche ce
qui émeut, on s'applique à méditer les plaies du Crucifié, les
sept douleurs de la Vierge : c'est l'ère des représentations
tragiques de la Passion, des Pièta, des descentes de croix...
L’œuvre de Suso annonce déjà ce tournant à la fin du XIVe et
au XVe siècle. »</span></span></span></span></span></em></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Henri Suso est un grand
mystique allemand du Moyen-Âge, il est connu pour avoir répandu la
mystique rhénane de Maître Eckhart. Il est né en 1295 sur les
bords du lac de Constance. Son père appartenait à la noble famille
de Berg; sa mère, dont il prit le nom de jeune fille latinisé, à
une famille de Sus (ou Süs). Il entre chez les dominicains de
Constance à l'âge de 13 ans. Il y mène une vie plutôt relâchée
jusqu’à l'âge de 18 ans, où il eut une vision qui l’amena à
contempler la Sagesse, Verbe de Dieu fait homme dans son humanité
souffrante. Il se livre alors à de grandes mortifications, frôle
la mort à 40 ans, puis contrôle son ascèse.</span></span></p>
</div>
<div dir="LTR" id="Section2">
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Dans
ce tableau de Zurbaran, visage jeune, chevelure abondante, sombre et
bouclée, yeux levés vers le ciel, le moine porte le manteau noir
de l’ordre dominicain qu'il écarte de la main gauche pour graver
sur sa poitrine, avec un stylet, le monogramme du Christ, IHS (Jésus
Sauveur des Hommes). Derrière lui, dans un paysage d'arbres et de
rochers italianisant, on découvre des dominicains en conversation
au pied d'un ermitage. De l'autre côté du saint, dans un paysage
de bord de rivière, un frère médite auprès d'une source, le
visage appuyé sur la main. Une dernière scène, mystérieuse,
montre un ange à la robe rose, descendu de cheval et progressant au
milieu de huttes éparpillées dans la montagne.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Après ses premières
études théologiques, il est envoyé à Cologne où il connut
Maître Eckart vers 1320-1325. Il revient à Constance de 1329 à
1336, comme lecteur conventuel, puis prieur. Il y écrit, pour la
défense d'Eckart, Das Büchlein der Wharheit, Le Livre de la
Vérité. Cet ouvrage lui attire des ennuis provenant du Chapitre
provincial, puis du Chapitre général qui le dépose de sa charge
priorale. Il reste alors dans son couvent et rédige Das Büchlein
der ewigen Weisheit, Le petit livre de la Sagesse éternelle, publié
en 1328, destiné aux " âmes simples – de ces âmes qui ne
sont pas parfaites et qui ont encore quelque défaut à corriger. "</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">En 1334, Suso traduit ce
travail en latin, mais ajoutant à son contenu il en fait un livre
presque entièrement nouveau, auquel il donne le nom Horologium
Sapientiae, l’Horloge de la Sagesse, dédié au Maître de
l'Ordre, dont le succès fut énorme au XIVe et XVe siècle, en
Allemagne, et qui fut souvent représenté dans des manuscrits.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Il
se donne également à la prédication dans toute la région et
veille à la restauration de l’observance religieuse dans les
couvents. Souvent objet de calomnies et de détractions, il se voit
abandonné par certains amis. Il exerce pourtant un ministère très
apprécié auprès de plusieurs couvents de religieuses
dominicaines. C'est à l'une d'elles, Elisabeth Stagel, prieure des
moniales dominicaines de Töss, qu'il confie l'histoire de sa vie
qu'elle mettra par écrit.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Refusant d'obéir aux
ordres de l’empereur du Saint Empire romain germanique, Louis IV
de Bavière, en lutte contre la papauté, les dominicains quittent
Constance et se réfugient à Diessenhoven. Suso est envoyé à Ulm.
On sait très peu de choses sur les dernières années de sa vie. Il
rédige l'histoire de sa vie intérieure Vita ou Leben Seuses, il
révise le Büchlein der Wahrheit, et le Büchlein der ewigen
Weisheit, qui, avec onze de ses lettres (le Briefbüchlein), et un
prologue, se sont transformés en un livre connu sous le nom de
Exemplar, Exemplaire, édition revue et corrigée par ses soins.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Outre ces écrits, nous
avons également cinq sermons de Suso et une collection de
vingt-huit de ses lettres (Grosses Briefbuch), qui se trouve dans
l'édition de Bihlmeyer.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Il meurt à Ulm en 1366
vers sa 70e année. Le concile de Constance le considéra comme
bienheureux, mais sa béatification officielle est due au pape
Grégoire XVI en 1831.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span style="color: #ff3300;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i><b>...et
aussi à Constance :</b></i></span></span></span></p><div style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWVwRiVywLc1RRQyi4FHZeCIVfpBd4rWkbUtHV4j7uPPb6F58_WHa38S5IM6ZL9e7L4bC-BhaVs6-zMRwJCfa5_7K2k5fLTc7ysNmnrthjWR-a_NWbeiGecktLjIg9SuLDG40IhK4dE5ZJemjrsD_aVtR-7sqQHG_D41JiO_1R3EklwAIJmRrmh4gfnIc/s300/2023-12-16%20Henri%20Suso%20-%20Constance.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" height="168" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWVwRiVywLc1RRQyi4FHZeCIVfpBd4rWkbUtHV4j7uPPb6F58_WHa38S5IM6ZL9e7L4bC-BhaVs6-zMRwJCfa5_7K2k5fLTc7ysNmnrthjWR-a_NWbeiGecktLjIg9SuLDG40IhK4dE5ZJemjrsD_aVtR-7sqQHG_D41JiO_1R3EklwAIJmRrmh4gfnIc/s1600/2023-12-16%20Henri%20Suso%20-%20Constance.jpg" width="300" /></a></div><p align="JUSTIFY">
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">De
1414 à 1418, le concile de Constance a pour principal objectif
d’</span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">unifier l’Église catholique avec un dirigeant unique</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Pendant cette période, elle compte trois papes, respectivement
issus des légitimités pisane, romaine et avignonnaise. On doit la
convocation du 16e concile œcuménique à Sigismond Ier,
empereur d’Allemagne. Afin de garantir l’équité des élections,
cette instance possède un mode de scrutin spécifique. On occulte
le vote par tête pour</span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
le vote par nation</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
</span></span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Quatre
pays sont ainsi représentés lors du concile de Constance :
l’Angleterre, la France, l’Allemagne et l’Italie. A cela
s’ajoute une voix supplémentaire pour le collège des cardinaux.
Au terme de 45 sessions, ce concile met fin au grand schisme
d’Occident et assure</span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
l’indépendance des Pères conciliaires</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Les papes </span></span></span></span></span></span><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><a href="https://www.linternaute.fr/actualite/biographie/1777016-jean-xxiii-biographie-courte-dates-citations/"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Jean
XXIII</span></span></span></span></span></span></a></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
Benoît XIII et Grégoire XII sont arrêtés, déposés ou en fuite.
Martin V devient le 206e pape de l’Église catholique en 1417.</span></span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
concile de Constance, 16e concile général ou œcuménique, a eu
lieu à Constance, en Allemagne. Il s’est déroulé</span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
entre le 5 novembre 1414 et le 22 avril 1418</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Durant cet intervalle de temps, près de </span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">45
sessions</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
ont été organisées. Cet événement survient pour mettre fin au
grand schisme d’Occident. A cette période, on comptait trois
papes à la tête de l’Eglise catholique. Au XVe siècle, les
dissensions politiques et religieuses sont alors à leur apogée. </span></span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">En
1414, ce n’est autre que l’empereur d’Allemagne, </span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Sigismond
Ier</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
qui convoque le concile de Constance. L’idée de ce rassemblement
est, entre autres, de restaurer la crédibilité du Saint-Siège. Il
l’impose à Jean XXIII, considéré comme un antipape. Pour
rappel, ce statut historique signifie qu’un individu occupe les
fonctions à titre illégitime. L’Église catholique ne le
reconnaît pas en tant que successeur de Saint-Pierre. Le concile de
Constance est présidé par le cardinal Jean de Brogny. </span></span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Contrairement
à de précédents conciles, le concile de Constance change son mode
de scrutin. Cette décision s’explique par les réticences de Jean
XXIII à y prendre part. Sigismond Ier prend alors l’initiative de
</span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">changer
le vote par tête pour le vote par nation</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
On distingue quatre pays participants : la France, l’Allemagne,
l’Italie, ainsi que l’Angleterre. Une cinquième voix est
octroyée au collège des cardinaux. </span></span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Au
terme de ces 4 années de débat et de près de 45 sessions, le
concile de Constance débouche sur</span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
la condamnation des réformateurs pour hérésie</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Jérôme de Prague et Jan Hus sont condamnés à brûler vifs sur le
bûcher. Quant à John Wyclif, traducteur et écrivain anglais, sa
condamnation se fait uniquement à titre posthume. Au cours de cette
période, Jean XXIII s’enfuit en 1415. La même année, Grégoire
XII démissionne, tandis que Benoît XIII est déposé. En 1417,
Martin V devient le 206e pape de l’Église catholique.</span></span></span></span></span></span></p>
</div><p><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
principale conséquence du concile de Constance est de </span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">mettre
fin au grand schisme d’Occident</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Pour rappel, ce dernier induisait trois papes (légitimités romaine,
pisane et avignonnaise) à la tête de l’Église catholique. Édicté
le 30 octobre 1417, le décret <i>Frequens</i> impose une nouvelle tenue
périodique d’un concile. Ce qui garantit l’indépendance des
Pères conciliaires face au pape. Le concile suivant était prévu en
1423, mais est rapidement dissous. Le prochain rassemblement est
prévu pour 1430.</span></span></span></span></span></span></p>
<p><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">A
noter que le concile de Constance est </span></span></span></span></span></span><strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">à
l’origine du concile de Bâle</span></span></span></span></span></span></strong><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Ce dernier se déroule de 1431 à 1449. Eugène IV succède alors à
Martin V. De nombreuses dissensions en découlent. On observe aussi
un schisme conciliaire. Au terme de plus de 18 ans de débat, le
concile de Bâle finit par soutenir le conciliarisme. Cette notion
induit que le concile œcuménique bénéficie de l’autorité
suprême. Il est donc supérieur au pape en matière de hiérarchie.
Certains théologiens avancent que l’Église est organisée sur la
base d’une forme aristocratique et non monarchique. Par la suite,
le conciliarisme est rejeté par les conciles Vatican I (1870) et
</span></span></span></span></span></span><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><a href="https://www.linternaute.fr/actualite/guide-histoire/3102709-concile-vatican-ii-changements-resume-du-concile-de-1962/"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Vatican
II</span></span></span></span></span></span></a></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
(1965).</span></span></span></span></span></span></p><p><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Matthieu Denni <br /></span></span></span></span></span></span></p><p><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"></span></span></span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLMiURD7D5NE2ZoFQC59Kfg23nLEZySrTlcEf3l_8uWiukPDNtq3rRKLTyv618PJtJcMT37BwpDFUKUzHo3pqIr2LNzXQtE5wITZKdIdWyroN6ZTbjVDCZ4cp5hM1xvlxm6mraKvLy1gckH75tkMQedSIHrM_As6alNiQ7aXnM4qYqbOWAXMM0kVrY6JA/s258/2023-12-16%20Henri%20Suso%20-%20III.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="195" data-original-width="258" height="195" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLMiURD7D5NE2ZoFQC59Kfg23nLEZySrTlcEf3l_8uWiukPDNtq3rRKLTyv618PJtJcMT37BwpDFUKUzHo3pqIr2LNzXQtE5wITZKdIdWyroN6ZTbjVDCZ4cp5hM1xvlxm6mraKvLy1gckH75tkMQedSIHrM_As6alNiQ7aXnM4qYqbOWAXMM0kVrY6JA/s1600/2023-12-16%20Henri%20Suso%20-%20III.jpg" width="258" /></a></span></span></span></div><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> </span></span></span></span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"><br /> <br /></span></span></span></span></span></span><p></p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-78081074152930770862023-12-02T10:35:00.000-08:002023-12-03T00:25:05.788-08:00L'Heure Musicale du 2 décembre 2023<p style="text-align: center;"> <span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>2
décembre 2023</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>JEAN
TAULER</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>1300 ?
– 1361</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>Le
détachement et la grâce</b></i></span></span></p><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b></b></i></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEkEHUKLijFZiNz4lP6m7Gys3hCD6pqo_55lzwtyOOAMXWs4G5d_J6RtHAPYr2fl5MtKiBzbIAbvhThowjpTJASofz1oT2kofHmNCIWqprxi3WOygN97pVrKT-F2jwJjjIMo-NgntqGtwHwVOnImIkjSf3gEcJWVk0gYA5Cktnjg6rQU31l7sOXp8K2fA/s3504/2023-12-02%20Jean%20Tauler.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3504" data-original-width="2592" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEkEHUKLijFZiNz4lP6m7Gys3hCD6pqo_55lzwtyOOAMXWs4G5d_J6RtHAPYr2fl5MtKiBzbIAbvhThowjpTJASofz1oT2kofHmNCIWqprxi3WOygN97pVrKT-F2jwJjjIMo-NgntqGtwHwVOnImIkjSf3gEcJWVk0gYA5Cktnjg6rQU31l7sOXp8K2fA/s320/2023-12-02%20Jean%20Tauler.jpg" width="237" /></a></b></i></span></span></div><p></p><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-family: inherit; font-size: small;"><i><b>Une heure
en musique...</b></i></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=W2EcBoGCTos" rel="nofollow" style="font-weight: normal;" target="_blank"><span style="font-size: small;">CONCERT de NOËL 2020 à St Thomas de STRASBOURG</span></a>
</h1><p style="margin-bottom: 0cm;"></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: inherit;"></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">«
D’après une chronique du XV</span></span></span></span><span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;"><sup><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">e</span></span></span></sup></span><span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
siècle, ‘frère Jean que l’on nomme Tauler, est un amoureux de
Dieu et un fervent prédicateur’. Demeuré fidèle à la doctrine
spirituelle de Maître Eckhart, Jean Tauler (1300-1361) poursuit
l’œuvre de ‘cet admirable maître que certains ont compris à
partir du temps alors qu’il parlait à partir de l’éternité’.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Né à Strasbourg vers 1300, Jean
Tauler entre au couvent des Dominicains de sa ville natale en 1315.
Chargé de la prédication auprès des moniales dominicaines, des
béguines et des laïcs, il prêche toujours en moyen haut-allemand
et retraduit la théologie de Maître Eckhart avec des métaphores
empruntées à la vie quotidienne. Ses sermons portent l’empreinte
du mystère de la naissance du Verbe de Dieu dans l’âme. La
Gottesgeburt, ‘c’est Dieu qui tous les jours et à toute heure,
naît en vérité, spirituellement, par la grâce et l’amour, dans
une bonne âme’. Contraint à l’exil, avec ses frères, dont Jean
de Dambach (+ 1372) lors de l’Interdit prononcé par le pape Jean
XXII sur la ville de Strasbourg, Jean Tauler trouve refuge à Bâle
entre 1342 et 1343. Il y rencontre les ‘Amis de Dieu’, un cercle
de prêtres, de religieux, de religieuses et de laïcs qui, soucieux
de radicalité évangélique suivent les enseignements du prêtre
Henri de Nördlingen (1300-1373). De retour à Strasbourg, il aide
son disciple Ruhlmann Merswin (1307-1382) à promouvoir le mouvement
dans l’Ermitage Saint-Jean de l’Ile verte, sur le site actuel de
l’E.N.A. Jean Tauler meurt le 16 juin 1361, au couvent des
dominicaines de Saint-Nicolas-aux-Ondes.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">Pour honorer sa mémoire, Ruhlman
Merswin et les ‘Amis de Dieu’ de Strasbourg font alors réaliser
une pierre tombale qui est conservée dans l’église du Temple-Neuf
de Strasbourg, sur le site de l’ancien couvent des frères
dominicains, le couvent Saint-Barthélémy, détruit en 1870. Cette
tombe de grès rose est non seulement un hommage au frère prêcheur
et Lebemeister, mais aussi un portrait idéal et symbolique de l’ami
de Dieu. La figure du prédicateur est entourée d’une inscription
: ‘En l’an du Seigneur 1361, le 16 juin (fête de) Cyr et
Juliette, frère Joh. Ta(ule)r’. Debout, revêtu de son habit et de
sa chape, le frère dominicain, tel le prophète Jean-Baptiste,
désigne l’Agneau de Dieu (Jn 1, 36). Figure du Christ, avec
l’étendard de la résurrection, l’Agneau vainqueur est juché
sur le plat d’un livre fermé par sept sceaux. Conformément au
livre de l’Apocalypse (Ap 6, 1), seul l’Agneau peut ouvrir au
sens des Écritures. Sur sa poitrine, Jean Tauler arbore un
monogramme. L’inscription JHS et le T, ou Tau, sont des
abréviations de Johannes Tauler. Symbole de la Croix, le Tau est
aussi le signe dont sont marqués les serviteurs de Dieu (Ap 7, 3).
Ce monogramme est surmonté de la couronne de vie donnée à tout
témoin « fidèle jusqu’à la mort » (Ap 2, 10). Enfin, sur toute
la longueur de la dalle, une colonne, surmontée d’un IN qui
précède l’expression XTO IHV, désigne l’ami de Dieu comme une
colonne de l’Église fondée dans le Christ Jésus. C’est
quasiment une citation dans la pierre, d’un sermon prêché par
Jean Tauler pour la fête de la nativité de Jean Baptiste. ‘Ces
gens ne goûtent que Dieu et rien d’autre… Ce sont des hommes
tout aimables : ils portent le monde entier : ils sont les nobles
colonnes du monde. Pour celui qui tiendrait en cet état, quelle
délicieuse félicité’.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: inherit; font-size: small;">La postérité de Jean Tauler est
considérable. Ses quatre-vingt sermons influencent la doctrine de
Martin Luther et le Piétisme luthérien, mais aussi les arts, tels
l’œuvre musicale de Jean-Sébastien Bach et l’œuvre peint du
paysagiste romantique allemand Caspar-David Friedrich. Traduite en
latin, par le jésuite Pierre Canisisus et le chartreux Laurent
Surius de Cologne, pour promouvoir une ‘réforme de l’homme
intérieur’, son œuvre inspire les mystiques du Carmel espagnol,
tels Jean de la Croix et Thérèse d’Avila, ainsi que l’Ecole
française de spiritualité, avec notamment le cardinal de Bérulle
qui affirme que ‘l’homme est un néant capable de Dieu'. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: inherit;"></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span style="color: #ff3300; font-family: inherit; font-size: small;"><i><b>Sermon
pour la fête de Noël</b></i></span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;"><b style="font-family: inherit;"><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Un
enfant nous est né un fils nous a été donné (Is 9, 5).</span></span></span></span></b></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">1. On fête
aujourd'hui, dans la sainte chrétienté, une triple naissance où
chaque chrétien devrait trouver une jouissance et un bonheur si
grands qu'il en soit mis hors de lui-même; il y a de quoi le faire
entrer en des transports d'amour, de gratitude et d'allégresse; un
homme qui ne sentirait rien de tout cela devrait trembler.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">La première
et la plus sublime naissance est celle du Fils unique engendré par
le Père céleste dans l'essence divine, dans la distinction des
personnes. La seconde naissance fêtée aujourd'hui est celle qui
s'accomplit par une mère qui dans sa fécondité garda l'absolue
pureté de sa virginale chasteté. La troisième est celle par
laquelle Dieu, tous les jours et à toute heure, naît en vérité,
spirituellement, par la grâce et l'amour, dans une bonne âme.
Telles sont les trois naissances qu'on célèbre aujourd'hui par
trois messes.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">(...)</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">7. Nous
avons jusqu'ici parlé de la première et de la troisième naissance,
et de la leçon que nous devons tirer de la première, en vue de la
dernière; maintenant nous allons expliquer celle-ci au, moyen de la
seconde par laquelle le Fils de Dieu, en cette nuit, est né d'une
mère, est devenu notre frère. Il a été, dans l'éternité,
engendré sans mère, et dans le temps, sans père. Saint Augustin
nous dit : " Marie a été bien plus heureuse de ce
que Dieu est né spirituellement en son âme que du fait qu'il est né
d'elle selon la chair. " Celui donc qui veut voir cette
naissance noble et spirituelle s'accomplir en son âme comme dans
l'âme de Marie, doit considérer quelles étaient les dispositions
particulières de Marie, elle qui fut mère de Dieu, mère à la fois
spirituelle et corporelle. Marie était une vierge, chaste et pure;
c'était une jeune femme promise et fiancée; elle se tenait à
l'écart et séparée de tout, lorsque l'ange vint à elle. C'est
ainsi que doit être une mère spirituelle de cette divine naissance.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">Elle doit
être une vierge chaste et pure. Si elle s'est parfois égarée du
chemin de la pureté, il faut maintenant qu'elle y revienne. Une
vierge, c'est une personne extérieurement stérile mais
intérieurement très féconde. C'est ainsi que la vierge dont nous
parlons doit fermer son coeur aux choses extérieures, avoir peu de.
commerce avec elles et porter peu de fruits extérieurement. C'est
ainsi que Marie n'avait de soucis que des choses de Dieu. Mais à
l'intérieur, il faut que cette vierge porte beaucoup de fruits.
" Toute la parure de la fille du Roi vient de
l'intérieur ". Une vierge qui veut lui ressembler doit
donc vivre dans la retraite ayant toutes ses dispositions
habituelles, ses pensées, sa conduite orientées vers l'intérieur.
C'est ainsi qu'elle porte beaucoup de fruits, et un fruit splendide,
à savoir : Dieu lui-même, le Fils de Dieu qui est et porte en
lui toutes choses.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">Marie était
une jeune femme mariée; c'est ainsi que notre vierge doit être
mariée, d'après l'enseignement de saint Paul. Tu dois jeter à fond
ta volonté changeante dans la volonté de Dieu qui est immuable,
afin qu'elle aide ta faiblesse.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">Enfin, de
plus, Marie s'était enfermée; de même encore la servante de Dieu
doit se tenir enfermée, si elle veut ressentir vraiment en elle
cette naissance, s'abstenant non seulement des dispersions
temporelles qui paraissent devoir lui apporter quelque dommage, mais
même des pratiques purement sensibles des vertus. Elle doit assez
souvent faire le silence et le calme en elle-même, s'enfermer en son
intérieur, se cacher dans l'esprit pour se soustraire et échapper
aux sens, et se faire à elle-même un lieu de silence et de repos
intérieur.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">8. C'est de
ce repos intérieur qu'on chantera dimanche prochain au commencement
de la messe : " Dum medium silentium fieret. Alors que
l'on était en plein silence, que toutes choses étaient dans le plus
grand silence, et que la nuit était au milieu de son cours, c'est
alors Seigneur, que de ton trône royal descendit la parole
toute-puissante ", le Verbe éternel sortant du coeur de
son Père. C'est au milieu du silence, au moment même où toutes les
choses sont plongées dans le plus grand silence, où le vrai silence
règne, c'est alors qu'on entend en vérité ce Verbe, car si tu veux
que Dieu parle, il faut te taire; pour qu'il entre, toutes choses
doivent sortir.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">Quand notre
Seigneur Jésus entra en Égypte, toutes les idoles du pays
s'effondrèrent : Tes idoles à toi, c'est tout ce qui empêche
cette naissance éternelle de s'accomplir en toi, d'une façon
véritable et immédiate, aussi bon et aussi saint que cela paraisse.
Notre Seigneur a dit : " Je suis venu apporter un
glaive pour trancher tout ce qui tient à l'homme : mère, sœur,
frère ". Car ce qui t'est le plus proche, voilà ton
ennemi : cette multiplicité d'images, qui cachent en toi le
Verbe, et s'étendent sur " lui, empêche cette naissance
en toi, sans que pourtant cette paix te soit entièrement enlevée.
Cette paix ne peut, il est vrai, toujours régner en toi. Mais c'est
par elle, pourtant, que tu deviendras mère spirituelle de cette
naissance. Une telle mère doit souvent établir en elle ce plein
silence, afin de s'habituer à le faire; l'habitude lui en donnera
une certaine maîtrise, car ce qui n'est rien pour un homme exercé,
paraît tout à fait impossible au novice inexercé. C'est en effet
l'habitude qui donne la maîtrise.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">Puisse donc
chacun de nous donner place en lui à cette noble naissance, afin de
devenir une vraie mère spirituelle. Que Dieu nous y aide !
Amen.</span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">Extrait de
l'édition française de référence des œuvres de Jean
Tauler, Éditions du Cerf, coll. Sagesse Chrétienne.</span></p><p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;">Matthieu Denni </span></p><p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipBetd4-ruUt_lp8frFcqgZsyXQgK4uT1EAO9dGathLG1hCXlv_NACKaQm-aQgT8Y4X8i7JLUQR0iRAs7e55CJh_8d7vTzLOGE6PhxSbAh3idqD44i53Hyh4OE71B1qIu0XjP0hQHjW1Dz06BFjcE7EB4nzZ8Z7nGaykLGsrtspEsMdDJdpsSoWbydKQI/s253/2023-12-02%20Jean%20Tauler%20-%20bis.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="199" data-original-width="253" height="199" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipBetd4-ruUt_lp8frFcqgZsyXQgK4uT1EAO9dGathLG1hCXlv_NACKaQm-aQgT8Y4X8i7JLUQR0iRAs7e55CJh_8d7vTzLOGE6PhxSbAh3idqD44i53Hyh4OE71B1qIu0XjP0hQHjW1Dz06BFjcE7EB4nzZ8Z7nGaykLGsrtspEsMdDJdpsSoWbydKQI/s1600/2023-12-02%20Jean%20Tauler%20-%20bis.jpg" width="253" /></a></div><br /><span style="color: black; font-family: inherit; font-size: small;"><br /></span><p></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<br /><br />
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black;"><span style="font-size: xx-small;"> </span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<br /><br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-5861781801463218452023-11-11T02:17:00.000-08:002023-11-13T09:40:29.134-08:00L'Heure Musicale virtuelle du 11 novembre 2023<p style="text-align: center;"> <span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>4
novembre 2023</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>DIETRICH
VON FREIBERG </b></i></span></span>
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>1250 ?
- 1310 ?</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>Héritages</b></i></span></span></p><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b></b></i></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguOBfAIcCk1MymJ0_fbxsQc8k1Nvq6qW3koSG1R7oWVruSSuMZaCPiVdt_iTqSTsTuCot4MsAzei_j51t-OOpG_MN34XLRATu5z9zKubMHwrCZx-6ebGxvCMu67BhS6BwWWv24s_PiJJPL1lLeB1miGSeRi_lQRxjr_YLDyiyJq-Zgi8LcvFcM2lO5bNU/s2411/2023%206%2020231111%20Freiberg.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2411" data-original-width="1607" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguOBfAIcCk1MymJ0_fbxsQc8k1Nvq6qW3koSG1R7oWVruSSuMZaCPiVdt_iTqSTsTuCot4MsAzei_j51t-OOpG_MN34XLRATu5z9zKubMHwrCZx-6ebGxvCMu67BhS6BwWWv24s_PiJJPL1lLeB1miGSeRi_lQRxjr_YLDyiyJq-Zgi8LcvFcM2lO5bNU/s320/2023%206%2020231111%20Freiberg.jpg" width="213" /></a></b></i></span></span></div><p></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbV1rD5WBKsh1jMJrnWW_b_G"> L'intégralité du programme</a><br /></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><b><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i>Une
heure en musique...</i></span></b></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=xgImwLcp9CU" rel="nofollow" target="_blank"><span style="font-weight: normal;">
Hermann of Reichenau (1013-1054) - Salve Regina</span></a></div>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=IO8jSrco070" rel="nofollow" target="_blank"><span style="font-weight: normal;">
J. A. Hasse - Salve Regina, antiphon for soprano in G (1744)</span></a></div>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=f1CNNf9iU9Y" rel="nofollow" target="_blank"><span style="font-weight: normal;">Arvo Part - Salve Regina (Full)<br /></span></a></div>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=qfQ1RrZqWCE" rel="nofollow" target="_blank"><span style="font-weight: normal;">Olivier Latry - Salve Regina - Ben Bloor <br /></span></a></div>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Sa biographie est très mal
connue. Entré très jeune dans l'ordre dominicain, vers 1271 il
était lecteur au couvent de Freiberg. Il est probable qu'il vint
étudier à Paris vers 1272/74, mais on ne sait pas sous quels
maîtres. En 1280/81, il était lecteur au couvent de Trèves. Il
revint ensuite à Paris et y donna des leçons sur les Sentences de
Pierre Lombard. Le 7 septembre 1293, il fut nommé supérieur de la
province dominicaine d'Allemagne (Teutonia), poste occupé avant lui
par Albert le Grand, où il demeura jusqu'en mai 1296. C'est lui qui
nomma Maître Eckhart vicaire pour la Thuringe. En 1296 ou 1297, il
devint magister theologiæ à Paris et continua à y enseigner
jusqu'en 1300. Son nom apparaît ensuite dans un chapitre provincial
des dominicains tenu à Coblence en 1303 (où il fut élu «
définiteur »), puis dans les chapitres généraux tenus à Toulouse
en mai 1304 et à Plaisance en septembre 1310. Dans ce dernier, il
fut désigné comme vicarius provinciæ Teutonicæ, dans l'attente de
la nomination d'un nouveau provincial.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
T<span style="font-size: small;">hierry de Freiberg fut un auteur
prolifique : on lui connaît trente-huit ouvrages, composés entre
1285 et 1310 environ. Ils couvrent pratiquement toutes les branches
de la théologie, de la philosophie et des sciences naturelles
connues à l'époque, ce qui fait de Thierry, par la quantité et la
diversité de son œuvre, l'un des principaux héritiers d'Albert le
Grand (mort à Cologne le 15 novembre 1280, mais on ignore si Thierry
l'a jamais rencontré).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Thierry de Freiberg apparaît
principalement comme un représentant du néoplatonisme latin du
Moyen Âge. Il intègre des éléments aristotéliciens et thomistes
à une métaphysique émanatiste et à une psychologie augustinienne.
Une procession causale va d'un principe premier, l'Un, vers les
intelligences, les âmes et les corps. L'un de ses principaux apports
est sa doctrine de l'intellect, et la distinction qu'il fait entre
ens reale et ens conceptuale, remplaçant la vieille distinction
scolastique entre ens naturæ et ens rationis. Ses études sur
l'optique sont également une contribution importante à la
méthodologie scientifique. L'un des premiers grands noms de la
pensée spéculative allemande, il a notamment influencé Maître
Eckhart et Nicolas de Cues.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Trois
églises romanes du IXe au XIe siècle témoignent de l’importance
de l’ancienne abbaye bénédictine sur l’île monastique de
Reichenau dans le Bade-Wurtemberg. Fondé en 724, il est rapidement
devenu l’un des monastères les plus importants du sud de
l’Allemagne. La tradition monastique est encore visible aujourd’hui
dans les fêtes et processions religieuses uniques qui ont lieu sur
l’île.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 align="JUSTIFY"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i>Autres
rivages...</i></span></h1>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZV90e1RdlgcXXW8KsmXXemvzlDnt1ocJPTjQ14aev5oUrXlSSZOFNoYwqu8Kdtx-4RNLNHR9VGddjDcruQAI7fhy0FMaSiyV-FyUPjK5c8gNvqy5FEL0qTOnrKepsR6oj_DY-M1uzOWozlk9BnAsdnMt_XrpdYMF3y2imWOSM-_eaTvw-Z_tF7ba1k_o/s4104/2023%206%2020231111%20reichenau.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2388" data-original-width="4104" height="186" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZV90e1RdlgcXXW8KsmXXemvzlDnt1ocJPTjQ14aev5oUrXlSSZOFNoYwqu8Kdtx-4RNLNHR9VGddjDcruQAI7fhy0FMaSiyV-FyUPjK5c8gNvqy5FEL0qTOnrKepsR6oj_DY-M1uzOWozlk9BnAsdnMt_XrpdYMF3y2imWOSM-_eaTvw-Z_tF7ba1k_o/s320/2023%206%2020231111%20reichenau.jpg" width="320" /></a></span></div><p></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">L’île
de Reichenau près de Constance en Allemagne est célèbre pour ses
trois magnifiques églises romanes. Il y a un millénaire, Reichenau
était au cœur culturel de l’Europe avec le monastère de Kloster
Reichenau, un important centre d’apprentissage. Les trois églises
romanes d’Oberzell, Mittelzell et Niederzell ont survécu à cette
période et sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO. Les peintures murales bien conservées de Reichenau sont
parmi les plus anciennes d’Europe au nord des Alpes.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Reichenau
est une petite île dans la partie Untersee du lac de Constance
(Bodensee) à la frontière entre la Suisse et l’Allemagne. La
production végétale est le pilier de l’économie moderne, mais au
Moyen Âge, Reichenau était un centre culturel important.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Le
premier monastère bénédictin du monde germanophone fut fondé en
724 après J.-C. par Karl Martell sous le nom de Kloster Reichenau.
Pendant la période carolingienne, et jusqu’au début du 13ème
siècle, Reichenau était un important centre d’apprentissage.
L’âge d’or du monastère se situe entre le IXe et le XIe siècle
et les trois églises romanes de l’île datent pour la plupart de
cette période.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">La
basilique à trois nefs de Saint-Georges à Oberzell date en partie
de la fin du IXe siècle et est considérée comme l’un des
meilleurs exemples de l’architecture carolingienne tardive.
L’abside occidentale et le portail datent du XIe siècle, tandis
que certains éléments gothiques datent du XVe siècle. La crypte du
début du IXe siècle ne peut être vue que lors de visites guidées.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">La
principale raison de visiter St Georg est de voir les meilleurs
exemples de peintures murales d’églises de cette période en
Europe au nord des Alpes. Les peintures murales très bien conservées
qui remplissent toute la nef datent d’avant l’an 1000. La plupart
de ces peintures jusqu’à 2 m de haut et 4 m de large illustrent
les miracles accomplis par le Christ.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Un
petit musée a récemment ouvert ses portes près de l’église. Il
vaut la peine de visiter le musée d’abord pour une explication de
l’histoire ainsi que des vues rapprochées des peintures
reproduites.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Mittelzell
est la plus grande ville de l’île de Reichenau et le Münster St
Maria und St Markus est aussi la plus grande église romane de l’île.
Il s’agit du centre originel du monastère de Reichenau, qui n’a
été officiellement dissous qu’en 1757.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">La
basilique à triple nef avec transepts doubles date pour la plupart
du XIe siècle, mais le chœur gothique date du XVe siècle.
Quelques-uns des arcs et des parties du transept sont les
constructions originales consacrées en 816. Les chevrons en chêne,
exposés depuis 1970, ont environ 700 ans. Ils rappellent un navire
inversé et sont typiques de l’époque.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Plusieurs
reliques et reliquaires sont conservés dans le petit trésor
(Schatzkammer). La plus importante est la relique de St Marc qui est
arrivée sur l’île de Reichenau en 830. Plusieurs autres bâtiments
de l’ancien monastère et un jardin d’herbes aromatiques du
monastère peuvent être vus à proximité. Le musée d’histoire
locale se trouve à quelques pâtés de maison près de l’office du
tourisme de Reichenau.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">L’ancienne
église abbatiale Stiftkirche St Peter und Paul est basée sur les
fondations d’une église consacrée à l’origine en 799.
L’actuelle basilique à trois nefs et à deux tours date pour la
plupart des XIe et XIIe siècles, mais son intérieur est surtout
dans le style rococo plus moderne du milieu du XVIIIe siècle.
Cependant, l’œuvre d’art la plus importante de l’église est
une peinture murale du Christ et des apôtres du début du XIIe
siècle.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Un
petit musée à côté de l’église explique l’histoire de
l’église abbatiale ainsi que certains éléments architecturaux.
Les trois musées de l’île de Reichenau sont ouverts d’avril à
octobre du mardi au dimanche de 10h30 à 16h30 (17h30 en juillet et
août). De novembre à mars, les musées ne sont ouverts que les
week-ends de 14h à 17h.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Le
trésor et le chœur gothique de la cathédrale sont ouverts d’avril
à septembre, du lundi au samedi de 10h à midi et de 15h à 17h.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">L’accès
à Reichenau est très facile en voiture car l’île est reliée par
la route à la terre ferme. Reichenau n’est qu’à environ 10 km
de Constance – suivez la B33 en direction de Radolfzell et Singen.
Un parking (payant) est disponible à proximité des trois églises
(carte pdf de l’île de Reichenau).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Les
transports publics sont disponibles environ une fois par heure depuis
Constance. Prenez le train jusqu’à Reichenau (Badenau) et
continuez en bus jusqu’à l’île de Reichenau. La durée totale
du voyage est d’environ une demi-heure. Les horaires et les billets
de train sont disponibles en ligne sur le site des chemins de fer
allemands. Reichenau, et toute la région du lac de Constance, est
très populaire auprès des cyclistes et des randonneurs. L’île
est pour la plupart plate et idéale pour le cyclisme de loisir.
Pendant la saison estivale, les bateaux de plaisance arrivent de
Constance (D) et de Kreuzlingen (CH) et descendent le Rhin jusqu’à
Stein am Rhein et Schaffhausen avec un accès facile à Rheinfall –
la plus grande cascade d’Europe.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Saint-Gall
en Suisse a une histoire étroitement liée à Reichenau, mais est
surtout célèbre pour sa glorieuse bibliothèque baroque, également
classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le plafond roman en
bois peint de l’église Saint-Martin de Zillis près de Coire est
l’un des trois seuls à avoir survécu en Europe et mérite un
détour. Mais il vaut la peine de traverser les Alpes jusqu’à
Müstair, à l’extrême sud-est du canton des Grisons. Le couvent
de Saint-Jean, inscrit sur la liste de l’UNESCO, possède le cycle
le plus important de fresques carolingiennes conservées sur place.</span></p>
<p style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i>Salve Regina...</i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><em><span style="font-style: normal;">Le
Salve Regina est une antienne mariale, dont on ne connaît pas avec
certitude l’auteur : certains pensent qu’il s’agit d’
Herman de Reichenau (IXème siècle), d’autres d’Adhémar de
Monteil, évêque du Puy (Xième), d’autres encore de Pierre de
Monsoro, évêque de Compostelle . L’auteur de cet article attribue
la paternité du Salve Regina au bienheureux Herman Contractus, alias
Herman de Reichenau, et propose un commentaire sur le Salve Regina.</span></em></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Dans
la prière du </span><em><span style="font-style: normal;">Salve
Regina</span></em><span style="font-style: normal;">,
on invoque ainsi Marie : « Enfants d’Ève, nous crions vers
vous… gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes ».
En méditant avec Marie qui défait les nœuds cette belle
antienne mariale, nous pouvons entrevoir comment les nœuds de notre
vie sont dénoués.</span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">« Salut,
ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre espérance,
salut !<br />Enfants d’Ève exilés, nous crions vers
vous ;<br />Vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans
cette vallée de larmes.<br />Ô vous notre avocate, tournez vers nous
vos yeux compatissants.<br />Et, après cet exil, faites-nous voir
Jésus, le fruit béni de vos entrailles.<br />Ô clémente, ô pieuse,
ô douce Vierge Marie ! Amen.”</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Bien
plus qu’une métaphore – la vallée de larmes est réelle </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Le
bienheureux Hermanus Contractus a capté dans ces fameuses lignes du
Salve Regina notre combat contre ces nœuds et la façon dont ils
tirent sur nous sans cesse.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Nous
sommes des enfants d’Ève, aimés par Dieu, mais exilés à cause
de nos péchés et conduits dans une vallée de larmes. Dans notre
détresse, nous crions vers Marie, afin qu’elle nous regarde avec
compassion. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><em><span style="font-style: normal;">Enfants
d’Ève, de cette terre d’exil nous crions vers vous …
gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes.</span></em></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Quelle
image éloquente que cette vallée de larmes ! Le chemin étroit
sur lequel nous marchons, où nous nous sentons si petits et
vulnérables – vers vous nous soupirons – est empiété par des
collines hautes autour de nous. Pour Contractus, cette image était
plus qu’une métaphore : c’était un endroit bien réel,
marqué par la tragédie d’une mère dans le Sud de l’Allemagne. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Contractus
est née sévèrement estropié à Altshausen en Allemagne en 1013.
Supportant une infirmité qui le paralysait en partie et lui causait
beaucoup de douleur, il avait une intelligence vive et était un
fervent catholique. Il devint moine chez les Bénédictins à l’âge
de 20 ans et fut béatifié en 1863.Pendant une visite d’un
monastère de moniales à Buchau, Contractus apprit l’histoire
d’Adelindis de Buchau. Son histoire devint le modèle pour cette
vallée de larmes.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal;"><span style="font-size: small;"> Matthieu Denni <br /></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizNmT0Y0mfNRC0Dt2JQ6BiQPSVAMEntekNQv-2LUGCpVFNl0EWbeips7_r2V010gE6NBXs5n0uZlT0gwlFmxmYqu6oCGGs8X-70qhKz55i4dsz8PQbleqbyKUqy9KOU7i65SMyY5cElh23r3RHzQFeYhCqjFK2_JteFYwcD9-lFbh548NgqH3qfpDkQ-o/s267/2023%206%2020231111%20Salve%20Regina.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="267" data-original-width="189" height="267" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizNmT0Y0mfNRC0Dt2JQ6BiQPSVAMEntekNQv-2LUGCpVFNl0EWbeips7_r2V010gE6NBXs5n0uZlT0gwlFmxmYqu6oCGGs8X-70qhKz55i4dsz8PQbleqbyKUqy9KOU7i65SMyY5cElh23r3RHzQFeYhCqjFK2_JteFYwcD9-lFbh548NgqH3qfpDkQ-o/s1600/2023%206%2020231111%20Salve%20Regina.jpg" width="189" /></a></div><br /><span style="font-size: small;"><br /></span>
<p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;">
<span style="font-size: small;"><br /><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;">
<span style="font-size: small;"><br /></span><br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-55655646293778825192023-11-01T05:08:00.000-07:002024-01-17T09:15:44.932-08:00L'Heure Musicale virtuelle du 3 février 2024<p style="text-align: center;"> <span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>3 février 2024</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>JOHANNES
REUCHLIN</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>1455
– 1522</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>L'Alsace,
les juifs, les cendres... </b></i></span></span>
</p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhILQWGnpjYNvjYvPaelFPcdLxwK2SuQ26gKfVF35RwHwgzuaetoZxbmVAUIqbAMdY7GxSIUiZczPAmSoszpRMd3HtGYdukreTEVv0gyDOJZta88X9nHc4G71hc0uIFECnqDZRB-2bCKdhlQ5K6NWYiiSyoctJm2hz2aHUoxr5vMeNSJJJBAlw1VFkg4BA/s2100/2024-01-20%20Reuchllin%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1400" data-original-width="2100" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhILQWGnpjYNvjYvPaelFPcdLxwK2SuQ26gKfVF35RwHwgzuaetoZxbmVAUIqbAMdY7GxSIUiZczPAmSoszpRMd3HtGYdukreTEVv0gyDOJZta88X9nHc4G71hc0uIFECnqDZRB-2bCKdhlQ5K6NWYiiSyoctJm2hz2aHUoxr5vMeNSJJJBAlw1VFkg4BA/s320/2024-01-20%20Reuchllin%201.jpg" width="320" /></a></div><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300;"><span style="font-size: small;"><i><b>Une
heure en musique...</b></i></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=NCWxgDuT75o" rel="nofollow" target="_blank">Itzhak Perlman: Popular Jewish Melodies, A Yiddishe Mame, מנגינות יהודיות (ref.rec.: Dov Seltzer)</a></div><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;">"La vérité
s'élèvera de la terre et chassera les ténèbres". C'est ce
qu'écrivait dans une lettre Johannes Reuchlin, diplomate, juriste de
pointe, auteur de comédies et l'un des grands érudits d'Europe, peu
avant sa mort. Il y a 500 ans, le 30 juin de l'année 1522, il
succombait à la fièvre jaune à Stuttgart, à l'âge de 67 ans.<br /><br />La
tombe de Reuchlin dans l'église Leonhardskirche de cette ville porte
des inscriptions dans les trois langues que l'homme a initiées avec
passion : Le latin, le grec et l'hébreu. Pour ces deux dernières
langues, il s'agissait d'un acte pionnier, car même les théologiens
les plus cultivés n'avaient étudié leur Bible au Moyen-Âge que
dans la traduction latine de Saint Jérôme, et non dans les deux
langues originales. Johannes Reuchlin disait qu'il vénérait certes
Jérôme, mais que la vérité était plus divine en cas de doute sur
la critique textuelle. Il a donc appris l'hébreu auprès d'érudits
juifs, comme Jakob ben Jechiel Loans, le médecin personnel de
l'empereur Frédéric III. C'est ainsi que Reuchlin est devenu le
fondateur de la judéologie chrétienne.<br /><br />Cependant, la lumière
de la vérité était une chose en soi à l'époque de la Renaissance
et des disputes religieuses. Quelle vérité en effet ? Et avec le
triomphe des nouveaux médias, en l'occurrence l'imprimerie, les deux
étaient alors portés en même temps dans le monde : l'humanisme et
le discours de haine.</span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;">Deux ans avant sa mort,
en 1520, le Vatican à Rome l'avait définitivement attesté à
Reuchlin : son plaidoyer pour la préservation des écrits juifs
était un "livre scandaleux, illicitement favorable aux juifs et
donc offensant pour les chrétiens pieux". L'auteur doit se
taire à jamais dans cette affaire et supporter les frais de justice.
Comme un certain Martin Luther venait de causer des problèmes en
Allemagne, Rome voulait faire des exemples et montrer les limites de
la tolérance.<br /><br />Au début du siècle, des écrits antisémites
d'un converti de Cologne avaient exigé et déjà organisé la
destruction des livres juifs - on enlevait donc leurs livres sacrés
aux communautés juives déjà harcelées. En 1510, l'empereur
demanda à Reuchlin, parmi d'autres érudits et facultés, de donner
son avis sur la question de savoir "si l'on doit prendre aux
juifs tous leurs livres, les détruire et les brûler". Il fut
le seul à se prononcer contre la destruction des livres.<br /><br />Sous
le titre "Augenspiegel" (miroir oculaire) - le symbole des
lunettes était synonyme de lucidité - Reuchlin a avancé trois
arguments. Premièrement, théologiquement : les écrits
d'interprétation juifs font partie de l'histoire du salut et sont
donc également importants pour la compréhension de l'Ancien
Testament par le christianisme. "Notre apôtre Paul a appris
toute la sagesse juive et l'a étudiée chez les rabbins".<br /><br />Le
deuxième argument de Reuchlin était juridique : selon le droit
romain, les Juifs bénéficiaient d'une protection juridique en tant
que citoyens de l'Empire, aucune mission violente n'était donc
autorisée, la protection de la propriété et la liberté religieuse
s'appliquaient à eux. Le troisième argument était humaniste : dans
l'esprit de la "restauration des sciences", les sources
devaient être préservées. Les écrits païens de l'Antiquité ne
seraient pas non plus détruits, même si, du point de vue chrétien,
ils contenaient des choses bien pires encore.<br /><br />C'était une
position courageuse, une opinion minoritaire, qui a valu à Reuchlin
de nombreux ennuis. Il ne faut pas pour autant faire de lui un
philosémite engagé : En tant que chrétien, il voyait les juifs
dans l'erreur concernant le Messie, et il partageait les préjugés
typiques de son époque à leur encontre. Le sioniste et écrivain
Max Brod, ami et éditeur de Franz Kafka, l'a également précisé
dans sa biographie approfondie de Reuchlin, parue en 1965 et
aujourd'hui rééditée dans l'édition des œuvres de Brod. "Le
sort des juifs en Allemagne", écrit Brod, "était alors
sur le fil du rasoir". Et d'ajouter, sarcastique : "En
fait, il l'était presque toujours".</span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;">Mais Max Brod, dont le
frère a été assassiné à Auschwitz, reconnaît également que
Johannes Reuchlin, contrairement à la plupart de ses contemporains,
"a beaucoup appris" en ce qui concerne le judaïsme, et
loue "la douceur et la droiture particulières du caractère de
Reuchlin". La curiosité de Reuchlin pour la mystique juive
était également inhabituelle : dans son trialogue "De arte
Cabbalistica" (1517), il traquait la parenté des premières
doctrines secrètes - une lecture chrétienne de la Kabbale, mais
pleine de respect pour la recherche de la révélation divine
symboliquement cachée dans toutes les religions. Un intérêt que
Reuchlin partageait avec le philosophe de la Renaissance Pic de la
Mirandole, dont il avait fait la connaissance à Florence.
L'historien des religions israélo-allemand Gershom Scholem a rendu
hommage à ces mérites lorsqu'il a reçu le prix Reuchlin en
Allemagne en 1969.<br /></span></span>
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;">Or, il s'agissait de
choses qui ne permettaient pas de devenir un héros national en
Allemagne. "Il était justement un médiateur à tous points de
vue", dit Christoph Koch, qui, en tant que conservateur du
patrimoine dans la ville natale de Reuchlin, Pforzheim, a créé le
musée Reuchlin ouvert en 2008 et fait office de "délégué
Reuchlin". Bien qu'il ait contribué à la révolution de
l'éducation qui a fait la grandeur du protestantisme allemand avec
toutes ses conséquences sur la culture nationale, Reuchlin ne s'est
pas vraiment laissé intégrer dans l'histoire héroïque de Luther.
En effet, il n'a pas rejoint les réformateurs de Wittenberg, mais
est resté catholique, bien qu'il ait recommandé son élève et
parent éloigné Philipp Melanchthon, compagnon d'armes de Luther,
comme premier professeur d'études grecques à Wittenberg et lui ait
donné son nom grec ("Melanchthon" pour "Schwarzerdt").
Mais il ne devint pas non plus un véritable martyr des Lumières
dans les mémoires, car il ne fut pas brûlé sur le bûcher.</span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;">De plus, la défense des
juifs par Reuchlin n'a longtemps pas été mise en avant dans
l'histoire de la réception nationale protestante - de même, on
passait volontiers sous silence les écrits antisémites tardifs de
Luther, publiés vingt ans après la mort de Reuchlin. Quant aux
écrits savants et aux grammaires hébraïques de Reuchlin, ils sont
restés obscurs pour la plupart, même si l'une de ses comédies
("Henno"), écrite à l'origine en latin, a connu un
certain succès.</span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;">Et aujourd'hui ? En cette
année de commémoration, Stuttgart organise une série de
manifestations, mais c'est surtout Pforzheim qui garde vivant
l'héritage de son fils le plus célèbre. Phorcensis, c'est ainsi
que se nommait Reuchlin, originaire de Pforzheim. Dans la ville
située entre Stuttgart et Karlsruhe, qui a été particulièrement
détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, la maison natale de
Reuchlin n'est plus localisable avec précision, mais le musée
Reuchlin a été habilement construit à la place de la bibliothèque
détruite, en tant qu'annexe de la collégiale. À côté se trouvent
les tombes des margraves de Bade, dont la cour a ensuite déménagé
à Karlsruhe. Un congrès scientifique est organisé à l'occasion du
500e anniversaire de sa mort ; dans une ville à fort taux
d'immigration, on essaie habituellement de faire connaître Reuchlin
moins en tant que philologue qu'en tant qu'avocat du multilinguisme,
de la curiosité et de la tolérance. Le musée des bijoux -
Pforzheim est spécialisée dans la mécanique de précision -
célèbre le penchant de Reuchlin pour les bijoux oratoires.</span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Et
au-dessus de tout cela plane un rêve de forme de vie humaniste, que
Johannes Reuchlin a un jour décrit dans une lettre de la manière
suivante : "que toutes les choses divines et humaines soient
discutées de manière impartiale, à l'exemple d'Aristote, en buvant
des coupes toujours pleines, jusque tard dans la nuit"</span></span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;">.</span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;">
</p><br />Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-59734705445607932332023-10-29T01:09:00.000-07:002023-10-31T04:11:35.907-07:00Dimanche de la Réformation 2023 <p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> <span style="color: #009999;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>29
octobre 2023</b></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"></p><br /><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999; font-size: medium;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b></b></i></span></span></p><span style="color: #009999; font-size: medium;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b></b></i></span></span><p></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: #009999; font-size: medium;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b> </b></i></span></span><span style="color: #ff3300; font-size: medium;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>Une
heure en musique...</b></i></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<span style="font-size: medium;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=uLIH9e86Iao" target="_blank">Domenico Scarlatti: Stabat Mater | The Zurich Chamber Singers, Christian Erny</a></span>
</h1><h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<span style="font-size: medium;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=r_vQqqwpC-E" target="_blank">Motetten von Bruckner & Palestrina | The Zurich Chamber Singers (Christian Erny)</a></span>
</h1>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: medium;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>À Zurich...</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: medium;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>Il
y a de cela 500 ans...</b></i></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: medium;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b> </b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTtkls2kxXRejbInSVrS1_J6VEhS09_vHDz-kyTTxnLtVvPSp1bG9ho-mH5bN5e6VhYM_cT1UaqRRHKouvdKTQuaJQJdXy7O4vmhJqyz28N5CK3xpC6r1JCEOItcYWWuoeuPDIf7OtlKnWUvd9OFc08EOzVsNAIbfOaHEIZhInllqgmc1lSiP25rz6Rhc/s1271/2023%205%202021029%20Zwingli%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="924" data-original-width="1271" height="233" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTtkls2kxXRejbInSVrS1_J6VEhS09_vHDz-kyTTxnLtVvPSp1bG9ho-mH5bN5e6VhYM_cT1UaqRRHKouvdKTQuaJQJdXy7O4vmhJqyz28N5CK3xpC6r1JCEOItcYWWuoeuPDIf7OtlKnWUvd9OFc08EOzVsNAIbfOaHEIZhInllqgmc1lSiP25rz6Rhc/s320/2023%205%202021029%20Zwingli%201.jpg" width="320" /></a></span></div><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"> </span><p></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">Théologien
au parcours aussi riche et accidenté que bref et tumultueux,
Huldrych Zwingli (1484-1531) se présente comme le fer de lance de
l’établissement de la Réforme en Suisse dont il formalise les
principes au gré des découvertes théologiques qui accompagnent
depuis 1514 sa lecture intensive des Écritures, et pour la défense
de laquelle il meurt prématurément sur le champ de bataille, à
Kappel, face aux coalisés des cantons catholiques de la
Confédération helvétique.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">En
1523, Zwingli occupe en Suisse alémanique le devant de la scène
religieuse en qualité de prédicateur de la ville de Zurich. Formé
à Berne, passé par l’université de Vienne en 1498 avant que la
guerre de Souabe ne l’engage à regagner celle de Bâle où il
obtient en 1506 le grade de maître ès arts, Zwingli se distingue
par sa culture scolastique associée à une riche formation
humaniste, liée à l’enseignement de Wölflin (et
vraisemblablement de Celtis) mais aussi à l’influence profonde de
la pensée et des œuvres d’Érasme dont il s’imprègne sans
cependant y être inféodé. Ce lecteur de Thomas d’Aquin et de
Jean Duns Scot, qui s’avère pourtant un occamiste gagné à la </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">via
moderna</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
passe pour n’être le disciple servile d’aucune école de pensée.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">A
l’heure de la rédaction des </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
l’homme a déjà un long parcours derrière lui. Curé à Glaris de
1506 à 1516, puis prêtre nommé à la tête de l’Église de
Zurich par le chapitre cathédral de la ville qui, en 1519, lui en
confie la rénovation morale, Zwingli se révèle un prédicateur
audacieux s’émancipant des commentaires pour se centrer sur les
textes bibliques. Desservant dans l’intervalle l’abbaye
bénédictine d’Einsiedeln avant que d’être appelé à la
cathédrale de Zurich à titre de Leutpriester, il se montre très
tôt critique, n’épargnant ni Rome ni les dignitaires
ecclésiastiques locaux dont il désapprouve entre 1510 et 1516 le
recrutement de mercenaires à la solde du pape à l’occasion des
guerres d’Italie, et dont il condamne en 1518 la campagne
d’indulgences prêchée par Bernhard Samson dans le canton de
Schwytz.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">Si
la chronologie de la transition réformatrice du théologien – que
Zwingli date de 1516 et fait débuter avec sa prédication des
Écritures seules (avant même que Luther n’entre en scène) –
demeure incertaine, elle est en revanche attestée au plus tard en
1522. Un an avant qu’il ne présente publiquement ses thèses,
Zwingli a déjà rédigé plus d’une quinzaine de textes et signe
ses tout premiers écrits réformateurs, se distançant
progressivement de l’Église établie dont il conteste, depuis sa
nomination en 1519 à Zurich, aussi bien le culte des saints que les
abus liés au prélèvement de la dîme, tout en soutenant, depuis la
dispute de Leipzig de juillet 1519, la diffusion des écrits
subversifs du moine de Wittenberg. La tonalité réformatrice de ses
prêches n’échappe pas au chanoine Hofmann dont les rappels
restent cependant lettre morte.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: medium;"><a name="pa5"></a><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2017-1-page-35.htm#pa5"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">5</span></span></span></span></a></span></span><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les
</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
sont à replacer dans une série de préalables et d’écrits
décisifs. En particulier une suite de protestations engagées à
l’appui des Écritures entre le printemps et l’été 1522 (contre
les interdits alimentaires de carême, la subordination politique de
la Confédération à l’égard des puissances étrangères, contre
le célibat contraint des clercs et l’intercession des saints) qui
accompagnent sa proclamation de l’autorité suprême du texte
scripturaire sur la Tradition et le magistère ecclésiastique et,
sans mot dire, l’introduction de la Réforme. Car sa défense de la
primauté des Écritures, qui lui dicte de tenir à distance de la
doctrine et du culte tout ce qui semble avoir été surajouté au
dogme par les hommes, l’amène à redéfinir la hiérarchie des
pouvoirs. En cette année 1522, Zwingli rédige deux textes majeurs
dans lesquels il précise ses conceptions et martèle la suprématie
de la Parole sur toute forme d’autorité ecclésiale et savante.
Répliquant à l’évêque de Constance qui le sommait de s’en
tenir à l’ordre ecclésial traditionnel et l’accusait de
compromettre l’unité de l’Église chrétienne, le prédicateur
présente les Écritures dans son </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Apologeticus
Archeteles</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
(août 1522) non plus comme un privilège d’érudits (une
compétence) mais comme un « bien commun », qu’il pense
en terme de guide souverain du chrétien, duquel jaillit la Parole du
Christ, rocher unique de l’</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">ecclesia.</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
La rupture avec l’épiscopat est consommée. Un mois plus tard, son
traité </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">De
la clarté et de la certitude ou puissance de la parole de Dieu</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
(septembre 1522) fait du texte scripturaire le ressort essentiel de
la foi et l’instance normative dont la toute-puissance accompagne
la révélation et mène le croyant à une juste compréhension de
l’Évangile. L’auteur tient qu’aucune adjonction de main
d’homme au texte biblique ne peut avoir force de loi, dissociant </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">de
facto</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de l’autorité scripturaire et de la révélation, la littérature
patristique, conciliaire et romaine. Un à un, les principes
réformateurs s’énoncent.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Exposé
aux critiques redoublées des conservateurs à la diète de Lucerne
de mai 1522 mais soutenu par le Conseil de ville qui, par ordonnance,
fait désormais de la prédication fondée sur les Écritures la
norme, le théologien prend l’initiative de se démettre en
novembre 1522 de ses fonctions ecclésiastiques. Par ce geste de
rupture, considéré comme symbolique de son passage à la Réforme,
Zwingli opère un transfert de légitimité en se soustrayant à
l’autorité de l’évêque de Constance au bénéfice de la
reconnaissance du Conseil de ville, qui le confirme dans son
ministère en qualité de prédicateur mandaté par les représentants
de la cité. Cette décision, qui témoignait aussi de la
détermination du Conseil de Zurich à s’affranchir de la
juridiction épiscopale pour mieux renforcer ses prérogatives en
matière d’arbitrage politique et religieux, profite à
l’initiative zwinglienne. Toutefois, bien que le Conseil de ville,
ouvert aux idées nouvelles, en accompagne la progression, le passage
à la Réforme est encore en balance. En ce début d’année 1523,
Zurich demeure catholique. La mue n’a pas encore eu lieu. C’est
là l’effet des </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
qui engagent la mutation confessionnelle.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Face
aux tensions qui s’exacerbent et aux troubles qui menacent, le
Conseil convoque une </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">disputatio</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de façon à trancher les différends religieux. Zwingli saisit
l’opportunité de ce débat théologique public pour y exposer les
principes de sa prédication. Tel est le cadre et l’objet de la
rédaction précipitée des </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
(</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Schlussreden</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">)
qu’il présente le 29 janvier 1523 devant un parterre de six cents
auditeurs réunissant près de quatre cents clercs du canton et deux
cents laïcs membres du Petit et du Grand Conseil de Zurich. Parmi
les religieux se trouvent le vicaire général Johannes Fabri et les
dignitaires du clergé dépêchés sur place par l’évêque de
Constance, Hugo von Landenberg qui, refusant de s’y rendre,
entendait maintenir le rapport de force à son avantage sans
s’abaisser à disputer avec l’un de ses obligés. L’enjeu est
de taille, car en sollicitant d’examiner la validité de la
prédication réformée de Zwingli à l’aune de la Bible, le
Conseil de ville se fixait ni plus ni moins de décider entre
l’autorité de l’Église et celle des Écritures, en se
prononçant sur les principes réformateurs qui en sous-tendent la
redéfinition.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Rédigées
et prononcées en allemand de façon à être entendues dans la
langue commune des auditeurs, ces propositions forment en elles-mêmes
une étape charnière. Le texte articule l’une des deux grandes
disputes constitutives de la Réformation suisse qui, en janvier et
en octobre 1523, en accompagnent l’introduction dans l’espace
helvétique. En ce sens, les </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
ne représentent à proprement parler ni un début ni un terme, mais
une transition décisive. On se situe avec elles à un point de
bascule. Leur exposé annonce le passage de Zurich dans le camp de la
foi nouvelle, appelée à devenir la première cité réformée. Si
l’on peut considérer les préalables signalés en amont comme
autant de jalons de l’initiative réformatrice, les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
en théorisent l’énoncé en même temps qu’elles en
matérialisent l’avancée. Sans clore pour autant le débat
théologique, la dispute de Zurich du 29 janvier 1523 amorce un
processus irréversible. Dans la chronologie accidentée et
l’établissement graduel de la Réforme en Suisse, les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
occupent ainsi une place de choix. L’historiographie ne s’y est
pas trompée, qui voit dans cette rencontre et avec cet écrit de
l’hiver 1523 une Réforme définitivement engagée. Les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
font en effet figure de déclarations fondatrices dans la mesure où,
d’un même élan, elles annoncent et opèrent le renversement des
autorités normatives, duquel nait l’Église réformée de Zurich.
Et néanmoins, Ermmano Genre a raison de souligner que la dispute du
29 janvier représente une reconnaissance officielle d’un principe
– en l’occurrence le principe d’une prédication évangélique
fondée sur les seules Écritures – déjà adopté.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Majeur,
le texte l’est à divers titres, car les </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
passent également pour l’exposé le plus complet de la théologie
zwinglienne dont le commentaire substantiel, qui en est donné en
juillet suivant, se présente comme le premier traité de dogmatique
évangélique en allemand. Au reste, l’une et l’autre des
versions se sont trouvées comparées aux textes parmi les plus
célèbres de la Réforme. Les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
ici traduites, l’ont été vis-à-vis des </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">95
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de Luther (dont elles partageaient le retentissement tout en s’en
dissociant par l’étendue des domaines et des sujets abordés),
tandis que leur Commentaire étayé a été assimilé à
l’</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Institution
de la religion chrétienne</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de Calvin dans la mesure où ces textes furent d’égale importance
pour leur Église naissante.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Composées
sous forme d’énoncés lapidaires, taillées pour la dispute
théologique dont elles pointent les sujets de controverse, les
</span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Schlussreden</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
ont un caractère programmatique sinon organique. Texte </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">a
priori</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de circonstance, élaboré entre deux séries de traités zwingliens
majeurs dont elles articulent la reconnaissance, les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
apparaissent cependant comme la pièce maîtresse de l’énoncé
théorique et pratique de la théologie réformatrice en marche, dont
la </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Brève
instruction chrétienne</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
rédigée à l’attention des prédicateurs à l’automne 1523,
forme la pédagogie et accompagne l’établissement après la
seconde dispute d’octobre 1523 à laquelle, cette fois, étaient
convoqués les membres de l’ensemble de la Confédération.
Insistons sur ce point. Pour décisives qu’elles soient en matière
d’énoncé, les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
établissent les principes réformateurs sans en désigner
l’instauration, qui s’échelonne sur plus de deux ans, jusqu’à
l’abolition définitive de la messe en septembre 1525. Soulignons
avec Peter Stephens que leur formulation est datée dans la mesure où
les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
constituent le canevas d’une théologie dont ni l’élaboration ni
la compréhension ne sont encore closes. À ce titre, les
</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Schlussreden</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
donnent à entendre et à saisir une Réforme en train de se dire.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
réformateur déploie en soixante-sept articles une théologie
nettement christocentrique qui tient l’autorité ecclésiale pour
subalterne sinon pour parasite et mortifère dès lors qu’elle se
met à disputer au Christ ses prérogatives. Zwingli, qui pose le
Christ en chef unique de l’Église – en « capitaine »
du genre humain –, loge son propos dans le texte scripturaire.
Soyons exact. Non qu’il l’y enracine, mais plutôt qu’il le
laisse advenir de la Parole elle-même. Là se veut l’épicentre de
la théologie zwinglienne arrimée aux Écritures que le réformateur
qualifie de </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Theopneustos</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
« c’est-à-dire, précise-t-il, inspirées de Dieu »,
et fondée sur l’Esprit duquel dépend leur compréhension idoine.
Les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
se présentent comme le programme d’une fidélité à la Parole de
Dieu, sinon leur émanation, et l’esquisse d’une doctrine qui
tire sa force, pour le dire avec Pollet, de son principe premier basé
sur la norme scripturaire. Celle-là même que ses plus proches
adversaires, sortis des rangs de la Réforme magistérielle, ne
tardèrent pas à lui contester tandis que Zwingli revendiquait d’en
faire la matrice de toute son argumentation théologique.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">C’est
de cette considération première et ultime de l’Évangile par
lequel débutent et s’achèvent les </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
que découlent l’interprétation zwinglienne de l’Église, sa
compréhension du rôle du Magistrat, de même que sa définition du
ministère. La complétude des Écritures, qui à la fois les rend
indépendantes du magistère et en fait un enseignement autosuffisant
(sans équivalent ni possible codicille), doit selon lui amener le
croyant à recentrer sa foi sur le Christ, « unique et éternel
grand-prêtre », médiateur exclusif et seul chemin de salut
duquel tout procède. Zwingli veut faire entendre que la quintessence
du message biblique – « la somme de l’Évangile » –
se fonde sur la rédemption qui offre à l’homme de le réconcilier
à Dieu. Là réside l’enseignement majeur qui n’a besoin d’aucun
addenda. La souveraineté du Christ et de sa Parole réduit à néant
l’exclusive ecclésiale et rend obsolètes les ordonnances humaines
dans l’économie du salut. Relevant la disjonction entre le message
christique et les usages cléricaux, Zwingli en appelle à renouer
avec la volonté de Dieu dont l’Esprit doit favoriser la claire
appréhension. Chez le réformateur, le recentrement sur la Parole
n’est pas l’apanage des prédicateurs mais l’affaire de tous
les croyants, l’effet d’une vigilance conjointe. De là sa
relecture critique de tout ce qui lui semble, dans
l’Église-institution (titre de pontife et pompe cléricale), dans
la liturgie et le dogme (aspect sacrificiel de la messe ;
intercession des saints ; purgatoire et messe pour les morts),
attenter à l’autorité du Christ, à la gloire et à la justice de
Dieu (œuvres méritoires et salvifiques ; rémission des
fautes). De là aussi le rejet de tout ce qui en insulte les
préceptes (biens et richesses ecclésiastiques ; préséance
des clercs ; monnayage de la rémission des fautes ;
minoration ou déni de la repentance sincère) et se pose indûment
en commandements (interdits alimentaires ; fêtes et
pèlerinages ; vêtements et insignes ; célibat des
ecclésiastiques). La fraternité chrétienne, qui postule une
stricte équité entre croyants, contredit toute forme de domination
des uns sur les autres. À l’appui des Écritures seules, la
théologie zwinglienne entend libérer le croyant d’une
réglementation aussi artificielle et tyrannique qu’infondée. La
communauté chrétienne est appelée à s’émanciper de toute forme
d’assujettissement humain, et se trouve dégagée des obligations
religieuses arbitraires, autrement dit sans fondement scripturaire
(jeûne, fêtes, actes de pénitence imposés notamment). Zwingli en
appelle à rétrocéder au pouvoir temporel ce que l’autorité
spirituelle a progressivement usurpé en matière de droit et de
protection du droit, en invitant les dignitaires ecclésiastiques à
réintroduire le Christ (« à dresser la croix ») en lieu
et place de la puissance qu’ils se sont arrogés. En fait
d’autorité, celle du Magistrat doit s’exercer conformément à
ce que requiert la justice divine dont elle tire sa légitimité.
Fondamentalement contractuelle, cette autorité civile doit pouvoir
rendre compte de son action politique, que le respect des Écritures
(des principes de charité et de probité) engage en matière
d’exercice du pouvoir. Dans ce réquisitoire qui tient
l’Église-institution pour seconde et désacralise la fonction
ecclésiastique, Zwingli s’ouvre d’une part sur le ministère
qui, chez le réformateur, se limite à celui de la Parole, et
d’autre part sur la foi, semblable à un recueillement. Défendant
une prédication de l’Évangile expurgée des autorités
subalternes, le texte n’est pas sans écho à la dénonciation
luthérienne du trafic des indulgences et le marchandage du repentir.
On y trouve aussi formulée sa conception mémorielle de la cène.
Soucieux d’organiser la transition confessionnelle qu’il
sollicite d’engager sans recourir à la force (en proposant de
procéder à la sécularisation progressive des biens ecclésiastiques
et d’abandonner les récalcitrants à Dieu, pourvu qu’ils ne
contreviennent à l’ordre public), Zwingli se montre volontiers
disposé à débattre sur les sujets polémiques (entre autres la
dîme et le baptême des petits enfants), tandis que pour l’heure
il déroule ses thèses sans que la joute annoncée n’ait lieu,
faute d’adversaires parvenant à le contredire s’il faut en
croire la conclusion de la </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">disputatio</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
établie par les membres du Conseil de la ville. Parti des Écritures,
Zwingli en décline les principes théologiques, la portée cultuelle
et ecclésiologique, les corollaires politiques et sociétaux en
matière de liberté, de droit et de gouvernance. C’est dire
l’allure systémique du programme des </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Évaluées
conformes aux Écritures, ces </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Schlussreden</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
obtiennent l’approbation du Conseil de Zurich qui avalise la
prédication de Zwingli, et avec elle sa théologie, qu’il continue
alors de déployer. L’effet est immédiat. À moins que quelqu’un
puisse persuader d’une doctrine meilleure, les prédicateurs du
canton sont sommés de prêcher la Bible seule (« et rien
d’autre – stipule la </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">conclusion</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de la dispute – qui ne puisse être démontré par le saint
Évangile et la sainte Écriture. Le chapitre pourtant n’est pas
clos. La scission confessionnelle se renforce au contraire. En avril
1524, la diète réunie à Lucerne à l’initiative des
représentants catholiques qui souhaitent en découdre se prononce
pour la suspension des premières mesures évangéliques et le
maintien du culte traditionnel. Les cantons catholiques de Lucerne,
Uri, Schwytz, Unterwald, Zoug avec Fribourg et Soleure, qui
s’opposent à l’établissement de la Réforme, organisent leur
riposte au sein de l’alliance de Beckenried (8 avril 1524) qui
annonce les affrontements à venir. Et cependant, les </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de la dispute du 29 janvier 1523 enclenchent un processus sans
retour. Malgré la pression catholique, le Conseil de Zurich engage à
l’été 1524 la réforme du culte, puis en janvier 1525 la
dissolution des couvents, et à Pâques 1525 la première célébration
de la cène commémorative. Depuis Zurich, le courant réformé prend
son élan à l’appui des </span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">67
thèses</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
qui en sont le signal.</span></span></span></span></span></p>
<p><span style="color: #ff3300; font-size: medium;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>Les
67 thèses :</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">Les
articles et les avis qui suivent, je reconnais, moi, Huldrich
Zwingli, les avoir prêchés dans la vénérable ville de Zurich sur
la base de l’Écriture qui est théopneuste, c’est-à-dire
inspirée de Dieu, et je m’offre à les défendre et les démontrer
avec ces articles. Et là où je n’ai pas correctement compris
l’Écriture, je suis prêt à me laisser corriger, mais seulement
d’après ladite Écriture.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[I.
Du fondement de l’Évangile]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">1.
Tous ceux qui disent que l’Évangile n’est rien sans la
légitimation de l’Église se trompent et insultent Dieu.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">2.
La somme de l’Évangile, c’est que notre Seigneur Christ Jésus,
vrai fils de Dieu, nous a annoncé la volonté de son Père céleste
et, par son innocence, nous a délivrés de la mort et nous a
réconcilié Dieu.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">3.
D’où Christ est le seul chemin vers la béatitude pour tous ceux
qui étaient, sont et viennent.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">4.
Qui cherche ou montre une autre porte erre, il est un meurtrier des
âmes et un voleur.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">5.
C’est pourquoi tous ceux qui considèrent d’autres enseignements
comme égaux ou comme supérieurs à l’Évangile errent, ne savent
pas ce qu’est l’Évangile.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">6.
Car Christ Jésus est le guide et le capitaine promis par Dieu et,
aussi, fourni pour tout le genre humain.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">7.
Qu’il est un salut éternel et la tête de tous les croyants, qui
sont son corps, mais qui est mort et ne peut rien sans lui.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="margin-left: 40px;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">8.
De là s’ensuit : d’une part que tous ceux qui vivent en la
tête sont membres et enfants de Dieu, et c’est l’Église ou
communauté des saints, une maîtresse de maison (Hausfrau) du
Christ : </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">ecclesia
catholica</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">9.
D’autre part que, de même que les membres du corps ne peuvent rien
sans l’administration de la tête, ainsi, dans le corps du Christ,
personne ne peut rien sans sa tête, Christ.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">10.
De même que l’être humain est sourd quand les membres effectuent
quelque chose sans la tête, se déchirant, se blessant,
s’endommageant lui-même, de même, lorsque les membres du Christ
essaient quelque chose sans leur tête, Christ, ils sont sourds, se
frappant et se compliquant la vie avec des lois stupides.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">11.
De là nous voyons que les dispositions de ceux qui sont appelés
spirituels [= le clergé] sur leur pompe, leurs richesses, leurs
classes, leurs titres, leurs lois, sont la source de toute
absurdité ; car ils ne sont pas en accord avec la tête.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">12.
Alors ils se débattent encore, non pas à cause de la tête – car
c’est ce qu’on s’efforce dans ce temps-ci de rétablir, par la
grâce de Dieu –, mais au contraire parce qu’on ne veut plus les
laisser faire les fous, mais les unir à la tête.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">13.
Là où on écoute la volonté de Dieu, on l’apprend purement et
clairement, et l’être humain est attiré vers elle par l’Esprit
et transformé en elle.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">14.
C’est pourquoi tous les chrétiens doivent engager tous leurs
efforts à ce que l’Évangile du Christ, seul, soit prêché en
tout lieu.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">15.
Car dans la foi en lui se tient notre salut, et l’incrédulité est
notre perdition ; car toute vérité est claire en lui.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">16.
On apprend dans l’Évangile que doctrines et ordonnances humaines
ne servent en rien à la béatitude.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[II.
De la compréhension évangélique de l’Église]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Du
pape.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">17.
De ce que Christ est un unique et éternel grand-prêtre, on mesure
que ceux qui se sont donnés comme souverains pontifes s’opposent à
la gloire et à l’autorité de Christ, les rejettent.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[De
la messe.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">18.
Que Christ se sacrifia lui-même une fois pour toutes, un sacrifice
ayant cours et acquittant le péché de tous les croyants ; de
là on mesure que la messe n’est pas un sacrifice, mais une mémoire
faite du sacrifice et l’assurance de la délivrance dont Christ
nous a fait la preuve.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[De
l’intercession des saints.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">19.
Que Christ est un médiateur unique entre Dieu et nous.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">20.
Que Dieu veut tout nous donner en son nom ; de là découle que
nous n’avons besoin, en dehors de ce temps, d’aucun médiateur si
ce n’est de lui.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">21.
Que tant que nous prions sur terre les uns pour les autres, nous le
faisons sous telle forme que nous ne mettons notre confiance qu’en
ceci : que toutes choses nous sont données par Christ.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Des
bonnes œuvres.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">22.
Que Christ est notre justice ; de là nous mesurons que nos
œuvres sont bonnes tant qu’elles sont de Christ, mais que tant
qu’elles sont nôtres, elles ne sont pas justes, pas bonnes.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Des
biens des ecclésiastiques.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">23.
Que Christ rejette les biens et la pompe de ce monde ; de là
nous mesurons que ceux qui attirent à eux la richesse en son nom
l’insultent grossièrement, dans la mesure où ils en font la
couverture de leur cupidité et de leur malice.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Des
interdits alimentaires.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">24.
Que chaque chrétien est libre des œuvres que Dieu n’a pas
commandées, qu’il a en tout temps le droit de manger de tous les
aliments ; on apprend de là que les dispenses concernant le
fromage et le beurre sont une fourberie romaine.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Des
fêtes et pèlerinages.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">25.
Que le temps et les lieux sont soumis aux chrétiens, et non l’homme
à ceux-là ; on apprend de là que ceux qui règlementent le
temps et les lieux dérobent aux chrétiens leur liberté.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Des
robes, des vêtements, des insignes.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">26.
Que rien n’est plus détestable à Dieu que l’hypocrisie ;
on apprend de là que tout ce qui s’embellit devant les hommes est
pure hypocrisie et corruption. Ici tombent robes, insignes, tonsures
etc.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Des
ordres et sectes.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">27.
Que tous les chrétiens sont frères de Christ et frères les uns des
autres, qu’aucun sur terre ne doit être gonflé comme père. Là
tombent ordres, sectes, confréries religieuses.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Du
mariage spirituel.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">28.
Que tout ce que Dieu permet ou n’interdit pas est juste ; on
apprend de là que le mariage convient à tout être humain.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">29.
Que tous ceux que l’on appelle spirituels pèchent si, après avoir
constaté en eux-mêmes que Dieu ne les avait pas pourvus du don de
chasteté, ils ne se protègent pas par le mariage.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Du
vœu de chasteté.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">30.
Que ceux qui promettent chasteté se surestiment de façon infantile
et folle ; on apprend de là que ceux qui reçoivent de tels
vœux agissent de façon coupable à l’égard des gens pieux.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[III.
De la compréhension évangélique de la politique et de la cité]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">Du
bannissement</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">31.
Qu’aucun humain ne peut imposer le bannissement à quelqu’un,
mais seulement l’Église, c’est-à-dire la communauté dans
laquelle habite celui à bannir, avec le gardien, le pasteur.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">32.
Que l’on ne doit bannir que celui qui offense l’ordre public.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[Des
biens injustifiés.]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">33.
Que le bien injustifié ne doit pas être donné aux temples, aux
cloîtres, aux moines, aux prêtres, aux nonnes, mais aux
nécessiteux, s’il ne peut être retourné à son juste
propriétaire.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">De
l’État</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">34.
L’autorité nommée spirituelle n’a aucune raison à sa pompe
dans l’enseignement de Christ,</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">35.
mais l’autorité civile tire force et stabilité de l’enseignement
et de l’œuvre de Christ.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">36.
Tout ce que l’ordre appelé spirituel prétend détenir en matière
de droit et de protection du droit revient aux autorités civiles, si
elles veulent être chrétiennes.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">37.
Tous les chrétiens sont aussi tenus de leur obéir, personne n’étant
excepté,</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">38.
tant qu’elles n’ordonnent rien qui s’oppose à Dieu.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">39.
C’est pourquoi toutes leurs lois doivent être conformes à la
volonté de Dieu, c’est-à-dire qu’elles protègent les
nécessiteux, même s’ils ne se plaignent pas encore.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">40.
Elles seules peuvent mettre à mort à bon droit, et seulement ceux
qui offensent l’ordre public, sans provoquer la colère de Dieu –
à moins qu’il commande autre chose.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">41.
S’ils servent droit, conseil et aide à ceux pour lesquels ils
auront à rendre compte devant Dieu, ceux-ci leur sont aussi
redevables de les soutenir matériellement.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">42.
Si en revanche ils commettent des malversations et qu’ils se
conduisent hors de la ligne de Christ, ils doivent être destitués,
avec Dieu.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">43.
En somme : l’empire le meilleur et le plus solide est celui
qui règne avec Dieu seul, et le plus mauvais et le plus instable,
celui qui règne selon sa propre humeur.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">[IV.
De la compréhension évangélique de la cure d’âme]</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">De
la prière</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">44.
Les vrais adorateurs invoquent Dieu en esprit et vérité, sans
grande clameur devant les gens.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">45.
Les hypocrites accomplissent leurs œuvres de façon à être vus des
hommes ; ils reçoivent aussi leur récompense dans ce temps-ci.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">46.
Il doit s’ensuivre que cantiques et clameurs [présentés] sans
recueillement et seulement pour récompense cherchent ou bien la
gloire devant les hommes ou bien quelque gain.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">Du
scandale</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">47.
L’être humain doit accepter la mort physique plutôt que de
scandaliser ou de déshonorer un chrétien.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">48.
Celui qui veut se scandaliser par sottise ou ignorance, on ne doit
pas le laisser demeurer malade ou petit, mais on doit le rendre fort,
afin qu’il ne tienne pas pour péché ce qui n’est pas péché.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">49.
Je ne connais pas de plus grand scandale que le fait qu’on ne
laisse pas les prêtres avoir de femmes, mais qu’on leur accorde
d’avoir des prostituées pour de l’argent.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">De
la remise des péchés</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">50.
Dieu seul remet les péchés par Jésus Christ, son Fils, notre
Seigneur, lui seul.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">51.
Celui qui attribue cela à la créature retire à Dieu sa gloire et
la donne à ce qui n’est pas Dieu. C’est une vraie idolâtrie.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">52.
C’est pourquoi la confession, qu’elle soit faite au prêtre ou au
prochain, ne doit pas être proposée en vue d’une rémission des
péchés, mais seulement de la recherche de conseils.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">53.
Des pénitences imposées venant de conseils humains – à
l’exception du bannissement – n’ôtent pas le péché, elles
sont imposées à d’autres pour susciter l’effroi.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">54.
Christ a porté toutes nos douleurs et notre peine. Celui donc qui
attribue aux œuvres de pénitence ce qui n’appartient qu’à
Christ seul, erre et insulte Dieu.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">55.
Celui qui refuse de remettre quelque péché à un être repentant
n’agit pas à la place de Dieu ni de Pierre, mais du diable.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">56.
Celui qui remet quelque péché seulement pour de l’argent est le
compagnon de Simon et de Balaam et, à proprement parler, le messager
du diable.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">Du
purgatoire</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">57.
La vraie, la sainte Écriture ne connaît aucun purgatoire après ces
temps-ci.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">58.
Le verdict sur les trépassés n’est connu que de Dieu seul.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">59.
Et moins Dieu nous a donné à en savoir, moins nous devons
entreprendre d’en savoir.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">60.Que
l’être humain invoque soigneusement Dieu pour les trépassés afin
qu’il leur manifeste sa grâce, je ne le rejette pas. Cependant,
établir pour cela des temps et mentir pour le gain n’est pas
humain, mais diabolique.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">De
la prêtrise</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">61.
Du caractère [de l’ordination] dont les prêtres ont été marqués
ces derniers temps, l’Écriture divine ne sait rien.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">62.
Elle ne reconnaît non plus aucun prêtre, si ce n’est ceux qui
annoncent la parole de Dieu.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">63.
À ces derniers, il faut rendre honneur, c’est-à-dire les servir
en nourritures matérielles.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><h1 align="JUSTIFY" class="western" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">De
la cessation des abus</span></h1><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">64.
Tous ceux qui reconnaissent leurs erreurs, on ne doit les forcer à
aucune rétribution, mais les laisser mourir en paix, et ensuite
gérer chrétiennement les biens ecclésiastiques.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">65.
Ceux qui ne veulent pas les reconnaître, Dieu s’arrangera bien
avec eux. C’est pourquoi on ne doit exercer aucune violence sur
leur corps, si ce n’est qu’ils se comportent de manière si
incontrôlable qu’on n’aimerait pas l’éviter.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">66.
Tous les supérieurs spirituels doivent s’abaisser avec la plus
grande hâte et dresser la croix de Christ, pas les caisses, ou ils
vont y passer. La hache est près de l’arbre </span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">67.
Si quelqu’un avait envie d’entrer en débat avec moi sur les
intérêts, sur la dîme, sur les petits enfants non baptisés, sur
la confirmation, je me tiens à disposition pour répondre.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">Que
personne n’entreprenne ici de disputer avec sophistication ou folie
humaine, mais qu’il vienne pour prendre l’Écriture comme juge,
afin que la vérité, on la trouve ou, si elle est trouvée – ce
que j’espère –, qu’on la garde. Amen.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: medium;">À
la garde de Dieu.</span></p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span style="font-size: medium;"><br /></span>
</p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span style="font-size: medium;"><br /></span>
</p><div style="margin-left: 40px; text-align: left;">
</div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 40px; text-decoration: none;">
<span style="font-size: medium;"><br /></span>
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-1325466250501297832023-10-28T08:00:00.000-07:002023-10-31T04:11:55.095-07:00L'Heure Musicale virtuelle du 28 octobre 2023<p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"> <span style="color: #009999;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i><b>28
octobre 2023</b></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999; font-size: small;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i><b>ALBERTUS
MAGNUS </b></i></span></span>
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999; font-size: small;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i><b>1193/1206
– 1280</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999; font-size: small;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i><b>Alchimie
mystique</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGx6YH8eyDfxqqrjUH_elB8Wh7hpkgpi33UnO57KFmASZQh3HacZ8TvPOinhhmBmVE6PHbzkf-vrjVyEsSVQid0FTv7SO7t_Qwv4GaGC6ZzxYfqwR5A7_xpk1sOadYrjejuP0IxEk0eqcK66hiCFNZo6FJjdbLftfB4l4soAcQ3ZsNy6MXLTBth8i8jx8/s540/2023%204%2020231028%20Albert%20le%20Grand.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="341" data-original-width="540" height="202" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGx6YH8eyDfxqqrjUH_elB8Wh7hpkgpi33UnO57KFmASZQh3HacZ8TvPOinhhmBmVE6PHbzkf-vrjVyEsSVQid0FTv7SO7t_Qwv4GaGC6ZzxYfqwR5A7_xpk1sOadYrjejuP0IxEk0eqcK66hiCFNZo6FJjdbLftfB4l4soAcQ3ZsNy6MXLTBth8i8jx8/s320/2023%204%2020231028%20Albert%20le%20Grand.jpg" width="320" /></a></div><br /><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i><b>Une
heure en musique...</b></i></span></span><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=yPB6e_-b5n0"><span style="font-family: Arial, sans-serif;">https://www.youtube.com/watch?v=yPB6e_-b5n0</span></a></u></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=rcRYi0UKyMM">https://www.youtube.com/watch?v=rcRYi0UKyMM</a> </span></u></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Jeune
étudiant issu d'une famille noble de Bavière, les premières années
de sa vie nous sont mal connues. Il naquit à Lauingen ville située
sur les bords du Danube. Il
entra dans l'Ordre des Prêcheurs ou dominicains. Très doué pour
les études, il ne passe pas inaperçu et très vite il est chargé
d'enseignements tout en poursuivant ses recherches personnelles. Sa
grande préoccupation est de rendre accessible au monde latin la
pensée du philosophe grec Aristote, redécouvert à travers la
tradition arabe de Cordoue. Il veut l'harmoniser avec la pensée
chrétienne. </span></p><p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Professeur à Paris, il se prend d'amitié avec un
de ses étudiants tout aussi doué que lui :Saint Thomas d'Aquin,
amitié fidèle et sans faille. Lorsqu'Albert se rend à Cologne
poursuivre son enseignement, son disciple saint Thomas le suit. Quand
son disciple sera accusé d'hérésie, le vieux maître Albert fera
le voyage de Cologne pour prendre sa défense. </span>
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Il
aurait aimé consacrer toute sa vie à la pensée et à
l'enseignement. Mais il est religieux, alors par obéissance, il
devient provincial dominicain et bientôt évêque de Ratisbonne
(Regensburg). <br /></span>
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Deux
années suffisent pour qu'on se rende compte que le dévouement est
insuffisant, alors on le rend à ses chères études. Son savoir est
quasi encyclopédique au point qu'on veut en faire un maître de
l'ésotérisme. Mais sa foi est encore plus grande que sa théologie
et sa philosophie: "C'est pourquoi on le dit Notre Père, il
n'est pas de prière douce et familière qui commence d'une manière
plus familière et plus douce", écrit-il dans son commentaire
de Saint Matthieu <br /><br />L’Église l'a proclamé docteur de l’Église
et patron des scientifiques.<br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i><b>Alchimie...</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="RIGHT" style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"><i>Voici
les principes du Alkimia : </i></span>
</p>
<p align="RIGHT"><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"><i>« —
L'alchimiste sera discret et silencieux. Il ne révélera à personne
le résultat de ses opérations. </i></span>
</p>
<p align="RIGHT"><span style="font-size: small;">— <span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i>Il
habitera loin des hommes une maison particulière, dans laquelle il y
aura deux ou trois pièces exclusivement destinées à ses
recherches. </i></span></span>
</p>
<p align="RIGHT"><span style="font-size: small;">— <span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i>Il
choisira les heures et le temps de son travail. </i></span></span>
</p>
<p align="RIGHT"><span style="font-size: small;">— <span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i>Il
sera patient, assidu, persévérant. </i></span></span>
</p>
<p align="RIGHT"><span style="font-size: small;">— <span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i>Il
exécutera d'après les règles de l'art les opérations nécessaires.
</i></span></span>
</p>
<p align="RIGHT"><span style="font-size: small;">— <span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i>Il
ne se servira que de vaisseaux [= récipients] en verre ou en poterie
vernissée. </i></span></span>
</p>
<p align="RIGHT"><span style="font-size: small;">— <span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i>Il
sera assez riche pour faire en toute indépendance les dépenses
qu'exigent ses recherches. </i></span></span>
</p>
<p align="RIGHT"><span style="font-size: small;">— <span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i>Il
évitera d'avoir des rapports avec les princes et les seigneurs. »
</i></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Un
récent Dictionnaire du Moyen Âge écrit qu'Albert le Grand fut le
«premier interprète scolastique de l'ensemble de l'œuvre
d'Aristote accessible au Moyen Âge» et aussi celui qui «a laissé
une œuvre monumentale, de caractère encyclopédique, couvrant tous
les domaines du savoir tant en philosophie qu'en théologie». Pour
sa part, Benoît Patar, dans son récent Dictionnaire abrégé des
philosophes médiévaux, fait du célèbre docteur dominicain rien de
moins que «LE philosophe latin du Moyen Âge». Le célèbre
philosophe allemand mérite bien son qualificatif de docteur
universel et l'ampleur aussi bien que le génie de son jugement,
qu'il a appliqué à tous les domaines d'étude, explique que sa
réputation ait dépassé le milieu universitaire.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Dès
son vivant, les multiples observations et expériences scientifiques
du maître de Thomas d'Aquin lui valurent un halo de mystère et, une
fois décédé, de multiples recueils d'alchimie et de magie
circulèrent sous son nom, dont l'ouvrage éponyme qu'est Le Grand
Albert, aujourd'hui encore le plus populaire.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Parmi
tous les ouvrages d'alchimie et de magie que l'on a attribués à ce
célèbre philosophe, son traité consacré aux minéraux, le De
Mineralibus, dont l'authenticité ne fait aucun doute, permet de
statuer sur l'opinion précise qu'il avait de l'alchimie puisque la
question y est abordée de front.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"> <span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">En
1967, Dorothy Wyckoff publiait une traduction anglaise annotée du
traité. Elle souligne d'abord que le traité d'Albert sur les
minéraux est un traité typique du genre scolastique. Elle résume
ensuite la position de notre théologien aristotélicien sur la
nature des minéraux et des métaux. Elle choisit judicieusement de
regrouper le jugement d'Albert sur les métaux selon les quatre
causes d'Aristote, qui constituent horizon théorique à l'intérieur
duquel lui et ses successeurs vont déployer leurs innombrables
théories scientifiques. <br /><br />La cause matérielle d'abord: les
minéraux sont composés des quatre éléments que sont l'eau, l'air,
la terre et le feu. Ces derniers vont se composer en deux mixtures de
bases: le souffre et le mercure. Cette composition primordiale,
Albert la prend dans la physique arabe et plus précisément dans les
traités d'Avicenne, qui compte parmi ses autorités. Le vif-argent,
composé de terre et d'eau, et le souffre, composé de chacun des
quatre éléments, forment ensuite, selon diverses proportions, les
différents métaux.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Albert
désigne ensuite la cause efficiente, c'est-à-dire le processus de
maturation des métaux, comme étant les deux exhalaisons, sèche et
humide, dont parle Aristote dans ses Météorologiques, et dans
lesquelles il voit les actions respectives du souffre et du
mercure.<br /><br />La cause formelle de la formation des métaux, Albert
la situe dans le pouvoir céleste du rayonnement des étoiles qui
détermineront la nature du métal formé en tel lieu et à tel
moment. Ce pouvoir céleste, pour les savants de cette période, est
aussi réel que le pouvoir élémentaire du monde sublunaire. La
nature des métaux est formée par le mixte des éléments et par le
rayonnement stellaire particulier à l'endroit du sol ou du sous-sol
considéré.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">La
quatrième cause, celle de la finalité, est rapidement écartée par
notre chercheur, qui s'accorde avec Aristote pour dire que les
minéraux sont inanimés et qu'en cela, ils n'ont pas de destinée ou
de but particulier comme en ont les êtres vivants. Voilà pour
l'horizon métaphysique de la science d'Albert.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">La
question de l'alchimie est directement travaillée au Livre III du De
Mineralibus, qui traite de la substance des métaux (Tractatus primus
qui est de substantialibus metallorum). L'auteur commence par
préciser qu'il ajoute ses propres observations aux considérations
des philosophes et qu'il a enquêté sur la transmutation des métaux
par l'alchimie. Il passe ensuite à l'étude la possibilité
transmutatoire, à laquelle il consacre plusieurs chapitres.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Il
considère alternativement deux théories physiques. La première
consiste à postuler qu'il n'y a qu'une seule forme métallique
spécifique et ce serait celle de l'or. Aucun autre métal n'a de
forme spécifique; voilà pourquoi l'alchimie pourrait parfaire, dans
chaque métal, la forme spécifique de l'or. Ici, la transmutation
serait un perfectionnement, voire un anoblissement de la forme
spécifique de n'importe quel métal.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Albert
rejette cette possibilité. D'abord, il regrette l'emploi de termes
métaphoriques utilisés par les alchimistes et qui est peu conforme
à la coutume de la philosophie. Ensuite, il rejette l'argument
alchimiste car, soutient-il, s'il n'y a qu'une forme substantielle
métallique, celle de l'or, comment peut-on expliquer la stabilité
de l'argent, de l'étain et de tous les autres métaux? Cet
anoblissement expérimenté, ajoute le philosophe naturaliste, ne
concerne que les apparences, c'est-à-dire les accidents. On peut
donner l'apparence de l'argent au cuivre, de l'or au plomb et de
l'argent au fer mais rien n'est changé dans la substance,
c'est-à-dire dans la nature intime du métal. Cette apparente
procession des différents métaux vers une substance dorée ou
argentée ne concerne que la couleur, la saveur, le poids ou même la
densité du métal mais pas sa nature intime. Et bien que tous les
métaux soient composés des quatre mêmes éléments, la forme de
leur mixtion est stable car elle repose sur une forme fixe qui en
garantit la diversité essentielle.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">La
seconde théorie qu'Albert considère ensuite est celle attribuée à
Hermès, suivant lequel il y aurait plusieurs formes substantielles
latentes dans chaque métal. D'où la possibilité de faire ressortir
la forme aurifère et de transformer ainsi en or tous les métaux ou
presque. Cette théorie repose, dit Albert, sur le paradigme
d'Anaxagore pour qui tout est dans tout, et donc chaque métal dans
chaque métal. Or elle s'oppose à l'homéométrie des métaux
affirmée par Aristote dans ses Météorologiques. Les métaux sont
des substances homéomères, c'est-à-dire «des parties de même
nature qui sont constituées à partir des quatre éléments». Mais
c'est l'expérimentation qui apporte la réfutation définitive. En
effet, Albert affirme que l'expérience de la fusion du plomb n'est
jamais achevée et qu'elle ne fait jamais apparaître l'or qui est
supposé inclus.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Étant
donné l'impossibilité des deux théories, est-ce que la
transmutation d'une forme substantielle en une autre demeure
réaliste? Dans un chapitre consacré à cette question (<i>Utrum
species metallorum possint adinvicem transmutari sicut alchimici)</i>,
Albert s'en rapporte alors directement au jugement d' Avicenne: les
alchimistes ne peuvent faire de transmutation de la forme
substantielle des métaux mais seulement celle de leurs accidents. À
moins que, ajoute le philosophe persan, la forme substantielle soit
d'abord réduite à la matière première pour ensuite recevoir une
nouvelle forme spécifique.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Cette
infime possibilité, qui repose sur la notion toute métaphysique de
matière première, avancée par Platon dans son Timée, est reprise
par le philosophe expérimentateur qui semble lui donner un certain
crédit. À la fin de ce chapitre, il estime que les meilleures
opérations alchimiques sont celles qui consistent à purifier le
souffre et le vif-argent pour ensuite les mélanger avec d'autres
métaux. Ces manipulations agiraient sur les pouvoirs élémentaires
et célestes qui forment les différents métaux. Mais il n'y a aucun
doute sur les produits de ceux qui travaillent sur les apparences ou
les accidents seulement. Le philosophe termine son enquête sur
l'alchimie en racontant comment il a fait faire des expériences (ego
experiri feci) avec de l'or et de l'argent d'origine alchimique, et
comment ces produits transmutatoires ont bien résisté à plusieurs
combustions mais que, sous la persistance du feu, ils se sont
évaporés subitement sans laisser rien d'autres traces que des
scories dans le vaisseau.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Cette
enquête met en valeur, ainsi que plusieurs commentateurs l'ont déjà
remarqué, l'importance de l'expérimentation pour le célèbre
philosophe encyclopédiste. Elle montre aussi l'importance d'une
croyance au rôle de la lumière des étoiles dans la formation des
métaux. Cette croyance, issue directement de l'astronomie de
Ptolémée et à laquelle Albert se réfère explicitement dans son
chapitre suivant, lui permettait d'expliquer la formation des métaux
sur une terre positionnée au centre de tout le rayonnement
stellaire. Croyance qui s'ajoutait à la métaphysique platonicienne
des éléments, celle d'Aristote sur la forme substantielle stable et
celle des arabes sur les composés primordiaux du souffre et du
vif-argent. Il n'est pas surprenant que dans un tel horizon, la
transmutation soit possible en réduisant le métal jusqu'à sa
matière première, parfaitement indéterminée, pour ensuite la
reformer en s'aidant des composés primordiaux et de la configuration
stellaire appropriée. Mais la recherche se clôt sur son
insatisfaction devant les résultats des expériences entreprises ou
proposées.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Dès
son vivant, la réputation d'alchimiste et de magicien d'Albert se
développa, probablement à cause, comme le rappellent les
historiens, de ses nombreuses expériences scientifiques de toute
sorte. L'ouvrage que le philosophe consacra aux minéraux donna
rapidement naissance à d'autres ouvrages au contenu semblable mais
plus ou moins corrompu: <i>Semita recta, Alchimia minor, Compositum de
compositis, Libellus de Alkimie, Secreta Alkimie</i>, etc. (9) Une partie
des recettes alchimiques et magiques qui lui sont attribuées et qui
sont regroupées sous le vocable du Grand Albert remonterait aussi
jusqu'à son temps. Sans parler du De secretis mulierum, qui fut
peut-être autant réédité au long des siècles que le furent les
recettes du Grand Albert.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Une
anecdote, dont on ne peut douter de l'authenticité, a peut-être
aussi contribué à l’idée que notre philosophe encyclopédiste
fit de l'alchimie. En l'an 1260, le pape fait appel à lui pour
redresser les finances de l'évêché de Ratisbonne qui sont dans un
état lamentable. Le dominicain s'installe dans le château de
Stauff, dominant cette ville au bord du Danube. Après une seule
année, la situation économique est rétablie; on dit qu'Albert y a
appliqué sa règle de stricte frugalité. Mais l'application d'une
telle règle de vie ne peut, selon plusieurs commentateurs, expliquer
à elle seule l'ampleur du résultat en cause. Albert quittera
rapidement cette ville et cette fonction mais sa réputation de
magicien et d'alchimiste se répandra d'autant. Les chroniqueurs
appliqueront à celui que l'on a nommé le docteur universel et le
patron des scientifiques chrétiens le geste réservé au plus grands
et aux plus illustres: «Albert réalise ce que Cicéron écrivait de
Thalès et Pline de Démocrite, à savoir qu'un philosophe sait faire
de l'or quand la situation l'exige.». </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><i><b>Jean
Valentin Andreae : un étrange personnage passé par Strasbourg
et Bâle et quelques livres d'un certain Christian Rosenkreuz</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRYRGQOSEvDNHjMIcReDmV3D-HqKvCeimLBKT6065qCmq7H53xfV1kubRGZincsKogupeoJeEUD4JH7Ia5Bpi7JpavA2-Lf9jyvpUgwCGpnMxQpuLPef2ioMxZhGb-1WJmSEEgoOdhuG4eDILPsu6Dm4UZbzYaDoxCxV5ic929NwGir_bISMHr8E2I9Xg/s452/2023%204%2020231028%20Albert%20le%20Grand%202.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="452" data-original-width="405" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRYRGQOSEvDNHjMIcReDmV3D-HqKvCeimLBKT6065qCmq7H53xfV1kubRGZincsKogupeoJeEUD4JH7Ia5Bpi7JpavA2-Lf9jyvpUgwCGpnMxQpuLPef2ioMxZhGb-1WJmSEEgoOdhuG4eDILPsu6Dm4UZbzYaDoxCxV5ic929NwGir_bISMHr8E2I9Xg/s320/2023%204%2020231028%20Albert%20le%20Grand%202.jpg" width="287" /></a></div><br />
<p></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Tous
les auteurs qui se sont spécialisés dans l’étude des écrits
Rosicruciens sont d’accord pour attribuer à Jean-Valentin Andréae
la paternité des « Noces Chymiques » et à le considérer
comme un missionné de l’Ordre des Rose-Croix. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Jean-Valentin
Andréae fut un des hommes les plus savants de son temps par ses
connaissances profondes dans tous les domaines de la Science,
exotérique et ésotérique. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">L’auteur
des « Noces Chymiques » est né le 17 août 1586, à
Herrenberg, dans le duché de Wurtenberg. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="cite_ref-2"></a><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
famille d’Andréae a laissé un souvenir durable en Allemagne son
oncle, Jacques est connu sous le nom du second Luther. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="cite_ref-3"></a><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Son
père Jean-Valentin, le septième des dix-huit enfants du chancelier
Jacob Andréae</span></span></span></span><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Noces_chymiques_de_Christian_Rosenkreutz/Jean-Valentin_Andréae#cite_note-3"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">[3]</span></span></span></span></a></span></span><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
était surintendant de Herrenberg. Sa mère, Maria Moser fut une
femme de grande piété, que son fils compare à Sainte Monique. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="xiv"></a><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">V. Andréae
venait d’atteindre cinq ans quand son père fut nommé abbé de
Königsbronn. C’est dans ce couvent qu’il reçut sa première
éducation. Vivant dans un milieu intellectuel, il se fit remarquer
par une sensibilité extrême et une grande douceur la vivacité de
son esprit était un sujet d’étonnement pour son entourage. Si
bien que parmi les amis de son père, Marc Beumler s’intéressa à
lui et éveilla dans son jeune esprit le goût pour les sciences et
les arts il apprit en même temps quelques langues. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Après
la mort de son père, en 1601, sa mère alla demeurer à Tubingen
avec six de ses frères et sœurs. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Tubingen
était à cette époque une université célèbre. Durant six années,
V. Andréae y travailla avec passion, afin d’étendre ses
connaissances, consacrant le jour aux sciences, la nuit aux lettres.
S’il lut passionnément les auteurs anciens, il ne négligea pas
les latinistes modernes de même, les mathématiques et le droit
eurent le don de l’intéresser. Le savant mathématicien, Maestlin,
le maître de Képler, fut aussi le sien, et l’avocat Christophe
Besold, son professeur de droit, devint son ami. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Quoique
préférant la solitude, il était néanmoins d’un caractère
enjoué et charmait par son entrain lorsqu’il voulait quitter un
instant ses travaux. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Bien
qu’aidé pécuniairement par quelques amis de sa famille, il dut,
pour payer ses inscriptions et faire vivre sa mère, donner des
leçons à ses condisciples. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-size: small;"><a name="xv"></a></span>
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">En
1603, il devint Baccalaurens. Il avait dix-sept ans. Ses débuts dans
la carrière littéraire datent de cette époque. Il écrivit deux
pièces de théâtre, Esther et Hyacinthe en s’inspirant d’auteurs
anglais. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">L’année
1605 le vit Magister. Peu après, il commença ses études
théologiques et prêcha plusieurs fois. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Cependant
le manque de sommeil et un affaiblissement de la vue provoqué par
son acharnement au travail, aboutirent à un surmenage intellectuel,
qui affaiblit sa mémoire. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">À
la suite d’une folle équipée, entraîné par ses camarades, il se
vit obligé d’interrompre sa carrière, ce qui lui fit perdre ses
bénéfices et la perspective d’entrer dans la hiérarchie
ecclésiastique ; il dut même quitter momentanément le
Wurtemberg. La conséquence fut, qu’à partir de 1607 jusqu’en
1614, il est contraint à une vie errante, dans l’espoir de
retrouver, en voyageant, la santé du corps et la paix de l’âme. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Alors
commença pour lui une série de tribulations qui, loin de le
décourager, lui apprirent bien des choses qu’il n’eut pas
connues, s’il était demeuré simple Magister à Tubingue. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Sa
première étape fut Strasbourg ; elle est de courte durée.
Revenu à Tubingen, il se vit refuser par l’électeur
Jean-Frédéric, la réintégration dans son ancien poste. Renonçant
alors à la carrière ecclésiastique, et aux études théologiques,
il se fit instituteur. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">À
Lauingen, sa deuxième étape, il resta peu de temps, ayant rencontré
une société semblable à celle à qui il devait tous ses malheurs.
Il vint ensuite à Dillingen, où il se lia avec des Jésuites. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="xvi"></a><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">De
retour à Tubingen, il devint, durant les années 1608 à 1610,
précepteur de jeunes gentilshommes allemands, les fils Truchsess. On
lui doit vers cette époque, quelques écrits pédagogiques. Durant
ses loisirs, il apprit à jouer du luth et de la guitare, et
fréquente les ouvriers des différentes professions, surtout les
horlogers. Enfin, encouragé par les amis de sa famille, il reprit
goût aux études théologiques. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">L’année
1610 marque une époque décisive dans la vie d’Andréae. Repris
par la nostalgie des voyages, il part pour la Suisse. Après avoir
visité Zurich et Bâle, en artiste, il séjourna à Genève pour y
étudier. Tout de suite, il se lia avec le prédicateur Jean Scaron.
Dans ce milieu nouveau pour lui, il fut surpris et charmé de voir
que les théologiens les plus considérés n’attachaient qu’une
importance secondaire aux différences dogmatiques qui divisaient les
théologiens allemands. Quoiqu’il soit luthérien, il est attiré
vers eux et cette disposition morale influera dorénavant sur sa vie.
Un séjour en France le confirma dans cet état d’esprit. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Retourné
à Tubingen, il entra comme précepteur chez Mathieu Hasenresser,
célèbre professeur de théologie, lequel eut beaucoup d’empire
sur lui. Il publia même, plus tard, un abrégé de la doctrine
dogmatique de son maître. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Cependant
l’humeur instable de V. Andréae n’était pas satisfaite.
Son ami Ch. Besold lui ayant appris l’italien ; il
résolut de se rendre au pays des Doges. Il traverse l’Autriche,
séjourne quelques temps à Venise, puis à Rome. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Revenu
en Allemagne, dans le Wurtemberg, il reçoit un meilleur accueil du
duc Jean-Frédéric qui, peut-être, aurait mieux aimé lui donner un
emploi séculier qu’une charge ecclésiastique. Le duo lui décerna
le grade de Commensal au couvent de Tubingue et créa spécialement
pour lui un cours de théologie. Toutefois pour subvenir à ses
besoins, il donne quelques leçons particulières, mais accroît
aussi ses relations et le nombre de ses amis. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-size: small;"><a name="xvii"></a></span>
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Nommé
Diaconus à Vaihingen (Wurtemberg), au printemps de 1614, il se marie
le 2 août de la même année avec Élisabeth Grüninger. Cette
longue période d’incertitude et de préparation venait de prendre
fin. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Une
nouvelle vie commença pour lui. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Au
cours de ses voyages, en Allemagne, en Suisse, en France, en Autriche
et en Italie, il fut à même de rencontrer des Adeptes de la
Fraternité mystérieuse des Rose-Croix. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">S’il
existe encore quelques doutes sur la véritable histoire de la
Fraternité, son existence est maintenant prouvée. Elle nous a
laissé de sa réalité les mêmes preuves que toutes les sectes
religieuses, philosophiques et politiques. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Quel
fut l’Initié qui jugeant V. Andréae apte à devenir le porte
parole des Rosicruciens, lui donna les moyens, de se faire
reconnaître d’eux ? nul ne le sait. Il est certain qu’il
lui fut ordonné de rompre le silence qui, jusqu’alors, enveloppait
la Fraternité, et à participer à l’accomplissement du Magnum
opus. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Le
premier manifeste qu’il publia, en décembre 1614, sous le titre :
Gloire de la Fraternité et Confession des Frères de la Rose-Croix,
est l’exposé de la Réforme générale de l’Humanité que
préconisaient les Initiés Rosicruciens. Il contient le récit
allégorique de la vie de Christian Rosencreutz, et de la découverte
de son tombeau, allégorie sous laquelle on présente les desseins et
les bons effets de la Fraternité mystérieuse. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="xviii"></a><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
second manifeste : Réformation du vaste Monde tout entier parut
quelques jours après. Il renferme le projet de la Réforme, au point
de vue moral, politique, scientifique et religieux. Ce projet était
adressé a tous les savants et souverains de l’Europe. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">L’apparition
de ces deux manifestes causa une impression immense sur tous les
esprits, et on les traduisit simultanément en plusieurs langues.
Puis un grand nombre d’ouvrages parurent, les uns pour défendre,
les autres pour attaquer les Rose-Croix. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Cependant
V. Andréae continuait la mission que lui avait confié les
Frères de la Rose-Croix. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">À
cette époque, l’Allemagne était inondée par un grand nombre
d’imposteurs et d’aventuriers, soi-disants alchimistes ou
« souffleurs ». </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="xix"></a><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">C’est
pourquoi V. Andréae, dans l’intention de ridiculiser, non
seulement « ces faiseurs d’or », mais aussi les travers
du moment, soit en science, en théologie, et même l’état des
mœurs de son temps, écrivit Les Noces Chymiques de Christian
Rosencreutz. On a prétendu que cet ouvrage aurait été rédigé par
l’auteur à l’âge de 15 ans. Lui-même l’écrit dans son
autobiographie. Nous pensons qu’il faut lire 15 ans après son
initiation. S’il qualifie son œuvre de futile, il ajoute « Elle
a été pour certains un objet d’estime et une occasion de
recherches subtiles ». Cette phrase montre combien V. Andréae
attachait peu d’importance aux dires de ses contemporains, sachant
très bien la valeur de son œuvre. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Les
Noces Chymiques furent écrites par un artiste préparé et non par
un étudiant. Pour ceux qui sont au courant des allégories
hermétiques, cette importante publication contient des allusions
d’une signification grave et occulte. Ils reconnaîtront que les
incidents comiques font partie d’un plan sérieux, et que
l’ensemble de l’ouvrage est en concordance avec les traditions
générales de l’Alchimie. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Les
prétendants à ces Noces chymiques au nombre de neuf, passent avant
d’être reçus candidats par des épreuves semblables à celles des
anciennes initiations. Déclarés Chevaliers, chacun des neuf portent
une bannière avec une croix rouge, indication qui n’échappera pas
aux personnes averties. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Les
vues morales et politiques de cette œuvre ne furent pas comprises.
Indigné du mépris de ses semblables pour les idées qu’il
préconisait et en butte à de cruelles persécutions, V. Andréae
fonda alors un groupement religieux sous le vocable de :
Fraternité Chrétienne, en donnant à entendre dans plusieurs
endroits de ses écrits qu’il se séparait de la Fraternité
Rosicrucienne. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Ce
groupement avait pour objet de séparer la théologie chrétienne de
toutes les controverses que le temps y avait introduites, et
d’arriver ainsi à un système religieux plus simple et mieux
épuré. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Esprit
noble, anxieux de faire le bien, V. Andréae ne pouvait être
qu’un véritable mystique. Il employa toutes ses forces à ramener
ses contemporains dans la voie du Christ, selon la Bible. Il visait
au christianisme pratique par la prédication de l’amour fraternel
et de l’union. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="xx"></a><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Il
faisait partie des théologiens mystiques dont Jean Arndt était le
chef. On sait que ce dernier avait commencé la réaction contre la
Réforme en cherchant à ranimer la vie religieuse. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">C’est
alors que V. Andréae, loin des soucis et des agitations du
dehors, dans le calme et le recueillement fit paraître, de 1616 à
1619, nombre d’ouvrages, soit sous son nom, soit sous un
pseudonyme. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Sous
le pseudonyme de Andréa de Valentia, il donna : Le Tourbillon
ou l’esprit divaguant péniblement et vainement à travers tous les
sujets, comédie satirique dans laquelle il raille la mêlée confuse
des savants de l’époque. Sous celui de Florentius de Valentia,
c’est l’Invitation à la Fraternité du Christ [appelée] la Rose
fleurie. Il engage ses amis à travailler dans l’union, à la
pratique d’une vie chrétienne, à mener une existence plus simple,
renoncer au luxe et au plaisir, à pratiquer l’amour fraternel et
la prière en commun. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-size: small;"><a name="xxi"></a></span>
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">V. Andréae
publia sous son nom : Menippe, miroir des vanités de nos
contemporains. Cette satire vise le défaut de toutes les conditions
sociales. Elle se compose de cent dialogues écrits avec une
vivacité, un esprit digne des colloques d’Érasme. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Il
édita ensuite la Mythologie Chrétienne, ouvrage réunissant les
mêmes qualités que le Menippe. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Le
ton sincère de cet ouvrage déplut à beaucoup de contemporains de
l’auteur : quelques-uns l’outragèrent grossièrement, par
contre, d’autres tel que Jean Gerhard, professeur de théologie à
Tubingue y applaudirent. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Citons
encore parmi ses nombreux écrits sur la mystique : Le Citoyen
Chrétien et Plan d’une Communauté chrétienne ; ce plan
dédié à J. Arndt est inspiré de l’Utopie de Thomas More.
Ce dernier ouvrage fut suivi de la Description de la République
Christianopolitaine. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Enfin
sous le titre de : Loisirs Spirituels, il traduisit en vers
allemand un choix de poésies de Campanella. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">De
nombreuses sociétés inspirées par les œuvres de V. Andréae
se formèrent. Le clergé catholique, de même que le clergé
protestant, devant ce succès, le firent avertir d’avoir à cesser
ses publications et à les désavouer. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Il
employa alors un subterfuge. Voulant faire croire à tous que ce
qu’il avait écrit était inexistant, il publia : La Tour de
Babel, ou chaos des jugements portés sur la Fraternité de la
Rose-Croix composé de 24 dialogues, cet ouvrage contient tous les
jugements faux ou vrais, ou suppositions, qui ont paru jusqu’en
1619 sur la Fraternité. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-size: small;"><a name="xxii"></a></span>
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Aussitôt
après la publication de ce dernier ouvrage, afin d’assurer sa
tranquillité et d’éloigner ses persécuteurs, il partit pour Kalw
(Wurtemberg), où il venait d’être nommé surintendant, fin 1620. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Les
premières années de son séjour à Kalw furent relativement calmes.
V. Andréae y déploya une grande activité ; aidé par sa
mère il créa une sorte de société d’entraide pour laquelle il
se procura des subsides importants destinés à secourir des
ouvriers, des étudiants, des pauvres et des malades (Fürberstif,
Fondation des Teinturiers). </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Cependant
l’orage grondait. On était à la troisième période de la guerre
de Trente ans. Les succès des Suédois, privés de leur roi et chef,
Gustave-Adolphe, tué à Lutzen (1632) commençaient à pâtir les
armées impériales sous la conduite de Jean de Werth, attaquèrent
l’armée suédoise à Nordlingen (1634), la défirent et sûres de
l’impunité, ravagèrent le Wurtemberg. La ville de Kalw fut
incendiée et livrée au pillage. La maison de V. Andréae fut
complètement détruite. Tout ce qu’il possédait, bibliothèque,
richesses artistiques, fut anéanti. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Il
ne perdit aucunement courage. Et devant l’adversité, ne pensant
guère à lui-même, il fit appel à la générosité des seigneurs
voisins. Bientôt les sommes affluèrent pour Je grand bien des
malades et des habitants ruinés. En 1638, Kalw fut de nouveau
dévastée, et V. Andréae dut s’enfuir. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Dans
son infortune, les dévouements ne lui manquèrent pas. Ses amis de
Nuremberg lui offrirent un asile, mais fidèle à son prince, le duc
Eberhard III, V. Andréae se rendit à Stuttgart. Là, par
l’entremise du théologien Melchior Nicolaï, très puissant à la
cour, il obtint la charge de conseiller consistorial. Il devint même
le prédicateur attitré du roi, fonction qu’il remplit de 1639 à
1650. Pendant ces dix années qu’il passa à Stuttgart, il ne
prêcha pas moins de mille sermons, dont la plupart sur le texte de
Saint Paul : première Lettre aux Corinthiens. Malgré son zèle
infatigable pour ses semblables, il eut à souffrir de cruels
déboires, de la part de théologiens luthériens. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="xxiii"></a><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">V. Andréae
publia vers 1640, une ordonnance de discipline ecclésiastique, la
Cynosura ; cette ordonnance qui formulait des prescriptions très
détaillées sur les devoirs des pasteurs, devint la règle dans tout
le Wurtemberg. </span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Dans
sa lutte contre la simonie et la débauche, il eut le bonheur de
trouver une aide précieuse en la personne des trois filles du duc
Eberhard, surnommées par lui les Trois Grâces. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">En
1649, patroné par Auguste, duc de Brunswick-Lunebourg, savant et fin
lettré, V. Andréae se disposa à passer sa thèse de docteur
en théologie. Mais ce fut peine perdue. Il avait contre lui trop de
contradicteurs et d’adversaires. Pas assez soutenu par le duc
Eberhard, il se découragea et demanda à être relevé de ses
fonctions. L’année suivante, Il fut nommé abbé de Babenhausen
(Bavière). </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Ce
fut là, au lieu du repos escompté le Purgatorium pour V. Andréae.
</span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Accusé
de fomenter l’hérésie par des adversaires, authentiques
luthériens, il dut déposer contre eux une plainte devant le
Consistoire. Ce fut le dernier coup, il ne s’en remit jamais. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Par
une heureuse diversion, le duc Auguste de Brunswick le comblait de
titres et de présents, lui assurant ainsi des ressources
considérables. Le duc, qui ne l’avait jamais vu, voulut en 1653,
le faire venir auprès de lui, à Wolfenbüttel. Il lui envoya une
escorte princière, mais V. Andréae malade n’osa pas
entreprendre le voyage. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><a name="cite_ref-32"></a><a name="xxiv"></a><a name="cite_ref-33"></a></span>
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Devenu
au début de 1654, abbé mitré d’Adelsberg, il ne put s’y
rendre, le monastère ayant été détruit par un incendie</span></span></span></span><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Noces_chymiques_de_Christian_Rosenkreutz/Jean-Valentin_Andréae#cite_note-32"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">[32]</span></span></span></span></a></span></span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Le duc lui fit construire une maison confortable, à Stuttgart. Mais
V. Andréae habita fort peu de temps son Selenianum ; miné
par la maladie, il mourut le 27 janvier 1654, en dictant une lettre,
au duc, son bienfaiteur, son Soleil, comme il le nommait </span></span></span></span><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Noces_chymiques_de_Christian_Rosenkreutz/Jean-Valentin_Andréae#cite_note-33"><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">[33]</span></span></span></span></a></span></span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
</span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Quoiqu’on
en dise, le rôle assigné à V. Andréae fut suivi par lui de
point en point. Ses œuvres furent écrites pour éclairer les
esprits et ramener les âmes égarées à la paix, à la vérité, à
la raison. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;">Sa
vie, comme celles de tous ceux qui se dévouent pour leurs
semblables, fut un long sacrifice. S’il n’eut pas le courage de
suivre l’exemple du Maître jusqu’à la croix, il sut toutefois
montrer la route à ceux qui cherchent la Voie, la Vérité, la Vie !</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"> Matthieu Denni</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidqxbXwomzCZS8kxH9N9_bPq0TPMnQz4pE6C5DYNtLPzw2D6LNIpNvIr1JjP9ZFqnlJBfgeB8h4VxaLINbfXLnr5qshKq4iDKdEyA1H_nKqeUGgAszkELbgE6IeKB6vQi-sPRGHXFunn-yQ4acbCrSu_CNz7RaEeIH-pgZkJFl47WkpBI1qQgOHOSl44s/s303/2023%204%2020231028%20Albert%20le%20Grand%203.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="303" data-original-width="260" height="303" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidqxbXwomzCZS8kxH9N9_bPq0TPMnQz4pE6C5DYNtLPzw2D6LNIpNvIr1JjP9ZFqnlJBfgeB8h4VxaLINbfXLnr5qshKq4iDKdEyA1H_nKqeUGgAszkELbgE6IeKB6vQi-sPRGHXFunn-yQ4acbCrSu_CNz7RaEeIH-pgZkJFl47WkpBI1qQgOHOSl44s/s1600/2023%204%2020231028%20Albert%20le%20Grand%203.jpg" width="260" /></a></span></div><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"> </span><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: small;"><br /> <br /></span><p></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-47475445565865301792023-10-14T05:00:00.000-07:002023-10-26T00:01:08.531-07:00L'Heure Musicale Virtuelle du 14 octobre 2023<p></p><p style="text-align: center;"></p><p></p><p></p><p style="text-align: center;"> <span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>14 octobre 2023</b></i></span></span></p>
<p></p><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>HERRADE
DE LANDSBERG</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>1125
– 1195</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999;"><span style="font-size: large;"><i><b>Délices :
féminin pluriel</b></i></span></span></p><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i><b> </b></i></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoSCVa2WOzjn0jTDu7d-Wzhw8S4tyiZayR1eBh722KZIq7_ers0rk_qfwg934lGIHg-Y0IQ0IPQavR0fYq2cPF6eDKvYmM8kIff-p5wNWpVIt55UGRGodmdyimuD9AJycqtbb58cwjJ_ReV_jL5L5kyM6naOLSTh1DoKr1IrX0WyOo-wZsaJA2S57o-7E/s800/2023%203%2020231014%20Herrade%20de%20Landsberg%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="800" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoSCVa2WOzjn0jTDu7d-Wzhw8S4tyiZayR1eBh722KZIq7_ers0rk_qfwg934lGIHg-Y0IQ0IPQavR0fYq2cPF6eDKvYmM8kIff-p5wNWpVIt55UGRGodmdyimuD9AJycqtbb58cwjJ_ReV_jL5L5kyM6naOLSTh1DoKr1IrX0WyOo-wZsaJA2S57o-7E/s320/2023%203%2020231014%20Herrade%20de%20Landsberg%201.jpg" width="320" /></a></b></i></span></div><p></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i><b>Une
heure en musique...</b></i></span></p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=0mhaXVgmehA"><span style="color: #000099;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=0mhaXVgmehA</span></span></span></span></a></u></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">« Ô
vous, fleurs blanches comme la neige, qui répandez le parfum de vos
vertus, en dédaignant la poussière terrestre, persistez dans la
contemplation des choses célestes, ne cessez pas de vous hâter vers
le ciel, où vous verrez, face à face, l’Époux caché à vos
regards. »</span></span></span></span></span></i></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Cet
extrait est issu d’un poème rédigé par Herrade de Landsberg. La
vie de cette abbesse est très peu connue, toutefois sa date de
naissance est située entre 1125 et 1130. L’origine même d’Herrade
reste entourée de mystère, car son appartenance à la famille noble
des Landsberg n’est pas totalement certaine, c’est pourquoi elle
est appelée aujourd’hui « Herrade dite de Landsberg », ou «
Herrade de Hohenbourg », faisant référence au monastère dont elle
fut l’abbesse durant presque trente ans.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Son
entrée au couvent de Hohenbourg, situé sur le mont Saint-Odile dans
le massif vosgien, marque véritablement le début de la vie
d’Herrade. L’abbesse Relinde se charge de l’éducation de la
jeune fille, devenant sa véritable mère spirituelle. Elle la forme
non seulement à la vie religieuse, mais également aux lettres et
aux arts, contribuant à faire d’Herrade une femme pieuse, dévouée
au Christ, mais également dotée d’un solide bagage savant et
artistique. C’est donc en toute logique qu’Herrade prend la tête
du couvent en succédant à Relinde en 1167.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">La
nouvelle abbesse dirige une communauté composée de quarante-six
chanoinesses vivant selon la règle de saint Augustin, et de douze
converses placées sous l’égide des Prémontrés. L’empereur
Frédéric I</span></span></span><span style="font-size: small;"><sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">er</span></span></span></sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">
Barberousse valide lui-même le nouveau statut d’Herrade, montrant
à quel point cette fonction est prestigieuse. Durant son abbatiat,
la religieuse poursuit l’œuvre de Relinde en achevant la
restauration du monastère, soutenue également par l’empereur
Frédéric I</span></span></span><sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">er</span></span></span></sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">
Barberousse. Herrade permet également l’installation de Prémontrés
dans le monastère de Niedermunster, situé au pied du mont
Saint-Odile et fondé vers 700 par sainte Odile.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">À
côté de ses obligations d’abbesse, Herrade de Landsberg se
consacre à une œuvre monumentale qu’elle réalise entre 1159 et
1175 : il s’agit de l’</span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Hortus
Deliciarum</span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">
(</span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Le
Jardin des Délices</span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">).
Composé de plus de six cents pages in folio et comportant des
illustrations réalisées par l’abbesse, l’</span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Hortus
Deliciarum</span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">
est la toute première encyclopédie rédigée par une femme. Ce
codex comporte des citations bibliques, des écrits provenant des
Pères de l’Église ainsi que des grands auteurs ayant marqué
l’histoire de la pensée chrétienne, comme Eusèbe de Césarée,
saint Augustin, Bède le Vénérable, saint Jérôme, Grégoire le
Grand et saint Ambroise.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">À
ces auteurs incontournables, Herrade ajoute des penseurs plus
récents, comme Raban Maur. Plus surprenant encore, elle évoque des
théologiens qui lui sont contemporains, comme saint Anselme de
Cantorbéry, Pierre Lombard et son élève, Pierre le Mangeur. Ce
détail prouve qu’Herrade est particulièrement bien renseignée
sur les évènements politiques et les débats qui agitent le monde
savant en Europe occidentale, ce qui signifie qu’elle a entretenu
des correspondances avec les grands penseurs et abbés de cette
époque. Elle aurait même échangé des lettres avec le Pape Lucius
III.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Herrade
alterne ce contenu religieux avec des chapitres portant sur
l’Histoire sainte, ainsi que des considérations sur des sciences
telles que la cosmologie, l’agriculture, la topographie et les
systèmes philosophiques alors en vigueur en Europe. Notons qu’après
le chapitre dédié à la Création de l’Homme, l’abbesse
n’hésite pas à évoquer la médecine et l’anatomie, dénotant
ainsi une véritable curiosité scientifique. En outre, toute l’œuvre
d’Herrade est parsemée de poèmes et d’hymnes disposant
d’annotations musicales en marge, ainsi que de trois cent
trente-six illustrations faites de sa main. À la fin de l’œuvre,
Herrade s’est même amusée à créer un calendrier perpétuel
allant jusqu’en 1707 ! Cette œuvre monumentale avait pour vocation
de servir d’outil d’enseignement aux religieuses désireuses
d’acquérir le bagage de connaissances le plus complet possible.
Les illustrations réalisées par Herrade devaient permettre de
rendre ce contenu plus ludique.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Hélas,
le manuscrit original a disparu lors de l’incendie de la
bibliothèque de Strasbourg par les troupes prussiennes, dans la nuit
du 24 au 25 aout 1870. Heureusement, des copies de l’encyclopédie
ont été effectuées avant ce funeste évènement, permettant à
n’importe quel esprit curieux de se plonger dans cette œuvre
monumentale.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Si
le nom d’Herrade de Landsberg est certes tombé dans l’oubli,
cela ne l’empêche nullement de rivaliser avec des femmes savantes
de son époque plus connues, comme Hildegarde de Bingen. L’abbesse
du mont Sainte-Odile a marqué l’Europe savante du Moyen Âge par
cette grande encyclopédie, inspirant ainsi des générations
d’artistes et de penseurs, dont Jérôme Bosch. Après tout, ce
dernier n’a-t-il pas également appelé l’une de ces œuvres les
plus emblématiques le Jardin des Délices ?</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L’existence
d’Herrade est intimement liée à cette encyclopédie si
remarquable, mais également à l’abbaye de Hohenburg, dans
laquelle elle a passé presque toute sa vie. Juché à plus de
sept-cent mètres d’altitude, sur le mont Sainte-Odile, c’est un
haut lieu de pèlerinage revêtu de grès rose qui s’élève
majestueusement. Malgré trois incendies depuis sa création en 680
par Sainte Odile et ses nombreuses reconstructions, l’abbaye
comporte aujourd’hui une basilique, des chapelles, une bibliothèque
et un cloître tout à fait remarquable. Il est également
intéressant de noter qu’au pied de cet édifice chrétien court un
mur païen encore visible, dans un cadre naturel propice à
l’inspiration, comme l’atteste le séjour de Maurice Barrès sur
ce site.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjGk_W9-DFzGVhNFOi1AVB2hqdLcDLn5JQUHMhmWsf7mGWz9w7SgSeB8fY1oV8z0enn84SYImhmKsXU0AcrvH7CqG2vZh4b1g4UPIbB-p1oMnp4hcq3n81UOsfQ8T4ne9kp7IJmV8u2Dca-waIZGi48QUI1uEK6PqAvMgaeMvzfNh9nelvW6ezH4BwRaY/s475/2023%203%2020231014%20Herrade%20de%20Landsberg%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="250" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjGk_W9-DFzGVhNFOi1AVB2hqdLcDLn5JQUHMhmWsf7mGWz9w7SgSeB8fY1oV8z0enn84SYImhmKsXU0AcrvH7CqG2vZh4b1g4UPIbB-p1oMnp4hcq3n81UOsfQ8T4ne9kp7IJmV8u2Dca-waIZGi48QUI1uEK6PqAvMgaeMvzfNh9nelvW6ezH4BwRaY/s320/2023%203%2020231014%20Herrade%20de%20Landsberg%202.jpg" width="168" /></a></div><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>Hortus
deliciarum...</b></i></span></span><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF0oRbAXq2nU_JgoWrJHsb0iXwTLYZA-yzwhZDDft2hTOUtc5UVPybXM4uk4XQh6ofcsE8JYf4sT7SwLPrwhr9MLLNsHBX4Lrp29GaNWXTJeD4TnlKiRekJ8_bBPEu4P6ZWynj5j1WD_R0ddNRn42sSTT40I17beS-JVdlsGR2-BOV-Bt-jTSg6OkVkEk/s275/2023%203%2020231014%20Herrade%20de%20Landsberg%203.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="275" height="183" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF0oRbAXq2nU_JgoWrJHsb0iXwTLYZA-yzwhZDDft2hTOUtc5UVPybXM4uk4XQh6ofcsE8JYf4sT7SwLPrwhr9MLLNsHBX4Lrp29GaNWXTJeD4TnlKiRekJ8_bBPEu4P6ZWynj5j1WD_R0ddNRn42sSTT40I17beS-JVdlsGR2-BOV-Bt-jTSg6OkVkEk/s1600/2023%203%2020231014%20Herrade%20de%20Landsberg%203.jpg" width="275" /></a></div><span style="font-size: small;"><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"><br />Tous
les jardins sont clos, même s’ils sont ouverts sur le paysage.
C’est leur condition même : un jardin est une partition de
l’étendue. C’est le dessin d’un périmètre dans le plan de la
surface terrestre, une démarcation entre un dedans et un dehors ne
laissant que la dimension du ciel illimitée, où l’on se livre à
une activité de culture, de méditation et de promenade. Un lieu
bien circonscrit face à l’ouvert de la nature. Un espace privé
jouxtant l’habitation, parfois si caché du monde et si intime
qu’il en devient secret. Le </span></span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">clos</span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> en
est le nom ancien.</span></span></span></span></span></span><p></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">la
nature est l’objet vivant du jardin qui ne retient d’elle qu’une
reproduction limitée, un apprivoisement ponctuel à l’usage
privilégié d’un seul qui en est l’auteur : le jardinier.
Celui-ci, en tant que réagenceur du vivant, compositeur de ce qui
est déjà donné, est un artiste particulier : sans ambition
expressive de lui-même et sans message, il établit de la nature
sauvage un échantillon aux mesures de l’humain, à sa propre
mesure et à son goût singulier. Comme l’écrit Claudel dans
</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Connaissance
de l’Est</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;"> :
« Ainsi la nature s’accommode singulièrement à notre esprit
et, par un accord subtil, le maître se sent, où qu’il porte son
œil, chez lui ».</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Dans
les temps antiques où Déméter commandait encore la nature, les
patriciens romains dans leurs villas de campagne pratiquaient au
jardin l’</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">oitium,</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
le loisir, dans son acception première au singulier. Le loisir est
le contraire du temps prescrit, du </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">negotium</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">.
C’est un temps réparateur de repos et de liberté où, loin des
contraintes sociales et du paraître, l’on s’adonne à une
méditation studieuse. Un temps dégagé pour soi seul en dehors des
commerces de langage et qui permet de se recentrer autour d’un
essentiel du monde démarqué de l’utilité et du communicable.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Essentiel
d’un « réel » extérieur impossible à cerner, composé
de tout ce qui existe et de tout ce qui peut arriver, dans lequel
nous sommes immergés, dont nous avons intuition sans conscience et
qu’on peut appeler, s’agissant de la nature, </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">.
La manifestation diffuse, impérative et nécessaire du monde à
laquelle répond l’émouvante contingence de notre existence
particulière. À cet essentiel de l’immensité qui nous héberge
vient correspondre un essentiel de soi : le fait d’être
vivant, présent, d’être simplement </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">là</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
dans un corps aux contours familiers mais dont les pulsations vitales
nous demeurent étranges pour autant qu’elles appartiennent aussi
au grand mystère de l’inconnaissable </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Qui
n’a ressenti au sein de la grande nature, arqué sous les astres un
soir d’étoiles filantes, debout dans la lumière éclatée d’une
forêt matinale ou assis sur une dune chaude entre terre et océan,
qui n’a éprouvé dans la solitude et le silence, le sentiment de
participer à une insondable </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;"> à
laquelle les croyants donneraient le nom de Dieu ? Qui n’a
connu, au plus secret de lui-même, aussi bien dans d’infimes
beautés vivantes – une fleur chargée de rosée, un bourdon affolé
de nectar – ces moments de pure existence ? La nature et sa
</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
cet infini insaisissable que l’on désire pourtant saisir pour
soi ; circonscrire dans un cadre à son propre usage, dans ces
jardins qui embellissent l’histoire de l’humanité.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Au
Moyen Âge chrétien, le jardin s’entoura de clôtures bien
matérielles, de murets, de fascines, de sauts-de-loup, qui
montraient le souci d’une véritable protection. C’est que la
terre était grandement devenue </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">gaste</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
depuis la chute de l’Éden, rendue mauvaise par la semence du
démon. La sylve alors était maligne et menaçait de corruption
hommes et plates-bandes. Les haies, les pierres, les palissades,
séparaient le monde clos où croissaient les simples et où régnait
Dieu, du monde extérieur chaotique où l’homme était la proie de
la tentation et du mal. Nul ayant l’esprit sain ne s’extasiait
alors devant les beautés de la nature… Le trône de la </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
était occupé par le diable.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Pour
conjurer ce pouvoir funeste, la Vierge Marie était le seul recours.
Sculptée dans la pierre, elle trônait au milieu du jardin clos des
couvents, suivant partout l’activité des hommes de son doux
regard, ses mains pures, pleines-de-grâce, repliées sur son sein
modeste et infécond.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Féminité
bleue, exonérée de sang, insoupçonnable d’aucun frisson, bien
éloignée de Déméter, la Terre-Mère des anciens, la
pleine-de-sexe aux seins opulents qui déclenchait l’ivresse des
moissons.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Pourquoi
cette image mariale dans le clos des moines ou bien, chez les gens
sans habit, attachée au nom des fleurs blanches ?</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">C’est
que, dans la généalogie de la psyché, le symbole de Marie
constitue une image de mère antérieure à l’instauration de la
sexualité. Immaculée conception, féminité sans concupiscence,
vouée uniquement à la maternité, bonne mère absolue, elle
rappelle à l’eau de la fontaine où tous les humains ont baigné,
aux moments de complétude de la prime enfance, à la benoîte
</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">infantia</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
qui est le temps béni où l’on ne parlait pas encore.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Par
sa bonté, elle est celle qui préside au déploiement de la
naissance et soutient la base du psychisme, base qu’il était
judicieux, face aux démons et aux ascèses monastiques de l’époque,
de soutenir. Assise féminine maternelle que les jardiniers
d’aujourd’hui, face aux terreurs de notre époque, recherchent
encore inconsciemment dans la paix de leurs enclos.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">L’</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">hortus
conclusus</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
médiéval, à la géométrie fortement symbolisée (le plan du carré
long représentant la terre est divisé par deux grandes allées
formant la croix christique), est un modèle de la retenue et de
l’équilibre qui commandent l’accès à la rédemption.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Ces
dispositions au rachat et à l’austérité laissent cependant
filtrer la prégnance du désir : à l’intérieur même des
clôtures, l’</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">hortus
deliciarum</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
dessiné par une mère abbesse (Herrade de Hohenbourg) et ses
moniales est rempli de représentations charnelles et sensibles de la
nature et du corps humain. Pour approcher sa « rose », le
poète de l’amour courtois pénètre dans un jardin délicieux où
se trouve un étang magique. Quant à l’intérêt des religieux
pour le Cantique des cantiques, malgré les attributions symboliques
divines des fiancés et l’idée d’interdit, de fermeture,
réaffirmée dans l’évocation même des délices, il manifeste
plus de sensualité que de sublimation renonçante (« Tu es un
jardin fermé, ma sœur, ma fiancée / Une source fermée, une
fontaine scellée / Tes jets forment un jardin où sont des
grenadiers / Avec les fruits les plus excellents […] »).</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Les
jardins de la Renaissance, conçus pour rappeler les idéaux de
mesure et d’harmonie de la Rome antique, viennent encadrer la
magnificence des châteaux. Ils ouvrent la voie aux élaborations
toujours plus formelles et plus grandioses des jardins classiques « à
la française », comportant un souci d’ouverture des
perspectives sur la végétation naturelle, sur les champs et les
bois. Le Nôtre qui ne pouvait souffrir les vues bornées aurait-il
aboli les clôtures ? L’invisible ha-ha, fossé maçonné
rappelant les sauts-de-loup (la surprise fait s’écrier ha !
ha ! lorsqu’on s’approche pour pénétrer dans le jardin) en
apporte le démenti.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Dans
l’histoire des hommes, pas de jardin sans partition, sans arrêt,
sans clôture, même invisible, qui ne vienne tenir à distance
négociée la nature brute, l’intraitable, l’imprévisible, la
magnifique et cruelle </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Pas
de jardin clos qui ne vienne aussi accueillir dans son vivant berceau
les jeux de l’amour, comme en témoigne toute l’érotomachie de
l’imaginaire des jardins. On n’en finirait pas, en effet, de
dénombrer les œuvres nouant l’érotisme à l’art jardinier, en
particulier à ces époques de galanterie où les baguettes des
corsets volaient comme des tiges d’aulne entre les alignements de
topiaires. Le vivant appelle le vivant et aux circulations de la sève
fait écho l’agitation des désirs.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Un
siècle plus tard, avec un nouveau « sentiment de la nature »,
on assiste au retour du paysage arcadien des Antiques dans le
« jardin anglais ». Le moteur en fut l’esprit
encyclopédique et pédagogique des Lumières : Linné et sa
classification des espèces végétales, Rousseau et ses leçons de
botanique. Des vocations jardinières furent ainsi suscitées,
dégagées des cultures nourricières et associant la marche, la
méditation et l’observation de la végétation aux « Rêveries
du promeneur solitaire ».</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Mais
c’est l’époque romantique qui décela véritablement dans la
nature le reflet des sentiments intérieurs et qui, réagissant à la
prédominance de la raison et portant au jour le rapport du morbide
et du sublime, de la pourriture et du fleurissement, s’approcha la
première au plus près de </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">la
Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Le
goût mélancolique des ruines fut le signe de l’effondrement des
barrières protectrices contre les maléfices des passions et de
la mort, et celui de la conscience de la fragilité et du caractère
cyclique de la vie.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">C’est
en contact avec la nature, dans ses lieux grandioses aussi bien que
dans ses manifestations minuscules, que l’humain fait l’expérience
qu’aucun plaisir n’est dépourvu de tristesse et ne porte en lui
les germes de sa disparition. Il y apprend aussi qu’il n’y a
peut-être de beauté que de la nature et que cette beauté, qui
infiniment nous surmonte, fait écho à la détresse de l’humaine
condition dans son enclose finitude et son inaptitude à embrasser le
monde.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">La
révolution industrielle fit passer tout cela au second plan. Malgré
l’apparition de nouvelles formes d’enclaves paysagères, jardins
publics, parcs urbains et collections exotiques sous serre, la
technique a éclipsé la </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">.
L’espoir en un progrès illimité grâce à l’accumulation des
savoirs a écarté le passe-temps simple et gratuit du jardinage.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L’époque
actuelle oriente l’humanité vers le béton des villes. La terreur
qui s’y dessine en regard de la destruction de la nature n’a
d’égal en intensité que son refoulement et la fuite en avant des
sociétés politiques dans les deux primats de la science et de
l’économie, le premier promettant la résolution de tous les
mystères, le recul infini de nos limites, et le second la
satisfaction de tous nos besoins.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">En
même temps, le dérèglement de l’ordre symbolique et la
déliquescence des « repères » de la vie collective
laissent surgir un autre réel, un autre aspect de l’irréductible
</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
logé, celui-là, à l’intérieur même de l’humain : le
penchant au sans-limites et l’individualisme forcené confinant à
la haine du prochain.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">La
« lutte pour la vie » au sein de la nature avec la
nécessité de ses pauvres clôtures s’est muée en principe de </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">no
limit</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
et de revendication du tout pour chacun. « Chacun » n’est
plus alors qu’un individu devant tirer son épingle de la masse
humaine, au mieux voué à vivre, comme nous promettent les
paysagistes contemporains (Gilles Clément), dans un « jardin »
planétaire où de vastes et plates friches ponctuées d’érections
urbaines le disputeraient au dispersement raisonné des essences…</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Alors
qu’elle est en train d’exploser de tous côtés sous les coups de
boutoir d’un gigantesque viol, la nature est aveuglément
contrainte à notre volonté, rabattue à notre botte.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Nature,
</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">natura</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
est ce qui est proche du naître, ce qui, échappant à toute
modification, est resté dans son état originel et n’offre pas de
prise au temps. En deçà du langage, c’est une </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">infantia</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
perpétuelle, une présence-absence, un silence à tout ajout de
parole. Toujours allant selon ses lois et toujours en invention
d’elle-même, toujours en mouvement, et mue dans ce mouvement même
par la nécessité de sa persistance, tout entière la nature est
</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">naissance</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">.
Malgré ce que l’on peut savoir </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">sur</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
elle on ne peut rien </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">en</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
savoir qui la tienne à distance puisqu’elle est en nous, qu’elle
nous impulse la vie, et qu’elle est aussi là où nous sommes.
Soumis jusqu’à l’intérieur de nos cellules tant à son ordre
qu’à ses imprévisibles caprices, nous n’avons pour seul moyen
de saisie qu’un appareil aussi instable que rigide : le corpus
contraignant du langage et sa « sapience ».</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Puisque
la nature est ce qui nous meut et ce qui préside à notre muette
</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">naissance</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
(</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">nascor</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">),
ce qui </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">est</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
et qui échappe à notre intelligence, la nature est aussi
</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">connaissance</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
(</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">gnosco</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">).
Ainsi le dit Claudel (</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Art
Poétique</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">) :
« Toute chose qui s’inscrit dans la durée est requise par la
constitution ambiante préalable à son apparition et trouve hors
d’elle-même sa raison d’être qui se parfait en l’engendrant. »</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Cette
inscription, cette réquisition et cet hors-de-soi de l’engendrement
attestent bien le caractère insurmontable de la nature. Si bien que
notre unique possibilité de connaissance loge finement dans le
contact avec elle, dans notre allégeance négociée et singulière à
l’infini pouvoir de sa </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">La
connaissance ainsi comprise est bien l’acte de participer au naître
de la nature, un acte en deçà (au-delà pour qui veut bien refaire
le parcours à l’envers) des savoirs, de tout énoncé et de toute
science. </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Gnosco</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
exprime bien le fait d’être « familiarisé avec »,
d’être informé </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">par
soi-même,</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
intimement, sans recours à aucun outil comme le langage qui ne fait
que broyer la connaissance dans ses filets.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Se
rapprocher du vivant de la nature dans un espace circonscrit aux
dimensions de soi, y accueillir l’inconnaissable de la </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
savoir ce qu’on peut en savoir concernant par exemple les
meilleures conditions de vie des </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">essences</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
y investir son </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">faire</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
dans une participation au mouvement infini de la naissance, y
apporter le </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">soin</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
(</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">care</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;"> en
anglais) que requiert chaque espèce, </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">jardiner</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
est l’une des façons de toucher la connaissance.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">C’est
le désir de soutenir le vivant, ce qui reste de la triste
dénonciation des semblants, qu’il faut bien vivre. Un désir
appauvri de couleurs et d’écorces jusqu’au cœur de l’amande,
un désir en acte, pour soi seul, comparable à celui du poète, mais
accompli sans espoir d’être vu et, selon la règle de saint
Benoît, en silence : les jardiniers sont taciturnes.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Si
poétiser consiste à détramer le langage pour s’approcher de
l’indicible, jardiner s’effectue avec le corps. C’est par le
corps directement, son énergie, sa synchronisation gestuelle
éminemment jouissive, ses sensations, sa vulnérabilité, sa
fatigue, qu’il renoue avec la fécondité primordiale.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Alors
est parfois accordé le précieux </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">santosha</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
du sanskrit, intraduisible état de peu de choses, </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">état</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
de poésie. Disposition de soi tranquille et souriante, directement
branchée sur les choses, éprouvée dans les fibres, faite de
contentement, d’acceptation et d’harmonie avec tout ce qui est ;
état vibrant à l’unisson de l’immense cœur aveugle et sourd
qui bat dans la </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
qui nous dérobe notre être, nous porte à l’amour et qui nous
fait vivre et mourir.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Sortis
de leur </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">hortus,</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
les jardiniers sont férus d’écologie (les écologistes, eux,
n’ont pas tous la main verte…), mais ils le sont par une
conviction superflue désireuse de partager leur lubie, d’en
maintenir les possibilités d’existence ou simplement, comme tout
le monde, désireuse de maintenir sur la terre les conditions et la
variété de la vie. Ces perspectives </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">éco-logiques</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
– du domaine de la science –, même lorsqu’elles s’attachent
à une situation ou à un site particuliers, traitent le monde
globalement. Elles repoussent les clôtures, abstraitement bien sûr,
aux limites de notre planète pour en rappeler la finitude et nous
inspirer l’indispensable critique d’une croissance économique
illimitée. Mais le « jardin-monde », fût-il circonscrit
aux limites de la terre – et on ne voit pas pourquoi il s’y
cantonnerait longtemps… –, n’est pas un jardin. S’il est
nôtre, par éducation à l’universel, il n’est pas mien, il est
bien trop grand pour ma main. Il n’est pas le lieu où « le
maître » de Claudel, « où qu’il porte son œil se
sent chez lui ». Il n’est pas ce </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">locus
amoenus</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
ce lieu à moi seule aimable, forgé dans ma propre culture, issu de
ma propre histoire et fleuri dans mon propre rêve où je peux
trouver ombre et fraîcheur, action, beauté et tout cela
conformément à mon attente singulière. Il n’est pas un morceau
de nature qui « s’accommode </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">singulièrement</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
à [mon] esprit ». Il n’est qu’un lieu commun, un </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">hortus
publicus</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
un parc à côté de celui des voitures, un programme.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Mais
qu’en est-il du non commun, de la solitude du singulier, de ce qui
n’est le fait que d’un seul ? De ce périmètre privé dans
lequel nous devons, au risque de nous perdre, aménager notre propre
vivre en tant que sujets ?</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Quelle
obsolescence, aujourd’hui, frappe ce « jardin secret »
où chacun cultive la part de </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
qu’il peut cultiver dans sa clôture intime pour se garder
vivant ? Ce lieu le moins partagé où les vents indomptés
chargés de graines et de plumes perdues bouillonnent et
tourbillonnent pour maintenir du désir après tous les
effondrements, tous les « vidages », après le
traumatisme de l’éducation et du langage ? Cet espace privé,
unique, inéducable qui ne rejette pourtant pas le partage, voire
l’universel. Non l’universel de la planification globale des
jouissances sur l’impossible mode égalitaire, mais une âpre
fraternité jardinière.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Il
fut un temps où les hommes craignaient la sylve et les forces de la
nature, tout en étant obligés d’en extraire, sans intermédiaires,
leur subsistance. Ils transigeaient avec elles et protégeaient leurs
travaux dans des murs. De même, l’agressivité de leur « nature »
intérieure était tenue dans les barrières de la civilisation. La
</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
était vivable.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">Mais
le déséquilibre des forces naturelles (« réchauffement »)
s’est accompagné d’un renversement des repères symboliques
(« nique-ta-mère » en place d’</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">alma
parens</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">).
Le traitement de la </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">Présence</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
de ce qui donnait </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">matière
à vivre</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">,
s’est fourvoyé dans la double impasse contradictoire du
matérialisme (Leclerc et les mousquetaires de la distribution) et de
l’immatérialité (Bill Gates et les écrans). La mort qui s’y
profile est passée sous silence en même temps que le sans-limites
enivre l’imaginaire. Les temps sont à la globalisation et à la
« transparence ». L’une nie les impératifs des sujets
et l’autre la fondamentale opacité de l’être. Elles frappent
ensemble d’obsolescence tous les jardins secrets.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="text-decoration: none;">C’est
pourtant dans l’</span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">hortus
conclusus</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="text-decoration: none;">
de la singularité de chacun que l’humain peut éprouver son
existence, desserrer l’écrou de l’inexorable et faire que la vie
ne soit pas une usure ; exercer la marge de sa liberté en sa
clôture intime et puiser ses forces créatives.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Ce
singulier « secret » mis en culture est le dessous
enfoui, le substrat, le terreau de toute véritable « croissance »
collective.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Tandis
qu’on monte au front, au créneau, qu’on monte en grade, qu’on
monte la garde et les couleurs, au jardin on y descend…</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Il
n’est rien d’autre que la dimension du sujet.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« Viens
encore, viens ma Favorite</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Descendons
ensemble au jardin,</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Viens
effeuiller la marguerite</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Dans
l’été de la Saint-Martin », chante le Poète…</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Et
l’amour y gagne en douceur…</span></p><p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"> </span></p><p align="JUSTIFY" style="text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Matthieu Denni <br /></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-88211373096440101202023-09-30T11:40:00.000-07:002023-10-05T23:37:33.433-07:00L'Heure Musicale du 30 septembre 2023
<p align="CENTER">
</p>
<p align="CENTER"><span style="color: #009999;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: large;"><i><b>30 septembre 2023</b></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER"><span style="color: #009999;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: large;"><i><b>Hildegard
von Bigen</b></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER"><span style="color: #009999;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: large;"><i><b>1098
– 1179</b></i></span></span></span></p>
<p align="CENTER"><span style="color: #009999;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: large;"><i><b>Sache
la voie</b></i></span></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmmDQTxOenAmjkUXVxWNTxgC5x_rSlVITUoVxqkrwulVXC6BAoBuLn8T65zp-MDacslohKmTkMd3Pb3cARs19gtXDJPi8Rmh5YduxtOgXrHqmgYbBBebTkio_90p9GQtYmTXMvpEaa99YMJl7AyTngzRjJxwW_0RddFgHW4NLeCfsM7xyNt3Py6CWo-ak/s322/2023%202%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="322" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmmDQTxOenAmjkUXVxWNTxgC5x_rSlVITUoVxqkrwulVXC6BAoBuLn8T65zp-MDacslohKmTkMd3Pb3cARs19gtXDJPi8Rmh5YduxtOgXrHqmgYbBBebTkio_90p9GQtYmTXMvpEaa99YMJl7AyTngzRjJxwW_0RddFgHW4NLeCfsM7xyNt3Py6CWo-ak/s320/2023%202%201.jpg" width="219" /></a></div><p align="JUSTIFY">
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="color: #ff3300;"><span face="Arial, sans-serif"><i><span style="text-decoration: none;"><b><span style="background: rgb(255, 255, 255);">Une
heure en musique... </span></b></span></i></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=WBGgRSPyUFQ"><span face="Arial, sans-serif">https://www.youtube.com/watch?v=WBGgRSPyUFQ</span></a></u></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Il
faut se figurer l’immense croix lumineuse, emplissant le ciel
nocturne de Bingen au soir du 17 septembre 1179 devant les yeux
écarquillés des habitants de la région. Entourée de halos
multicolores dans lesquels d’autres croix s’animent, la noble
marque salue pour les vivants l’arrivée au Ciel d’une femme que
ses contemporains considèrent déjà comme une sainte. </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Par ce signe, Dieu voulut montrer de quelle lumière éclatante il
illuminait dans les cieux sa bien-aimée »</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
s’émerveillent avec force détails les moniales de l’abbaye de
Bingen, dans la </span><i><span face="Arial, sans-serif">Vita
sanctae Hildegardis</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
à propos de ce moment suivant la mort de leur prieure.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Ses
sœurs bénédictines ne sont pas les seules à pleurer Hildegarde.
Cette femme à part, que sa condition vouait à une vie cloîtrée,
discrète et secrète, est non seulement connue de ses voisins mais
aussi par-delà le pays, </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
tant par la hiérarchie ecclésiastique que par les foules urbaines
de Cologne et de Trèves ou les pays des bords du Rhin »,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
rappelle le médiéviste Sylvain Gouguenheim. Villageois des
environs, nobles et clercs, évêques, pape, empereur : tous
reconnaissent la bonté d’âme et surtout la clairvoyance de la
religieuse, dont ils aiment consulter l’avis.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Hildegarde
n’était pourtant pas promise à une vie illustre ni à une telle
révérence. Dixième enfant d’une famille de la petite noblesse
rhénane, elle est promise à Dieu selon la coutume de l’oblat :
dès l’âge de 8 ans, elle rejoint dame Jutta, une consacrée qui
éduque de futures moniales par le chant des psaumes près du couvent
des moines de Saint-Disibod.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">De
ces années de formation, de sa prise de voile et de son entrée dans
la partie féminine du couvent – dont elle sera nommée abbesse à
38 ans –, on sait peu de choses. Elle ne se considère pas savante,
mais </span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">«
pauvre petite forme féminine »</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">,
</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">«
fragile être humain, cendre de cendre et pourriture de pourriture »</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">.
On imagine pourtant une grande intelligence et une aptitude à
l’apprentissage. Le don d’observation d’Hildegarde lui permet
d’acquérir un fort savoir ; sa vie durant elle se servira de son
environnement pour le développer, et défendra la nécessité de se
connaître soi-même pour accéder à la connaissance : </span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">«
Ô homme, regarde-toi, tu as en toi le ciel et la terre. »</span></span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">«
J’ai toujours connu l’ébranlement de la crainte</span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">.
</span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Je
sais qu’il n’y a en moi aucune possibilité de sécurité
d’aucune sorte. »</span></span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Hildegarde
cache un lourd secret. Depuis l’âge de 3 ans, elle est la proie de
saisissantes visions. </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
J’ai toujours connu l’ébranlement de la crainte</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
confie-t-elle à la fin de sa vie à son ami Guibert de Gembloux. </span><i><span face="Arial, sans-serif">Je
sais qu’il n’y a en moi aucune possibilité de sécurité
d’aucune sorte. Depuis mon enfance, je vois toujours cette vision
dans mon âme, n’étant pas encore confortée, ni dans mes os, ni
dans mes nerfs, ni dans mes veines. »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
Elle a tôt compris l’extraordinaire qui pesait sur elle et n’en
a parlé à personne, sinon à son confident et futur secrétaire, le
moine Volmar.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">En
1141 – elle a 42 ans –, </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
la lumière vivante »</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
avec laquelle elle vit depuis sa prime enfance, lui intime de ne plus
taire ce qu’elle voit. Elle doit écrire, et elle doit partir du
couvent de Saint-Disibod pour fonder un nouveau monastère, à
Bingen. Hildegarde refuse, et comme Zacharie doutant de la parole de
Dieu devint muet, elle est frappée de cécité et doit garder le
lit. Ce n’est qu’en obéissant qu’elle recouvrera ses facultés.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">De
Bernard de Clairvaux, elle implore par lettre le conseil : </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«Je
suis en grand souci, Père, sur une vision que je n’ai nullement
vue avec les yeux de la chair, mais qui m’est apparue dans le
mystère de l’esprit»</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
Lui et le pape Eugène III, réunis à Trèves pour un synode en
1147, confirmeront la conformité des motions de la religieuse et
l’encourageront dans la voie demandée.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Les visions que j’ai vues, ce n’est pas dans des songes (…) que
je les ai perçues, mais c’est avec toute mon attention que je les
ai reçues. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Que
voit-elle ? Dans le </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Scivias
</span></i><span face="Arial, sans-serif">(ce
qui signifie </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Connais les voies »</span></i><span face="Arial, sans-serif">),
elle raconte : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Une lumière de feu d’un éclat extraordinaire, venant du ciel
ouvert, traversa tout mon cerveau et enflamma tout mon cœur et toute
ma poitrine, comme le fait la flamme, non pas celle qui brûle, mais
celle qui réchauffe. »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
Et, plus loin : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Les visions que j’ai vues, ce n’est pas dans des songes, ni en
dormant, ni dans le délire, ni par les yeux du corps ni par les
oreilles de l’homme extérieur, ni dans des lieux cachés que je
les ai perçues, mais c’est en étant éveillée, avec toute mon
attention, avec les yeux et les oreilles de l’homme intérieur, en
des lieux découverts, que, selon la volonté de Dieu, je les ai
reçues. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">C’est
la première des </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
trois tempêtes visionnaires de 1141, de 1159 et de 1163 »</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
selon le mot de l’historien Bernard Gorceix, qui donneront trois
ensembles théologiques : le </span><i><span face="Arial, sans-serif">Scivias</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
le </span><i><span face="Arial, sans-serif">Livre
des mérites de la vie</span></i><span face="Arial, sans-serif">
et le </span><i><span face="Arial, sans-serif">Livre
des œuvres divines</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
Du </span><i><span face="Arial, sans-serif">Scivias</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
Marie-Anne Vannier, spécialiste des mystiques rhénans, souligne
l’aspect </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
magistral, à la fois original et classique, tout entier articulé
autour du rapport de la création et du salut et scandé en trois
étapes : la bonté de la création, puis la chute, le rapport entre
l’homme et le cosmos ; l’intervention du Sauveur et les chemins
du salut que sont les sacrements ; et finalement le développement de
l’histoire du salut jusqu’aujourd’hui »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L’incarnation,
la maternité et la virginité – avec une vénération particulière
de la Vierge-Marie –, la sainteté, l’émerveillement devant la
beauté de la création sont parmi ses thèmes de prédilection, avec
la </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">discretio
</span></i><span face="Arial, sans-serif">(la
juste mesure) et le concept, forgé par elle, de </span><i><span face="Arial, sans-serif">viriditas</span></i><span face="Arial, sans-serif">
(la viridité), </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
qui veut à la fois exprimer la force de vie présente dans la
nature, la sève qui lui serait transmise par le Saint-Esprit, et la
capacité de germination fertile qui serait la sienne »,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
explique Rebecca Lenoir dans son édition des </span><i><span face="Arial, sans-serif">Lettres</span></i><span face="Arial, sans-serif">
de la religieuse. La viridité est particulièrement présente dans
les écrits scientifiques et de science naturelle de la sainte,
réunis dans la </span><i><span face="Arial, sans-serif">Physica
</span></i><span face="Arial, sans-serif">et
</span><i><span face="Arial, sans-serif">Les
Causes et les Remèdes</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Dans
ces témoignages visionnaires, très symboliques, déroutants et
hermétiques pour le lecteur actuel, </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
nous ne devons nullement chercher</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
prévient Bernard Gorceix, </span><i><span face="Arial, sans-serif">une
abstraction, une logique, voire une exégèse rationnelle »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
Les dix flamboyantes miniatures représentant ses visions sont
peut-être plus éloquentes pour le profane. Peintes à la fin du
XII</span><sup><span face="Arial, sans-serif">e</span></sup><span face="Arial, sans-serif">
siècle, elles auraient été supervisées par Hildegarde, sinon
faites par elle. On l’y voit recevoir le feu du Saint-Esprit tandis
que le moine Volmar prend sa dictée. En arrière-plan se tient la
moniale Richardis, sa </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
fille bien aimée »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La
prophète n’est pas une voyante. Ses visions ne décrivent pas
l’avenir mais l’histoire du Salut, et la place de l’homme dans
la création. L’une d’elles, troisième vision du </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Livre
des œuvres divines</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
montre l’homme à l’intérieur de la Trinité, au centre de
plusieurs cercles concentriques, préfiguration de l’homme de
Vitruve qui sera rendu célèbre sous le crayon de Léonard de Vinci,
deux siècles plus tard.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Sa mission était de dévoiler aux hommes les événements ultimes »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Sa mission était de dévoiler aux hommes les événements ultimes</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
résume Sylvain Gouguenheim.</span><i><span face="Arial, sans-serif">
Est-ce à dire que la prophétie n’est qu’annonciatrice de
malheurs à venir, exclusivement tournée vers un futur plus ou moins
proche ? En fait non. Là réside toute l’originalité d’Hildegarde
de Bingen ; car la prophétie est un chemin, une voie qui nous
ramène, nous relie au passé autant qu’elle nous indique l’avenir.
La prophétie n’est finalement que l’actualisation, ici et
maintenant, de la parole de Dieu. » </span></i><span face="Arial, sans-serif">Une
parole dont Hildegarde se voulut la servante.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Bénédictine
du XII</span><span style="font-size: small;"><sup><span face="Arial, sans-serif">e</span></sup><span face="Arial, sans-serif">
siècle</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">1098.
</span></b><span face="Arial, sans-serif">Naissance
à Alzey. Dixième enfant d’une famille de la petite noblesse,
Hildegarde est promise à Dieu – l’usage de l’« oblat » est
alors répandu. Dès 3 ans, début des visions.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">vers
1106. </span></b><span face="Arial, sans-serif">Rejoint
Jutta de Sponheim, qui dirige des futures moniales recluses près du
couvent des moines de Saint-Disibod.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">vers
1117.</span></b><span face="Arial, sans-serif">
Vœux perpétuels.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">1136.</span></b><span face="Arial, sans-serif">
Élue abbesse de Saint-Disibod, responsable à son tour de l’école
conventuelle.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">1141.</span></b><span face="Arial, sans-serif">
Reçoit de Dieu l’ordre de consigner ses visions et de les faire
connaître.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">1147.
</span></b><span face="Arial, sans-serif">Fonde
l’abbaye de Rupertsberg.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">1158-1159.</span></b><span face="Arial, sans-serif">
Premier de quatre voyages missionnaires.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">1165.
</span></b><span face="Arial, sans-serif">Fonde
l’abbaye d’Eibingen.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">1179.</span></b><span face="Arial, sans-serif">
Mort à Rupertsberg.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif">2012.</span></b><span face="Arial, sans-serif">
Le pape Benoît XVI prononce sa canonisation équipollente et la
proclame docteure de l’Église.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Elle
est fêtée le 17 septembre.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Autrice
de six livres (en latin) dont le </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Scivias,
le Livre des œuvres divines</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
la </span><i><span face="Arial, sans-serif">Physica</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
Hildegarde a aussi composé quatre-vingts chants liturgiques, dont
l’opéra </span><i><span face="Arial, sans-serif">Ordo
virtutum</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L’objet
est rond, formé de trois rubans de soie blanche dont les cinq points
de croisement sont ornés de médaillons brodés d’or et d’argent
: un agneau, deux anges, un roi et un symbole de la Trinité. Cette
pièce unique, retrouvée en 1999, la seule qui nous soit parvenue du
Moyen Âge, est aujourd’hui conservée par la Fondation Abegg à
Riggisberg, près de Berne. On ne pense pas spontanément à une
couronne en la contemplant, mais plutôt à un bonnet ou une calotte,
un velours bleu ayant été ajouté sous les rubans d’origine pour
tenir l’ensemble. C’est pourtant bien comme une parure de reine
qu’elle fut conçue par l’abbesse Hildegarde, d’après une
vision. Les religieuses de son monastère la recevaient avec leur
voile au moment de leur consécration</span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">.</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Hildegarde
de Bingen fut fort raillée à l’époque pour cette coutume en son
monastère, avec celle d’autres atours pour chanter dans le chœur.
L’abbesse Tengswich d’Andernach lui écrit vertement en 1148,
critiquant ces choix vestimentaires et liturgiques : </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Une conduite aussi nouvelle que la vôtre excède de fort loin notre
faible entendement et cause notre profond étonnement. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Pour
les historiens Philippe Cordez et Evelin Wetter, la couronne
exprimait l’ambition d’Hildegarde pour l’Église, dans laquelle
les vierges ordonnées devaient pouvoir prétendre comme les clercs à
une reconnaissance visible : </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Dans le cadre de sa réforme visionnaire, Hildegarde de Bingen a créé
le concept d’une couronne destinée à démontrer symboliquement le
rôle fort des femmes dans la société chrétienne de son temps. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Il
serait toutefois anachronique de considérer Hildegarde en féministe.
Il convient plutôt d’envisager la féminité de sa spiritualité,
qui s’inscrit pleinement dans l’anthropologie chrétienne, hommes
et femmes ayant des qualités et des missions propres. Elle détaille
notamment cela dans </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Les
Causes et les Remèdes</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
y parlant aussi d’humeurs, de sexualité, de tout ce qui concerne
la nature humaine, depuis la conception jusqu’à la mort.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Pour elle, le temps où elle s’exprime est un temps corrompu,
souillé, marqué du péché et donc “féminin” – </span></i><span face="Arial, sans-serif">tempus
muliebre</span><i><span face="Arial, sans-serif">
: un temps efféminé</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
remarque la latiniste Rebecca Lenoir dans son édition des </span><i><span face="Arial, sans-serif">Lettres</span></i><span face="Arial, sans-serif">
de la religieuse. </span><i><span face="Arial, sans-serif">Paradoxalement,
c’est la parole d’une femme qui doit rendre sa virilité à
l’Église. Paradoxalement, c’est la parole d’une femme sans
savoir et sans lettres qui doit instruire les hommes, en poétesse
exacerbée. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Malgré l’inculture qu’elle proclame, elle fait souvent figure
d’experte en exégèse »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Une
poétesse et une prophétesse vers qui on se tourne sans réserve, la
consultant </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
de toute l’Allemagne, de Liège, de Beauvais, mais aussi de Metz,
d’Utrecht, de Prague, de Rome, etc.</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
explique l’historienne Laurence Moulinier.</span><i><span face="Arial, sans-serif">
Nombre de ses correspondants s’adressent à elle pour savoir ce
qu’il est juste de penser ou de comprendre dans tel passage des
Écritures et, malgré l’inculture qu’elle proclame, elle fait
souvent figure d’experte en exégèse. On lui doit ainsi une
importante action réformatrice : par ses lettres, surtout, elle n’a
cessé de soutenir l’activité des papes, de défendre
l’institution pontificale contre les empiètements des laïcs (d’où
par exemple sa diatribe contre l’empereur Barberousse), et de
critiquer le relâchement des prêtres indignes. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La
correspondance d’Hildegarde montre l’étonnante richesse de ses
échanges. Certaines lettres sont personnelles, faisant figure de
véritables consultations. Ainsi à l’impératrice d’Orient, qui
ne parvient pas à donner une descendance à son époux, Hildegarde
conseille la confiance : </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Le souffle de l’Esprit divin parle : en hiver, Dieu protège le
rameau qu’il aime de dilection, et en été il fait épanouir sa
viridité en fleurs, il débarrasse ses nœuds de la pourriture qui
peut le rendre stérile </span></i><span face="Arial, sans-serif">(…),
</span><i><span face="Arial, sans-serif">lève
les yeux vers celui qui te protège. »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
Ainsi à Aliénor d’Aquitaine, reine d’Angleterre, dont on ne
connaît pas la sollicitation d’origine, et à qui Hildegarde
répond : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Ton esprit est semblable à un mur qui se dresse contre les
intempéries ; tu regardes de tous côtés, mais tu ne trouves pas de
repos. Fuis cette situation, reste dans la sérénité avec Dieu et
les hommes. »</span></i><img align="BOTTOM" border="0" height="1" name="images2" src="https://i.la-croix.com/1240x0/smart/2022/08/21/1201229624/Vitrail-eglise-Bingen-representant-Hildegarde-lempereur-Frederic-Barberousse_4.jpg" width="1" /></span>
</p>
<div dir="LTR" id="Section1">
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Quatre
cents lettres ont été conservées, de cette époque mouvementée
dans l’Europe des deux premières croisades et des schismes, et où
le pouvoir temporel tente de mettre la main sur le spirituel. Au
pape Eugène III qui, depuis Trèves où il est venu avec Bernard de
Clairvaux pour un synode en 1148, a approuvé les extraits du
</span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Scivias
</span></i><span face="Arial, sans-serif">en
cours de rédaction, la bénédictine adresse ses remerciements : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Ô doux père, moi qui ne suis rien qu’une pauvrette, j’ai écrit
pour toi ce que Dieu a bien voulu m’apprendre</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
</span><i><span face="Arial, sans-serif">Une
partie de ces écrits est à présent achevée, mais cette lumière
ne m’a pas abandonnée : elle brûle en mon âme, telle que je
l’ai reçue dès ma première enfance. C’est pourquoi
aujourd’hui je t’envoie cette lettre sur l’authentique
admonition de Dieu. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Mais
Hildegarde est loin d’être tendre avec tous les grands,
fussent-ils du clergé ou de la noblesse. Elle accuse les uns de
simonie, les autres de volonté de puissance, leur enjoignant de
retrouver le service de l’Évangile. À l’empereur Frédéric
Barberousse, elle écrit : </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Prends donc garde que le Souverain Roi ne te renverse à terre par
suite de l’aveuglement de tes yeux qui ne voient pas droitement
comment tu tiens dans ta main le sceptre de ton règne. »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
Au pape Anastase IV : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Ô homme aveuglé par ta science qui t’es lassé de réprimer la
jactance et l’orgueil chez les hommes qui sont placés sous ta
protection </span></i><span face="Arial, sans-serif">(…)</span><i><span face="Arial, sans-serif">,
pourquoi ne tranches-tu pas la racine du mal qui étouffe les herbes
bonnes et utiles ? »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">C’est
que l’abbesse entend, de sa place, réformer l’Église, alertant
contre la corruption des clercs et contre les dérives. Ainsi
est-elle l’une des premières à pointer le développement du
catharisme, notamment dans un sermon prononcé à Cologne vers 1163.
</span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Un peuple viendra, séduit et envoyé par le diable, avec un pâle
visage et se composant une attitude toute de sainteté »,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
prévient-elle. Ce dangereux culte de la pureté est pour elle à
l’opposé de la religion de l’incarnation qu’est le
christianisme. </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Heureux l’homme que Dieu a conçu comme tabernacle de la sagesse
avec la sensualité de ses cinq sens,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
plaide-t-elle. </span><i><span face="Arial, sans-serif">Ces
hommes qu’on appelle hérétiques et saducéens nient la très
sainte humanité du Fils de Dieu et la sainteté de son corps et de
son sang. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Bien que Dieu permette que le riche possède des richesses (…),
c’est l’image du pauvre qui est Son image à Lui, et qu’Il
aime »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Appelant
à se tourner vers Dieu dans la pauvreté pour l’amour du Christ,
Hildegarde semble annoncer les ordres mendiants qui émergeront
quelques années plus tard. </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Bien que Dieu permette que le riche possède des richesses et puisse
en soutenir le pauvre, cependant c’est l’image du pauvre qui est
Son image à Lui, et qu’Il aime »,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
dit-elle, parlant du sursaut qui pourra venir d’hommes vivant </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
en humilité</span></i><span face="Arial, sans-serif">
(et qui) </span><i><span face="Arial, sans-serif">persisteront
avec une force très courageuse de droiture. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Les
sermons de la bénédictine à Trèves ou Cologne s’inscrivent
dans le contexte de ses quatre grands voyages à travers l’Empire
germanique, sur le Main, en Lorraine, en Rhénanie, en Souabe et en
Forêt-Noire, entre 1158 et 1170, une singularité pour une
bénédictine. Au fil de ses étapes, fait exceptionnel, elle prêche
dans les cathédrales devant nombre d’hommes puissants. Ses
voyages lui permettront aussi d’observer finement la nature, les
paysages, les minéraux, la flore, les poissons et propriétés des
cours d’eau… Autant de merveilles de la création qu’Hildegarde
décrira dans son dense traité de sciences naturelles, la </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Physica</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
le </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Livre des subtilités des créatures divines »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><b>Femme
prophète</b></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Hildegarde ne fut pas une mystique et une théologienne, mais une
abbesse et une visionnaire, contrainte de coucher par écrit ses
révélations »,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
insiste l’historien Sylvain Gouguenheim. La question de l’écriture
est centrale dans l’œuvre d’Hildegarde, quand on sait que, </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
au Moyen Âge, seuls les hommes semblent pourvus de parole, d’une
parole exclusive et de la voix du pouvoir »</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
note la médiéviste Danielle Régnier-Bohler dans </span><i><span face="Arial, sans-serif">Voix
de femmes au Moyen Âge</span></i><span face="Arial, sans-serif">
(Robert Laffont, « Bouquins », 2006). Comme Catherine de Sienne et
Thérèse d’Avila, avec qui elle est l’une des quatre femmes
docteures de l’Église de l’histoire, Hildegarde fut avant tout
une grande intelligence et une personnalité pragmatique, femme
d’action autant que de prière. Sa </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
maîtrise du langage »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
et </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
des registres les plus divers »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
fut mise </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
au service de l’Église et de la vie publique et collective »</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
complète Danielle Régnier-Bohler.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">En
ce jour de 1178, l’abbesse Hildegarde est dans l’affliction. En
l’absence de l’archevêque, retenu auprès de l’empereur et du
pape en Italie, les autorités diocésaines de Mayence ont lancé un
interdit d’excommunication sur le couvent du Rupertsberg. Depuis
quelques jours, les bénédictines ne peuvent plus assister à la
messe et communier, ni non plus chanter l’office divin. Leur
prieure, désormais vieille femme de 80 ans, ne ménage pas sa peine
pour obtenir justice, plaidant sa cause sans relâche.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">À
l’origine du châtiment : la récente inhumation, dans le
cimetière du couvent, d’un jeune homme précédemment excommunié.
Hildegarde, ayant eu confirmation de ce que le jeune noble s’était
réconcilié avec l’Église en recevant les sacrements avant de
mourir, avait accepté de l’accueillir, accordant </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
plus de valeur au repentir du jeune homme et à sa réconciliation
finale avec Dieu qu’à la rigueur toute juridique des prélats de
Mayence »,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
explique l’historien Charles Munier (6). Mais ces derniers
exigeaient tout de même l’exhumation du corps pour lever la
sanction canonique. </span></span>
</p>
</div>
<div dir="LTR" id="Section2">
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Hildegarde
prend donc sa plume pour les convaincre, expliquant avoir compris de
Dieu qu’une telle exhumation, </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
telle une épaisse ténèbre, menacerait notre couvent d’un
immense danger »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
Sa lettre se mue en une défense de l’Eucharistie mais aussi de la
louange dont les moniales sont privées : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
David écrit dans les Psaumes : “Louez-le au son de la trompette,
louez-le avec l’instrument à dix cordes et avec la cithare”,
etc., jusqu’à :</span></i><span face="Arial, sans-serif">
“</span><i><span face="Arial, sans-serif">Que
tout ce qui respire loue le Seigneur ! (…).” Nous nous rappelons
combien l’homme a besoin de la voix de l’Esprit de vie qu’Adam
a perdue en désobéissant. Lorsqu’il était encore innocent,
avant la faute, sa voix s’unissait pleinement au chœur des Anges
pour louer Dieu. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Pour que leurs auditeurs ne se souviennent pas de leur exil</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
poursuit-elle à propos des conséquences du péché originel, </span><i><span face="Arial, sans-serif">mais
seulement de la douceur de la louange divine dont jouissait Adam
avec les anges, et pour les y inciter, les saints prophètes </span></i><span face="Arial, sans-serif">(…)</span><i><span face="Arial, sans-serif">
ont aussi fabriqué les divers instruments de musique et leurs
multiples sonorités. </span></i><span face="Arial, sans-serif">(…)</span><i><span face="Arial, sans-serif">
Apprenant que l’homme avait commencé à chanter sous
l’inspiration de Dieu, le diable </span></i><span face="Arial, sans-serif">(a
mis)</span><i><span face="Arial, sans-serif">
toute sa malice à sans cesse imaginer des stratagèmes pour
continuellement perturber et troubler la révélation, la beauté et
la douceur de la louange divine et des cantiques spirituels, </span></i><span face="Arial, sans-serif">(…)</span><i><span face="Arial, sans-serif">
suscitant de la bouche de l’Église des discordes, des scandales
et des oppressions injustes. C’est pourquoi vous et tous les
prélats vous devez observer la plus grande vigilance avant que
votre bouche ne ferme la bouche d’une quelconque des églises
chantant des louanges pour Dieu. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Cette
apologie de la musique permet de comprendre l’énergie que la
bénédictine mit au service de la composition de quatre-vingts
chants liturgiques tout au long de sa vie, elle qui n’avait reçu
aucune instruction musicale, sinon celle du chant des psaumes. Un
siècle plus tard, Dante Alighieri décrira dans son </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Paradis</span></i><span face="Arial, sans-serif">
les anges louant Dieu pour l’éternité : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
De chœur en chœur j’entendais hosanner vers le Point fixe. »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
Et bien plus tôt le prophète Isaïe montra les séraphins exultant
: </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre
est remplie de sa gloire. »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
Hildegarde s’inscrit dans cet élan, compose pour approcher la
louange angélique. Sa musique est pour les oreilles contemporaines
profondément lumineuse et expressive, formant peut-être le plus
accessible pour nous de l’œuvre singulière d’Hildegarde.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Elle voit dans le chant et la musique des instruments pour
rapprocher le genre humain de la condition perdue de l’Éden »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Selon
elle, </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
la musique devait participer au grand projet de salut de l’homme</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
explique la musicologue italienne Stefania Roncroffi (2). </span><i><span face="Arial, sans-serif">Elle
voit dans le chant et la musique des instruments pour rapprocher le
genre humain de la condition perdue de l’Éden, pour recréer les
mélodies des chœurs des anges et stimuler activement à faire le
bien »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
Plus étonnante encore chez elle est l’idée que musique et santé
ont part liée dans un mouvement de conversion et de curation.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">C’est
le cas dans son </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Ordo
Virtutum</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
drame de 1151 qui met en scène les vertus comme des personnages
luttant pour que l’homme ne cède pas aux tentations –
Hildegarde la faisait jouer par ses moniales, le moine Volmar y
endossant le rôle du diable… </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Humilité, la reine des vertus, est le remède dont toute âme
malade a besoin</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
explique l’historienne américaine Margot Fassler, </span><i><span face="Arial, sans-serif">mais
le grand médecin est le Christ lui-même blessé qui montre ses
plaies à Dieu le Père à la fin de la pièce. </span></i><span face="Arial, sans-serif">Ordo
Virtutum</span><i><span face="Arial, sans-serif">
est une œuvre sur la force de la communauté et sur celle des
vertus qui travaillent à guider les âmes malades et pécheresses
vers la guérison. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Les louanges doivent être données au Créateur suprême d’une
voix incessante du cœur et de la bouche »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L’</span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Ordo
Virtutum</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
seul drame musical médiéval dont nous sont parvenues à la fois
musique et paroles, s’appuie sur la dernière vision décrite dans
le </span><i><span face="Arial, sans-serif">Scivias</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
Hildegarde y transmet cette demande : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Les louanges doivent être données au Créateur suprême d’une
voix incessante du cœur et de la bouche. »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
L’œuvre est somptueuse, parfois déroutante, les couplets se
mêlant à une glossolalie mystique qui rappelle le parler en
langues décrit par saint Paul : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Celui qui parle en langues ne parle pas pour les hommes, mais pour
Dieu : personne ne comprend, car, sous l’effet de l’inspiration,
il dit des choses mystérieuses »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
(1 Co, 14, 2).</span></span></p>
</div>
<div dir="LTR" id="Section3">
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">À
la fin de cet opéra mystique, avant que les vertus et les âmes ne
prennent la parole pour conclure, Hildegarde elle-même prévient :
</span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Que cela soit entendu et compris par tous ceux qui veulent entrer
dans le royaume de Dieu dans la renaissance par l’esprit et l’eau,
comme l’Écriture l’a montré par le don de l’Esprit Saint.
Mais quiconque regarde avec des yeux vigilants et écoute avec des
oreilles attentives, qu’il accepte mes paroles mystiques qui
coulent de moi, l’être vivant, le baiser de son étreinte. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Le latin littéraire de Hildegarde von Bingen est sûrement l’une
des merveilles de l’époque »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La
musicologue et chanteuse américaine Barbara Thornton, fondatrice de
l’ensemble Sequentia, qui a offert les meilleures interprétations
des compositions d’Hildegarde </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">(lire
les repères ci-dessous)</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
a travaillé sur les manuscrits pour arriver à traduire le style
médiéval si original de la bénédictine. </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Le latin littéraire de Hildegarde von Bingen est sûrement l’une
des merveilles de l’époque, non seulement beau à déclamer et à
écouter, mais aussi immensément riche en images qui demandent,
pour être comprises, une imagination créative et de solides
connaissances théologiques</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
souligne-t-elle. </span><i><span face="Arial, sans-serif">Ce
n’est que par l’étude du vocabulaire poétique qu’apparaît
la logique de certaines de ses excentricités musicales : la
juxtaposition de modes sans rapport entre eux, des sauts mélodiques
surprenants, l’interruption de passages déclamés par des
mélismes richement ornés, etc. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Barbara
Thornton cite le médiéviste britannique Peter Dronke, qui note que
la musique d’Hildegarde </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
est tout à la fois terrestre et céleste : terrestre par les moyens
que requiert sa naissance, mais capable de communiquer à
l’humanité, ne serait-ce que partiellement et fugitivement, le
sentiment de cette consonance céleste »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
La qualité de sa musique parut témoigner [aux moines] en faveur de
l’authenticité de son expérience qui, pour eux, relevait de la
mystique »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Les
moines bénédictins de l’abbaye de Solesmes sont à l’origine,
au milieu du XIX</span><span style="font-size: small;"><sup><span face="Arial, sans-serif">e</span></sup><span face="Arial, sans-serif">
siècle, du travail d’archives de toute la création musicale
d’Hildegarde de Bingen. Ils </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
ont été frappés de l’originalité de l’écriture musicale de
l’abbesse</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
rapporte l’historien Sylvain Gouguenheim, </span><i><span face="Arial, sans-serif">lui
reconnaissant davantage de force expressive qu’au chant grégorien
traditionnel, même si les paroles leur semblaient obscures, les
phrases “elliptiques” et les métaphores “nombreuses et
hardies”. La qualité de la musique d’Hildegarde leur parut
témoigner en faveur de l’authenticité de son expérience qui,
pour eux, relevait de la mystique »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Une
rapide recherche Internet le confirme : on ne compte plus les
régimes, programmes de remise en forme, guides, cures de détox, de
jeûnes et autres mono-diètes se réclamant d’Hildegarde de
Bingen. Avec, hélas, des dérives inquiétantes, des médecins peu
scrupuleux ayant fait dire à l’abbesse bien plus qu’elle ne le
demandait. Et après être restées longtemps l’apanage
d’aspirants au new age ou de pionniers de la diététique, les
inclinations hildegardiennes ont fleuri ces dernières années dans
les pages conseils desmagazines féminins, faisant de la bénédictine
du XII</span><span style="font-size: small;"><sup><span face="Arial, sans-serif">e</span></sup><span face="Arial, sans-serif">
siècle un gourou du soin pour trépidantes vies urbaines.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Or
il y a du bon à puiser dans ses prescriptions de bon sens, si on
les aborde avec mesure. </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Ce n’est pas faire injure aux talents de la visionnaire que de
refuser d’admettre qu’elle puisse aujourd’hui nous aider à
guérir les cancers. Ce n’est pas dénigrer ses dons prophétiques
que de penser qu’elle n’a en rien anticipé les découvertes
d’Einstein !</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
martèle le médiéviste Sylvain Gouguenheim. </span><i><span face="Arial, sans-serif">La
réalité, pour autant que nous arrivions à la saisir et à la
reconstituer, fut en soi assez spectaculaire pour interdire de se
livrer à toute surenchère. »</span></i></span></p>
</div>
<div dir="LTR" id="Section4">
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Deux
livres d’Hildegarde sont à considérer en particulier pour
comprendre son abord de la nature et de ses vertus curatives. </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Le
Livre des subtilités des créatures divines</span></i><span face="Arial, sans-serif">
et </span><i><span face="Arial, sans-serif">Les
Causes et les Remèdes</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
ses deux précis médicaux, contiennent à la fois des nomenclatures
et descriptions très précises de savoirs accumulés, depuis
l’Antiquité, par les savants comme par l’usage populaire, et de
nombreuses recettes médicales développées par Hildegarde
elle-même. C’est dans une tentative à la fois encyclopédique
d’en embrasser les richesses, et pragmatique d’en observer les
effets, que la bénédictine procéda au long de sa vie.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Le mariage des lettres et des sciences dans la vie d’Hildegarde
</span></i><span face="Arial, sans-serif">(était)</span><i><span face="Arial, sans-serif">
aussi remarquable que l’alliance de l’artiste et de l’ingénieur
en la personne d’un Léonard de Vinci »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L’historienne
Laurence Moulinier, qui a travaillé sur l’histoire de ces
manuscrits scientifiques, souligne que </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
le mariage des lettres et des sciences dans la vie et dans l’œuvre
d’Hildegarde </span></i><span face="Arial, sans-serif">(était)</span><i><span face="Arial, sans-serif">
aussi remarquable que l’alliance de l’artiste et de l’ingénieur,
par exemple, en la personne d’un Léonard de Vinci »,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
tout comme </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
la rencontre du sexe dit faible et de la science, surtout au Moyen
Âge »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
La conception </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
que Hildegarde avait de la condition de femme joua un rôle crucial
dans la rencontre entre son activité littéraire et son intérêt
pour les secrets de la nature »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Entourée
de femmes, correspondante de beaucoup d’autres, elle recueillit
nombre de secrets et expériences et connaissait bien l’anatomie,
et jusqu’à la sexualité, ne considérant pas comme tabou tout ce
qui relevait du quotidien du corps, prescrivant l’observation fine
des yeux, urines, selles et pouls pour comprendre ce qui l’affecte,
et le soigner.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Son
regard se pose avec la même curiosité sur la nature environnante.
Le jardin est </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
au centre de sa poétique »</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
note l’écrivain Claude Mettra : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Le jardin d’Éden est bien parmi nous. mais c’est un jardin
dégénéré, abandonné.</span></i><span face="Arial, sans-serif">
(…) </span><i><span face="Arial, sans-serif">À
première vue, le dessein de notre bénédictine est humble :
découvrir dans tous les règnes du vivant ce qui nous peut être
assistance et nous éloigner de la maladie et de la mort. Mais le
projet lointain est beaucoup plus vaste : il est de rétablir entre
la nature et nous ce lien de sympathie profonde qui nous arrache à
notre solitude et nous réintègre dans le grand flux de la vie. »</span></i></span></p>
</div>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Ce
supplément métaphysique instillé en toute démarche par Hildegarde
est peut-être ce qui fascine des esprits contemporains agnostiques
mais désireux d’élévation. Si elle puise sa force dans la
transcendance, Hildegarde invite à s’ancrer dans une sobriété
rassurante. Aliments modestes, fèves, épeautre, fenouil et
châtaigne sont les ingrédients phares de sa cuisine. La cheffe
Marion Flipo, autrice d’un sympathique livre de recettes adaptées
des principes hildegardiens, explique avoir été séduite parce que
la bénédictine, </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
joyeuse et gourmande »</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
est </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
fascinante par son intuition et sa compréhension de l’homme et de
la nature »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
Dans son </span><i><span face="Arial, sans-serif">Épeautre,
fenouil et compagnie. Quand Hildegarde remue ma cuisine</span></i><span face="Arial, sans-serif">
(Éditions Emmanuel), cakes, pâtes à tartiner, cheesecakes, pizzas,
madeleines, veloutés et houmous du XXI</span><sup><span face="Arial, sans-serif">e</span></sup><span face="Arial, sans-serif">
siècle se préparent à la mode d’Hildegarde, dont les citations
émaillent les recettes.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 1cm; margin-right: 1cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
Aucune tristesse dans cette cuisine qui recommande le vin et la bière
et qui stimule les goûts »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Plus
proche de l’original, Marie-France Delpech, infirmière passionnée
de botanique et d’apiculture qui a fondé en 1992 la boutique en
ligne « les Jardins de sainte Hildegarde », a aussi publié un
livre de recettes, dont les </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
herbes et épices stimulent le feu digestif »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.
</span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Aucune tristesse dans cette cuisine qui recommande le vin et la bière
et qui stimule les goûts »,</span></i><span face="Arial, sans-serif">
explique Marie-France Delpech, plaidant pour </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
la nécessité d’une cuisine qui, tout en respectant les
recommandations de notre chère amie, corresponde aux goûts des
Français d’aujourd’hui »</span></i><span face="Arial, sans-serif">.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">D’une
adhésion plus malaisée que ces écrits phytothérapeutiques,
l’énigmatique spiritualité visionnaire d’Hildegarde a suscité
moins d’engouement récent. Elle a toutefois inspiré l’écrivain
Umberto Eco, qui l’évoque dans </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Le
Nom de la rose</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
ou la romancière Lorette Nobécourt, avec un roman librement inspiré
de la vie de la sainte, </span><i><span face="Arial, sans-serif">La
Clôture des merveilles. « Hildegarde de Bingen m’a accompagnée
sans que je m’en souvienne, m’a imprégnée avant que la
conscience m’en vienne, </span></i><span face="Arial, sans-serif">écrit
Lorette Nobécourt. </span><i><span face="Arial, sans-serif">Ni
religieuse ni laïque, je suis de sa clôture. Et quel bonheur
d’écrire sur ce qu’on aime ! Non pas Hildegarde de Bingen mais
ce dont elle témoigne, et dont ma vie n’a d’autre ambition que
de témoigner aussi. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Mais
la musique d’Hildegarde reste la part de son œuvre la plus
accessible au contemporain. Certains veulent voir son influence dans
les expérimentations mélodiques électroniques du tournant des
années 1970 à 1980, par exemple celles d’un Brian Eno. Ses
compositions d’ambiance et celles d’Hildegarde </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">«
se rejoignent ainsi dans leur dimension méditative, ainsi que leur
liberté d’improvisation, guidées par un système de notation qui
laisse une place contrôlée au hasard, </span></i><span face="Arial, sans-serif">propose
avec audace l’artiste Evangéline Durand-Allizé dans le cadre
d’une étude graphique des partitions. </span><i><span face="Arial, sans-serif">L’absence
de formatage à l’écriture musicale des deux artistes
“visionnaires” leur a laissé l’espace créatif pour
expérimenter graphiquement et, par conséquent, musicalement. »</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Plus
sûrement, le musicien américain Devendra Banhart fut inspiré par
l’abbesse, à qui il a offert un destin contemporain dans sa
chanson </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Für
Hildegard von Bingen</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
la visionnaire y enjambant les siècles pour devenir une </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
vidéo-jockey »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
: </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Now she’s leaving, Congregation, Left the abbeys, Suffocation,
She’s been dreaming, Relocation… »</span></i><span face="Arial, sans-serif">
(« Elle part, quitte l’abbaye, rêve d’autres ancrages… »)</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Enfin,
c’est évidemment en précurseur de l’écologie intégrale
qu’Hildegarde peut être rejointe aujourd’hui, dans son approche
globale de la nature et de ses richesses, par sa sobriété
respectueuse, et dans sa réflexion sur les conséquences du péché
et la responsabilité de l’homme envers la Création. En conclusion
de l’encyclique </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Laudato
si’</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
le pape François, qui ne fait pas référence à l’abbesse, offre
toutefois un écho à sa pensée, dans une invitation à contempler
ensemble le monde et Dieu : </span><i><span face="Arial, sans-serif">«
Une écologie intégrale implique de consacrer un peu de temps à
retrouver l’harmonie sereine avec la Création, à réfléchir sur
notre style de vie et sur nos idéaux, à contempler le Créateur,
qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure. »</span></i></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"> </span></i></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrqSTfQBsAfKv41wAP-QvmkDYtsi2c09sXNJ1VG8vRVcMwC60-nwMKFfu-kv-_2u4Idax1jwFG2DSIkQ0VEhQpJajDDeNVxUeXfX3YGd-YMaYEW0jxGikzCUlUY71ronkEjrv8fIMeeG2T7_xMon2DS_g4tRyZTmPFIdLZIgDls-BxZ9mAD8WCP0fA1gQ/s640/2023%202%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="640" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrqSTfQBsAfKv41wAP-QvmkDYtsi2c09sXNJ1VG8vRVcMwC60-nwMKFfu-kv-_2u4Idax1jwFG2DSIkQ0VEhQpJajDDeNVxUeXfX3YGd-YMaYEW0jxGikzCUlUY71ronkEjrv8fIMeeG2T7_xMon2DS_g4tRyZTmPFIdLZIgDls-BxZ9mAD8WCP0fA1gQ/s320/2023%202%202.jpg" width="320" /></a></span></i></span></div><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><br /> <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRPefMCCRxhUHtanPiv60csP0FTuceSH2g_q9ZQPduAcM_NI8GmmY6E8fU9OXVR2cZ1b6Acii_RFfi3ONvaw81jzGo0ExBdHcvJX-lEkdDnUCqlKpNGQ-4LwiDlF-B0qQF3QThO9Zw8p9xuG9fk64Bh9LvnOVWixLA5HplE-jJhD8nQvJcgzD76VN1Pns/s800/2023%202%203.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="528" data-original-width="800" height="211" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRPefMCCRxhUHtanPiv60csP0FTuceSH2g_q9ZQPduAcM_NI8GmmY6E8fU9OXVR2cZ1b6Acii_RFfi3ONvaw81jzGo0ExBdHcvJX-lEkdDnUCqlKpNGQ-4LwiDlF-B0qQF3QThO9Zw8p9xuG9fk64Bh9LvnOVWixLA5HplE-jJhD8nQvJcgzD76VN1Pns/s320/2023%202%203.jpg" width="320" /></a></div><br /></span></i></span><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzUq4UECPlij5vj1orpK1ZYly1tPcP3F9RFl8wrdeLdq-pw1ZT7RNQgjML7mRe4N8FXzCCWyUXhSeKLvU5vGjIiFW0dkRACw-Pf_MbuRE7y0UDHpxXAzPjgSqG9LBzn2D7PXovwlb-9zN7szZ_Bq0OAqC7IJ1MRSDn3tV8oUGSyb2Ky-Xla9EJ2fNpFgc/s2048/2023%202%204.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzUq4UECPlij5vj1orpK1ZYly1tPcP3F9RFl8wrdeLdq-pw1ZT7RNQgjML7mRe4N8FXzCCWyUXhSeKLvU5vGjIiFW0dkRACw-Pf_MbuRE7y0UDHpxXAzPjgSqG9LBzn2D7PXovwlb-9zN7szZ_Bq0OAqC7IJ1MRSDn3tV8oUGSyb2Ky-Xla9EJ2fNpFgc/s320/2023%202%204.jpg" width="240" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyBlgq83m-fI03zAWQvNiP0okDa2hWXcXolnAxkd8LfPIk1UZsR75ZvalBlkKVO0iRNo_z-te3u5q0ngec7Z0qouaRFn4ZsChI2iveOVFvinkYRtNr54QWMqclRBQUSjRMGBXfuZFSw4GBCt3TgFsWdOVr_IkKrCDWSUDNvmNQgjRrHnQipJkonyIerIQ/s2048/2023%202%204.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyBlgq83m-fI03zAWQvNiP0okDa2hWXcXolnAxkd8LfPIk1UZsR75ZvalBlkKVO0iRNo_z-te3u5q0ngec7Z0qouaRFn4ZsChI2iveOVFvinkYRtNr54QWMqclRBQUSjRMGBXfuZFSw4GBCt3TgFsWdOVr_IkKrCDWSUDNvmNQgjRrHnQipJkonyIerIQ/s320/2023%202%204.jpg" width="240" /></a></div><br /><p><br /><br />
</p>
<p><br /><br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-80424882720373468792023-09-09T08:16:00.053-07:002023-09-14T08:39:23.435-07:00L'Heure musicale virtuelle du 16 septembre 2023<h1 style="text-align: center;"><span style="font-size: x-large;"> <span style="color: #009999;"><i><b>16
septembre 2023</b></i></span></span></h1>
<h1 align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999; font-size: x-large;"><i><b>ODILE
DE HOHENBOURG</b></i></span></h1>
<h1 align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999; font-size: x-large;"><i><b>662
– 720</b></i></span></h1>
<h1 align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #009999; font-size: x-large;"><i><b>Venez
et voyez !</b></i></span></h1>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgg8UcJvEBT5klSjvLpLdvv6weVp58rOVjR5pE70TYc90vdPpvfEIxJow0zPE9D3bIF78t2UJAmWIpqcqhgxQeBwhrJDQLO96BueyMfaf_q6hGngVsih_7cdVxEoKxDjYdtYgEeUDrODGLsS6edZgNFtwNL_F9tmM4IoQSq7O2eb8aoSpaRjD-6P6Qw1w/s1045/2023%201%20-%2020230917%20ste%20odile.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1045" data-original-width="640" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgg8UcJvEBT5klSjvLpLdvv6weVp58rOVjR5pE70TYc90vdPpvfEIxJow0zPE9D3bIF78t2UJAmWIpqcqhgxQeBwhrJDQLO96BueyMfaf_q6hGngVsih_7cdVxEoKxDjYdtYgEeUDrODGLsS6edZgNFtwNL_F9tmM4IoQSq7O2eb8aoSpaRjD-6P6Qw1w/s320/2023%201%20-%2020230917%20ste%20odile.jpg" width="196" /></a></span></div><span style="font-size: small;"><br /></span><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i><b>Une heure
en musique...</b></i></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=rN2p3NgqWos">https://www.youtube.com/watch?v=rN2p3NgqWos</a></u></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i><b>Une vie,
des légendes...</b></i></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L'iconographie
traditionnelle présente sainte Odile, patronne de l'Alsace, en moniale bénédictine tenant de sa main droite sa crosse d'abbesse et portant
dans sa main gauche un livre sur lequel figurent deux yeux ouverts
rappelant sa guérison miraculeuse lors de son Baptême. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La
présente icône reprend ces éléments en mettant l'accent sur son
rôle d'accueil et de protection des pèlerins, des pauvres et des
malades par la grande courbe enveloppante de son manteau noir doublé
de chaleureuse fourrure qui n'est pas sans rappeler la tunique de
peau de son vénéré saint Jean-Baptiste.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Sa
cape couvre le monastère d'accueil de Niedermunster au pied du mont.
La Hohenbourg, château fort transformé en monastère d'intercession
trône au sommet de la montagne sainte couverte de forêts de sapins
transfigurés. Odile frappe le rocher de sa crosse (comme Moïse
au mont Sinaï) et une source vivifiante jaillit.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Le
nom d'Odile signifie « fille de Lumière ou soleil de Dieu ». Ses
attributs : les yeux ouverts et la source rejoignent le sens du mot
hébreux « Ayïn » qui signifie l'œil ou la source; l'œil qui
permet de voir les merveilles de la création, le regard intérieur
qui voit l'invisible et contemple la lumière; la source qui jaillit
pour guérir l'homme et étancher sa soif d’Amour.</span></p><p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"> Odile
accueille les pauvres, les malades, les pécheurs et comme un Moïse
alsacien les guide des ténèbres vers la lumière. Elle frappe le
rocher de notre égo, de notre cœur de pierre, pour en faire jaillir
le source d'Amour cachée au fond de chacun, elle ouvre nos yeux au
merveilles et à la Lumière de Dieu.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Odile
est née vers 662 à Obernai en Alsace du temps du roi Mérovingien
Childéric. Aveugle de naissance elle fut reniée par son père
Aldéric, duc d'Alsace qui, désespéré de ne pas avoir un fils
premier né voulut la tuer.Sa mère Bériswinde obtint de lui garder
la vie et la confia aux moniales de Baume les Dames près de
BesançonLe saint Évêque Ehrhardt de Ratisbonne la baptisa et elle
retrouva miraculeusement la vue. Aldéric instruit de cette guérison
ne changea pas d'opinion et interdit son retour.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Le
frère d'Odile bravant cette interdiction, la fit revenir quand elle
fut une belle jeune fille, espérant fléchir son père. Mais
celui-ci, dans sa fureur d'être désobéi, le frappa à mort. Cet
accident ouvrit les yeux au père qui se réconcilia avec Odile.
Celle-ci voulant consacrer sa vie à Dieu, il lui offrit le château
de Hohenburg au dessus d'Obernai et toutes ses dépendances pour
qu'elle puisse en faire son monastère et prier pour son Salut.
L'Abbesse Odile attira de nombreuses Moniales auxquelles elle donna
une règle adaptée de celle des Bénédictines. Depuis son Baptême
qui lui fit recouvrir la vue Odile vénérait particulièrement St
Jean Baptiste et elle lui consacra une chapelle. Le monastère du
Hohenbourg devint le refuge des pauvres et des pèlerins d'Alsace. Un
jour elle eut pitié d'un vieillard épuisé par la montée et qui
demandait à boire. Elle frappa le rocher de sa crosse et une source
jaillit.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Depuis
cette source coule en abondance, désaltère et guérit les pèlerins.
Pour faciliter l'accueil elle fit construire un second monastère au
pied du mont Niedermunster. A la mort de son père, elle intercéda
pour son Salut avec tant de pleurs que Le Seigneur l'exauça.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L'abbesse
mourut le 13 décembre 720 pendant que les moniales étaient à
l'Office mais elle revint à elle pour recevoir la Sainte Communion.
Ses nièces, sainte Eugénie et sainte Gundelinde lui succédèrent faisant
du Mont St Odile la montagne sainte d'Alsace et un foyer spirituel
qui a persisté jusqu'à nos jours.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La fête de sainte Odile a longtemps été célébrée le 13 décembre, qui
était aussi la fête de sainte Lucie, elle aussi invoquée par les
fidèles pour guérir les maladies oculaires ; par conséquent, on a
préféré reporter la fête d'Odile au 14 décembre, pour distinguer
les deux Fêtes.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Le
plus ancien document sur la vie de sainte Odile est un parchemin du Xème
siècle où un moine a noté ce que la tradition orale transmettait
depuis près de deux cents ans, au Mont Sainte-Odile qui domine la
plaine d'Alsace.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Au
temps du roi mérovingien Childéric II, Aldaric, troisième duc
d'Alsace, père de sainte Odile, tient sous son empire toute la
vallée du Rhin, de Strasbourg à Bâle. Aldaric est un Chrétien
sincère, mais il s'arrache avec peine aux coutumes barbares, ses
réactions sont impulsives et même dangereuses : pas de pardon pour
qui l'offense.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">En
660, alors qu’il attendait avec impatience la naissance de son fils
premier-né, lui naquit une petite fille aveugle. Son premier réflexe
fut de vouloir la tuer, mais devant les pleurs de sa femme,
Béreswinde, il accepta de lui laisser la vie à condition que le
bébé disparût aussitôt.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Béreswinde,
bouleversée, se mit en quête d'une nourrice. Odile fut emmenée à
Scherwiller, à une trentaine de kilomètres d'Obernai.<br />Devant le
beau linge du bébé et les soins particuliers dont il était
entouré, les langues allaient bon train.<br />Bientôt Odile ne fut
plus en sécurité chez la nourrice et, à un an, dut reprendre la
route pour Baume-les-Dames, près de Besançon, où elle franchit les
portes d'un monastère.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Pendant
toute son enfance, Odile était entourée du silence et de la paix
des moniales qui essayaient de lui faire oublier sa cécité : elle
apprit à se diriger seule dans le cloître, à reconnaître les
appels de la cloche, à chanter par cœur les offices, faisant la
joie de ses mères adoptives.<br /><br />L'évêque Ehrhardt de
Ratisbonne arriva un jour au monastère pour, dit-il, baptiser la
petite aveugle. Devant la communauté, Ehrhardt prononça les paroles
Sacramentelles : « </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Odilia
Je te Baptise au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. </span></i><span face="Arial, sans-serif">»</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Au
moment où l'eau coula sur son front, Odile ouvrit les paupières...
elle voyait ! Après la guérison, l’Évêque fit avertir Aldaric
qui n'eut aucun geste de repentir. Il avait maintenant quatre fils et
une fille, sa fille aînée était oubliée. Odile demeura donc à
Palma chez les religieuses qui lui apprirent aussitôt à écrire et
à lire dans les livres saints.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La
souffrance et la cécité l'avaient mûrie : elle faisait preuve
d'une force d'âme et d'un détachement extraordinaires.<br />Au fur et
à mesure que les mois passaient, Odile sentait grandir en elle le
désir de connaître sa famille.<br />Certains voyageurs, qui
s'arrêtaient au monastère, lui avaient déjà parlé de son frère
Hugon qu’ils disaient aimable et généreux. Par l'intermédiaire
d'un pèlerin, Odile lui fit parvenir une lettre qui émut Hugon au
point qu’il osa affronter son père.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">L'heure
du pardon n'avait pas encore sonné, Aldaric ne voulait pas revoir sa
fille mais Hugon écrivit cependant à sa sœur de venir au château,
pensant que la vue d'Odile ferait tomber la colère de son père.
Hélas, à l'arrivée de sa fille aînée la colère d’Aldaric
redoubla : il frappa Hugon qui mourut des suites des blessures.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Ce
fut le dernier accès de colère du terrible barbare qui, désespéré
par la mort de son fils préféré, installa sa fille à Hohenbourg
et assura sa subsistance. Odile eut la patience de vivre ignorée des
siens et se contente de ce que lui donnait son père qu'elle n'osait
plus affronter. Elle ne vivait que pour les pauvres avec qui elle
partageait ses maigres ressources.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Peu
à peu Aldaric se transforma et offrit à Odile le Hohenbourg et
toutes ses dépendances à condition qu'elle priât pour lui.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">La
jeune fille humiliée va devenir la célèbre Abbesse représentée
par les statues et les tapisseries. Son cœur profond, son austère
vertu, sa grande Charité attirèrent plus de cent trente Moniales et
la plupart des membres de sa famille. Les travaux commencèrent
rapidement pour transformer le Hohenbourg en un monastère.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Odile
qui est une âme d'oraison, couvrit de chapelles tout le sommet de la
colline dont la première fut dédiée à Notre-Dame, puis une autre
à Saint Jean-Baptiste qu'Odile vénérait particulièrement depuis
son Baptême.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Un
soir, la moniale chargée d'appeler ses compagnes pour l'office fut
éblouie par une violente clarté : Odile conversait avec saint
Jean-Baptiste. De jour, de nuit, par petits groupes qui se
succédaient, les Moniales chantaient sans cesse la louange de Dieu.
L'abbesse était la plus ardente à la prière ; elle aimait la
mortification, mais elle était sage et prudente pour ses filles.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Peu
de temps après la construction du monastère, Aldaric mourut.
Avertie par une vision, Odile le sut en Purgatoire et se mit en
Prière jusqu'à ce que Notre-Seigneur lui apparût pour lui
apprendre l'entrée de son père en Paradis. Une chapelle, dite des
larmes, se dresse encore aujourd'hui sur la terrasse du Couvent ; la
tradition assure qu'une pierre creusée par les genoux de la sainte
existe encore devant le maître-autel.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Le
Hohenbourg était le refuge des pauvres, des malheureux, des
malchanceux et des pèlerins qui savaient y trouver bon accueil.<br />Un
vieillard tomba en montant vers le monastère. Odile le rencontra un
moment plus tard et, comme pour le soulager, il fallait de l'eau,
Odile implora le secours de Dieu, frappa le rocher et une source
jaillit et ne tarira jamais.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Mais
la preuve était faite que tous ceux qui désiraient du secours ne
pouvaient parvenir au sommet de la colline. Un autre monastère fut
construit en bas.Aucun des deux cCouvents ne voulait se passer de la
présence d'Odile qui allait donc du cloître du haut à celui du
bas.<br />En chemin elle aidait les éclopés et les infirmes.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">De
toutes parts on venait la voir car on savait que ses mains étaient
Bénies. Parfois lorsqu'elle pansait des blessés ou des lépreux,
les plaies se fermaient et les douleurs s'apaisaient. Sa préférence
allait aux aveugles en souvenir de son infirmité. Elle présidait
tout, elle prévoyait tout et s'intéressait à chacun en
particulier.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Mais
ses compagnes la voyaient de plus en plus lasse. Sentant la faiblesse
la gagner, Odile se rendit à la chapelle Saint-Jean-Baptiste ; une
dernière fois elle s'adressa à ses filles puis, à l'heure de
l'office elle les envoya à l'église. Quand les moniales revinrent
de l'Office, Odile les avait quittées. Leur peine était grande
d'autant plus que leur mère était partie sans avoir communié.
Elles se mirent en prière et Odile revint à elle. Après les avoir
réprimandées, l'abbesse réclama le ciboire, communia et quitta
définitivement la terre, le 13 décembre 720.</span></p>
<p><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i><b>Une
source</b></i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTz9sR1lEw-8tUaYSi2Z-5ZCB7wi14N1W8iBKO6KxrlGsc5bz25ickaNq1wUd4WgR7bHzhToH_tGauXWgtfcT6bJ5Cu3mn7Ud7OxMJuzFRvCAjXJqERLCYpYvhHDemGdFdEygr8Pd2cJPHyO86b5yKhgp2IyRHrlcfSrAK6G_26CEPnlU3NMqNUWY3gYo/s259/2023%201%20-%2020230917%20ste%20odile%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="194" data-original-width="259" height="194" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTz9sR1lEw-8tUaYSi2Z-5ZCB7wi14N1W8iBKO6KxrlGsc5bz25ickaNq1wUd4WgR7bHzhToH_tGauXWgtfcT6bJ5Cu3mn7Ud7OxMJuzFRvCAjXJqERLCYpYvhHDemGdFdEygr8Pd2cJPHyO86b5yKhgp2IyRHrlcfSrAK6G_26CEPnlU3NMqNUWY3gYo/s1600/2023%201%20-%2020230917%20ste%20odile%202.jpg" width="259" /></a></div><p><span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> Les
premiers récits de la vie de sainte Odile ne font pas état du
‘miracle’ de la source du Mont. Vous n’en trouverez nulle trace
dans le manuscrit de Saint Gall, ni dans ses diverses suites…. Ce
n’est qu’en 1634 , dans le texte de Jean Ruyr, soit plus de
huit siècles après les faits, que ‘l’histoire’ de notre
source nous est révélée. Le bon chanoine Ruyr nous raconte une
bien belle histoire. Odile fait son trajet quotidien entre les deux
monastères du Mont, à mi-hauteur, elle rencontre un vieil homme
épuisé, assoiffé. De son bâton pastoral, elle frappe le rocher et
fait sourdre la source…</span></span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
</span></span></span></span>
</p><p></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 0.18cm; text-decoration: none;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">"Elle
fit par volonté divine sourdre une fontaine d’un Rocher au pendant
de la Montagne, tant pour la commodité de ses Religieuses que des
pèlerins, & laquelle fontaine ne tarit jamais.</span></span></span></b></span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;"><b><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Ce
miracle advint par ce qu’un pauvre homme, ja d’ailleurs assés
débilité, s’estant mis en devoir de parvenir au monastère
d’En-Haut pour y recevoir l’aumosne , que de coustume on luy
distribuoit, il ne peut pour cette fois gaigner le sommet de la
Montagne, ains recreu de fatigue & d’infirmité, le voilà
arresté dans l’estroit sentier, tout pasmé de soif, où par la
providence divine, arrivant sainte Odile, compassionnée de
l’accident, & sur la grande confidence qu’elle avoit en Dieu,
frappa de son baston pastoral le Rocher estant au costé du pauvre
gisant à demy mort, d’où incontinant surgeona une belle fontaine,
& très abondante en eau claire & si salubre, que non
seulement ce langoureux en sentit les premiers effects, mais deslors
les aveugles & autres affligés de la vue, en ayant pris à
mesure de leur grande foy, & par la miséricorde ineffable de
nostre Dieu, ont esprouvé la bonté d’icelle. Cette eau, dy-je,
encor que transportée à des contrées bien remotes, ne se corrompt,
si elle est conservée avec respect, pour l’usage de ceux qui ont
la vue débile ou offencée."</span></span></span></b></span></p>
<p align="RIGHT" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 0.18cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">J.Ruyr,
Antiquités de la Vosge, 1634</span></p><div align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><p>
<span style="font-family: inherit; font-size: medium;">Ainsi c'est bien Odile qui
veut aider un vieil homme qui monte au Couvent-du-haut! Elle frappe le
rocher et la source apparaît. Elle n'a cessé de couler et d'apporter son
eau à tous les passants, promeneurs, pèlerins. Son eau apporte
réconfort et soignerait les
maladies liées à la vue.</span></p></div><span style="font-family: inherit; font-size: medium;">Depui
la parution du livre de Jean, la légende de la source miraculeuse est
reprise par tous les historiographes de sainte Odile! Les responsables
des couvents ont eu à coeur de mettre en valeur ce lieu de pélérinage.
Les formes choisies furent multiples!</span><span style="font-family: inherit; font-size: small;"> </span><h2 style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><i><b>Petite
reflexion sur la cécité</b></i></span></h2>
<p align="RIGHT" style="border: medium; padding: 0cm;"><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">Contemple-les,
mon âme ; ils sont vraiment affreux!</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Pareils
aux mannequins ; vaguement ridicules ;</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Terribles,
singuliers comme les somnambules ;</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Dardant
on ne sait où leurs globes ténébreux.</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Leurs
yeux, d’où la divine étincelle est partie,</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Comme
s’ils regardaient au loin, restent levés</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Au
ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Pencher
rêveusement leur tête appesantie.</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Ils
traversent ainsi le noir illimité,</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Ce
frère du silence éternel. Ô cité !</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Pendant
qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Eprise
du plaisir jusqu’à l’atrocité,</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Vois !
je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br /></span><i><span face="Arial, sans-serif">Je
dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?</span></i><span face="Arial, sans-serif"><br />Baudelaire,
« Les aveugles »,</span><i><span face="Arial, sans-serif">
Les Fleurs du mal</span></i><span face="Arial, sans-serif">
(XCII).</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; padding: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
premier quatrain de ce sonnet semble faire écho à la toile bien
connue de Breughel intitulée</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
La Parabole des aveugles.</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Car ce sont des monstres qu’y dépeint Baudelaire, des êtres que
la cécité a rendus difformes jusqu’à leur faire perdre
l’apparence de la vie, tout comme les aveugles du peintre flamand,
dont l’allure est celle de marionnettes qui s’agitent les unes
les autres, et non pas d’hommes qui se dirigent de façon autonome.
La cécité physique serait-elle donc synonyme de monstruosité ?
Signerait-elle l’inaptitude à l’humanité, au point qu’il soit
nécessaire d’en guérir pour se voir octroyer une place auprès
des autres hommes ? C’est ainsi du moins que les</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Évangiles</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
envisagent la condition des aveugles : parmi les premiers
miracles du Christ figurent précisément des guérisons d’aveugles,
qui, une fois recouvré la vue, sont acceptés et intégrés.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; padding: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
cécité pensée comme monstruosité physique est en général
solidaire d’une conception qui fait d’elle une monstruosité
morale. C’est ainsi que l’on peut identifier, dans les aveugles
miraculés des</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Évangiles,</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
les pécheurs repentis et pardonnés. Et</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
La Parabole des aveugles</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de Breughel réfère, comme on sait, à la scène éponyme décrite
dans les</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Évangiles,</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
dans laquelle Jésus met en garde contre l’insuffisance de la loi
hébraïque les Pharisiens qui se revendiquent, à l’exclusion des
Sadducéens, seuls dépositaires de la loi divine transmise par
Moïse : « Si un aveugle se met à conduire un autre
aveugle, ensemble ils tomberont dans la fosse. » La cécité
symbolique à laquelle il est fait ici allusion ne réside pas dans
la seule ignorance de la loi que Jésus considère comme authentique,
ou plutôt, cet aveuglement à la loi authentique dont font preuve
les Pharisiens et les Sadducéens réunis se traduit par des actions
non conformes à la moralité admise pour véritable – notamment le
non-respect dû aux parents : la cécité est le symbole tout à
la fois de l’ignorance et de la méchanceté. Une telle conception
de la cécité se retrouve dans la littérature du Moyen Âge :
l’historienne Zina Weygand, dans son remarquable ouvrage</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Vivre sans voir,</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
constate ainsi que les aveugles y sont dépeints « comme des
bouffons, dont la grossièreté, les maladresses et l’accoutrement
provoquent le rire, ou comme de faux pauvres que l’on peut berner
sans remords ». Si l’aveugle, au Moyen Âge, ne suscite guère
la compassion, c’est que le lien entre ce qui est conçu comme une
monstruosité physique, et la monstruosité morale qui l’accompagne
prétendument, est considéré alors comme étant de nature
intrinsèque, et non seulement métaphorique : puisque Dieu est
tout-puissant, d’où l’aveugle peut-il tenir sa cécité, si ce
n’est d’un châtiment divin ? Et pourquoi aurait-il été
châtié, s’il n’avait péché ? Au Moyen Âge, la cécité
physique est ainsi généralement comprise comme la marque même de
la cécité morale. Dans ce cadre, le personnage de l’aveugle
n’offre qu’un intérêt bien mince pour la pensée : privé
lui-même, en tant que figure du monstrueux, de la pensée vraie et
de la pensée juste, il ne donne rien d’autre à penser que de
privatif ; au mieux révèle-t-il par contraste ce à quoi la
pensée doit tendre.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; font-style: normal; font-weight: normal; padding: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">C’est
cette conception de la cécité que Baudelaire met à distance dans
la suite du sonnet. Tandis que le poète est jeté à terre dans la
tourmente et l’éblouissement de la Cité jusqu’à en perdre
l’esprit, les aveugles, eux, parce qu’ils peuvent passer pour des
monstres, parce qu’ils sont privés non seulement de la vue, mais
du regard, cette « divine étincelle » évoquée par
Baudelaire, cheminent imperturbables, ignorant les réalités
terrestres, et gagnent ainsi les hauteurs de la pensée. Il est tout
à fait remarquable de constater comment, dans ce poème, les rôles
initialement dévolus aux aveugles d’une part et au poète d’autre
part s’inversent presque insensiblement. Dans les deux derniers
tercets, alors que le poète, dont l’esprit, comme celui de tout
homme, est on le sait perturbé d’un rien, perd son regard et ne
voit finalement plus rien, les aveugles, au contraire, avec leur
visage étonné, leurs pas mesurés, leur air à la fois hagard et
déterminé, sont devenus voyants. Ils se sont mués en poètes, ou
peut-être, qui sait, en philosophes. Mais, porteurs d’une nouvelle
lumière, « Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ? »
Comme une invite à la méditation, Baudelaire achève son poème sur
cette interrogation.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; font-style: normal; font-weight: normal; padding: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">À
quel titre l’aveugle peut-il être conçu comme un compagnon de
route du philosophe, voire comme son guide, lorsque la pensée de la
vue ne rencontre plus que des ténèbres ? En quoi et dans quels
domaines la cécité donne-t-elle à philosopher et repousse-t-elle
les limites de la pensée ? Tel est ce que les auteurs de ce
livre se sont donné pour tâche de déterminer. Puisse sa lecture
apporter quelques éléments de réponse à la question posée par
Baudelaire, et donner du fil à retordre à Breughel qui, au
contraire du poète soulignant la parenté de la cécité et de la
pensée, précipite ses aveugles dans un trou. À moins qu’ils ne
tombent que parce qu’ils étaient, comme ceux de Baudelaire,
occupés à scruter le ciel, et que ce ne soit ainsi en philosophes
qu’ils aient chuté, à la manière de Thalès dans son puits.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; padding: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
manière dont la philosophie a appréhendé la figure de l’aveugle
au cours des siècles a connu une évolution comparable à celle que
l’on peut déceler en art, entre la représentation picturale de
Breughel, qui assimile la cécité à l’ignorance, et la
description poétique de Baudelaire, qui suggère au contraire sa
parenté avec la pensée. Les premiers textes proprement
philosophiques qui se réfèrent au personnage de l’aveugle, tels
la page des</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Esquisses pyrhonniennes</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de Sextus Empiricus ou encore le passage de l’</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Apologie
de Raymond Sebond</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de Montaigne, s’ils ne font pas de la cécité la marque du vice,
la considèrent essentiellement dans son aspect privatif :
l’aveugle est avant tout celui qui est dépourvu des idées
acquises par le sens de la vue et qui, comble de l’ignorance, n’en
a pas même conscience. Si, dans ce cadre, la cécité est ainsi
conçue, non pas comme le symbole, mais bien comme la</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
cause</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de l’ignorance, elle donne encore peu de choses à penser :
elle vient seulement, tant chez Sextus que chez Montaigne, dénoncer
les certitudes infondées et soutenir la suspension du jugement –
nous croyons détenir la vérité alors que nous sommes à son égard
comme un aveugle qui pense connaître les couleurs... maigres
bénéfices, donc, ce qui explique sans doute pourquoi la philosophie
de l’Antiquité et du Moyen Âge s’est assez peu intéressée à
la figure de l’aveugle. Il convenait de prendre la mesure de cette
relative pauvreté tant qualitative que quantitative de la figure de
l’aveugle durant cette période : c’est la raison pour
laquelle le présent ouvrage s’ouvre sur un article qui porte sur
le premier philosophe à avoir accordé une importance décisive au
personnage de l’aveugle, à savoir Descartes. À partir du
</span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">xvii</span></span></span></span><sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">e</span></span></span></span></sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> siècle,
la philosophie n’envisage plus l’aveugle comme celui dont
l’ignorance peut, par analogie, révéler celle des clairvoyants,
mais comme celui qui, par ses lumières propres, vient lui prêter
secours.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; font-style: normal; font-weight: normal; padding: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">C’est
ainsi Descartes qui, le premier, conçoit l’aveugle comme le
détenteur de lumières dont le voyant est privé – non pas au sens
où l’aveugle, à la manière du devin Tirésias, jouirait d’une
vision intérieure inaccessible au commun des mortels, mais au sens
où sa condition d’aveugle permet à la pensée de saisir des
réalités que l’intellection et la vision ordinaires échouent à
appréhender : comme le montre Véronique Le Ru dans son
article, l’aveugle aux bâtons donne à penser comment le mouvement
peut se communiquer dans une nature où ne se rencontre aucun vide et
où les corps ne sont doués d’aucune force mouvante, phénomène
paradigmatique des réalités sur lesquelles la raison achoppe.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; padding: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Seulement,
la conception qui réduit l’aveugle à celui qui est privé de la
vue se rencontre encore à la fin du </span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">xvii</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">e</span></span></span></span></sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> siècle,
et ce dans un domaine où l’on ne l’attendait pas de prime
abord : celui de l’art. Après avoir souligné que les
artistes théoriciens de la jeune Académie royale de peinture et de
sculpture mobilisent, dans le cadre de la querelle esthétique du
coloris et du dessin, une telle figure de l’aveugle, à la fois
comme objet de représentation privilégié à l’âge classique
mais surtout comme objet de réflexion, Thierry Drumm explique
comment les philosophes se sont immiscés dans la dispute et ont
forgé une nouvelle figure d’aveugle, dont la cécité donne accès
à des positions théoriques inaccessibles aux voyants.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; font-style: normal; font-weight: normal; padding: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Au
siècle des Lumières, l’aveugle est bien une « figure
paradoxale », pour emprunter à Francine Markovits la formule
de son article. Sujet en apparence défaillant et physiquement
mutilé, l’aveugle devient, avec Locke et Leibniz, et surtout avec
Berkeley, Diderot et Mérian, une figure déterminante dans la
critique de la métaphysique classique et de la théorie des facultés
subjectives, renouvelant ainsi l’« histoire de l’esprit
humain ». C’est ainsi que le fameux problème de Molyneux
introduit une anthropologie du sensible et du singulier.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; padding: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Mais
la figure générique de l’aveugle telle que Molyneux l’élabore
n’épuise pas le sujet de cette anthropologie nouvelle. Il y a
certes, selon Diderot, une métaphysique d’aveugle, une morale
d’aveugle, voire une religion d’aveugle, mais dans l’ordre de
la connaissance, la généralisation ne paraît pas envisageable :
chaque aveugle est lui-même singulier, et sa capacité perceptive
sera fonction de cette singularité. C’est ainsi que Kate E.
Tunstall, par la mise au jour des sources biographiques mais surtout
textuelles de l’aveugle du Puiseaux que l’on rencontre chez
Diderot, établit que la</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Lettre sur les aveugles</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
procède à la dissolution du problème de Molyneux dans la
singularisation de l’expérience.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; padding: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Une
telle critique de l’aveugle de Molyneux par l’un des
représentants les plus fameux du siècle des Lumières a cependant
de quoi surprendre : l’aveugle imaginé par le savant
irlandais ne s’inscrit-il pas, au même titre que Diderot lui-même,
dans un courant anticartésien que Leibniz qualifiait dès le début
du </span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">xviii</span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> siècle
de « voie empirique » ? Il est de fait, et je
m’attache à le souligner, que l’aveugle de Molyneux est venu
mettre en question les présupposés rationalistes dont l’aveugle
aux bâtons conçu par Descartes était porteur. Cependant, il est
non moins significatif pour mon propos que Diderot ne fut pas le seul
« empiriste » à contester la pertinence de Γ aveugle
qui recouvre la vue, et que Condillac lui préféra même un certain
aveugle aux bâtons...</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; padding: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Quant
à Diderot lui-même, il opposa à l’aveugle de Molyneux un homme
qui fut de chair et d’os : Nicolas Saunderson. Car Saunderson
est un prodige : lui, à qui manquait non seulement la vue, mais
l’organe, fut illustre géomètre, et d’une moralité
irréprochable. Laura Duprey montre dans son article comment la
critique du discours théologique à laquelle se livre Diderot dans
la</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Lettre sur les aveugles</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
est supportée par les traits qui caractérisent en propre l’aveugle
Saunderson, et structurée par trois acceptions de la cécité que le
Philosophe articule finement entre elles : l’aveuglement des
théologiens, la cécité physique qui ouvre la voie à une nouvelle
« vision », et la causalité aveugle à l’œuvre dans
la nature.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; padding: 0cm;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
cécité révélée par Saunderson, en tant qu'elle est toujours
susceptible de venir se loger au cœur même de la vision, est, il va
sans dire, une cécité métaphorique, ou un aveuglement au sens
figuré du terme. Ce qui est également tout à fait remarquable,
c’est que la cécité peut</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
au sens propre</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
accompagner la vision. Une cécité non pas certes physique, mais
psychique. Ludwig Wittgenstein montre en effet, héritier en cela de
la psychopathologie de la seconde moitié du </span></span></span></span><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">xix</span></span></span></span><sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">e</span></span></span></span></sup><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> siècle,
qu’il est possible d’être voyant tout en étant « aveugle
à l’aspect ». Mais, comme le démontre Sabine Plaud,
l’auteur des</span></span></span></span><i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Recherches philosophiques</span></span></span></span></i><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
confère au concept de « cécité psychique » un sens
original en le défaisant de tout psychologisme, de sorte qu’au
final, l’« aveugle à l’aspect », loin d’être une
figure privative parce que dépossédée de certains contenus de
conscience, devient le modèle même de l’apprenti philosophe.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; font-style: normal; font-weight: normal; padding: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Mais
l’aveugle, au royaume de la pensée, est bien plus qu’un simple
novice : le philosophe aveugle Evgen Bavcar, qui nous confronte
ici au « point de vue » de la cécité sur elle-même, en
est la preuve à lui tout seul. Contre une tradition
« oculocentriste » qui, la plupart du temps, a envisagé
la cécité soit comme l’aveuglement originel dont il faut se
départir pour accéder à la lumière, soit, au contraire, comme la
condition d’un tel accès, mais toujours comme un moment appelé à
être dépassé, Evgen Bavcar donne à penser, en s’appuyant
notamment sur les analyses d’Ernst Bloch, comment la cécité peut
aussi être envisagée, de façon sans doute plus féconde, comme le
lieu même de la connaissance, son présent en quelque sorte, en tant
que l’obscurité est la condition même de l’ouverture aux
possibles.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="border: medium; font-style: normal; font-weight: normal; padding: 0cm; text-decoration: none;">
<span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Cette
petite promenade en compagnie des aveugles esquisse une histoire
philosophique de la cécité et en révèle les traits saillants.
D’abord, à une conception principalement privative de la cécité,
s’est progressivement substituée une représentation qui fait
d’elle la condition de production d’un sens qui échappe à la
clairvoyance et qui, loin d’être saisi sur le mode d’une vision
intérieure ou métaphorique, mobilise d’autres vecteurs de
connaissance, et principalement le toucher. Ensuite, les figures
anonymes et archétypales d’aveugles sont concurrencées par des
aveugles singuliers, finement individualisés, qui, bien souvent,
heurtent les logiques plus abstraites et généralisantes des
premières. Enfin et surtout, l’aveugle est peu à peu passé du
statut d’objet de la réflexion à celui de sujet d’un discours
dont la philosophie, désormais, peut difficilement faire l’économie.</span></p><p align="JUSTIFY" style="border: medium; font-style: normal; font-weight: normal; padding: 0cm; text-decoration: none;"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Matthieu Denni, septembre 2023 <br /></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-32765780326221352652023-06-17T08:00:00.000-07:002023-06-19T04:11:34.121-07:00L'Heure musicale virtuelle du 17 juin 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKs4hoDVtegQz0uer7RGkCMtoP7VrMYjJ1Nw3IF0B-pQIhe6s3qeAnKLCS9pgV312t6JIRf96Z88uD-tWj5BtbnnZDfnaOFBLy545gnhzKljiU6Vm3xyAWbzaZcUp6s7dRFBBs4WbWeuFhFm1UNVKq0OzA67XaFX23285kVsQQyWmEZNZh7O9JLlsS/s911/2023-07-01%20Johann%20Wolfgang%20von%20Goethe%201749%20%E2%80%93%201832.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="911" data-original-width="774" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKs4hoDVtegQz0uer7RGkCMtoP7VrMYjJ1Nw3IF0B-pQIhe6s3qeAnKLCS9pgV312t6JIRf96Z88uD-tWj5BtbnnZDfnaOFBLy545gnhzKljiU6Vm3xyAWbzaZcUp6s7dRFBBs4WbWeuFhFm1UNVKq0OzA67XaFX23285kVsQQyWmEZNZh7O9JLlsS/s320/2023-07-01%20Johann%20Wolfgang%20von%20Goethe%201749%20%E2%80%93%201832.jpg" width="272" /></a></div><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Johann
Wolfgang von Goethe 1749 – 1832</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Affinités
électives</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>ou</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>que
risque-t-on à aimer ?</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbWTNEYCEWBk-9elyH0Wq_9y" rel="nofollow" target="_blank">L'intégralité du programme</a><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;">Lorsqu’il
arrive à Strasbourg à 21 ans en 1770, Goethe a bien en tête de
poursuivre plus tard sa route vers Paris. Mais la beauté de la
cathédrale et de Frederike, ainsi que ses rencontres
strasbourgeoises en décideront autrement. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Le
2 avril 1770, il s’installe à l’hôtel de l’Esprit, quai
Saint-Thomas. Il vient à Strasbourg pousuivre des études de droit à
l’université dont la renommée est grande. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">La
cathédrale - qu’il escalade le jour-même de son arrivée malgré
son vertige - lui inspirera un essai sur l’architecture allemande.
<br />Peu après, il loue une chambre au fourreur Schlag, 36 rue du
Vieux-Marché-aux-Poissons et prend ses repas à quelques pas, 22 rue
de l’Ail, dans la pension Lauth, repaire d’étudiants-philosophes
dont la curiosité et les recherches touchent un peu à tout. Il
rencontre là un futur condisciple, Jung-Stilling. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">On
imagine bien, en le parcourant encore aujourd’hui, quel était son
itinéraire quotidien. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Il
s’inscrit à l’université et passera également beaucoup de
temps à étudier les sciences. Ses amis l’encouragent à lire
Montaigne, Buffon, Beaumarchais, Rabelais…</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Se
rendant un jour à l’hôtel de l’Esprit, il rencontre par hasard
le philosophe Herder, venu soigner ses yeux à Strasbourg. De cinq
ans son aîné, Herder lui fait découvrir Shakespeare, Ossian et la
culture populaire. Avec Rousseau (passé d’ailleurs dans la ville
en 1765), voilà tracées les influences principales du Sturm und
Drang, ce courant pré-romantique qui s’incarne en particulier dans
le drame de Goethe Goetz von Berlichingen et dans ses Souffrances du
jeune Werther (qui inspireront le René de Chateaubriand, l’Oberman
de Senancour, l’Adolphe de Benjamin Constant, etc.).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Il
a jusqu’à présent plutôt vécu en ville et aime parcourir les
environs à cheval à la recherche de paysages et d’histoires des
campagnes, en particulier avec le docteur Salzmann, hôte de la
pension de la rue de l’Ail. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">C’est
ainsi qu’en octobre 1770, il rencontre Frederike Brion, fille du
pasteur de Sessenheim, un peu au nord de Strasbourg. L’idylle est
partagée. Frederike lui inspire de grands poèmes. Mais le poète,
ne souhaitant pas encore se lier par le mariage, rompt avec elle
quelques semaines avant août 1771, époque de son retour à
Francfort (après avoir obtenu une licence de droit à l’université
de Strasbourg). On montre encore aujourd’hui, sur la route de
Drusenheim, le chêne au pied duquel il lui annonça son départ.
Sessenheim conserve un mémorial consacré au poète.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">En
1775, il s’installe à Weimar, où il attirera Herder et Schiller. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">A
l’occasion d’un passage dans la région en 1779, il revient
saluer Frederike.</span></p>
<p align="CENTER" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;">*</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">C’est
dans </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Poésie
et vérité</span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
que Goethe relate, entre autres, son principal amour de jeunesse pour
Friederike Brion, la fille du pasteur de Sessenheim en Alsace, qui
inspira le célèbre personnage de Gretchen dans </span></span></span></span><i><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Faust"><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Faust</span></span></span></span></a></i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Friederike n’était pas le premier amour du jeune Goethe qui avait
rencontré auparavant à Francfort-sur-le-Main une </span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Gretchen</span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
au sein d’une société de jeunes gens peu recommandables.</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;">C’est
pour oublier Gretchen que le jeune homme quitta une première
fois sa ville natale pour se rendre à Leipzig.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;">Après un
second départ de la ville de son enfance, eut lieu l’important
séjour en Alsace avec la découverte de la cathédrale de Strasbourg
en même temps que la fréquentation de Herder. À Strasbourg, où il
devait terminer ses études de droit, au cours d’un curieux
imbroglio, le jeune Goethe était tombé amoureux de la plus jeune
fille du professeur de danse auprès duquel il prenait des leçons
pour se produire dans la haute société, tandis que la seconde fille
plus âgée du professeur de danse était tombée amoureuse de lui :
celle-ci, en conflit avec sa sœur, maudit Goethe pour qui ce fut le
second échec amoureux de sa jeunesse.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;">Le jeune
Wolfgang Gœthe poursuivait en Alsace ses études de droit lorsqu’il
fut présenté à ces braves gens par un camarade au mois d’octobre
1770.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
soir même du jour où il regagna Strasbourg après cette courte
villégiature, le 14 octobre 1770, il écrivait à l’une de ses
correspondantes : </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">J’ai
passé quelques jours à la campagne, chez des gens bien agréables.
La société des aimables filles de la maison, ce joli pays et ce
ciel souriant ont remué dans mon cœur des sentiments trop longtemps
assoupis, y réveillant le souvenir de tous ceux que j’aime.</span></span></span></span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Et
à Frédérique Brion elle-même, il s’adressait le lendemain en
ces termes : </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Chère
nouvelle amie, je n’hésite pas à vous donner dès à présent ce
nom. Si en effet je me connais le moins du monde en fait de regards,
j’ai trouvé dans le premier de ceux que nous avons échangés
l’espoir de cette amitié que j’invoque à présent, et je
jurerais que nos cœurs vont se comprendre. Comment donc, bonne et
tendre ainsi que je vous connais, ne seriez-vous pas un peu favorable
à qui vous aime autant que je le fais ?… Chère, chère amie,
que j’aie en ce moment quelque chose à vous dire, cela n’est
aucunement douteux en vérité, mais que je sache au juste pourquoi
je vous écris dès à présent et ce que je voudrais vous écrire,
c’est une autre affaire ! En tout cas, certaine agitation que
je ressens me fait juger à quel point je voudrais me sentir encore
près de vous. Un petit morceau de papier devient une consolation
sans égale en pareil cas : il me fournit une sorte de cheval
ailé qui me permet d’échapper à ce bruyant Strasbourg, comme
vous le tenteriez vous-même dans votre calme retraite si seulement
vous déploriez l’absence de vos amis…</span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
</span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;">L’épître
est aimable autant que naturelle : il n’en est pas beaucoup de
ce ton dans la correspondance de son auteur. Mais c’est
malheureusement, à peu de chose près, tout ce que nous possédons
d’authentique sur les relations des deux amoureux et nos sources
directes s’arrêtent au prologue de leur aventure ».</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">« S’il
est une Alsacienne devenue célèbre, c’est bien Frédérique
Brion. Célébrité acquise bien malgré elle, pour être uniquement
due à Goethe. Pour lui, jeune étudiant en droit à Strasbourg en
1770-1771, qui la courtisait régulièrement chez ses parents au
presbytère de Sessenheim et où il la revit brièvement en 1779, ce
ne fut pas le dernier flirt. Mais il l’a révélé avec un souvenir
ému dans </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Dichtung
und Wahrheit</span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
et dans ses </span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Sesenheimer
Lieder</span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
Pour elle, cette idylle resta sans lendemain.</span></span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"></span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: black; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLW5mhEDD3CUl813NwlpTwSBhLkcgAmpKkBWRmMGMn5VzN7iTiTlt8AnPYUlb0a5pybreUW2A2IF0xLZkJxm6DOaC1V-sU-QUSS6eNMRLhM_h2BBrCD48qBSIVzZXA7XeJptkJfpzjy3NQlHyyTp7qBFxAHtparfphQ4uTJkq9_WohSai7m-PPwNCD/s1075/2023-07-01%20Johann%20Wolfgang%20von%20Goethe%201749%20%E2%80%93%201832%20-%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="931" data-original-width="1075" height="277" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLW5mhEDD3CUl813NwlpTwSBhLkcgAmpKkBWRmMGMn5VzN7iTiTlt8AnPYUlb0a5pybreUW2A2IF0xLZkJxm6DOaC1V-sU-QUSS6eNMRLhM_h2BBrCD48qBSIVzZXA7XeJptkJfpzjy3NQlHyyTp7qBFxAHtparfphQ4uTJkq9_WohSai7m-PPwNCD/s320/2023-07-01%20Johann%20Wolfgang%20von%20Goethe%201749%20%E2%80%93%201832%20-%202.jpg" width="320" /></a></span></div>
<p></p><p><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><i><b>Pour aller plus loin :</b></i></span></p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small; font-weight: normal;">Lecture en musique "Goethe en Alsace / Im Elsass": <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=FosyPw-E5T8">https://www.youtube.com/watch?v=FosyPw-E5T8</a></u></span></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Alfredo Kraus: Massenet - Werther, 'Pourquoi me réveiller' : </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=h82n-P8SjFs">https://www.youtube.com/watch?v=h82n-P8SjFs</a></u></span></span></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Friederike: </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=tmfqNXUBlws">https://www.youtube.com/watch?v=tmfqNXUBlws</a></u></span></span></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small; font-weight: normal;">JOHANN WOLFGANG VON GOETHE - WILLKOMMEN UND ABSCHIED</span></h1><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=ZOY0wn_BEZg">https://www.youtube.com/watch?v=ZOY0wn_BEZg</a></u></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><br /><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"> </span></span></span></span></p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-33393468415330998172023-06-03T05:59:00.000-07:002023-06-05T03:25:35.165-07:00L'Heure Musicale virtuelle du 3 juin 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"> <span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Samedi
3 juin 2023</b></i></span></span></p><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b> </b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0N7U0ibm2UUsB8Ek5GQ6jgW3DTUtONqnGUlKYdl9H4qIZjE7RTCej-1ThrqvhQ1Z9RQOrA8qJ-OtmmDCNPdvGA7AZ3ijMyGCLJEjEIARQJcpjfKZN5niz3c7oLmqPblwkzj2IU2Vm-y7uGKIq2uBdsDG5b8cV3jE_av4cHLvfVN2RpsOBrm0pFyGi/s1248/2023-06-03%20li%20bai%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="674" data-original-width="1248" height="173" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0N7U0ibm2UUsB8Ek5GQ6jgW3DTUtONqnGUlKYdl9H4qIZjE7RTCej-1ThrqvhQ1Z9RQOrA8qJ-OtmmDCNPdvGA7AZ3ijMyGCLJEjEIARQJcpjfKZN5niz3c7oLmqPblwkzj2IU2Vm-y7uGKIq2uBdsDG5b8cV3jE_av4cHLvfVN2RpsOBrm0pFyGi/s320/2023-06-03%20li%20bai%201.jpg" width="320" /></a></div><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Li
Bai (Li Po) 701 - 762</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>L’exilé</b></i></span></span></p><div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 40px; text-align: right;"><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbWS-KXEquDSWjyn-xeuloih" rel="nofollow" target="_blank">L'ensemble du programme <i><b><br /></b></i></a></span></div>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;"><b><span style="color: #cc3300;"><i><b>SOLITUDE
AU CLAIR DE LUNE</b></i></span></b></span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Entouré des
fleurs, devant ma coupe</span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Je bois dans
la solitude</span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Je lève mon
verre à la lune</span></p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Trinquons
à nous trois, la lune mon </span><b><span style="font-weight: normal;">ombre</span></b><span style="font-weight: normal;">
et moi</span></span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">La lune ne
descend pas boire</span></p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Mon
</span><b><span style="font-weight: normal;">ombre</span></b><span style="font-weight: normal;">
ne sait que me suivre</span></span></p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">La
lune et mon </span><b><span style="font-weight: normal;">ombre</span></b><span style="font-weight: normal;">
m’accompagnent pour l’instant</span></span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Profitons du
printemps pour nous laisser aller à l’allégresse</span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Lorsque je
chante la lune flâne</span></p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Quand
je danse mon </span><b><span style="font-weight: normal;">ombre</span></b><span style="font-weight: normal;">
zigzague</span></span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Amusons-nous
ensemble au moment de mon éveil</span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Avant que
l’ivresse ne nous sépare</span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Promettons-nous
un amour éternel</span></p>
<p align="CENTER" style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Même si les
nuages finissent par nous disperser</span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Li
Bai est considéré comme le plus grand poète romantique de la
dynastie des Tang (618-907). <br /><br />Fils d'un riche marchand, Li Bai
alla dans le Sichuan (Sud de la Chine) avec son père, il était âgé
de 5 ans. Li Bai enfant fut influencé à la fois par le
Confucianisme et le Taoïsme. <br /><br />Vers l'âge de 25 ans Li Bai
quitta le Sichuan pour trouver quelques reclus taoïstes, rencontrer
de nouveaux amis et visiter du pays. En l'an 727, il arriva dans la
ville de Anlu, province du Hubei (centre de la Chine) où il se
maria. Il s'installa dans ce village et y resta environ 10 ans,
menant une vie paisible. <br /><br />Vers l'âge de 42 ans, le poète fut
assigné dans la capitale provinciale Chang'An (aujourd'hui nommée
Xi'An), en qualité d'expert érudit de l'empereur. <br /><br />Deux ans
plus tard, il fut accusé de calomnie et fut expulsé de Chang'An.
Certains disent que Melle Yang (la concubine préférée de
l'empereur) fut offensée par les poèmes que Li Bai lui avait écrit.
<br /><br />A la suite de quoi, le célèbre poète voyagea dans toute la
Chine sans vraiment avoir de but. A 57 ans, il fut de nouveau expulsé
du lieu où il se trouvait, accusé d'être impliqué dans une
tentative de rébellion. Cette période difficile fut aussi sa
période la plus productive. Le sort du pays, la mésentente avec le
gouvernement, son aspiration à la famille et à l'amitié et sa
quête d'un pays imaginaire de liberté lui ont inspiré ce massif
opus de poésie que nous connaissons. <br /><br />Libéré par une
amnistie en cours d'exil, Li Bai reprit encore la route. En 762, le
poète frustré, terrassé par la maladie, mourut à l'âge de 62 ans
à Dangtu dans la province de l' Anhui (est de la Chine).
<br /><br />L'influence de Li Bai sur le monde extérieur <br /><br />La plus
vieille traduction des poèmes de Li Bai que le monde connaît est
celle faite par le sinologue français J.J. M. Aniot ; son ouvrage
contenait une introduction aux poètes de la dynastie des Tang,
incluant Li Bai et Du Fu et fut publié en 1779 et 1780. <br /><br />Li
Bai est l'un des poètes chinois à avoir été le plus traduit avec
Wang Wei (701-761). L'une des raisons les plus probables est sans
doute que Li Bai savait traduire son imagination débordante en
allusions subtiles qui touchaient les lecteurs, le poème intitulé «
dure est la route vers Shu » en est une bonne illustration. Ainsi,
depuis le 18ème siècle, introductions et traductions des poèmes de
Li Bai sont traduites en français, anglais, allemand, espagnol,
portugais, suédois, russe, roumain, albanais, et plus encore.
<br /><br />Quant aux Japonais et aux Coréens, ils ont approché les
textes de Li Bai dans leur langue originale, le chinois, au moment où
ils n'avaient pas encore leur propre langue. Leurs travaux ont donc
plus consisté à des recherches et critiques littéraires sans avoir
eu le besoin de traduire les poèmes de Li Bai. <br /><br />La première
Histoire de la littérature chinoise a été publiée en chinois par
Lin Chuan Jia en 1908, alors que le même ouvrage a été traduit en
anglais en 1901 par H.A Giles. Et, l'introduction russe sur Li Bai
publiée en 1880 par V.P Vasil'ev fut aussi antérieure à celle de
H.A Giles. Cette dernière fut pourtant moins populaire que l'ouvrage
de Giles sans doute à cause de la langue. <br /><br />Aussi, de nombreux
poètes furent influencés par la beauté, le romantisme et la force
des ses œuvres. Notamment le poète impressionniste et américain
Ezra Pound qui traduit en 1915 en version anglaise un recueil de 12
poèmes de Li Bai ; recueil considéré comme la création poétique
qui a influencé le monde anglophone du 20ème siècle. Sa réputation
a grandement aidé à la popularisation du plus grand poète
romantique de la dynastie des Tang. </span><br /><br /></span>
</p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><i><b>Pour
aller plus loin :</b></i></span></p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Masterpieces of Chinese Music: A Musical Performance by Music from China: <br /></span></h1><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=B-Y4ncLy9LA">https://www.youtube.com/watch?v=B-Y4ncLy9LA</a></u></span></span></p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">[RARE] LI PO – Une Vie, une Œuvre : Ivre sous la lune (France Culture, 2007)</span></h1><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=NNXH0VPTC5Y"><span lang="fr-FR">https://www.youtube.com/watch?v=NNXH0VPTC5Y</span></a></u></span></span></p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">La calligraphie chinoise, un art qui traverse le temps</span></h1><p lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=u5Gc00pi1eM"><span lang="fr-FR">https://www.youtube.com/watch?v=u5Gc00pi1eM</span></a></u></span></span></p>
<p lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-4761746238535992572023-05-20T10:39:00.001-07:002023-05-22T00:58:01.348-07:00L'Heure Musicale Virtuelle du 20 mai 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"> <span style="color: #cc3300;"><span><i><b>Samedi
20 mai 2023</b></i></span></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgubVo9rOLBwRslM5Un0_woJQfB3KaiH1qxbJPqhY7lJyNGsag8dRj3jGTaScICL5urWjMHG51fR9SU3eRVrkjcG-XstRM9SbkYDeok8cjD3wtIXOIRu2zxsL77gX4j9jDsfTg3K0xt0Tb3n4ftDImOZtfwtx7vMN3qw9MCX3Pf342OByeh38iGzvs7/s937/2023-05-20%20michel%20ange.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="937" data-original-width="727" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgubVo9rOLBwRslM5Un0_woJQfB3KaiH1qxbJPqhY7lJyNGsag8dRj3jGTaScICL5urWjMHG51fR9SU3eRVrkjcG-XstRM9SbkYDeok8cjD3wtIXOIRu2zxsL77gX4j9jDsfTg3K0xt0Tb3n4ftDImOZtfwtx7vMN3qw9MCX3Pf342OByeh38iGzvs7/s320/2023-05-20%20michel%20ange.jpg" width="248" /></a></span></p></div><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300; font-size: medium;"><span><i><b>Michel
Ange 1475 – 1564</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300; font-size: medium;"><span><i><b>Le
doigt de Dieu</b></i></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbUGIYQsa5O8ZVWSARO7k2ZR" rel="nofollow" target="_blank">L'intégralité du programme</a><br /></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">« Le
15 avril 1829, ambassadeur à Rome, il [Chateaubriand] écoute, à
côté de Pie VIII, qui va bientôt mourir, le </span></span></span></span></span></b><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Miserere.</span></span></i></span></span></b><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
Nous sommes à la chapelle Sixtine : « Le jour
s’affaiblissait ; les ombres envahissaient lentement les
fresques de la chapelle et l’on n’apercevait plus que quelques
grands traits du pinceau de Michel-Ange. Les cierges, tour à tour
éteints laissaient échapper de leur lumière étouffée une légère
fumée blanche, image assez naturelle de la vie que l’Écriture
compare à une </span></span></span></span></span></b><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">petite
vapeur</span></span></i></span></span></b><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">… »<br />Ainsi
écrit-on en français, parfois de l’autre côté du monde. »
<br />Philippe Sollers<br /></span></span></span></span></span></b><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
Guerre du Goût<br /></span></span></i></span></span></b><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">in
</span></span></span></span></span></b><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Génie
de Chateaubriand</span></span></i></span></span></b><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
(p. 479, édition Folio) </span></span></span></span></span></b></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Rien
n’indique que Michel-Ange ait eu le moindre goût pour la musique.
À part les trompettes du Jugement dernier, il n’a mis aucun
instrument aux mains de ses personnages. Ni David avec sa harpe, ni
Apollon, ni Orphée avec leur lyre n’ont attiré son attention. Son
contemporain Benedetto Varchi affirme qu’il chantait ses poèmes en
s’accompagnant de la lyre, mais nous n’avons aucune confirmation
de ce témoignage, pieuse affabulation sans doute, volonté
hagiographique de présenter le Héros comme un artiste absolument
complet, sans laisser l’avantage à son rival Léonard de Vinci,
connu, lui, pour sa virtuosité au luth. En réalité, Michel-Ange
s’intéressait si peu à la musique que, lorsqu’on lui envoyait
un de ses poèmes sous forme de madrigal à chanter, il en prenait à
peine connaissance et n’en manifestait nul plaisir.<br /></span></span></span></span></span></b></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les
grands compositeurs de son époque et des époques suivantes lui ont
rendu la pareille. On est surpris de constater qu’aucun de ceux
dont l’écriture fiévreuse, la déclamation intense se seraient
accordées à la rhétorique enflammée du poète n’ont songé à
en utiliser les textes Cyprien de Rore comme Gesualdo da Venosa,
Monteverdi comme Roland de Lassus l’ont ignoré. Et même Emilio
dei Cavalieri, dont l’oratorio Rappresentazione di Anima e Corpo,
exécuté à Rome en 1600, marqua un tournant décisif dans
l’histoire de la musique italienne, ne s’est pas souvenu (à
moins qu’il n’ait tenu à occulter l’épisode) qu’autrefois
pour son père, le beau Tommaso, le vieux Michel-Ange avait brûlé
d’un tumultueux amour, à l’âge de quatre-vingts ans. </span></span></span></span></span></b></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">À
la fin du XIXe siècle seulement, les compositeurs découvrent
l’extraordinaire pouvoir expressif et la richesse émotive de cette
poésie. En 1,886, Richard Strauss, dans les Fünf Lieder op. 15,
inclut un madrigal de Michel-Ange. Dix ans plus tard, Hugo Wolf
décide de consacrer un cycle entier à des textes de Michel-Ange. Il
n’eut le temps que de publier, avant de sombrer dans la folie, les
Drei Gedichte von Michelangelo, sa dernière œuvre, empreinte d’une
mélancolie funèbre. </span></span></span></span></span></b></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les
deux plus grands compositeurs du XXe siècle ont dédié chacun un
cycle de lieder à des poèmes de Michel-Ange ; pour l’un et pour
l’autre, ce cycle compte parmi leurs chefs-d’œuvre ; mais chacun
a été fasciné par un aspect complètement différent de la
personnalité du poète. Personne, à vrai dire, n’a jamais
présenté deux visages aussi opposés. Le Michel-Ange le plus connu,
celui qui est entré dans la légende, c’est l’athlète taillé
en puissance, le démiurge intrépide, qui se mesure à l’éternité
et conçoit la sculpture comme une furieuse empoignade avec la
matière, le rebelle politique aussi, qui fulmine contre la
corruption de l’Église et vitupère l’abaissement de Florence.
Chostakovitch — comment s’en étonner ? — a choisi cet
aspect. Conformément à.son propre tempérament de lutteur et de
dissident, les onze poèmes qu’il a retenus, pour en faire une
suite homogène, d’une hauteur et d’une rigueur ascétiques,
expriment l’angoisse du combattant solitaire mais aussi une
farouche volonté de résistance.Vérité, Courroux, Création («
Si mon rude marteau taille dans la pierre dure »), Nuit, Mort,
Immortalité, les titres sont déjà éloquents. À travers ces
poèmes, le compositeur revit les tortures et les défis qui ont
scandé sa carrière sous la dictature stalinienne. Dante et À
l’exilé évoquent l’altière figure de celui qui, victime d’une
patrie ingrate, supporta fièrement l’injustice. Onze mélodies
pour basse, la voix grave, profonde, pouvant seule rendre
la dimension tragique de ce combat d’un homme seul contre la
tyrannie du pouvoir. Onze professions de courage et de virilité.
(Suite sur des poèmes de Michel-Ange, 1974, pour basse et piano op.
145, pour basse et orchestre op. 145a. La version orchestrée est
plus belle, plus forte. Création de l’œuvre par Nestorenko.
Excellent enregistrement par Sergei Leiferkus.) Changement complet
avec les Seven Sonnets of Michelangelo, de Benjamin Britten (1942).
Écrits pour ténor et piano, ils ont été créés par Peter Pears,
le compagnon du compositeur double signe que celui-ci, délaissant
l’image plus conventionnelle du titan, du surhomme, a débusqué la
part secrète et féminine du poète, sa fragilité d’amant déchiré
et blessé. </span></span></span></span></span></b></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les sept sonnets choisis ont tous pour dédicataire
Tommaso dei Cavalieri, le jeune et beau seigneur déjà cité, qui
inspira au poète le jeu de mots scandaleux : « Resto prigionier
d’un cavalier armato. » Si scandaleux que l’arrière-petit-neveu
du poète, qui établit la première édition, posthume, de ses
œuvres, édulcora ces mots en : « Resto prigionier d’un cuor di
virtù armato. » Il a fallu attendre jusqu’à 1897 pour qu’un
érudit allemand, ayant examiné les manuscrits, restituât la
version originale. Il s’agissait bien de « vertu » ! Aucune
hypocrisie, on s’en doute, chez Britten, qui utilise, dans le
sonnet X.XXI, le vers provocant, et le charge d’une non
équivoque ferveur. Rarement l’éros interdit, doublement interdit,
par le sexe et par l’âge, n’a vibré d’une émotion aussi
violente. Autant Chostakovitch reste russe et russifie Michelangelo,
autant Britten s’italianise pour rendre à ces textes leur
sensualité raffinée. Sonnet LV : « Tu sais que je sais, ô mon
Seigneur, que tu sais que je suis venu ici pour jouir de toi de plus
près. » Préciosité excessive ? Non, langage codé de la
transgression. La musique épouse chaque nuance, chaque sursaut de ce
pathos fébrile, et, dans le dernier tercet, « Le bien que
j’apprends à désirer dans ton beau visage est mal compris par les
esprits humains : pour le connaître, il faut d’abord mourir », le
saut d’octave qui marque le bondissement du désir, avant
l’alanguissement final sur le mot « mourir », rappelle les
audaces de Gesualdo da Venosa. (Sublime enregistrement par Pears et
Britten au piano.) </span></span></span></span></span></b></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Hommes
du Nord, Chostakovitch et Britten ont privilégié, chez Michel-Ange,
l’un, l’énergie dans l’action, l’autre, l’intensité dans
la passion. Seul un Italien, peut-être, pouvait entrer dans les
contradictions du poète et traduire en musique des sentiments
inconciliables. Ascèse torturée et sereine contemplation- de Dieu,
extases mystiques et mortels désespoirs, tourments de la chair et
rébellions de l’âme, on trouve tous ces aspects dans les Rime e
Sonetti di Michelangelo du Sicilien Girolamo Arrigo. De 1956 à 1979,
il a écrit une douzaine de pièces sur des poèmes ou fragments de
poèmes les plus variés. Elles ont en commun d’être chantées par
un chœur a cappella. Arrigo, selon son propre témoignage, a passé
de nombreuses heures, pendant ses années de conservatoire à
Palerme, à copier des œuvres de Palestrina et à s’initier à la
polyphonie. Le concile de Trente, on le sait, prescrivait aux
compositeurs de faire correspondre à chaque syllabe une note, afin
que les textes sacrés fussent intelligibles, et Palestrina réforma
la musique de son temps en appliquant cette méthode. Ce n’est pas
mû par des convictions religieuses qu’Arrigo s’en est servi à
son tour, mais pour<br />exprimer dans tous leurs détails les beautés
poétiques du texte. Le madrigal Sol io ardendo, all’ombra mi
rimango offre l’exemple le plus saisissant de cette identité entre
livret et musique. « Solitaire, brûlant, je demeure dans l’ombre
» : sol à l’unisson des cinq voix sur le so/ initial (par jeu de
mots, bien dans l’esprit de Michel-Ange : sol en italien signifiant
à la fois « solitaire » et la note sol). Dernier vers de ce
quatrain : « Prostrato in terra, mi lamento e piango » : « Prostré
à terre, je me lamente et pleure. » Le chœur chante la-men-to e
pian-go, en détachant les syllabes et fractionnant les notes, comme
un balbutiement exténué. Syncopes, silences, l’extrême soupir
d’un cœur poussé à bout. (Enregistrement par l’ensemble
Michel<br />Tranchant.) </span></span></span></span></span></b></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">D’après
Nanie Bridgman, spécialiste de la musique de la Renaissance ou
dérivée de la Renaissance, Michel-Ange aurait inspiré aussi Liszt
(qui a placé en épigraphe à sa deuxième Ode funèbre pour
orchestre le quatrain la None), l’Italien Ildebrando Pizzetti, le
Suisse Othmar Schoek, le Russe Taneïev, élève de Tchaïkovski.<br /></span></span></span></span></span></b></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Dominique
Fernandez, Dictionnaire amoureux de l’Italie, Paris, Plon, 2008,
tome I, p.653-659. </span></span></span></span></span></b></span>
</p><p align="CENTER" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
</p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><p><span style="color: #cc3300; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQ4-xLPkx-2-BX93indz4lxWSxs_tIr0LYG1eghhFSSVYTvqMV49S70crVrDuP1ZMbwhBZvuvbg-bKA0cgnem_HT0YAZvOhZeLqUggYMsbKMdUQHGHMy9A4MeWol97diU2kh60qruIht-a7ApFUv-cib0nw7cuImpIXTNOIJi0QO0GPHdXcT7HRO2M/s1200/2023-05-20%20michel%20ange%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="675" data-original-width="1200" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQ4-xLPkx-2-BX93indz4lxWSxs_tIr0LYG1eghhFSSVYTvqMV49S70crVrDuP1ZMbwhBZvuvbg-bKA0cgnem_HT0YAZvOhZeLqUggYMsbKMdUQHGHMy9A4MeWol97diU2kh60qruIht-a7ApFUv-cib0nw7cuImpIXTNOIJi0QO0GPHdXcT7HRO2M/s320/2023-05-20%20michel%20ange%202.jpg" width="320" /></a></b></i></span></span></p></div><p style="text-align: left;"><span style="color: #cc3300; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><b> Pour
aller plus loin :</b></i></span></span></p>
<p class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Wolf - Michelangelo-Lieder - Fischer-Dieskau / Moore <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=_LYBDD48C2Y"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=_LYBDD48C2Y</span></span></span></a></u></span></span></span></p>
<p class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Evgeny Nesterenko sings Shostakovich Suite on Verses of Michelangelo -</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=c88vHwwIoeE"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=c88vHwwIoeE</span></span></span></a></u></span></span></span></p>
<p class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Peter Pears: The complete "Seven sonnets of Michelangelo Op. 22" (Britten)</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=hNa378n3QwI"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=hNa378n3QwI</span></span></span></a></u></span></span></span></p>
<p class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">24h avec... Michel-Ange : Michel-Ange poète : Passions (7/8)</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=PfehbPWr9Ds"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=PfehbPWr9Ds</span></span></span></a></u></span></span></span></p>
<p class="style-scope ytd-watch-metadata" style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Documentaire : Michel Ange ,une vie de génie</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=-rZiRsHJ9FI"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=-rZiRsHJ9FI</span></span></span></a></u></span></span></span></p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; text-align: left; text-decoration: none;">
<span style="font-size: medium;"><br /><br /></span>
</p>
<p style="font-style: normal; font-weight: normal; text-align: left; text-decoration: none;">
</p><p style="font-style: normal; font-weight: normal; text-align: left; text-decoration: none;"><span style="font-size: medium;"><br /></span>
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-65774694183223234032023-05-06T08:22:00.000-07:002023-05-07T00:03:52.940-07:00L'Heure Musicale virtuelle du 6 mai 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"> <span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Samedi
6 mai 2023</b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJWmL_K8JORn5f6b-1XVLkLFASTYro-LxACP4h4BBYAbO-xE5LYHo1rYIdyOmPXffRARHCijLhyoAYwJZzl6svhPj22jhhZNIta5nT5Oi2ok2Y7YPg5Dh9ZDz4Jtky0aeIs7vKqcKm5gzEbCtqxsIqhBno_6mQL32353dMvKwLIn7YWgkgVqHbvXW3/s320/2023-05-06%20Walt%20Withmann%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="230" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJWmL_K8JORn5f6b-1XVLkLFASTYro-LxACP4h4BBYAbO-xE5LYHo1rYIdyOmPXffRARHCijLhyoAYwJZzl6svhPj22jhhZNIta5nT5Oi2ok2Y7YPg5Dh9ZDz4Jtky0aeIs7vKqcKm5gzEbCtqxsIqhBno_6mQL32353dMvKwLIn7YWgkgVqHbvXW3/s1600/2023-05-06%20Walt%20Withmann%201.jpg" width="230" /></a></div><br /><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Walt
Whitman 1819 - 1892</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;">
<span style="font-size: large;"><i><b>Un démocrate en Amérique </b></i></span></span>
</p>
<div dir="LTR" id="Section1">
<p style="text-align: right;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbVpqBFFVf656Yjt9jVGnD19" rel="nofollow" target="_blank">L'intégralité du programme</a><br />
</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">On
sait assez que </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Feuilles
d’Herbe</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
représente l’œuvre d’une vie. Cette œuvre, de 1855 à 1891, a
connu de multiples métamorphoses, pour, finalement, s’imposer
comme le chant de la conquête de soi, et une manière de mode
d’emploi lyrique du Nouveau Monde : elle célèbre le corps
vivant de l’individu-citoyen, la foi dans le progrès humain, par
delà les épreuves subies par la nation en marche vers son destin.
Elle construit à vrai dire ce que, sans doute, Walt Whitman
considérait comme le monument littéraire destiné à </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">prouver</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
la grandeur de la tâche entreprise par son pays, au sortir de la
Guerre Civile, et sous le patronage de la grande ombre du Président
martyr qui avait su et libérer la partie asservie du corps social
et réunifier les deux parties de l’empire en formation (ces
</span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">travaux</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">-là
sont inséparables), au seuil de l’ère industrielle :
l’œuvre poétique de Whitman vise à l’édification d’une
nouvelle civilisation, apte à former une espèce neuve d’êtres
et à donner au monde l’exemple d’une réussite enfin
indiscutable, qui puisse servir de modèle à tous les peuples,
l’enthousiasme dont cette civilisation serait porteuse constituant
le meilleur des ferments pour l’avenir.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">Le chant est une chose, et
Whitman indiscutablement a créé, d’un même élan, une manière
étonnante d’en concevoir et la modulation et le contenu, et la
forme et les échos, et inauguré une lignée de poètes qui,
prenant appui sur son œuvre, en ont poursuivi les intentions –
dire la réalité de cette nouveauté-là – et bien sûr apporter
à l’entreprise tous les correctifs, nécessaires sans aucun
doute.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Ainsi,
pour ne prendre qu’une seule formule tirée du </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Song
of Myself</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
comment ne pas voir la filiation, ou la dérivation, et la déviation
à la fois, du </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">All
truths wait in all things</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de Whitman au </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">No
ideas, but in things</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de Williams ? On passe d’une foi absolue en une sorte de
pertinence accordée à l’ensemble du donné de la réalité, de
cette conviction, cette ardente certitude, que les réalités
sensibles du monde contiennent leurs vérités en puissance, que
l’idéal demande à se réaliser dans les faits, à une exigence
de réalisme tout autrement objectif, au sens le plus fort, et
quasi-systématique – on parlera même d’« objectivisme ».
Les « vérités » que Whitman voyait « en
attente », en suspens dans les « choses » du monde
– l’homme, et surtout l’aède whitmanien, étant là pour
parfaire ces vérités des choses en les disant, Williams, lui, n’en
considère plus que la face visible, en quelque sorte : les
choses sont là, les faits existent ; en ces choses et ces
faits il existe des « idées », nous dit-il, et par
conséquent si le poète a une mission, mais disons plutôt un réel
travail à accomplir (le messianisme whitmanien étant dès lors
comme </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">gommé</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">),
c’est d’aller tirer de cette considération des choses les idées
qui s’y trouvent, parce qu’elles sont telles qu’elles sont,
les choses. Plus loin encore dans le siècle suivant Whitman, George
Oppen dira, dans </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Of
Being Numerous</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
au tout début de sa méditation : </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">There
are things/We live among « and to see them/Is to know
ourselves »</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
« Il est des choses/Parmi lesquelles nous vivons “et les
voir/ C’est nous connaître nous-mêmes” ». </span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">Quelles choses ?</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Pound,
à l’opposé d’Oppen, qui se tut pendant des décennies au
profit de l’action sociale au sein du parti communiste – Pound,
hanté, lui, de revenants florentins et de spectres confucéens, et
se situant encore sur le plan des principes autant que des faits,
parlait de « péjorocratie » ; le terme a été
repris par Olson, qui finit par désigner l’Empire et ses pompes
et ses œuvres comme </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">junk</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
« camelote ». Reznikoff, dans </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Testimony</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
fait la recension des actes de justice dans lesquelles cette société
civile de l’Amérique des États-Unis se regarde obéir aux lois
nécessaires à son édification : désastre permanent !
Pound considérait le Père Whitman comme la « présence
incontournable qu’il faut obstruer ». Dans une mouvance
parallèle, Zukofsky a cette formule, dans son </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">« A »-12</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> :
</span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">I
grow leave</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
littéralement « Je pousse feuille ». Il ajoute (en
regardant, la nuit, de sa fenêtre, le Pégase de néon de la
compagnie Mobil Oil) : </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Thru
running manes of Leaves of Grass</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
« Dans la crinière au vent des Feuilles d’herbe ».
Zukofsky avait en mémoire le Whitman journaliste, et parle du
« souffle de ses éditoriaux » venus de Brooklyn, le
quartier excentré de la Ville reine de l’empire alors en
construction.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">De quelle chose parlent-ils
tous, ces poètes attelés à la tâche de dire ce monde-là ?</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">La chose a nom :
démocratie.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">C’est un nom, et une
interrogation.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">Un problème à résoudre,
autant, et plus même, qu’une foi à parfaire.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">Whitman s’est attelé le
premier en tant que poète à chanter les êtres qui doivent
constituer le peuple où la chose trouverait à exister, et à
penser la chose telle qu’en attente de soi.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Il
a rédigé un long essai, étonnant car à la fois débordant de cet
enthousiasme qu’on lui connaît et plein d’une sorte d’amertume
devant les obstacles qui freinent l’ampleur de la tâche à
accomplir et que ses contemporains ne soupçonnent pas, occupés
qu’ils sont à copier l’Ancien Monde dans ses travers les plus
ridicules au lieu de se mettre à inventer ce qui doit être inventé
pour que le Nouveau Monde soit la terre de l’avenir advenu, et cet
essai, il l’intitule </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Democratic
Vistas</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Ces
</span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Perspectives
démocratiques</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
ont été conçues par Walt Whitman comme un texte destiné à
évoluer en s’étendant dans le temps d’une vie. Il s’agissait
de traiter du présent et du futur des États-Unis sous leurs
aspects religieux, social, politique et artistique. Whitman voyait
le texte se développer selon le principe d’une « accumulation
successive ». Le projet n’ayant jamais été réalisé sous
cette forme idéale, la version finale du texte a été publiée en
1876 et il est la juxtaposition, arrangée, mise en forme, de
plusieurs articles successifs publiés dans des journaux.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
titre de l’essai est devenu célèbre, tel un lieu commun, au
point de servir de signe de ralliement pour nombre d’ouvrages
visant à mettre en valeur la perpétuation d’une sorte de
sentiment national unanimement partagé. Ainsi le </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">New
York Times</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
récemment, l’utilisait pour fêter l’élection de Barack Obama.
Les États-Unis (les idéologues du pays) regardent aisément
l’avenir comme l’horizon vers lequel chacun des citoyens doit
porter son regard. Il est d’ailleurs remarquable de constater que
ce titre est utilisé pour l’accession d’un Africain-Américain
(autre expression maintenant consacrée) au poste de vigie
présidentiel, alors que Whitman évite, précisément, lui,
d’aborder de front le problème de l’égalité raciale, malgré
l’adoption alors des Quatorzième et Quinzième Amendements qui
garantissent cette égalité (« Toute personne née ou
naturalisée aux États-Unis, et soumise à leur juridiction, est
citoyen des États-Unis et de l’État dans lequel elle réside »
dit l’un, en 1868 ; et « Le droit de vote des citoyens
des États-Unis ne sera refusé ou limité par les États-Unis, ou
par aucun État, pour des raisons de race, couleur, ou de condition
antérieure de servitude. », dit l’autre, en 1870). Whitman
se garde de s’appuyer jamais sur ces textes constitutionnels, et
s’en tient à quelques fortes obsessions personnelles, qui font
l’originalité de son essai…</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">L’</span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">American
Dictionary of the English Language</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
de Noah Webster, à l’époque de Whitman, définit la démocratie
comme « une forme de gouvernement dans lequel le pouvoir
suprême est mis entre les mains du peuple collectivement, ou dans
lequel le peuple exerce le pouvoir législatif ». Webster cite
évidemment en exemple le gouvernement de l’Athènes antique, et
ne fait aucune référence à la démocratie américaine. Whitman
fait exactement l’inverse, et considère que c’est le </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">processus</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
démocratique lui-même qui importe : le futur est son point de
mire, et les antécédents ne sont pas cités. « Nous avons
fréquemment imprimé ici le mot Démocratie. Cependant je ne peux
trop souvent répéter que c’est un mot dont l’essentiel de la
réalité dort encore, qui n’est pas sorti de son sommeil… »,
dit le texte des </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Vistas</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.
On retrouve là le principe de ces vérités qui vivent en sommeil
dans les choses. Définition parfaitement négative, donc, car la
réalité démocratique, si l’on écoute parler Whitman, n’a pas
encore d’histoire effectivement réalisée. Plus, même : les
États-Unis, en son temps, sont encore manifestement sous le coup de
lois, de coutumes et d’institutions qui n’ont rien à voir avec
l’idéal qu’il entend prôner, et cet idéal en est encore selon
lui à l’état d’« embryon », c’est le terme qu’il
emploie.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">Second aspect majeur du texte :
c’est la formation d’une « littérature démocratique »
qui constitue le point focal terminal de son discours. Il s’agit
de se débarrasser des modèles « féodaux » (voire
« orientaux » !), où le roman, essentiellement,
conserve la discrimination hiérarchique, pour aboutir, au nom de
l’égalitarisme démocratique idéal, à une classe de « lettrés »
dont la tâche serait d’assumer la fonction pédagogique dans la
nation. Direction à suivre, selon cette perspective : un
échange entre auteur et lecteur (Whitman transpose, en quelque
sorte, au domaine littéraire la maxime politique de Lincoln, selon
laquelle la démocratie est « le gouvernement du peuple par le
peuple pour le peuple », et la nécessité de voir émerger la
figure du Poète qui donnera à la démocratie son « épopée »
– une histoire nouvelle, idéalisée – qui réduirait l’histoire
ancienne à l’état de « naine ».</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">Bref, le poète-lettré
apprendrait à lire à son multiple concitoyen, lequel deviendrait
ainsi un lecteur « athlétique », un adepte de la
lecture active conçue comme une lutte de gymnaste, le texte offert
par l’aède nouveau étant en quelque sorte le soutien, actif lui
aussi, de l’exercice. Ainsi le lecteur, comme l’auteur du poème,
écrirait l’à-venir de l’idéal démocratique.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">C’est que, pour Whitman, et on
ne saurait le taxer de naïveté sur ce point, même si par ailleurs
on peut lui trouver quelque candeur, le spectacle des États-Unis de
son temps est affligeant. Hypocrisie, partout, par exemple, et
vulgarité. Cependant, là n’est pas l’essentiel. Le problème
central se pose autrement pour le poète-idéologue, et reste celui
du rapport de la personne avec la communauté : comment
concilier la nécessité de la liberté de chacun et la tout aussi
nécessaire cohésion sociale – l’« individu
démocratique » et la « nationalité » ?
Solution whitmanienne : ce qu’il nomme « personnalisme »
– un équilibre entre impératif de la réalisation individuelle
et partage dans la camaraderie. Le tout dans la ferveur de l’idéal.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Whitman
écrit son essai à la fin des années 1860 (en plusieurs étapes,
donc : en en publiant, et avec difficulté, les trois parties
successives dans des journaux du temps, et d’ailleurs en se
faisant voler la vedette, une fois, par un article vantant des vues
opposées aux siennes, et en recourant pour l’édition finale au
compte d’auteur), au moment où la nation se réunifie, tout en
réglant peu à peu le problème des droits civiques des esclaves
libérés : cette affaire est même au centre de la réalité
civique, car la libération des Noirs a provoqué un problème de
gestion des flux de migration depuis le Sud vers les cités du nord,
et d’abord vers la capitale (qui reste, de nos jours, une ville où
la population noire est majoritaire). Il date ainsi son essai,
volontairement de « Washington, DC, 1871 », où il
réside un temps, au plus près des acteurs de la reconstruction, au
ministère de la Justice, alors que l’entreprise des </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Feuilles
d’herbe</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
est, elle, née en 1855 à Brooklyn. La réflexion politique est
ainsi clairement distincte de l’élaboration du poème, et elle la
suit, chronologiquement.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Un
des principes sur lesquels s’appuie Whitman pour soutenir son
idéal est la déclaration de principe de Lincoln. Whitman n’a que
peu croisé Lincoln (quelques saluts de la tête entre eux, lors des
déplacements du Président entre la Maison Blanche et sa résidence
d’été), mais il a eu des relations de fait plus suivies avec
l’administration du successeur de celui-ci, Andrew Jackson. Le
poète a fait pendant le conflit qui a mis le pays en péril
l’expérience des hôpitaux militaires et il travaille désormais
au service du département de la Justice, de 1865 à 1869. La scène
politique était alors assez agitée. Le Président a eu à lutter
contre le Congrès : c’est Jackson qui a permis la
ratification du Treizième Amendement, abolissant l’esclavage sur
tout le territoire des États, et qui, donc a rendu la Proclamation
d’Émancipation de Lincoln permanente. Les réels problèmes
allaient dès lors commencer. Lincoln, comme Harriet Beecher Stowe
par exemple (la romancière de </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
Case de l’Oncle Tom</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">),
avait été partisan, avant la Guerre Civile, de renvoyer les
esclaves libérés en Afrique ou dans les Caraïbes, afin que leur
présence ne perturbe pas le développement de la nation blanche. La
guerre avait changé les données, puisque Lincoln avait finalement,
avec l’Émancipation, permis aux esclaves libérés de s’engager
dans l’armée du Nord.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;">C’est Washington qui devint le
lieu de formation d’une société multiraciale dès avril 1862,
lorsque les propriétaires d’esclaves furent payés pour la
libération de leurs esclaves : la nouvelle donne sociale
allait trouver là son terrain d’expérimentation, et
d’organisation. D’autant que les esclaves d’autres régions
affluèrent, étant certains de voir là leurs droits reconnus. En
1865, le droit de vote y fut étendu à cette population, par un
referendum. Le même processus se reproduisit à Georgetown, en
raison de l’arrivée des noirs du Maryland et de la Virginie.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Whitman
a assisté à des défilés de noirs émancipés dans la capitale
fédérale. Et ses réactions ne sont pas exactement celles qu’on
attendrait du chantre de la camaraderie universelle au sein de la
nation. Une lettre à sa mère, en 1866, décrit la procession pour
la fête de l’Émancipation, comme « impressionnante »
et les nouveaux citoyens comme un défilé de « noirauds »
(</span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">darkeys</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">)
et de « bonniches » (</span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">wenches</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">).
En juin 1868, il décrit également le défilé des citoyens noirs –
« en l’honneur de </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">leur</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
victoire dans l’élection du Maire, Mr. Bowen » – comme
quelque chose d’assez répulsif : « il y en avait un
chapelet qui suivait le trottoir en file avec des gourdins & des
bâtons, en hurlant et en gesticulant comme des fous – c’était
assez comique, mais particulièrement dégoûtant & inquiétant.
Ils étaient très insolents, & c’était assez curieux à voir
– on aurait dit des brutes sauvages déchaînées – des milliers
d’esclaves des plantations du Sud s’étaient rassemblés –
beaucoup avec l’appui du Gouvernement ». Si Whitman, trois
ans avant, avait admiré le passage des troupes noires en uniforme
et arme à l’épaule, en marche vers le Capitole, le ton avait
changé : il doutait déjà d’une intégration réussie. La
remarque sur « </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">leur</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
victoire » est caractéristique : les noirs, dans
l’élection de Bowen à la mairie de Washington, ont fait bloc, et
ne se sont pas conduits en individus selon ses vues idéales. Des
années plus tard, Whitman déclarera à Horace Traubel (l’auteur
de </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">With
Walt Whitman in Camden</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">)
qu’il en savait suffisamment pour se dire « convaincu que
s’il avait vécu dans le Sud il aurait été du côté des
Blancs ». Comme Traubel lui demandait s’il n’y avait pas
là quelque contradiction avec son idéal démocratique, Whitman
répondit : « Je me verrais forcé de ne pas donner
d’explication ; j’éviterais le sujet. » D’où, en
effet, l’effacement du problème dans les </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Vistas</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
réflexion whitmanienne, à vrai dire, trouve son origine, en grande
partie, dans une réaction à un essai du penseur écossais Thomas
Carlyle, intitulé </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Shooting
Niagara, and after</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> ?,
dans lequel il voit l’expression typique d’un point de vue
« féodal ». Carlyle développe une « théorie »
politique en un sens très large, mais Whitman y voit une attaque à
son endroit en tant qu’Américain. Il est vrai que Carlyle entend
mettre en garde envers la démocratie, assimilée à une entreprise
dont l’issue est périlleuse.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Carlyle
pose tout d’abord trois principes qui découlent, selon lui, de la
simple observation des faits – 1/ que la Démocratie, pour se
réaliser pleinement, doit avoir des institutions (Parlement, Haute
Cour…), épaulées par une Presse à bon marché (des </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Penny
Newspapers</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
des journaux à un sou) qui garantissent la liberté de tous, afin
que chacun « suive son propre chemin (Carlyle dit </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">follow
his own nose</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
soit : « renifle sa piste », tel un chien en
quelque sorte) grâce à des poteaux indicateurs dans un monde
compliqué » ; 2/ qu’« en l’espace de 50 ans,
l’Église, toutes les Églises et soi-disant religions, dont la
Chrétienne, sont tombées en déliquescence, dans la Liberté de
Conscience, le Progrès de l’Opinion, le Progrès de
l’Intelligence, le Mouvement Philanthropique, et autres résidus
aqueux, parfumés d’une eau de boudin insipide », qui va, en
tombant sur le sol, « s’évaporer à loisir » ;
3/ qu’à la place, va s’instaurer le Libre Échange, « sans
limite », qui va donner libre cours, « à toute vitesse,
à la carrière du </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Cheap
and Nasty</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
du bon marché et du mauvais goût », qui va s’étendre à
la sphère matérielle comme la spirituelle, par le moyen du droit
de vote universel, dont les lumières ont besoin d’être assurées…
En tant que sujet britannique, Carlyle s’interroge sur la
nécessité d’en arriver là, à ce règne de l’Opinion, dont le
peuple risque de tenir les arrêts pour des axiomes indiscutables.
Il fait allusion à Bismarck, entre autres, cite (en grec) en
contrepartie la réflexion d’Antonin le Pieux (« Qui pourra
faire changer d’opinion à ces gens ? »)… Il fait une
longue variation, qui a dû en effet beaucoup irriter Whitman, sur
ce qu’il nomme la </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Schwarmerey</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
équivalent germain, dit-il, de ce que les Grecs nommaient
« enthousiasme », et qu’il rend en anglais par
</span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Swarmery</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
soit pour en donner un équivalent français, l’« essaimage »,
au sens péjoratif, la prolifération de la </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">doxa</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
ou du </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">dogma</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
visé par l’empereur Antonin. En particulier, quand il considère
les États-Unis, il tient la « Question Nègre »
(Carlyle écrira un autre essai spécifiquement consacré à cette
question) pour le résultat de cette </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">swarmery</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
et « une des moins importantes » que la démocratie ait
eu à résoudre. Il voit ironiquement le Diable en </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">emancipated
gentleman</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
et considère que le monde est ainsi poussé, à lâcher la bride à
ces libertés proliférantes, vers les rapides, et va
irrésistiblement être amené à faire le saut de la cataracte,
avec les dangers que l’exercice comporte. D’où le titre de son
essai… </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Faire
le saut du Niagara, et après ?</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
C’est à ces formules que Whitman répond en en reprenant les
termes.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Il
n’a pu en effet que se trouver hérissé par le style ampoulé de
l’Écossais, malgré l’admiration qu’il pouvait éprouver pour
lui (Carlyle et Emerson ont eu une correspondance très importante
et Whitman la connaissait), sans compter même telle déclaration
d’une pertinence douteuse (« Le Tout-Puissant a fait le
Nègre pour être un Serviteur. ») ; mais il a dû
considérer comme insultante l’opinion à l’emporte-pièce selon
laquelle la Guerre Civile (la Guerre dite de Sécession) n’avait
pas été faite « pour des idéaux valables, mais par
stupidité ». Autre sujet de colère : la Guerre avait
été menée pour affranchir « trois millions d’absurdes
Noirs », en tuant un certain nombre d’« excellents
hommes Blancs », affirmait Carlyle, alors que pour Whitman,
elle avait été entreprise avant tout afin de préserver l’Union,
et pas expressément en vue de la libération des esclaves. Whitman,
en fait, pensait que Carlyle se mêlait là de quelque chose qu’il
était inapte à comprendre, et que sa diatribe, son </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">comic
painful hullabaloo</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
ce « raffut tragi-comique » était pire que les cris
primitifs de ceux qui venaient de se voir octroyer le droit de vote.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Les
</span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Perspectives
démocratiques</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
sont nées de cette nécessité de plaider pour la réalisation de
l’idéal dont le Nouveau Monde était porteur, sans en être
encore pleinement conscient. C’était donc une idée en sommeil
dans les choses, et sa vérité demandait à être dite, ainsi le
concevait Whitman. De même il considérait qu’il était de son
devoir de donner à ce plaidoyer une voix, celle du Lettré du futur
dont il brosse le portrait idéal : un composé de Shakespeare,
des bardes sacrés des Juifs, d’Eschyle, de Juvénal, dit-il, mais
« pour les desseins futurs et démocratiques, des poètes
(oserai-je le dire ?) d’un ordre plus élevé que chacun de
ceux-là », une « classe de bardes qui fassent
concorder, maintenant et pour toujours, l’être physique rationnel
de l’homme avec les ensembles de l’espace et du temps, et avec
ce vaste et multiforme spectacle de Nature, qui l’environne »,
et dont, à l’évidence, le poète des </span></span></span><i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Feuilles
d’Herbe</span></span></span></i><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
est le pendant réel, et, lui, convaincant dans la forme originale
qu’il a donnée à son œuvre.</span></span></span></span></p>
</div>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><i><b>Pour
aller plus loin :</b></i></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 align="LEFT" class="western"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u>Philip
Glass - Violin Concerto No. 1 (w/ score) (1987) :
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Vov9SAItc9A">https://www.youtube.com/watch?v=Vov9SAItc9A</a></u></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 align="LEFT" class="western"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u>WALT
WHITMAN (1819-1892) – Une vie, une œuvre [2006]
:<a href="https://www.youtube.com/watch?v=iRJ-kX_qBYI">https://www.youtube.com/watch?v=iRJ-kX_qBYI</a></u></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 align="LEFT" class="western"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u>Whitman,
Walt – Voici ce que tu feras.
:<a href="https://www.youtube.com/watch?v=ro4yJdX0JXI">https://www.youtube.com/watch?v=ro4yJdX0JXI</a></u></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 align="LEFT" class="western"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u>Oh
Captain! My Captain! - Walt Whitman (Powerful Life Poetry) :
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=wMuZ50QMG-w">https://www.youtube.com/watch?v=wMuZ50QMG-w</a></u></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 align="LEFT" class="western"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u>Glass:
Glassworks (w. Full Score) :
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=2QA8OZ4j8i4">https://www.youtube.com/watch?v=2QA8OZ4j8i4</a></u></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhR0fwgQbJnIEATlWTnWehU5NOANNWHwy4JKXwEh4IPoAblDbSewJEpDb5tSjyVIKLUJv8aG9T3NX1efUINEAqIj_AnnBuuGMNtDwlamcuI0H9OMEd2IP0YObdoFfTbOOsRFRQHyKz8MTDNOkoqTAPkVsjLNsfGS170HVg7XcXMnwqj5aNVYnkRWVoo/s1200/2023-05-06%20Walt%20Withman%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="481" data-original-width="1200" height="128" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhR0fwgQbJnIEATlWTnWehU5NOANNWHwy4JKXwEh4IPoAblDbSewJEpDb5tSjyVIKLUJv8aG9T3NX1efUINEAqIj_AnnBuuGMNtDwlamcuI0H9OMEd2IP0YObdoFfTbOOsRFRQHyKz8MTDNOkoqTAPkVsjLNsfGS170HVg7XcXMnwqj5aNVYnkRWVoo/s320/2023-05-06%20Walt%20Withman%202.jpg" width="320" /></a></div><br /><span style="font-size: small;"><br /></span>
<p></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-26446862601350692662023-04-21T09:26:00.003-07:002023-04-21T09:27:14.827-07:00L'Heure Musicale virtuelle du 22 avril 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"> <span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Samedi
22 avril 2023</b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhq4bcWlZ2s-JzMIV4AzgSv47dKq5JNZVdJPe7gFVTnYAphfdhdmeogw0JH0FiH15Nd9bLZTcudOjv2UKyDgIjVKdRYX4oI6Rigy7QnkRX1ywcJwe_lD7_8pKyROqZNcuVhRndvPRU2N9gyPlochwwwkJ7ZF9ZdJ87HeGJKy53wG2ShbTY3CGywx7bp/s1250/2023-04-22%20Pessoa%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="840" data-original-width="1250" height="215" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhq4bcWlZ2s-JzMIV4AzgSv47dKq5JNZVdJPe7gFVTnYAphfdhdmeogw0JH0FiH15Nd9bLZTcudOjv2UKyDgIjVKdRYX4oI6Rigy7QnkRX1ywcJwe_lD7_8pKyROqZNcuVhRndvPRU2N9gyPlochwwwkJ7ZF9ZdJ87HeGJKy53wG2ShbTY3CGywx7bp/s320/2023-04-22%20Pessoa%201.jpg" width="320" /></a></div><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Fernando
Pessoa 1888 – 1935</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>L'intranquille</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbVYYVMP2lWnOslQe-ykzd30" rel="nofollow" target="_blank"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">L'intégralité du programme <br /></span></span></span></a></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Lisbonne,
30 novembre 1935. Un homme de 47 ans meurt d’une insuffisance
hépatique, seul, prématurément vieilli par l’alcool. A son
enterrement, peu de personnes, quelques amis, des curieux. Et
pourtant, il fait également la une des journaux. </span></span></span><span style="font-size: small;"><b><a href="https://www.lefigaro.fr/livres/fernando-pessoa-une-si-douce-melancolie-20200422" target="_blank"><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Est
retrouvée chez lui une grande malle noire</span></span></span></a></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
contenant plus de 27 000 documents, écrits divers tous signés
de noms différents, inachevés, remodelés, prêts à être édités.
Cet homme est Fernando Pessoa, poète portugais n’ayant publié
qu’un seul ouvrage, </span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Message,
</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">en
1934 et quelques poèmes disséminés dans les journaux. Comment
Fernando Pessoa est-il devenu un poète pluriel ? Cet orfèvre
des mots est tout d’abord un homme fracturé et ordinaire qui
deviendra plusieurs auteurs en un seul corps. </span></span></span></span>
</p>
<p style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Fernando
Pessoa est né à Lisbonne le 13 juin 1888. </span></span></span><span style="font-size: small;"><b><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/une-nuit-portugaise-une-vie-une-oeuvre-fernando-pessoa-celui-qui-netait-personne-1ere-diffusion" target="_blank"><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Son
nom a pour signification « personne».</span></span></span></a></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
Cela ne traduit pas l’absence de quelqu’un – qui en portugais
se dit </span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">ninguém</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
– mais une personne en tant qu’individu. D’ailleurs, </span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">persona</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">,
depuis l’Antiquité, désigne le masque à travers lequel sonne la
voix d’un acteur. Curieusement, chaque hétéronyme de Pessoa,
finalement, est un masque à travers lequel sonne la voix du poète. </span></span></span></span>
</p>
<p style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Orphelin
de père à cinq ans, il fait l’expérience du vide pour la
première fois. Il commence alors à créer des personnages
imaginaires, </span></span></span><span style="font-size: small;"><b><a href="https://bibliotheques.paris.fr/2016/doc/SYRACUSE/1041132/l-ami-du-chevalier-de-pas-portrait-subjectif-de-fernando-pessoa" target="_blank"><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">dont
le chevalier de Pas</span></span></span></a></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
avec qui il converse et qui lui raconte des histoires. Ce sera son
premier « hétéronyme», sa première dissociation de
lui-même. Fernando Pessoa a très peu voyagé tout au long de sa vie
mais, à l’âge de huit ans, il suit sa mère et part vivre en
Afrique du Sud, à Durban. Après y avoir suivi de brillantes études,
il décide, à l’âge de dix-sept ans, de revenir à Lisbonne où
il souhaite devenir un poète de langue anglaise de style
shakespearien. Après ce voyage ainsi qu’un autre aux Açores, il
ne quittera plus jamais Lisbonne et ne se dédiera plus qu’à son
art et à ses aventures intérieures.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">« </span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Voyager
? Pour voyager il suffit d’exister. Je vais d’un jour à l’autre
comme d’une gare à l’autre, dans le train de mon corps ou de ma
destinée, penché sur les rues et les places, sur les visages et les
gestes, toujours semblables toujours différents, comme, du reste, le
sont les paysages. Si j’imagine, je vois. Que fais je de plus en
voyageant ? Seule une extrême faiblesse de l’imagination peut
justifier que l’on ait à se déplacer pour sentir</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">. »
</span></span></span></span>
</p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">De
retour au Portugal, Fernando Pessoa se lie d’amitié avec Mário de
Sã Carneiro avec qui il crée la </span></span></span><span style="font-size: small;"><a href="https://www.cairn.info/revue-la-revue-des-revues-2016-1-page-113.htm" target="_blank"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">revue
</span></span></span></b><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Orpheu</span></span></span></i></a><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
</span></span></span></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">en
1915. Dans les années 1910, il décide d’arrêter ses études de
lettres et fuit la vie universitaire. Ses débuts littéraires sont
très remarqués par les intellectuels de son époque car dès 1912,
il publie une série de trois articles sur la nouvelle poésie
portugaise et est connu pour être un virulent critique. Il ose même
se présenter comme un supra-Camões (considéré comme le plus grand
écrivain portugais, auteur du poème épique </span></span></span><b><a href="https://www.franceinter.fr/oeuvres/les-lusiades" target="_blank"><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Les
Lusiades</span></span></span></a></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
sur les Grandes découvertes portugaises publié en 1572), évoquant
le passé glorieux de son pays et se désignant comme le nouvel
écrivain majeur du début du XXème siècle. </span></span></span></span>
</p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">« </span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Ô
mer salée, combien dans ton sel tu contiens De larmes versées par
le Portugal ! Pour t’avoir sillonnée, combien avons-nous fait
pleurer de mères, Combien d’enfants avons-nous fait prier en vain
! Combien de fiancées sans époux sont restées Pour que tu fusses
nôtre, ô mer salée !</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">« </span></span></span></span></p>
<p style="font-weight: normal; text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Pourtant,
cet homme est bien ordinaire. Il travaille toute sa vie dans un
emploi à temps partiel au sein d’une entreprise d’import-export
dans laquelle il rédige le courrier en anglais ou le traduit pour
les clients afin de subvenir à ses besoins. Il est un homme
interchangeable, en costume noir, portant un chapeau mou, la totalité
de son visage couverte par ses lunettes et sa moustache, le regard
vide, fuyant. Sur toutes ses photographies, il est sans expression,
sans sourire, fantomatique. Sa vie est morne, simple et taciturne et
tranche avec la complexité de son œuvre.</span></span></p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">« </span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Mon
destin est peut-être, de toute éternité, d’être comptable, et
la poésie ou la littérature ne sont peut-être qu’un papillon
venant se poser sur mon front, et qui me rend d’autant plus
ridicule que sa beauté est plus éclatante.</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">« </span></span></span></span></p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Avec
une vie aussi morne et mélancolique, </span></span></span><span style="font-size: small;"><b><a href="https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/fernando-pessoa-1888-1935-ecrivain-pluriel" target="_blank"><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">comment
Fernando Pessoa est-il devenu pluriel ?</span></span></span></a></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
Il a créé diverses esthétiques et personnages : des hétéronymes
qui ont chacun un nom, une biographie, une œuvre et des ambitions
littéraires qui leur sont propres. Pessoa a narré leur genèse dans
une </span></span></span><b><a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1987/02/27/etre-ou-ne-pas-etre-fernando-pessoa_4022516_1819218.html" target="_blank"><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">lettre
au poète Adolfo Casais Monteiro le 13 janvier 1935</span></span></span></a></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
: « </span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Un
jour, je m’approchai d’une haute commode et, prenant une feuille
de papier, je me mis à écrire, debout, comme je le fais chaque fois
que je le peux. Et j’ai écrit trente et quelques poèmes
d’affilée, dans une sorte d’extase dont je ne saurais définir
la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie et je ne pourrai en
connaitre d’autres comme celui-là</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">. »
Alors qu’il écrit </span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Le
Gardeur de troupeaux</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">,
explique-t-il, Pessoa sent une autre personne croître dans son corps
et il lui donne le nom d’Alberto Caeiro. </span></span></span></span>
</p>
<p style="font-weight: normal; text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">C’est
l’apparition des hétéronymes de Fernando Pessoa. Alors que
l’usage des pseudonymes permet de cacher une identité, les
hétéronymes sont autres que le poète, tout en lui étant
endogènes. Ils sont autonomes, ont un nom, une biographie, une
adresse, écrivent les uns sur les autres, se contredisent, débattent
ensemble. Tous les lecteurs de presse savent qu’ils ne sont tous
que Pessoa lui-même puisque la photo du poète leur est associée
dans les journaux. Il est donc plusieurs écrivains en même temps. </span></span>
</p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Aujourd’hui,
on dénombre </span></span></span><span style="font-size: small;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">plus
de 70 hétéronymes</span></span></span></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
dont le maître est Alberto Caeiro. Celui-ci décide de faire table
rase des traditions poétiques symboliques et romantiques et plaide
pour un retour vers la tradition antique. Ses plus célèbres
disciples sont Alvaro de Campos, qui prône une poésie moderne,
ancrée au XXème siècle, </span></span></span><b><a href="https://www.ina.fr/video/R08073487/jose-saramago-a-propos-de-l-annee-de-la-mort-de-ricardo-reis-video.html" target="_blank"><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Ricardo
Reis</span></span></span></a></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
ainsi que Pessoa lui-même qui ose aller à son encontre et le
critiquer.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Autre
particularité nous permettant de constater que Pessoa est un poète
multiple et original est qu’il a aussi créé la catégorie du
demi-hétéronyme, qui comprend Bernardo Soares. A son sujet, Pessoa
explique qu’il n’a pas réussi à se dédoubler et à le faire
totalement autre que lui. La vie de l’auteur et celle de son
hétéronyme se ressemblent considérablement et l’écriture en
prose, plus intimiste, l’empêche d’en faire un nouveau poète à
part entière. C’est d’ailleurs cet hétéronyme qui écrit le
</span></span></span><span style="font-size: small;"><b><a href="https://m.ina.fr/video/I08046725/a-propos-de-pessoa-video.html" target="_blank"><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Livre
de l’intranquillité</span></span></span></a></b><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
ou </span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Livro
do desassossego</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">
commencé en 1913 et rédigé jusqu’en 1920 puis repris en 1929 et
publié en 1982. Etant l’une des œuvres les plus connues de
Pessoa, elle est celle qui reflète le mieux son agitation nerveuse,
son inquiétude et son désarroi. Le </span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">desassossego </span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">est
ce mot qui désigne à la fois une intranquillité nerveuse et une
véritable agitation physique. Il est souvent utilisé lorsque l’on
demande à une personne de se tenir tranquille, sage – l’inquiétude
en portugais étant elle traduite par </span></span></span><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">preocupação</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">« </span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">Le
monde est à celui qui nait pour le conquérir Et non à celui qui
rêve de pouvoir le conquérir, même s’il a raison. J’ai rêvé
plus que Napoléon n’a conquis. J’ai serré sur mon cœur
hypothétique plus d’humanités que le Christ. J’ai conçu en
secret des philosophies qu’aucun Kant n’a écrites. Mais je suis,
et resterai peut-être toujours, celui de la mansarde</span></span></span></i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-weight: normal;">. »</span></span></span></span></p>
<p style="font-weight: normal; text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Pessoa
est donc un poète pluriel. Il veut être le monde, le sentir, être
le plus poreux possible à l’univers qui l’entoure. Il est un
trou noir, un puits sans fonds qui absorbe tout ce qui l’environne.
En n’étant rien, en n’ayant aucune ambition, aucune construction
intérieure, il analyse ses sensations, dévore ce qui l’entoure et
veut pouvoir tout être, tout sentir, tout savoir, tout exprimer,
tout imaginer. Il s’est auto-divisé pour enrichir ses dialogues
intérieurs, pour entrer en contradiction avec lui-même. Son
objectif est d’organiser les différentes querelles entre ses
nombreux hétéronymes afin de leur donner une cohérence et qu’elles
lui permettent d’avoir accès à toutes les esthétiques possibles,
à tous les courants et tendances poétiques présents. </span></span>
</p>
<p style="font-weight: normal; text-align: left;"><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Pessoa
est l’incarnation de l’homme pluriel qui se défini à travers
chacun de ses mots. Il voulait pouvoir vivre tous les contraires, se
créer, avoir accès à toutes ses sensations et être l’intelligence
de tout en étant rien. Il l’affirme dans un de ses plus célèbres
poèmes :</span></span></p>
<blockquote style="font-weight: normal; text-align: left;"><p>
<span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">« Je
ne suis rien<br />Jamais je ne serai rien.<br />Je ne puis vouloir être
rien.<br />Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde. » </span></span>
</p></blockquote>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><i><b>Pour
aller plus loin :</b></i></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Amália Rodrigues - Queen Of Fado ( Full Album) </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=W-TKWhqEtJw">https://www.youtube.com/watch?v=W-TKWhqEtJw</a></u></span></span></span></h1>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Un moment de poésie avec Fernando Pessoa au bord du Tage </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=Qiu7p12e7nA">https://www.youtube.com/watch?v=Qiu7p12e7nA</a></u></span></span></span></h1>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Lisboa, sur les pas de Fernando Pessoa: </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=_JR2kBZmf3U">https://www.youtube.com/watch?v=_JR2kBZmf3U</a></u></span></span></span></h1>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Fernando PESSOA – Une Vie, une Œuvre : 1888-1935 (France Culture, 2018): </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=QQwbYTQps2A">https://www.youtube.com/watch?v=QQwbYTQps2A</a> </u></span></span></span></h1><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: navy; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgR5BX-OA0RuKqMJ6yFwhKHehoXjVhOceN_9kn5crH2DuFRsk_Iu5qQuJO8_xf9UjT-_R4TCq9_PNtY7B4YzYTpHX-WxTknXprSZVw_mvibNiJiNFDrFFrp78DEib3r-XDqwLhiDtcuVZpqovR6hxoQaaBdebNmF9ics2E0abZpMSe55dAuMgo9uBh-/s1024/2023-04-22%20Pessoa%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="460" data-original-width="1024" height="144" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgR5BX-OA0RuKqMJ6yFwhKHehoXjVhOceN_9kn5crH2DuFRsk_Iu5qQuJO8_xf9UjT-_R4TCq9_PNtY7B4YzYTpHX-WxTknXprSZVw_mvibNiJiNFDrFFrp78DEib3r-XDqwLhiDtcuVZpqovR6hxoQaaBdebNmF9ics2E0abZpMSe55dAuMgo9uBh-/s320/2023-04-22%20Pessoa%202.jpg" width="320" /></a></span></div><span style="color: navy; font-size: small;"><br /><u><br /></u></span><p></p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-45410196832937586542023-04-09T07:23:00.000-07:002023-04-10T07:20:31.287-07:00L'Heure Musicale virtuelle de Pâques 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"> <span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Dimanche
de Pâques 9 avril 2023</b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNKQEEHf9yljQfJgeJ6UlUA2xfNmZ2cpGMxPg2SRxQOhsOzzrL530Aw3Mb4ycyaVYdKZzPWjK9zYloHYf2yUqrvmDJlF8VRGaB3J5NAurz6OjHQUhh-Vn1pY3porx4m83Ub_bWfiU7oAhlCzvlXuigGAoiNK51Du7gab3W35Ma6ojuZHaCvzuQqdFa/s1200/2023-04-09%20Dante%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="630" data-original-width="1200" height="168" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNKQEEHf9yljQfJgeJ6UlUA2xfNmZ2cpGMxPg2SRxQOhsOzzrL530Aw3Mb4ycyaVYdKZzPWjK9zYloHYf2yUqrvmDJlF8VRGaB3J5NAurz6OjHQUhh-Vn1pY3porx4m83Ub_bWfiU7oAhlCzvlXuigGAoiNK51Du7gab3W35Ma6ojuZHaCvzuQqdFa/s320/2023-04-09%20Dante%201.jpg" width="320" /></a></div><br /><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Dante
Alighieri 1265 – 1321</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>In
Paradisum</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="text-align: right;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbWmsXPlLTpfixYrSmq8hQP-" rel="nofollow" target="_blank"><i>L'intégralité du programme <br /></i></a></span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: small;"><i>La gloria di
Colui che tutto move </i><br /><i>per
l’universo penetra, e risplende </i><br /><i>in
una parte più e meno altrove.</i></span></p>
<p style="border: medium none; padding: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;">La
gloire de Celui qui meut toutes choses<br />Pénètre l’univers, et
resplendit<br />Davantage en un point et moins ailleurs.</span></p>
<p style="border: medium none; padding: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;">(Paradis
I, 1-3)</span></p>
<p style="text-align: right;"></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;">Dès le premier
vers du <i>Paradis</i>,
Dante nous plonge dans ce qui sera la matière de son chant :
« <i>La gloria di
Colui che tutto move »</i>,
la gloire de Dieu. Après l’Enfer et le Purgatoire, Dante arrive à
la dernière étape de son voyage dans l’au-delà, le Paradis. Il
atteint l’objet de sa quête, de la quête de toute âme humaine :
la vision de Dieu. C’est pourquoi ce troisième cantique de la
<i>Divine Comédie</i>
est également le plus important.</span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;"><a name="footnote_plugin_tooltip_45743_1_1"></a>Une
lecture moderne de Dante, héritée du Romantisme du XIX° siècle,
néglige souvent le cantique du <i>Paradis</i>,
le jugeant moins intéressant que l’<i>Enfer</i>,
et trop ardu. Etudier la <i>Divine
Comédie</i> se réduit
ainsi à lire beaucoup l’<i>Enfer</i>,
un peu du <i>Purgatoire</i>,
et quasiment rien du <i>Paradis</i>,
ce qui fut l’expérience de beaucoup dans les écoles italiennes
par exemple. Cette interprétation constitue en réalité un
contresens par rapport au projet de Dante. Jacqueline Risset, qui a
publié récemment une très bonne traduction de la <i>Divine
Comédie</i> en français,
souligne dans son Introduction : « <i>le
long poème que nous appelons Divine Comédie a été conçu en
fonction non pas de l’Enfer, comme le XIX° siècle a tenté de
nous le faire croire, mais en fonction du Paradis</i>
» [1] .</span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;">Il est vrai que le
<i>Paradis</i>
peut dérouter le lecteur contemporain en raison de sa densité
poétique et de sa profondeur théologique. Mais qui fait l’effort
de s’y plonger découvrira la richesse éblouissante de la vision
et de la langue de Dante. Le poète était d’ailleurs lui-même
conscient de la difficulté de ce troisième cantique, et en avertit
le lecteur au début du deuxième chant :</span></p>
<p style="border: medium none; padding: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;"><i>Oh
vous qui êtes dans si petite barque </i><br /><i>désireux
d’écouter, et suivez</i><br /><i>mon
vaisseau qui va chantant,</i></span></p>
<p style="border: medium none; padding: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;"><i>retournez
revoir vos rivages : </i><br /><i>ne
gagnez pas la haute mer, car peut-être, </i><br /><i>me
perdant de vue, vous resteriez égaré.</i></span></p>
<p style="border: medium none; padding: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;"><i>L’eau
que je prends n’a jamais été courue ; </i><br /><i>Minerve
y souffle, et Apollon me conduit, </i><br /><i>et
neuf Muses me montrent l’Ourse.</i></span></p>
<p style="border: medium none; padding: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;"><i>Vous,
peu nombreux, qui de bonne heure </i><br /><i>avez
dressé le col au pain des anges, dont</i><br /><i>on
vit ici-bas mais qui jamais ne rassasie,</i></span></p>
<p style="border: medium none; padding: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;"><i>vous
pouvez mettre en haute mer </i><br /><i>votre
navire, en gardant mon sillage </i><br /><i>avant
que l’eau ne redevienne étale.</i></span></p>
<p style="border: medium none; padding: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;"><i>(Paradis
II, 1-15)</i></span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;">Le poète compare
son poème du <i>Paradis</i>
à un voyage intrépide en haute mer : que celui qui a peur de
se perdre retourne au port, mais à celui qui a l’audace de suivre
le poète dans sa route exigeante, est promis le « pain des
anges », c’est-à-dire Dieu lui-même.</span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;"><i>« L’eau
que je prends n’a jamais été courue » </i>:
Dante met en valeur le défi poétique inouï dans lequel il se
lance : chanter le Paradis, c’est-à-dire essayer de décrire
par des paroles humaines, limitées, la beauté de la réalité
divine, infinie. Il reconnaît sa disproportion face à cette
tentative surhumaine, et redit régulièrement, au cours des 33
chants du Paradis, l’impuissance de ses vers à égaler la réalité
contemplée.</span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;">Cependant le poète
ne renonce pas à son entreprise. Il fait appel aux divinités
antiques liées à la poésie : « <i>Minerve
y souffle, et Apollon me conduit, / et neuf Muses me montrent
l’Ourse</i> ».
Une telle invocation à des dieux païens peut surprendre le lecteur
moderne. Il s’agit en fait d’une tournure poétique habituelle
pour le Moyen Age chrétien. Les poètes recourent à la mythologie
antique, qui fait partie de la culture médiévale, non parce qu’ils
croiraient à l’existence de ces divinités, mais pour leur
richesse symbolique. Ainsi invoquer Apollon, dieu de la poésie, est
une image pour évoquer l’origine divine de l’inspiration
poétique : pour chanter le Paradis, art et talent humains sont
insuffisants, le poète a besoin de l’aide de la grâce divine.
Selon la vision du Moyen-Age, dans laquelle Dante s’inscrit, le
grand poète est aussi prophète, son inspiration est un don de Dieu.</span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a name="footnote_plugin_tooltip_45743_1_2"></a></span>
<span style="font-size: small;">Le premier chant du <i>Paradis</i>
est à lire dans la continuité du <i>Purgatoire</i>.
Dante, après avoir passé la dernière épreuve de la confession, se
trouve en compagnie de Béatrice au sommet de la montagne du
Purgatoire. Maintenant qu’il est <i>« puro
e dispuesto a salire a le stelle</i>
» [2] , il va pouvoir monter au premier ciel du Paradis. </span>
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;">Comment exprimer
cette ascension, qui signifie passer de l’ordre naturel à l’ordre
surnaturel ? En effet, la montagne du Purgatoire était encore
une réalité terrestre : dans son imaginaire poétique, Dante
la situe dans l’hémisphère sud du globe terrestre, encore inconnu
à l’époque médiévale. En revanche le Paradis, que Dante
représente d’abord comme une succession de plusieurs ciels, est
une réalité surnaturelle, qui sort du cadre humain spatio-temporel.</span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;"><a name="footnote_plugin_tooltip_45743_1_3"></a>Pour
évoquer ce changement d’ordre, le poète invente un verbe,
« <i>trasumanar </i>»,
qui pourrait se traduire par « outrepasser l’humain » :
« <i>Trasumanar
significar per verba / non si poria » (« outrepasser</i>
<i>l’humain ne peut se
signifier par des mots », [3]</i>
. Dante souligne encore le caractère ineffable de son expérience,
que le langage est insuffisant à dire. Le poète outrepasse donc les
limites de la langue et emploie un mot nouveau pour transmettre
quelque chose de sa vision. A expérience nouvelle et unique, langage
nouveau et unique. La création de mots, les néologismes, est une
caractéristique de la poésie de Dante dans le <i>Paradis</i>.
Son génie poétique se manifeste dans ces inventions verbales
intraduisibles, mais riches de sens dans leur contexte.</span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;">Pour évoquer cette
expérience indicible de monter au Paradis, Dante recourt aussi à
l’image de la lumière. Il décrit son ascension de la terre aux
sphères divines comme une explosion de lumière, phénomène qui se
renouvellera à chaque passage d’un ciel à un autre : le
poète ne sent pas physiquement la montée, car il est hors du cadre
spatio-temporel. Il remarque simplement une intensification de la
lumière, et voit Béatrice devenir à chaque fois plus belle et plus
lumineuse. Cette lumière est le reflet de la gloire divine, de
laquelle s’approche le poète. Dante décrit la force de cette
lumière à travers de riches images poétiques, comme celle du jour
et du soleil :</span></p>
<p align="LEFT" style="border: medium none; padding: 0cm;"><span style="font-size: small;"><i>«
Et soudain il me sembla que s’ajoutait </i><br /><i>jour
au jour, comme si le Tout-Puissant </i><br /><i>avait
paré le ciel d’un autre soleil.</i></span></p>
<p align="LEFT" style="border: medium none; padding: 0cm;"><span style="font-size: small;"><i>Béatrice
était toute aux éternelles sphères</i><br /><i>qu’elle
fixait de ses yeux ; et moi en elle </i><br /><i>je
fixais mes regards, détachés de plus haut. »</i></span></p>
<p align="LEFT" style="border: medium none; padding: 0cm;"><span style="font-size: small;"><i>(Paradis
I, 61-67)</i></span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;">L’ascension de
Dante au Paradis est rendue possible grâce à Béatrice. Après
avoir suivi Virgile en Enfer et au Purgatoire, c’est maintenant
sous la conduite de Béatrice que chemine le poète. L’enchaînement
des regards dans les vers précédents souligne son rôle de
médiatrice : Dante ne peut pas encore regarder directement le
soleil, mais il fixe Béatrice, qui, elle, fixe le soleil, symbole de
Dieu. Béatrice en effet vit déjà dans la vision de Dieu au
Paradis, parmi les bienheureux, et peut à son tour y introduire le
poète.</span></p>
<p align="LEFT"><span style="font-size: small;">C’est par son
amour pour Béatrice, amour maintenant pur et fidèle, que Dante
accède au Paradis, à la sphère de l’Amour divin. Dante confère
ainsi à l’amour humain une dignité audacieuse pour son temps :
il en fait la porte d’entrée qui mène à l’Amour divin,
l’instrument de la grâce pour approcher l’homme de Dieu.
Béatrice, la femme aimée, se convertit en guide, à la fois
souriante et ferme, mère attentive et sage théologienne qui fait
entrer Dante dans les mystères divins.</span></p>
<p align="LEFT" style="border: medium none; padding: 0cm;"><span style="font-size: small;"><i>«
Alors celle, qui voyait en moi tout comme moi, </i><br /><i>pour
apaiser mon âme troublée, </i><br /><i>avant
que je demande, ouvrit la bouche,</i><br /><i>et
commença : </i><br /><i>«
(…) Tu n’es pas sur terre, comme tu le crois ; </i><br /><i>et
la foudre, fuyant son séjour, </i><br /><i>ne
court pas plus vite que toi tu le fais (…)</i><br /><i>Ne
t’étonne plus, si je m’imagine bien, </i><br /><i>de
ton ascension, non plus que d’une rivière</i><br /><i>descendant
de la haute montagne au fond la vallée.»</i></span></p>
<p align="LEFT" style="border: medium none; padding: 0cm;"><span style="font-size: small;"><i>(Paradis
I, 85-88, 91-93, 136-138)</i></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"> Dante
n’a pas compris qu’il est entré au Paradis et s’interroge
sur l’origine de l’intense lumière qui lui apparaît. Béatrice,
qui « voit en lui comme lui-même », devance sa question
pour lui répondre. Comme tous les bienheureux qui vivent en Dieu,
elle peut lire dans l’âme de Dante, et lui explique cette
mystérieuse ascension, rapide comme l’éclair. Comme la rivière
qui descend naturellement la montagne, l’âme humaine retourne
naturellement à Dieu, quand elle se trouve lavée du péché. Elle
peut alors suivre librement son désir naturel qui est de voir Dieu.
Dante qui s’est lui-même purifié de ses péchés au Purgatoire,
suit le même chemin et monte ainsi « naturellement »,
sans s’en rendre compte, au Paradis. </span>
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><i><b>Pour
aller plus loin :</b></i></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Monteverdi : Les Vêpres de la Vierge (Leonardo Garcia Alarcon, Mariana Flores...) <br /></span></h1><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=zIl_ia-VWuc">https://www.youtube.com/watch?v=zIl_ia-VWuc</a></u></span></span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">DANTE ALIGHIERI (1265-1321) : Dante parmi nous – Une vie, une œuvre [2004]</span></h1><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=YQgFXR1gN70">https://www.youtube.com/watch?v=YQgFXR1gN70</a></u></span></span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Gassman legge Dante - Paradiso, Canto XXXIII <br /></span></h1><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=BkVmum5l_3k">https://www.youtube.com/watch?v=BkVmum5l_3k</a></u></span></span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Il Cammino di Dante <br /></span></h1><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=pd3si72wda4">https://www.youtube.com/watch?v=pd3si72wda4</a></u></span></span></span></p><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAkzpBZL91GCoYspLMt5w4umB9pI_UtjLKz1-GkROit5FP87Lt0CKyfuYLousKRUImbyDhHbAw9Y5S9gUBb2YJld2dxaHey6ZOKZ49uNJZRNhAThsE97jeqtc2dQeNr4HtHNfZhLeXye0Jrs_BSWVVXm3h9lyjlP7jZ5r8V533X9XBjbhxQQHicQdt/s827/2023-04-09%20Dante%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="827" data-original-width="650" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAkzpBZL91GCoYspLMt5w4umB9pI_UtjLKz1-GkROit5FP87Lt0CKyfuYLousKRUImbyDhHbAw9Y5S9gUBb2YJld2dxaHey6ZOKZ49uNJZRNhAThsE97jeqtc2dQeNr4HtHNfZhLeXye0Jrs_BSWVVXm3h9lyjlP7jZ5r8V533X9XBjbhxQQHicQdt/s320/2023-04-09%20Dante%202.jpg" width="252" /></a></span></span></div><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><br /><span lang="zxx"><br /></span></span></span><p></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-39804095195980526362023-04-07T07:10:00.000-07:002023-04-10T07:20:45.163-07:00Vendredi saint 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"> <span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Vendredi
Saint 7 avril 2023</b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBquMcpRrbiGcVxeWowG_SslwHPHl7k-oX_1YHWLGoFRfmbAmW5GUr_-2k6YagYKnnmpQ8-FGVSCV9NojyoqjeZBN2xfB6nCWYV41fM4-imCiS8sPTAmMcQQZ6NDRjkPl_XBR7bCHQuxZNz_XL1grnC6ycQ25vpX4_r19puxIEmJc32ntSefEHhFT_/s287/2023-04-07%20Celan%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="176" data-original-width="287" height="176" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBquMcpRrbiGcVxeWowG_SslwHPHl7k-oX_1YHWLGoFRfmbAmW5GUr_-2k6YagYKnnmpQ8-FGVSCV9NojyoqjeZBN2xfB6nCWYV41fM4-imCiS8sPTAmMcQQZ6NDRjkPl_XBR7bCHQuxZNz_XL1grnC6ycQ25vpX4_r19puxIEmJc32ntSefEHhFT_/s1600/2023-04-07%20Celan%201.jpg" width="287" /></a></div><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Paul
Celan 1920 – 1970</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Cendres</b></i></span></span></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbUFz0eZ-3K3wBc5TvAG9WUf" rel="nofollow" target="_blank"><span style="color: #cc3300;"><i><b> </b></i></span><b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">L'intégralité du programme <br /></span></span></span></span></span></b></a></span></p><p align="LEFT"><b><span style="font-size: small;"><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;">Fugue
de mort</span></span></span></span></span></b></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.78cm; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif">Lait
noir de l'aube nous le buvons le soir<br />le buvons à midi et le
matin nous le buvons la nuit<br />nous buvons et buvons<br />nous
creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré<br />Un homme
habite la maison il joue avec les serpents il écrit<br />il écrit
quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d'or<br />écrit
ces mots s'avance sur le seuil et les étoiles tressaillent il siffle
ses grands chiens<br />il siffle il fait sortir ses juifs et creuser
dans la terre une tombe<br />il nous commande allons jouez pour qu'on
danse<br /><br />Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit<br />te buvons
le matin puis à midi nous te buvons le soir<br />nous buvons et buvons
<br />Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit<br />il
écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux
d’or<br />Tes cheveux cendre Sulamith nous creusons dans le ciel une
tombe où l'on n'est pas serré</span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.78cm; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><br />II
crie enfoncez plus vos bêches dans la terre vous autres et vous
chantez jouez<br />il attrape le fer à sa ceinture il le brandit ses
yeux sont bleus<br />enfoncez plus les bêches vous autres et vous
jouez encore pour qu'on danse <br /><br />Lait noir de l'aube nous te
buvons la nuit<br />te buvons à midi et le matin nous te buvons le
soir<br />nous buvons et buvons<br />un homme habite la maison Margarete
tes cheveux d'or<br />tes cheveux cendre Sulamith il joue avec les
serpents<br /><br />II crie jouez plus douce la mort la mort est un
maître d'Allemagne<br />il crie plus sombres les archets et votre
fumée montera vers le ciel<br />vous aurez une tombe alors dans les
nuages où l'on n'est pas serré<br /><br />Lait noir de l'aube nous te
buvons la nuit<br />te buvons à midi la mort est un maître
d'Allemagne<br />nous te buvons le soir et le matin nous buvons et
buvons<br />la mort est un maître d'Allemagne son œil est bleu<br />il
t'atteint d'une balle de plomb il ne te manque pas<br />un homme habite
la maison Margarete tes cheveux d'or<br />il lance ses grands chiens
sur nous il nous offre une tombe dans le ciel<br />il joue avec les
serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne<br /><br />tes
cheveux d’or Margarete<br />tes cheveux cendre Sulamith.</span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.76cm;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">In
</span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Choix
de poèmes</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
</span></span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Pavot
et mémoire</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
© Poésie/Gallimard 1998, p. 53</span></span></span></span></span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif">Le
poème ci-dessus, daté de 1945, est le plus emblématique et le plus
connu de Paul Celan. Son œuvre entière, en effet, est un long cri
de douleur pour dire l’inexprimable que fut l’holocauste, cette
entreprise industrielle vertigineuse que fut la solution finale pour
nier , faire disparaître un peuple entier et le transformer en
marchandise. Certes, en matière de carnages de masse, les nazis ont
fait par la suite, et encore aujourd’hui, des émules un peu
partout dans le monde. Aucun de ces criminels, cependant, n’a
encore osé atteindre un tel degré d’abjection.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="background: transparent; break-after: auto; break-before: auto; margin-bottom: 0cm; page-break-after: auto; page-break-before: auto;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">L’œuvre
poétique de Celan, hantée, est celle d’un porteur de fardeau, de
la douleur sans nom, sans mots, sans images, une poésie en
contre-parole, pour décrire l’indicible, comme une langue de noyé,
avec les mots mêmes de la langue des tortionnaires. Celan, en effet,
qui parlait parfaitement français, a voulu, peut-être pour
l’exorciser, que son œuvre soit écrite d’abord dans la langue
des bourreaux, qui était aussi celle de sa mère. Ainsi qu’il
l’écrit dans une lettre datée de 1946 au rédacteur du journal
zurichois </span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Die
Tat</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;"> :
« je tiens à vous dire combien il est difficile pour un juif
d’écrire des poèmes en langue allemande. Quand mes poèmes
paraîtront, ils aboutiront bien aussi en Allemagne et –
permettez-moi d’évoquer cette chose terrible –, la main qui
ouvrira mon livre aura peut-être serré la main de celui qui fut
l’assassin de ma mère… Et pire encore pourrait arriver…
Pourtant mon destin est celui-ci : d’avoir à écrire des
poèmes en allemand. » Et d’abord, avant d’essayer
d’entrouvrir cette œuvre difficile, il n’est peut-être pas
inutile, pour tenter d’en saisir les clés, de cerner la
personnalité de son auteur. Il est né en 1920 en Roumanie, dans une
famille juive. Études secondaires, apprentissage de langues
étrangères, allemande, roumaine, et française. Après le
baccalauréat, premier voyage en France, pour suivre des cours de
médecine puis retour en 1939 dans sa province d’origine la
Bucovine, annexée à partir de 1940 par la Russie, ce qui lui
permettra d’apprendre la langue russe. Ses parents sont déportés
dans un camp de travail roumain, puis dans un camp allemand où
l’année suivante, son père mourra du typhus et sa mère, d’une
balle dans la nuque, selon certains témoins. Le poète, s’installe
en France en 1948 pour le restant de sa vie, donne des cours de
langue, fait des traductions, et se bâtit une vie de famille, en
épousant une jeune femme aristocrate et catholique, Gisèle de
Lestrange, peintre et graveur, qui va lui vouer un amour profond.
Leur relation sera pourtant rendue particulièrement difficile en
raison des crises de délire dont est sujet Celan, au point de
nécessiter, entre 1965 et 1966, son internement en hôpital
psychiatrique. Ces crises qui vont s’aggraver au fil des mois avec,
entre autres, pour résultat une tentative de meurtre sur son épouse
et de suicide sur lui-même, ont leur origine dans un syndrome
post-traumatique lié à la Shoah. À cela, vont s’ajouter des
crises de dépression dues aux soucis causés par une campagne de
calomnies déclenchée par la veuve d’Ivan Goll accusant Celan
d’avoir plagié son époux. Cette campagne déclenchée en 1953, va
être reprise interminablement pendant de nombreuses années et aura
sur le caractère délirant du poète hanté par la mort son
épilogue, en 1970, par un plongeon définitif dans la Seine
par-dessus, pense-t-on, le parapet du pont Mirabeau proche de son
domicile. À ce sujet, il y a dans le recueil </span></span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
rose de personne</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
cet étrange passage prémonitoire où Celan, plusieurs années à
l’avance, semble annoncer sa disparition.</span></span></span></span></span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0.3cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.78cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0.3cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.78cm;">
<span style="font-size: small;"><b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Et
avec le livre de Tarussa </span></span></span></span></span></b></span>
</p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.78cm; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif">(…)<br />De
la pierre de taille<br />du pont, d’où<br />il est allé<br />s’écraser
dans la vie, initié<br />au vol par les blessures,— du<br />Pont
Mirabeau.<br />Où ne coule pas la rivière Oka. Et quels
<br />amours ! (Ça aussi , les amis, du cyrillique,<br />j’en
ai passé à cheval de l’autre côté de la Seine,<br />de l’autre
côté du Rhin.)<br />(…)</span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.76cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="background: transparent; break-after: auto; break-before: auto; margin-bottom: 0cm; page-break-after: auto; page-break-before: auto;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
recueil </span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Pavot
et mémoire</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
est tiré d’un précédent ouvrage intitulé </span></span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Le
sable des urnes</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
publié à Vienne, et retiré avant diffusion par Celan en raison
d’un nombre important de fautes d’impression. De ce premier
recueil , écrit entre 1940 et 1948, il n’en retient, pour </span></span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Pavot
et mémoire</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
que vingt-six, parmi lesquels </span></span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Fugue
de mort</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
le texte célèbre placé en tête de cet article. Ce texte décrit
très directement le quotidien des camps de la mort, où on faisait
creuser en musique aux victimes leur propre tombe.</span></span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="background: transparent; break-after: auto; break-before: auto; margin-bottom: 0cm; page-break-after: auto; page-break-before: auto;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Au
long de ces textes, ainsi d’ailleurs que dans l’ensemble des
recueils du poète se croisent et recroisent des thèmes récurrents
comme l’eau, la neige, la pierre, la pluie, les épis, la bouche,
les yeux les cheveux, l’amande, le cœur. « (…) À travers
eux, ce sont des notions telles que le vide, le deuil, le gris, le
tressage, l’amer, le froid, l’éveil qui sont sollicitées. Mais,
précisément, il appartient à ces motifs de tenir à la fois de
notions et d’images : ils ne sont à proprement parler ni des
thèmes ni des idées ni des métaphores, ils sont d’abord et avant
tout des </span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">mots</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
lestés d’un poids singulier et dont la valeur et le sens varient
selon la place et l’entourage. Mots-clés ou mots-valeurs, ils
représentent les points nodaux de l’écriture poétique de Paul
Celan. » </span></span></span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="background: transparent; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0.3cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.78cm;">
<span style="font-size: small;"><b><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Cristal</span></span></span></span></span></b></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.78cm; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif">Ne
cherche pas sur mes lèvres ta bouche,<br />ni devant le portail
l'étranger,<br />ni dans l’œil la larme. <br /><br />Sept nuits plus
haut rouge s'en va vers rouge,<br />sept cœurs plus bas la main cogne
au portail,<br />sept roses plus tard la fontaine bruit.</span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.76cm;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">In
</span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Choix
de poèmes</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,
</span></span></span></span></span><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Pavot
et mémoire</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">
© Poésie/Gallimard 1998, p.65</span></span></span></span></span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.5cm; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif">****</span></span></p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.78cm;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">La
nuit, quand le pendule de l'amour balance<br />entre Toujours et
Jamais,<br />ta parole vient rejoindre les lunes du cœur <br />et ton
œil bleu</span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">,<br /></span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">d'orage
tend le ciel à la terre.<br /><br />D'un bois lointain, d'un bosquet
noirci de rêve<br />l'Expiré nous effleure<br />et le Manqué hante
l'espace, grand comme les spectres du futur.<br /><br />Ce qui maintenant
s'enfonce et soulève<br />vaut pour l'Enseveli au plus intime
:<br />embrasse, aveugle, comme le regard<br />que nous échangeons, le
temps sur la bouche.</span></span></span></span></span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.25cm; margin-right: 0.76cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p><p align="JUSTIFY" style="background: transparent; break-after: auto; break-before: auto; font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; page-break-after: auto; page-break-before: auto; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif">Bien
que naturalisé français, Paul Celan a passé la moitié de son
existence à Paris sans pouvoir se défaire d’un sentiment d’exil.
</span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="background: transparent; break-after: auto; break-before: auto; margin-bottom: 0cm; page-break-after: auto; page-break-before: auto;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">De
son vivant, il ne sera reconnu comme poète que par un petit noyau
d’écrivains : René Char, Henri Michaux, André du Bouchet,
Jacques Dupin, Yves Bonnefoy, qu’il rejoint en 1968 au comité de
rédaction de la revue </span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">L’Éphémère</span></span></span></span></span></i><span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="background: transparent; break-after: auto; break-before: auto; font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; page-break-after: auto; page-break-before: auto; text-decoration: none;">
<span style="color: black; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif">Il
est aujourd’hui célébré comme un des grands poètes de langue
allemande </span></span>
</p><p align="CENTER" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="LEFT" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="color: #ff3300; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>Pour
aller plus loin :</b></i></span></span></p>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Todes Fuge based on the poetry by Paul Celan, music: Anna Segal :<span style="font-weight: normal;"> <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=WCrripOss0c"><span style="color: #000099;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=WCrripOss0c</span></span></span></a></u></span></span></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Azkara - A Jewish Requiem (Full Premiere Live): </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=fXHpYbP7Tz8"><span style="color: #000099;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=fXHpYbP7Tz8</span></span></span></span></a></u></span></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">Paul Celan documentaire - Écrire pour rester humain: </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=oV-PR9xKmNw"><span style="color: #000099;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=oV-PR9xKmNw</span></span></span></span></a></u></span></span></span></h1>
<p align="LEFT" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-size: small;">
Paul CELAN – Une Vie, une Œuvre : l'indépassable (France Culture, 1986): </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=H7HWHs9q-gs"><span style="color: #000099;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">https://www.youtube.com/watch?v=H7HWHs9q-gs</span></span></span></span></a></u></span></span></span></h1>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-86533086912991517302023-04-01T07:01:00.000-07:002023-04-10T07:20:57.568-07:00L'Heure Musicale virtuelle du 1er avril 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"> <span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Samedi
1er avril 2023</b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja6tVaVeb-BsrcOJI7pBlNacH6r0lG_a5xm_9NxwxC4rEWfvTu1I1PCojViEdGI6NTs9G8I8ROMc3ONqolGhXd4lLTxxBiqe_A6Qx7-M5KN2QYL8HhMFK87e3TK_pnvfMAlwn5LgY4hEW-Gch2fNdssg7SL1jDSwqwAi5uwIX5EAvZmRhenN9GDKmk/s700/2023-04-01%20Sappho%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="430" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja6tVaVeb-BsrcOJI7pBlNacH6r0lG_a5xm_9NxwxC4rEWfvTu1I1PCojViEdGI6NTs9G8I8ROMc3ONqolGhXd4lLTxxBiqe_A6Qx7-M5KN2QYL8HhMFK87e3TK_pnvfMAlwn5LgY4hEW-Gch2fNdssg7SL1jDSwqwAi5uwIX5EAvZmRhenN9GDKmk/s320/2023-04-01%20Sappho%201.jpg" width="197" /></a></div><p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Sappho
VIIe – VIe siècle av. J.C.</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Femme(s),
je vous aime</b></i></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbWfPRaA8Qhurp7eraz6egB-" rel="nofollow" target="_blank"><span style="font-size: small;">L'intégralité du programme<br /></span></a>
</p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« …J’ai
parlé en rêve avec Aphrodite… »</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« Je
ne tenterai pas de toucher le ciel… »</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« …Celle
qui dort sur les seins d’une tendre amie… »</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« Je
voudrais te dire une chose mais la pudeur me l’interdit… »</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« …
Éros a ébranlé<br />mon âme comme le vent sur la montagne qui
tombe dans les chênes. »</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« …
A disparu la lune<br />avec les Pléiades ; au milieu<br />de la
nuit à mon côté le temps passe,<br />et moi je dors seule.»</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« Certains
disent que sur la terre sombre et bleue, rien n’est plus beau</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">qu’une
armée de cavaliers ou de fantassins, ou qu’une flotte </span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">de
vaisseaux. Mais moi je dis que c’est celle ou celui qu’on aime…
»</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« …
Je te supplie Gongyla de chanter Cléanthis.<br />Prends ta lyre,
tandis que de nouveau le désir<br />vole autour de toi,<br />ô
belle ! Sa robe même t’a fait trembler<br />quand tu l’as
vue, et moi je m’en réjouis… »</span></p>
<p align="RIGHT"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">« …
Mais moi j’aime la grâce.
Et mon amour<br />pour le soleil m’a donné en partage éclat et
beauté. »</span></p>
<p align="RIGHT"><span style="font-size: small;"><br /><br /></span>
</p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">De
« celle qui parlait en rêve avec Aphrodite », il ne nous
reste que quelques fragments et un seul poème complet. Son œuvre,
collectée par les philologues alexandrins, comportait à l’origine
de huit à neuf livres, dont le premier était entièrement composé
de strophes dites saphiques (constituée de quatre vers dont trois de
onze syllabes et un de cinq syllabes). Grâce à la découverte des
papyri d’Oxyrynque, aux extraits cités par les différents auteurs
de l’Antiquité ainsi qu’aux ostraka et aux graffitis retrouvés,
un corpus de poèmes a fini par se sédimenter et se métamorphoser
au fil du temps et des découvertes. </span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Fille
de Scamandronymos et de Cléis, Sappho naît à Érèse, sur l’île
de Lesbos, vers 630 avant J.-C. Elle parle et écrit l’éolien, le
dialecte de Lesbos. Elle perd son père fort jeune et sa famille
s’installe à Mytilène, la capitale de l’île, où elle épouse
un riche propriétaire du nom de Kerkylas d’Andros, dont elle a une
fille, Cléis. Elle a aussi trois frères, Érygiios, Larichos,
Charaxos. <br />Dans l’œuvre de Sappho, comme dans celle
d’Alcée, poète aussi originaire de Lesbos, qui fut son
contemporain et l’un de ses proches, les traces des crises
politiques sont particulièrement visibles. Les affrontements entre
les différentes factions auxquelles se rattachent les grandes
familles de Lesbos contraignent Sappho et sa famille à l’exil,
dont une année (entre 604 et 599 av. J.-C.) à Syracuse, en Sicile.
Sappho finit par revenir à Mytilène vers 590, où elle reste
jusqu’à sa mort en 580 avant J.-C. Une légende, rapportée par
Ménandre voudrait qu’elle se soit jetée dans la mer du haut du
rocher de Leucade par amour pour un jeune homme, Phaon, mais ce n’est
guère vraisemblable.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Sappho
ne fut ni laide ni vieille, comme certains de ses détracteurs ont
voulu la peindre, mais bien au contraire svelte, belle et lumineuse.
À Mytilène, elle est à la tête de ce qu’elle nomme sa
</span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">moisopolon
oikia</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
« sa demeure consacrée aux muses », où, maîtresse de
cérémonie, elle éduque un groupe de jeunes filles, un chœur
lyrique féminin pratiquant la danse et le chant. Il s’agit de
performances, d’actions poétiques rituelles et musicales, chantées
et dansées collectivement par le groupe de jeunes filles dont Sappho
est le chorège.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Il
convient donc d’éviter les interprétations qui font d’elle la
poétesse d’une intimité uniquement féminine. Les Anciens, qui
récitaient ses poèmes à l’instar de ceux d'Homère et les
gravaient sur les pierres comme en Sicile, ne s’y sont pas
trompés : la voix de Sappho, la première femme qui dit "je",
est une voix où les rôles respectifs des genres se sont brouillés,
et relève autant du masculin que du féminin, comme le montrent dans
ses poèmes les marqueurs de l’énonciation. Si l’amour des
femmes et de leur beauté est au cœur de la poésie de Sappho, ce
n’est pas le fait de la seule émotion, c’est aussi parce qu’elle
forme ces filles à la maturité sociale et à l’épanouissement de
leur beauté tant physique qu’intellectuelle. Mnémosyne
(déesse de la Mémoire et mère des Muses) protège dans la mémoire
des humains le souvenir de ces filles gracieuses, Atthis,
Gongyla, Gyrinnô, Mnassidika… Le souvenir est en effet chez Sappho
toujours celui des beaux moments qui ont été vécus ensemble.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Dans
ce groupe de jeunes femmes, il s'agit de relations autonomes,
ainsi que de la découverte de la </span><span style="font-size: small;"><i><span face="Arial, sans-serif">philia</span></i><span face="Arial, sans-serif">,
ce mélange d’amour et d’amitié, entre jeunes femmes. Ces
relations homophiles sont en effet, à cette époque, compatibles
avec, par la suite, la sexualité hétérosexuelle de la femme
adulte. Elles ont lieu entre jeunes femmes du même âge et peuvent
adopter la forme de mariages rituels.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY"><span face="Arial, sans-serif" style="font-size: small;">Sappho
a aimé les femmes et leur beauté : elle a su les chanter non
seulement au travers de sensations vives, et singulières
telles que frissons, brûlures, extases et vertiges, mais aussi
comme une émotion commune devant la beauté du monde et de la femme,
et la joie qu’il y a à la dire et à la partager.</span></p><p align="CENTER"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><span face="Arial, sans-serif"><i><b>Pour
aller plus loin :</b></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;">Ancient Greek Music Vol.1 | Spirit Of Aristotle: </span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=UoQUy9po5bk"><span face="Arial, sans-serif">https://www.youtube.com/watch?v=UoQUy9po5bk</span></a></u></span></span></span></span></h1>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-weight: normal;">
<span style="font-size: small;">SAPPHÔ de Mytilène — La musique sapphique selon Marguerite Yourcenar (France Culture, 1984):</span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=l7mHKE-FqFw"><span face="Arial, sans-serif">https://www.youtube.com/watch?v=l7mHKE-FqFw</span></a></u></span></span></span></span></h1>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata"><span style="font-weight: normal;">
<span style="font-size: small;">SAPPHÔ de Mytilène — La poétesse en archipel (France Culture, 1991):</span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=4sYNU4QfkE4"><span face="Arial, sans-serif">https://www.youtube.com/watch?v=4sYNU4QfkE4</span></a></u></span></span></span></span></h1>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<h1 class="css-pyj16z"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: small;"><span class="css-15vdndy">Sappho et l’île de Lesbos, l’amour au féminin</span><span class="css-bv4625">Invitation au voyage (28/05/2021): </span></span><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.arte.tv/fr/videos/103818-001-A/sappho-et-l-ile-de-lesbos-l-amour-au-feminin/"><span face="Arial, sans-serif">https://www.arte.tv/fr/videos/103818-001-A/sappho-et-l-ile-de-lesbos-l-amour-au-feminin/</span></a></u></span></span></span></span></h1>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-28436624995955758522023-03-18T09:17:00.000-07:002023-03-18T10:21:52.423-07:00L'Heure Musicale virtuelle du 18 mars 2023<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"> <span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Samedi
18 mars 2023</b></i></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsh_Eyo-CpNF6RbeExYDTEQ4i--hI1sN5u4NTW9yzxVFjxU8s6UTo96GvSbJcP8C_BZVmEXmqwfn_gSDd07dSlkdDW0fUDF0tU5kbqPUre5WbCiqwkJlqosEr9OMFXSh1cCRanEjt4dy8zb0aB0xW0w5KvwZfsQBWM-I7jTN6oZ04udbFqTSOyyN_G/s600/2023-03-18%20hesse.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="600" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsh_Eyo-CpNF6RbeExYDTEQ4i--hI1sN5u4NTW9yzxVFjxU8s6UTo96GvSbJcP8C_BZVmEXmqwfn_gSDd07dSlkdDW0fUDF0tU5kbqPUre5WbCiqwkJlqosEr9OMFXSh1cCRanEjt4dy8zb0aB0xW0w5KvwZfsQBWM-I7jTN6oZ04udbFqTSOyyN_G/s320/2023-03-18%20hesse.jpg" width="320" /></a></div><br /><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Hermann
Hesse 1877 – 1962</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Magister
Ludi</b></i></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="text-align: right;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbV-ASzfRkmoQ432r8oFcIai" target="_blank">L'intégralité du programme </a><br /></span></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Hermann
Hesse, on le sait, s’est particulièrement intéressé à la
culture orientale. Sa famille s’occupait de missions en Inde, sa
mère y était née et il a lui-même voyagé en Extrême Orient.
L’Orient occupe un rôle majeur dans ses écrits : il est non
seulement l’auteur de la biographie romancée du bouddha,
<i>Siddhârta</i>,
mais aussi des <i>Carnets
indiens</i> et le récit
qui préfigure son utopie, <i>Le
jeu des perles de verre</i>,
s’intitule en français <i>Voyage
en Orient. </i> L’ouvrage
ne décrit pas tant un voyage au sens premier du terme, mais un
pèlerinage intérieur, un « Voyage vers l’Orient de l’âme ».
Comme le signale Édouard Sans dans son introduction, « l’Orient
devient ici symbole au-delà d’une quelconque réalité
géographique et historique, même si celle-ci demeure
sous-jacente ». Dans ce récit, l’auteur tente une synthèse
entre les valeurs de l’Orient et de l’Occident. Il ne s’agit en
effet pas, pour l’auteur, de renoncer à sa culture pour en adopter
une autre. Ce qu’il écrit à Thomas Mann, en 1933, c’est-à-dire
peu après la publication de cet ouvrage et au début de la rédaction
du <i>Jeu des perles de
verre</i>, est, me
semble-t-il, significatif de sa réflexion d’alors et doit pouvoir
s’étendre à l’ensemble de la culture orientale et pas seulement
à sa nationalité : « Je ne peux pas me défaire de la
qualité d’Allemand qui est la mienne et je crois que mon
individualisme de même que ma résistance et ma haine à l’égard
de certaines attitudes et d’une certaine phraséologie allemandes
constituent des fonctions dont l’exercice est non seulement
profitable pour soi-même, mais rend également service à mon
peuple ». Malgré son attirance pour une autre culture
conjointe à son dégoût de certains aspects de la sienne, Hesse ne
renie pas celle-ci au profit de celle-là : il tente bien plutôt
une conciliation, tout en sachant la synthèse véritable et
définitive impossible. C’est là un des thèmes centraux du
dernier roman de Hesse et on verra qu’il joue un rôle non
négligeable dans la place qu’il accorde à l’Orient.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">L’Orient
apparaît également dans son utopie, mais celui-ci peut sembler
avoir un rôle moins essentiel. Il n’en est pourtant rien. Je me
propose de relire <i>Le
jeu des perles de verre</i>
dans cette perspective. Je commencerai par rappeler brièvement les
grandes lignes de l’œuvre avant de m’arrêter sur les passages
où les trois principales caractéristiques de l’Orient se
retrouvent dans ce roman. Mais je montrerai surtout que,
paradoxalement, c’est dans la structure même de son utopie –
élément particulièrement innovant et qui diffère fondamentalement
de toutes les utopies existantes, qu’elles soient classiques ou
contemporaines –, là où les éléments orientaux semblent
disparaître ou passer à l’arrière-plan, que l’on peut voir
toute l’étendue de son rapport à l’Orient et l’importance de
cette culture.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;"><i>Das
Glasperlenspiel</i> se
présente comme une biographie de Joseph Valet, Magister Ludi, depuis
son enfance et sa rencontre avec le maître de musique jusqu’à sa
mort en passant bien sûr par son parcours au sein de l’ordre et
son ascension à la fonction de maître du jeu. Il ne s’agit pas
tant d’une biographie événementielle, que d’une biographie
intellectuelle où apparaissent les motivations du héros, mais
également ses questionnements et ses doutes sur l’organisation de
sa société. De ce fait, Hesse pare immédiatement à trois
critiques couramment adressées aux utopies : celle de la
dépersonnalisation au sein de ces sociétés ; celle du
caractère totalitaire des utopies, lequel passerait par
l’endoctrinement des Utopiens ; et celle de l’immobilisme
que revêtirait nécessairement une société parfaite.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Hesse imagine
une société future, non précisément située dans le temps, et
dans laquelle un jeu, le fameux Jeu des Perles de Verre, est
l’élément culminant de la culture. En lui se concentre ce langage
universel, qui permet d’établir des correspondances entre toutes
les sciences et tous les arts :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ces
règles, l’écriture figurée et la grammaire du Jeu constituent
une sorte de langue secrète extrêmement perfectionnée, qui
participe de plusieurs sciences et de plusieurs arts,
particulièrement des mathématiques et de la musique (ou de la
musicologie). Elle est en mesure d’exprimer le contenu et les
résultats de presque toutes les sciences et d’établir des
rapports entre eux. Le Jeu des Perles de Verre se pratique donc avec
toute la substance et toutes les valeurs de notre culture, il joue
avec elles, un peu comme aux temps où florissaient les arts un
peintre a pu jouer des teintes de sa palette. Ce que l’humanité a
produit au cours de ses ères créatrices dans le domaine de la
connaissance, des grandes idées et des œuvres d’art, ce que les
périodes de spéculation érudite qui suivirent ont ramené à des
concepts et transformé en patrimoine intellectuel, tout cet immense
matériel de valeurs spirituelles, le joueur de Perles de Verre en
joue comme l’organiste de ses orgues, mais les siennes sont d’une
perfection presque inconcevable ; leurs claviers et leurs
pédales explorent le cosmos spirituel tout entier, leurs registres
sont pour ainsi dire sans nombre, et théoriquement cet instrument
permettrait de reproduire dans son jeu tout le contenu spirituel de
l’univers.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Même si on ne
peut prétendre que ce roman soit centré sur ce rapport entre Orient
et Occident, car il interroge bien d’autres aspects de la culture,
il n’empêche que Hesse y fait plusieurs références importantes à
l’Orient. Trois d’entre elles me semblent primordiales : la
naissance du jeu et la dédicace de l’ouvrage, l’importance de la
méditation et les études que le héros fait auprès de l’institut
confucéen et qu’il poursuit dans l’ermitage de celui qu’on
surnomme le grand frère.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">La biographie
fictive est dédiée aux pèlerins d’Orient. L’introduction nous
apprend que ceux-ci sont en fait, du moins en partie, à l’origine
du jeu. Mais pour comprendre cette naissance, il faut dresser le
tableau critique de notre époque et de son évolution imaginaire.
Cette période, que l’auteur commence par critiquer dans son
introduction, est dénommée « ère des pages de variété ».
La critique porte particulièrement sur le rapport à la culture.
Celle-ci n’est pas absente, mais dénaturée : « Il se
trouve précisément que cet âge des « pages de variétés »,
n’était nullement dépourvu d’esprit : on ne peut même
prétendre qu’il en ait été pauvre. Mais, aux dires de
Coldebique, il n’a guère su qu’en faire, ou plus exactement il
n’a pas su lui affecter sa place et sa fonction adéquates dans
l’économie de la vie et de l’état ». En réduisant
l’esprit à un simple divertissement, au sens pascalien du terme,
notre époque ne permet nullement à la culture de jouer un rôle
positif. C’est pourquoi, les mots croisés apparaissent comme un
des produits typiques du temps. Les articles de variété, avec le
goût pour les anecdotes et l’habitude de demander à n’importe
quelle personnalité son opinion sur tout sujet d’actualité,
forment l’autre volet de ce qu’est devenu la culture. L’auteur
montre en fait comment cette attitude culturelle, culminant dans les
mots croisés, est en fait une manière inappropriée de réagir, une
façon de fuir devant les difficultés au lieu de se préparer à les
surmonter :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Gardons-nous
de ne voir que l’aspect ridicule ou absurde de ce jeu et de nous en
moquer. En effet, les hommes de ces devinettes enfantines et de ces
dissertations culturelles n’avaient rien d’enfants innocents ni
de Phéaciens espiègles. Ils vivaient au contraire une vie
d’angoisses, au milieu de la fermentation et des séismes de la
politique, de l’économie et de la morale ; ils ont fait force
guerres atroces et force guerres civiles : leurs petits jeux
culturels n’étaient pas tout bonnement un enfantillage gracieux et
dépourvu de sens, ils répondaient à un besoin profond de fermer
les yeux, de se dérober aux problèmes non résolus et à un
pressentiment angoissant de décadence, pour fuir dans un monde
irréel, aussi inoffensif que possible. […] Eux qui lisaient tant
d’articles et qui entendaient tant de conférences, ils ne
prenaient ni le temps ni la peine de se fortifier contre la crainte,
de combattre en eux-mêmes la peur de la mort, ils vivaient
pantelants au jour le jour et ne croyaient pas à un lendemain.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Cette critique
virulente et ironique de la culture du temps n’est nullement
l’expression d’un ressentiment personnel de la part de Hesse.
Elle joue au contraire un rôle essentiel non seulement dans
l’explication de l’évolution idéale future, mais aussi pour
faire voir combien la culture bien comprise – mais qui n’est
pourtant pas de l’ordre de la création – peut aboutir à une
transformation profonde de la société.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">La prise de
conscience de cette dégradation profonde de la culture va provoquer
un grand désespoir parmi les intellectuels :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[…]
c’est ainsi qu’alors, tandis que les ambitions et les productions
de l’esprit tombaient à un niveau très modeste, un terrible
sentiment d’insécurité et de désespoir gagna précisément les
intellectuels. On venait en effet de découvrir (on l’avait déjà
pressenti ça et là depuis Nietzsche) que la jeunesse et la période
créatrice de notre culture appartenaient au passé, que celle-ci
était au seuil de la vieillesse et de son crépuscule, et cette
constatation, soudain sensible à tous et que beaucoup formulaient
sans ambages, servait d’explication à tous ces indices angoissants
de l’époque : à la sinistre mécanisation de la vie, au
profond abaissement de la morale, au manque de foi des populations,
au caractère frelaté de l’art.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Face à ce
constat brutal de la fin de toute culture créatrice, diverses
attitudes ont vu le jour : de la résignation stoïque au pure
divertissement cynique en passant par la négation pure et simple.
Mais c’est dans cette nuit aussi qu’apparaissent quelques
lueurs : « Dès la période de splendeur des pages de
variétés, il y eut partout de petits groupes isolés, résolus à
rester fidèles à l’esprit et à user de toutes leurs forces pour
sauver et maintenir un noyau de bonnes traditions, de discipline, de
méthode et de conscience intellectuelle ». C’est de ces
centres de résistance, intellectuels et spirituels, qu’a pu, par
la suite, renaître la culture et ils peuvent de ce fait être
considérés comme les ancêtres du Jeu des Perles de Verre.
« L’événement le plus important de cette orientation, ou
plutôt de cette intégration nouvelle dans le processus culturel,
fut un renoncement très général à la production d’œuvres
d’art ; les intellectuels se détachèrent progressivement de
l’activité du siècle, et il y eut – ce n’est pas moins
important, c’est le fleuron de cet ensemble – : le Jeu des
Perles de Verre ». Parmi ces centres de résistance, le
biographe en cite deux, dont le rôle est déterminant : les
musicologues occidentaux associant la musique et les mathématiques et
les pèlerins d’Orients :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il
y eut un deuxième centre de résistance à la dégénérescence :
la Fédération des Pèlerins d’Orient, dont les frères
pratiquaient une discipline moins intellectuelle que spirituelle, le
culte de la piété et du respect. La forme qu’ont prise
actuellement notre culture de la pensée et le Jeu des Perles de
Verre leur doivent beaucoup à cet égard, ils les orientèrent en
particulier vers la voie de la contemplation. Les pèlerins d’Orient
apportèrent également leur contribution à nos nouvelles
conceptions de la culture et de ses possibilités de survie, moins
par leur œuvre dans le domaine des sciences analytiques que par la
faculté, qu’ils devaient à d’antiques pratiques secrètes, de
se transporter par magie dans des époques et des civilisations
reculées.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Deux éléments
de l’Orient, qui apparaît à travers ces pèlerins à l’origine
du Jeu des Perles de Verre, sont mis en exergue : la capacité
de se transporter par l’imagination par des époques passées et la
contemplation. Tous deux vont jouer un rôle important dans
l’ouvrage.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Les pèlerins
d’Orient sont dotés de cette étonnante capacité de se projeter à
une autre époque ou dans une autre culture. Cette aptitude, qui
pourrait sembler anecdotique, revêt une importance non négligeable
dans le roman. Il sera repris par la Castalie, qui en fera un des
exercices demandés aux jeunes castaliens, après leurs années de
formations. Alors qu’ils disposent d’un temps d’absolue
liberté, qu’ils voyagent où ils le souhaitent et consacrent leur
temps à toutes les recherches qu’ils souhaitent sans devoir en
rendre compte à personne, il leur est demandé chaque année un
rapport sous forme de biographie fictive :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dès
les premiers temps de la province pédagogique, la coutume s’était
instaurée d’exiger toujours des plus jeunes des étudiants,
c’est-à-dire de ceux qui n’étaient pas encore admis dans
l’Ordre, un genre particulier de dissertation ou d’exercice de
style qu’on appela <i>curriculum
vitae</i> : c’était
une autobiographie fictive, située à une époque quelconque du
passé.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Et cet exercice
mêlant connaissance du passé et imagination est expliquée en
référence avec les croyances orientales :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il
y avait dans cette forme de libre jeu une survivance de l’ancienne
croyance asiatique en la résurrection et la métempsychose ; il
était courant, pour tous les professeurs et les élèves, de se
représenter que leur existence actuelle pouvait avoir été précédée
par d’autres, dans d’autres corps, à des époques et dans des
conditions différentes. Ce n’était certes pas une foi, au sens
étroit du terme, et encore moins une doctrine ; c’était un
exercice, un jeu de forces imaginatives, que de se figurer son propre
moi dans des situations et des milieux différents.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">D’ailleurs, le
héros va aussi s’adonner à trois reprises à cet exercice et la
fin de l’autobiographie contient trois de ces <i>curriculums</i>
fictifs écrits par Valet. Le biographe n’hésite d’ailleurs pas
à affirmer que ce sont là les éléments les plus importants de
l’ouvrage.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">En outre, étant
donné la stratégie fictive particulière du roman, il serait
difficile de ne pas remarquer l’analogie avec le texte que nous
lisons. En effet, <i>Das
Glasperlenspiel</i>
constitue aussi une biographie fictive, mais cette fois d’un
personnage du futur. Cette similitude, même si elle est ici déplacée
du passé vers le futur, donne clairement à voir une assimilation
importante d’un élément de la spiritualité orientale dans le
roman de Hesse, puisqu’elle en donne quasiment la forme.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Par ailleurs, la
spiritualité orientale, qui s’exprime notamment par la
contemplation, rejoint sans doute la pratique de la méditation, je
vais y revenir. Mais il est aussi à l’origine d’un tournant
important dans la manière de jouer :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Ce
fut seulement sensiblement plus tard que peu à peu, de l’inventaire
spirituel du monde de l’enseignement, et notamment des habitudes et
des usages des Pèlerins d’Orient, l’idée de la contemplation se
dégagea et s’introduisit aussi dans le Jeu. On avait remarqué un
fait déplorable : des individus qui n’avaient d’autres
vertus qu’une mémoire exceptionnelle jouaient avec une dextérité
éblouissante et se trouvaient en mesure de déconcerter et de
confondre leurs partenaires par la succession rapide de
représentations innombrables. Cette virtuosité fit progressivement
l’objet d’interdictions de plus en plus sévères, et la
contemplation devint un élément très important du Jeu ; pour
les spectateurs et les auditeurs, elle en devint même chaque fois
l’essentiel. Ce fut là un tournant dans le sens du sentiment
religieux. Il n’importa plus seulement de suivre en pensée, avec
une attention alerte et une mémoire entraînée, la suite des idées
et toute la mosaïque intellectuelle d’une partie, on éprouva le
besoin de s’y adonner plus profondément et avec plus d’âme.
Après chacun des signes évoqués par le directeur du Jeu, on se
livra à une méditation muette et rigoureuse sur ce signe, sur son
contenu, son origine et son sens. […] Ainsi les hiéroglyphes du
Jeu furent préservés de dégénérer en un simple alphabet.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">La dimension
spirituelle, qui est explicitement reliée aux pèlerins d’Orient,
permet au jeu de ne pas devenir une pratique vide de sens ;
autrement dit, c’est cette manière de jouer qui empêche le jeu de
dégénérer comme ce fut le cas d’autres aspects culturels lors de
l’ère des variétés. La dimension contemplative est donc
essentielle dans la manière de jouer. Il ne s’agit pas que d’une
simple association intellectuelle ; à celle-ci doit s’adjoindre
une forme de méditation, typique des cultures orientales.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">D’ailleurs, la
méditation revêt un rôle déterminant non seulement dans le jeu,
mais aussi dans la formation et la vie du héros. Avant qu’il
n’entre en Castalie, le maître de musique, son mentor, le fait
venir passer quelques jours chez lui, afin de l’initier
personnellement à la méditation, dont la pratique est présentée
comme absolument essentielle. Il le lui avoue :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[…]
mais il est une chose plus importante que tout le reste : tu
apprendras à méditer. En apparence, tout le monde apprend cela,
mais on n’a pas toujours la possibilité de le vérifier. Je désire
que toi, tu l’apprennes bien, comme il faut, aussi bien que la
musique ; tout le reste en découlera ensuite de lui-même. Je
voudrais donc te donner moi-même les deux ou trois premières
leçons, c’est la raison pour laquelle je t’ai invité.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">La pratique
correcte de la méditation, exercice surtout oriental, est donc
exposé comme un élément capital dont les autres capacités
découlent.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Et pour être
sûr que ce passage n’échappe pas au lecteur, Hesse va y revenir
montrant, à deux reprises et par un jeu de mise en abîme, comment
l’oubli de cet exercice est néfaste. Alors qu’il vit à
Celles-les-bois, la patrie des joueurs, et qu’il poursuit ses
études, Joseph Valet va faire la connaissance de Plinio Designori,
qui deviendra un de ses amis. Celui-ci est membre du siècle et est
cependant éduqué au sein de la province pédagogique, parce que ses
aïeuls ont rendu d’importants services à la Castalie et restent
proches d’elle. Mais l’important, c’est que tous deux vont
durant toute leur scolarité défendre les valeurs opposées :
Plinio Designori défendra le mode de vie du siècle et Joseph Valet
ceux de la vie dans l’ordre. Mais si l’un comme l’autre
assument leur rôle de porte-drapeau de deux conceptions différentes
voire opposées, ils sont loin d’être totalement indifférents aux
arguments de l’autre et aux valeurs de son monde. Cette question
hantera Valet durant toute sa vie et elle déterminera même sa fin.
Durant sa formation au sein de l’école des élites, Valet se
retrouve à un moment submergé par cet antagonisme, qu’il intègre
partiellement. Il décide d’écrire au maître de musique pour lui
demander conseil. Celui-ci lui rend visite et questionne le héros
sur ses activités quotidiennes, ce qui lui fait voir que, pris par
ses études et par son rôle au sein de l’école, Valet en a
négligé et oublié la pratique de la méditation, ce qui explique
son sentiment de désarroi. Mais plutôt que de le sermonner et de le
lui exprimer doctrinalement ou sous forme de conseil, le vénéré
mentor raconte à son protégé un épisode de sa vie quand, jeune
étudiant, il avait lui aussi omis ses pratiques méditatives :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">J’aurais
dû, poursuivit-il, même si j’avais pris la liberté de renoncer à
mes exercices réguliers de méditation, me souvenir du moins de
cette négligence dès les premiers effets du mal et la réparer. Et
il avait parfaitement raison. Non seulement j’avais négligé la
méditation durant toute une période, je n’en avais pas eu le
loisir, l’envie m’en avait toujours manqué, j’avais été trop
distrait, ou trop absorbé et excité par mes études, mais avec le
temps, j’avais même totalement perdu la conscience de ce péché
permanent d’omission, et il m’avait fallu, quand je m’étais
trouvé au bord de l’échec et du désespoir, me le faire rappeler
par autrui.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">La mise en abîme
opérée dans le roman nous amène à voir que ce n’est pas par
hasard que l’on tombe dans la confusion intérieure, mais que cela
se produit lorsqu’on délaisse la pratique de la méditation.
L’exercice quotidien est donc absolument essentiel à la santé
mentale et affective, quelle que soit la qualité des êtres.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Enfin, une
troisième incursion particulièrement importante de l’Orient
apparaît dans les études de Valet. Elle est apparemment plus
casuelle, mais elle n’en acquiert pas pour autant moins
d’importance. Le futur Magister Ludi décide en effet d’étudier
en détails une petite partie d’un jeu, celle au cours de laquelle
il a ressenti son désir de devenir un Joueur. C’est ce qu’il
explique à un de ses anciens condisciples :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Tu
te souviendras, tout au moins dans ses grands traits de cet exercice
de Perles de Verre que nous avons élaboré alors, au troisième
cours, avec l’aide de ce moniteur, et pendant lequel j’ai entendu
cette voix et pris conscience de ma vocation de Lusor. Et bien, cet
exercice qui commençait par l’analyse rythmique d’un thème
destiné à une fugue et au milieu duquel se trouvait une phrase
attribuée à Confucius, tout ce jeu, je l’étudie maintenant du
commencement à la fin, c’est-à-dire que je me familiarise à
force de travail avec chacune de ses phrases, que je la retraduis de
la langue du Jeu dans sa langue originale, celle des mathématiques,
celle de l’ornementation, en chinois, en grec, etc. Je veux, ne
fût-ce que cette fois dans ma vie, réviser et reconstruire
techniquement le contenu entier d’un Jeu de Perles de Verre […].</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Le héros, on le
voit, ne cherche pas la voie de la facilité, mais désire connaître
au plus profond l’art auquel il va se consacrer. Ici, l’Orient,
qui apparaît à travers la phrase de Confucius et l’apprentissage
du chinois, semble non seulement perdu au milieu d’autres éléments
culturels, mais aussi absolument casuel. Si au lieu de cette sentence
confucéenne, une référence à un philosophe antique ou une
comptine africaine était apparue, Valet n’aurait jamais ni appris
cette langue, ni étudié la pensée du philosophe chinois. C’est
sans doute exact. Remarquons toutefois que l’utilisation du hasard,
notamment à travers les divinations du Yi-King, le <i>Livre
des Métamorphoses</i>
que Valet veut tellement apprendre qu’il quittera l’institut de
l’Extrême-Orient pour devenir disciple du frère aîné,
correspondent déjà à une pratique plus orientale qu’occidentale.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Reste que, vu
depuis la mentalité occidentale, l’Orient semble constituer un
élément parmi bien d’autres. Toutefois, si comme le proclament
les utopies et celle de Hesse en particulier, l’éducation est un
élément qui fonde ce qu’est l’homme et détermine son rapport
au monde, l’apprentissage du chinois doit avoir une influence non
négligeable sur la personnalité de Valet et sur sa vie. D’ailleurs,
Valet semble accorder à cet élément de sa formation un rôle
déterminant : « C’est avec une joie particulière, avec
tendresse même, qu’il parla plus tard à ses proches du « Bois
des Bambous », ce charmant ermitage qui fut le théâtre de ses
études de Yi-King. Ce qu’il y apprit, les instants qu’il y vécut
ne furent pas seulement décisifs, il y a aussi trouvé, guidé par
une intuition ou par un déterminisme merveilleux, un cadre unique en
son genre et un homme exceptionnel, celui qu’on appelait le « frère
aîné », créateur et habitant de l’ermitage chinois du Bois
des Bambous ». Cette formation dépassera aussi le simple
approfondissement d’un exercice du Jeu, puisque Valet révélera
son projet d’intégrer le Yi-King au Jeu des Perles de Verre, qu’il
continuera par la suite à étudier la culture chinoise et
particulièrement la littérature et la musique et que, par ailleurs,
il qualifie cette période de « premier éveil », lui
accordant donc un rôle bien plus déterminant qu’un simple élément
d’apprentissage parmi d’autres.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Il y a à n’en
point douter bien d’autres incursions de l’Orient dans ce roman.
Mais il serait fastidieux de les relever toutes et cela ne nous
renseignerait sans doute pas davantage sur le rôle et la place de
ces cultures dans l’utopie de Hesse. Notons simplement que la
culture orientale qui pénètre l’œuvre de Hesse est
systématiquement la culture d’Extrême-Orient, non celle du Proche
ou du Moyen-Orient. Cela s’explique évidemment par la biographie
de l’auteur, mais il se peut aussi que son désir de réunir les
cultures d’Orient et d’Occident explique également la recherche
d’un Orient le plus étranger possible à la mentalité
occidentale.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Pour terminer,
je voudrais hasarder une hypothèse. Il me semble en effet que la
forme particulière de l’utopie de Hesse tient justement de cette
synthèse particulière qui n’annihile pas les éléments opposés
et qui voit son expression dans la figure taoïste du taijitu, qu’on
nomme aussi souvent les poissons Yin et Yang. Comme le Jeu des Perles
de Verre consiste justement à révéler des analogies structurelles
entre des domaines culturels très différents, il me semble que,
malgré le fait que l’on passe ici de l’analyse pure à
l’expression symbolique d’une structure, une telle correspondance
peut se justifier.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Pour le
comprendre, il faut revenir à la définition de l’utopie. Il y a
deux types de définition des utopies : la plus courante
consiste à relever les caractéristiques des utopies reconnues comme
telles, l’autre consiste à partir de la fonction de celles-ci. La
première façon de faire me semble avoir deux défauts. Le premier
travers est d’ordre méthodologique : comment sait-on quelles
sont les utopies si on définit le genre par ses caractéristiques,
puisqu’on a déjà besoin de savoir ce que sont les utopies et
quelles elles sont pour en relever les caractères les plus communs.
Le second problème tient du fait qu’agir de la sorte fige l’utopie
à une époque, puisque les particularités d’une utopies reflètent
comme en positif les défauts de la société de l’auteur dans la
mesure où il élabore une société où les problèmes qu’il a
relevés dans sa société ont disparu. Ce problème est d’autant
plus gênant lorsqu’il s’agit, comme ici, de s’ouvrir à des
utopies qui n’ont pas été élaborées dans l’occident au cours
de la modernité. L’autre manière de procéder me semble donc
d’autant plus adéquate. Dans cette perspective, on peut définir
l’utopie par ses deux fonctions élémentaires : la critique
de la société de l’auteur et l’imagination d’une société au
sein de laquelle les imperfections précédemment épinglées ne se
retrouvent plus, par le moyen d’une organisation socio-politique
différente. Il s’agit là d’une définition minimale, mais qui a
l’avantage de ne pas tomber dans les problèmes de l’autre type
de définition et néanmoins de maintenir le corpus tel qu’il est
habituellement défini. Cela permet néanmoins d’admettre le fait
que des utopies contemporaines existent, puisqu’on n’en exclut
pas a priori toute société idéale qui différerait de celles
conçues par More ou par Campanella.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Dans le cas du
roman de Hesse, il ne fait pas de doute qu’on se trouve bien face à
une utopie : la critique du rôle de la culture et de la
transformation de celle-ci en page de variétés, d’une part, et,
d’autre part, l’invention d’une société qui offre à la
culture le rôle central et où celle-ci ne risque pas de tomber dans
ce travers permet en effet de définir <i>Das
Glasperlenspiel</i> comme
un roman utopique. Celle-ci prend cependant souvent le contre-pied
des utopies classiques et de celle de More en particulier. En effet,
alors que celle de l’humaniste anglais est basée sur le travail de
tous, celle-ci est fondée sur un jeu ; de même l’égalitarisme
de la première est remplacé par l’élitisme de la Castalie ;
pareillement, la famille qui occupe le rôle central dans l’<i>Utopia</i>
est par contre totalement absente de la province pédagogique. Mais
surtout – et c’est sur ce point que j’insisterai –, alors que
dans toutes les utopies on a une société totale et indépendante,
qui pourrait se voir étendue à l’ensemble de la planète, on a –
et c’est une première – chez Hesse, une utopie partielle et
dépendante. Contrairement aux autres utopies, qui sont des sociétés
autonomes pouvant théoriquement s’étendre à l’ensemble du
monde et y visant même dans une certaine mesure, la Castalie a
besoin d’une société qui lui soit étrangère et sur laquelle
elle se repose pour certaines questions.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Par certains
aspects, la Castalie ressemble davantage peut-être à un ordre
religieux qu’à une ville parfaite. Elle repose effectivement sur
le monde de la même manière : on y vit très simplement et
sans grandes préoccupations pour ce qui se passe au dehors ;
c’est de lui qu’elle dépend pour assurer sa subsistance et même
son recrutement. De plus, la vie en Castalie est d’une grande
sobriété : la nourriture est bonne mais frugale, la vie y est
entièrement consacrée à l’étude et la seule fête qui y est
célébrée est très ritualisée. Plus marquant encore, c’est le
siècle qui accorde des subsides à la Castalie, la déchargeant
ainsi de toute préoccupation matérielle. C’est même le siècle
qui offre aux Castaliens leur recrutement, puisque personne ne naît
jamais dans la province pédagogique.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Hermann Hesse a
sans doute écrit la seule utopie au sein de laquelle on ne peut
naître. C’est évidemment une manière commode d’éviter les
problèmes liés à l’organisation familiale, qui ne pourraient que
détourner les Castaliens de leur vie vouée à la culture.
Néanmoins, on pourrait s’attendre également à ce que toutes les
questions liées à l’éducation soient évacuées de même,
puisqu’en principe une société sans enfants n’a guère besoin
d’un système éducatif poussé. Ce n’est pourtant pas le cas :
l’éducation y occupe une place essentielle. D’ailleurs, ce n’est
pas un hasard si la Castalie se surnomme également la province
pédagogique. L’éducation est au cœur des préoccupations
castaliennes. Non seulement l’Ordre recrute ses futurs membres
parmi les meilleurs élèves et veille soigneusement à leur
éducation, mais il s’occupe aussi de l’éducation des enfants du
siècle, puisque bon nombre des professeurs des écoles séculières
sont des membres de l’Ordre.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Mais il ne faut
pas imaginer pour autant que l’Ordre serait une espèce de
super-pouvoir enlevant les enfants à leurs parents en fonction de
ses propres besoins. Rien de tel. C’est l’État qui pourvoit à
l’entretien de cette société dédiée à l’esprit, ce qui
signifie que la population, par le biais de ses représentants, vote
les budgets destinés à la vie castalienne. C’est elle aussi qui
permet que les enfants qui le souhaitent et qui ont été choisis
soient élevés en son sein. D’ailleurs, les enfants qui ne se
plaisent pas et ne s’adaptent pas à cette vie particulière seront
évidemment autorisés à retourner dans le monde et parfois même y
seront contraints.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">En outre, cette
société basée sur l’esprit et la recherche est dépourvue aussi
des femmes : non seulement les membres de l’Ordre sont des
hommes, mais les jeunes de l’école des élites le sont également.
Cet élément pourrait paraître particulièrement choquant à une
lecture rapide et dans une perspective moraliste, qui ferait des
femmes des personnes n’ayant pas les capacités nécessaires pour
accéder à la vie de l’esprit et qui seraient cantonnées dans la
matière et, plus précisément, dans la fonction reproductrice. Mais
aucun élément du roman ne permet une telle lecture et il faut aussi
tenir compte du fait que les héros de l’écrivain nobélisé sont
systématiquement des hommes.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Je ne tenterai
pas ici de développer toutes les raisons et le sens de cette
absence. Je me contenterai d’insister sur le fait que construire
une société sans les femmes est encore une manière d’insister
sur le caractère partiel et dépendant de la société utopique
décrite.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Par ce biais-là
également est affirmée l’idée que le monde utopique de Hesse ne
peut se passer du reste du monde. Il ne fonctionne que parce que le
siècle reconnaît son importance. Pour le comprendre, il faut
revenir à la période de grands bouleversements qui ont eu lieu au
xxe siècle. À cette époque, la culture s’est fortement modifiée,
n’accordant plus de valeur qu’à l’anecdotique. Mais c’est
également au milieu de cette décadence que de petits noyaux
intéressés à la vraie culture sont apparus comme des groupes de
résistance. Ils ont cessé de produire de l’art, pour s’adonner
à son étude et à celle de toutes les formes de culture. C’est de
ces groupes que naît le jeu des perles de verre, qui apparaîtra au
fil du temps comme l’apogée de la culture même. Lorsque quelques
siècles après les grandes guerres qui ont été une conséquence du
déclin de la culture connu lors de l’ère des variétés, la
société reconnaîtra ce qu’elle doit à ces groupes culturels qui
lui ont permis de se reconstruire, elle considérera qu’il est
essentiel dans une société qu’une partie importante du public se
consacre entièrement à la culture et à l’esprit. C’est ainsi
que l’Ordre castalien est né véritablement, soutenu par le
siècle. Joseph Valet en a bien conscience et tente d’en rappeler
l’importance au directoire :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Mais
nous autres Castaliens ne dépendons pas uniquement de notre morale
et de notre raison. Nous dépendons aussi essentiellement de la
situation du pays et de la volonté de notre peuple. Nous mangeons
notre pain, nous utilisons nos bibliothèques, nous agrandissons nos
écoles et nos archives – mais si le peuple n’a plus envie de
nous en donner la possibilité, ou si notre patrie, par suite d’un
appauvrissement, d’une guerre, etc., en devient incapable, c’en
sera fait sur l’heure de notre vie et de nos études. Il se peut
que notre pays cesse un jour de pouvoir entretenir sa Castalie et
notre culture, qu’il considère un jour Castalie comme un luxe
qu’il ne peut plus se permettre, qu’un jour même, au lieu d’être
fier de nous, il ait le sentiment que nous sommes des pique-assiette
et des parasites nuisibles, voire de faux prophètes et des ennemis :
ce sont là des dangers qui nous menacent de l’extérieur.</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">On le voit, la
Castalie est bel et bien dans une situation de dépendance à l’égard
du siècle, avec tous les dangers que cela comporte. Mais il
n’empêche que, même s’il risque de l’oublier, le siècle a
aussi besoin de la Castalie : sans une société vouée à
l’esprit, la société court de sérieux dangers de retomber dans
la décadence et dans la guerre. Mais cette dépendance, pourtant
bien réelle, est moins directement visible, puisqu’elle est
d’ordre spirituel et moral : « Notre devoir suprême et
le plus sacré est de garder au pays et au siècle leur fondement
spirituel, qui s’est aussi révélé un élément moral d’une
efficacité supérieure : je veux dire ce sens de la vérité
sur lequel repose entre autres également la justice. »<span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2014-1-page-159.htm#no29">.</a></u></span></span>.
Il suffirait en effet que l’importance de la spiritualité – aux
deux sens du terme – et de la culture s’estompe pour que le
siècle tombe dans une idéologie économiste et considère la
Castalie comme un luxe inutile. Ainsi, au fil du temps, le monde
extérieur connaîtra diverses attitudes face à ce monde de
l’esprit : à certains moments, celui-ci lui paraîtra bien
plus important qu’à d’autres, son prestige sera plus grand et on
veillera à lui permettre de s’étendre davantage en lui offrant
davantage de moyens et en lui reconnaissant un plus grand intérêt ;
à d’autres moments, par contre, ses budgets seront réduits et les
membres de l’Ordre apparaîtront un peu comme des parasites ou
comme des fainéants.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Ce qu’il
m’importe ici de montrer, c’est le lien entre, d’une part,
cette dépendance mutuelle de l’Ordre et de la Castalie ou, pour le
dire autrement, de l’utopie et de la société réelle, et, d’autre
part, l’Orient. Un premier argument peut consister à insister sur
les valeurs. En Occident, il ne fait aucun doute que l’indépendance
est une valeur importante et que corrélativement la dépendance est
généralement considérée négativement. Dans nos sociétés, en
effet, l’adulte est défini avant tout par son indépendance et par
sa capacité à prendre la responsabilité d’autrui, c’est-à-dire
par sa capacité à assumer la dépendance de quelqu’un d’autre.
Il n’en va pas forcément de même en Orient. Je ne connais pas la
situation de toutes les cultures orientales sur ce point, mais des
études ont montré l’importance de la dépendance réciproque au
Japon.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Par ailleurs, il
me semble que le modèle que propose Hermann Hesse ressemble
particulièrement au symbole du Yin et du Yang, tel qu’il est le
plus souvent représenté. En effet, il y a à la fois une
représentation partielle de la Castalie dans le siècle,
particulièrement par les enseignants castaliens qui occupent des
fonctions dans les écoles classiques, et, par ailleurs, une présence
du siècle en Castalie par le fait que certains élèves viennent y
suivre leur scolarité. Remarquons aussi que c’est de ces élèves
qui connaissent la Castalie du dedans que dépendent souvent les
subsides de celle-ci dans les périodes les plus obscurantistes. De
même, on trouve lors des cérémonies de part et d’autres, des
représentants de l’autre monde. Mais plus significatif encore que
cette présence réciproque, que l’on peut voir dans l’œil des
poissons du taijitu, c’est la dépendance des deux mondes qui me
semble le plus caractéristique du <i>Jeu
des Perles de Verre</i>.
Hesse a construit une utopie qui reste dépendante du siècle (pour
sa subsistance, sa conservation et son recrutement), dans un siècle
qui a besoin de la province pédagogique pour éviter le déclin du
passé et les guerres qui s’en sont suivi. C’est donc dans un
équilibre réciproque que les deux sociétés doivent évoluer.
Joseph Valet en est intimement convaincu, puisqu’il décide, à la
fin de sa vie, de quitter l’ordre non parce que l’appel du siècle
se ferait sentir, mais parce qu’il pense que c’est dans le siècle
qu’il pourra au mieux servir son idéal de la Castalie.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Reste à se
demander les raisons de cette dépendance. En effet, il aurait été
bien plus logique qu’une société idéale soit indépendante, non
seulement parce que l’indépendance est une valeur dans le monde
occidental, mais aussi parce qu’ainsi elle ne serait nullement
menacée. Cette dépendance de la Castalie à l’égard du siècle
constitue en quelque sorte son talon d’Achille, le point par lequel
son existence même est menacée. Cependant, en créant une utopie
dépendante de la société réelle, Hesse construit également une
réalité dépendant de l’utopie. Or, cette dépendance là est
particulièrement pertinente. Elle justifie la nécessité des
utopies, mais va même au-delà de la réflexion sur l’utopie. En
effet, comme la Castalie est fondée sur la culture, construire une
interdépendance entre le siècle et la province pédagogique revient
en fait aussi à montrer l’intérêt de la culture non pas comme
d’un élément parmi d’autres et d’un élément accessoire,
mais d’en faire un élément fondamental du fonctionnement de toute
société. Autrement dit, par le biais de cette construction,
symbolisée par l’image du taijitu, l’auteur montre que la
culture n’est aucunement le luxe d’une société, ce qui en est
la vision habituelle, mais qu’elle en constitue au contraire un des
fondements essentiels et sans lequel une société ne peut que, très
rapidement, courir à sa perte.</span></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><i><b>Pour
aller plus loin :</b></i></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<span style="font-size: small;">Mozart: clarinet quintet. Meyer, Quatuor Mosaïques</span>
</h1><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=eVrIP-maNuI">https://www.youtube.com/watch?v=eVrIP-maNuI</a></u></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<span style="font-size: small;">Richard Strauss : Four last songs - Elisabeth Schwarzkopf / Szell*</span>
</h1><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=ZXP568ppU-Q">https://www.youtube.com/watch?v=ZXP568ppU-Q</a></u></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<span style="font-size: small;">Herman HESSE – Un siècle d’écrivains : Être poète ou rien du tout (Documentaire, 1999)</span>
</h1><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=nY2jjXaU0ns">https://www.youtube.com/watch?v=nY2jjXaU0ns</a></u></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"> </p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<span style="font-size: small;">Hermann Hesse liest "Stufen"</span>
</h1><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=_LaACP5GMUg">https://www.youtube.com/watch?v=_LaACP5GMUg</a></u></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="style-scope ytd-watch-metadata">
<span style="font-size: small;">HESSE liest HESSE - IM NEBEL (Autorenrezitation)</span>
</h1><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=cYNgf61iD9M">https://www.youtube.com/watch?v=cYNgf61iD9M</a></u></span></span></span></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u></u></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="color: navy;"><u><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimY4IuSBHuh08KApcxSirFR3ln0VJ7069UszKSdQo8gJOdubiOijUKVZWykkQIj_g8Z1f9_RM9EW7XAfRZJCwXrZkZEJUCeUEehCaQqhMKeTuzFIIKYx6Mkj6ONfm9kN0UoZ3MZs7l4Uk4NoSv3vqa1b29y0LLUv_4EjpI5oQYrt06sDWH0dJM6ljz/s239/2023-03-18%20hesse%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="239" data-original-width="211" height="239" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimY4IuSBHuh08KApcxSirFR3ln0VJ7069UszKSdQo8gJOdubiOijUKVZWykkQIj_g8Z1f9_RM9EW7XAfRZJCwXrZkZEJUCeUEehCaQqhMKeTuzFIIKYx6Mkj6ONfm9kN0UoZ3MZs7l4Uk4NoSv3vqa1b29y0LLUv_4EjpI5oQYrt06sDWH0dJM6ljz/s1600/2023-03-18%20hesse%202.jpg" width="211" /></a></u></span></span></div><p></p>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3723581195923232132.post-71842396343930306182023-03-04T06:53:00.000-08:002023-03-04T07:35:33.612-08:00L'Heure Musicale virtuelle du 4 mars 2023<p align="CENTER"> <span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Samedi 4
mars 2023 </b></i></span></span>
</p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRdXsRtGDq7k7IXsUXssciDhzf4yT2CA0xM1i4Cu9Fu6kjseQ1vErjh0K7MeUxQeVIQbTYmwXJArBn8tYi7otUh2z87dwx_leWW3DJ2AVk8dIRffhFVZ98GWQ4SFsmoIPXDogq1fw9zbps5a0R59Pr0y8FCZ0oYuRnLZISfs2Q8k2N7RKlBoMy-EoJ/s900/2023-03-04%20dickinson.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="668" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRdXsRtGDq7k7IXsUXssciDhzf4yT2CA0xM1i4Cu9Fu6kjseQ1vErjh0K7MeUxQeVIQbTYmwXJArBn8tYi7otUh2z87dwx_leWW3DJ2AVk8dIRffhFVZ98GWQ4SFsmoIPXDogq1fw9zbps5a0R59Pr0y8FCZ0oYuRnLZISfs2Q8k2N7RKlBoMy-EoJ/s320/2023-03-04%20dickinson.jpg" width="238" /></a></div></div><p align="CENTER">
</p>
<p align="CENTER"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>Emily
Dickinson 1830 - 1886</b></i></span></span></p>
<p align="CENTER"><span style="color: #cc3300;"><span style="font-size: large;"><i><b>À sa fenêtre</b></i></span></span></p><p style="text-align: right;"><a href="https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GYiRI55dbVdYPJeK0ZC9TkDNkgsIJCB" target="_blank"><span style="font-size: small;"><i><b>L'intégralité du programme: </b></i></span></a></p>
<p align="CENTER">
</p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;">Nous nous
accoutumons à l’obscurité<br />Quand on éloigne la lumière ;<br />Si
la voisine tient la lampe<br />Pour nous dire au revoir,</span></p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;">Pendant un moment
nos pas sont incertains<br />À cause de la nouveauté de la nuit,<br />Puis
nous adaptons notre vue à l’obscurité<br />Et marchons droit
au-devant de la route !</span></p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;">Il en est de même
des ténèbres plus sombres,<br />Ces nuits du cerveau<br />Où pas une
lune ne montre un signe,<br />Où pas une étoile ne luit en notre for
intérieur.</span></p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;">Les plus braves
tâtonnent un peu<br />Et parfois cognent contre un arbre<br />Directement
sur le front ;<br />Puis ils apprennent à voir.</span></p>
<p align="CENTER"><span style="font-size: small;">C’est que
l’obscurité change<br />Ou bien quelque chose dans la vue<br />S’adapte
à minuit,<br />Et la vie avance presque tout droit.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Emily Elizabeth
Dickinson naît le 10 décembre 1830 à Amherst, dans le
Massachusetts, aux États-Unis. Elle passe son enfance entourée de
ses parents, Edward et Emily, de son grand frère Austin et de sa
petite sœur Lavinia. Suivant la lignée familiale, Edward a une
carrière juridique et politique qui permet à sa famille d’être
reconnue socialement, et de vivre confortablement. Il tient à ce que
ses enfants soient éduqué-e-s. En 1840, Emily et sa sœur entrent à
la Amherst Academy, un collège originellement pour garçons –
fondé en 1814 par leur grand-père –, et qui a ouvert ses
portes aux filles deux ans plus tôt. Elle y reste durant sept ans. À
cette époque, la jeune fille est confrontée au décès de
plusieurs ami-e-s et connaissances, et très tôt, elle commence à
réfléchir à la mort, l’un des thèmes centraux de ses futurs
poèmes.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">En 1847, à
l’âge de 17 ans, Emily étudie une dizaine de mois à la Mount
Holyoke Female Seminary, une université pour femmes située non loin
d’Amherst (l’école est aujourd’hui connue sous le nom de Mount
Holyoke College). C’est la première fois qu’elle passe autant de
temps loin de sa maison, mais au final, elle n’y reste que pour une
brève période. Les raisons de son retour prématuré sont
incertaines. Elles sont attribuées tantôt à l’envie de
retourner auprès de ses proches, tantôt à une santé fragile,
tantôt à une rébellion contre la ferveur religieuse de
l’institution. En 1845, à l’occasion du second grand réveil
se déroulant à Amherst – un mouvement de renouvellement spirituel
protestant – de nombreux membres de la famille Dickinson rejoignent
officiellement l’église chrétienne. De son côté, pour une
courte durée, Emily exprime un intérêt pour la religion. C’est
un sujet qui l’interroge. Mais elle décide de ne pas faire de
déclaration de foi et de ne pas participer au renouveau religieux.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">À son retour
chez elle, Emily se consacre aux tâches domestiques. Elle a 18 ans
lorsqu’elle fait la rencontre d’un étudiant en droit chez son
père, Benjamin Franklin Newton, qui l’encourage dans sa vocation
littéraire. Cette amitié, qui la pousse à écrire de la poésie,
est la première d’une longue série. Elle entretient diverses
correspondances prolifiques, lesquelles nourrissent son talent et son
esprit critique. Cette situation n’a rien d’inédit. En ce temps,
la littérature est vue comme une affaire d’hommes, qui sont les
seuls à être vraiment reconnus comme des artistes, des
intellectuels. La place des femmes dans l’art, dans la littérature
en l’occurrence, est presque inexistante. Ou, devrait-on dire,
celle-ci est monopolisée et leur production invisibilisée. Au XIXe
siècle, une importante portion de la littérature produite par les
femmes est épistolaire, limitée au privé. La correspondance
d’Emily Dickinson la plus notable se fait avec Susan Gilbert, sa
future belle-sœur. C’est principalement à celle-ci qu’elle
envoie des poèmes.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">C’est à
partir de 1958 qu’Emily se dédie intensément à sa poésie. À
l’âge de 35 ans, elle a écrit plus de 1 100 poèmes traitant de
sujets aussi divers que la douleur, la joie, l’amour, la nature,
l’art. La forme de sa poésie est singulière, tant dans le rythme
que dans les rimes. Quelques-unes de ses productions sont imprimées
dans le <i>Springfield
Republican</i> de
Samuel Bowles, avec qui Emily s’est liée d’amitié. Les poèmes
sont publiés anonymement et sont généralement modifiés, notamment
pour recourir à une ponctuation plus classique. Sa poésie est en
effet peu conventionnelle. Elle ne titre pas ses textes, privilégie
les vers courts et les tirets comme principale ponctuation. Elle
casse les rythmes et, d’une certaine manière, en allant droit au
but, évite le sentimentalisme. La poétesse touche au cœur en
choisissant avec raffinement les mots qu’elle utilise, ne fait pas
de phrases à rallonge – trop souvent confondues avec du lyrisme.
Sa plume est concise et ne laisse pas le temps de se perdre. Emily
Dickinson fait à travers sa poésie le portrait d’un quotidien qui
peut être aussi doux et joli que violent et triste.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Parallèlement à
cette activité d’écriture, la femme de lettres se retire petit à
petit de la vie sociale. Elle sort peu et évite de rencontrer les
gens en face à face. Sa réclusion volontaire est uniquement
physique, puisqu’elle alimente tout de même ses nombreuses
correspondances. Elle reçoit quelques visiteurs-ses, soigneusement
choisi-e-s, par exemple le critique littéraire Thomas Wentworth
Higginson ou encore la poétesse Helen Hunt Jackson, qui l’encourage
à publier. En 1877, âgée de 47 ans, Emily vit une relation
amoureuse avec le juge Otis Phillips Lord. Un mariage est envisagé,
mais n’a finalement pas lieu. Cette attitude d’isolement, selon
certain-es, a une origine médicale, tel un trouble anxieux. Pour
d’autres, il s’agit d’un choix conscient. Mais quoi qu’il en
soit, la poétesse fait fi des conventions sociales et place
l’écriture avant le reste. Sa façon d’être et de vivre ne
l’empêche pas de ressentir, d’expérimenter et de créer. À
mesure que le temps passe, la poésie devient son mode de vie.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Vers la fin,
l’intellectuelle voit sa santé se dégrader avec les années. Au
terme d’une longue maladie, elle meurt le 15 mai 1886, à l’âge
de 56 ans, à Amherst. Après sa mort, sa sœur Lavinia tient la
promesse qu’elle lui avait faite durant ses dernières années et
brûle une large partie de sa correspondance. Mais elle trouve aussi
des livrets contenant près de 1 800 poèmes, dont elle ignorait
jusque là l’existence. Elle décide de les faire connaître, mais
des querelles familiales empêchent la publication des œuvres
complètes d’Emily. Un premier volume est édité en 1890 par Mabel
Loomis Todd et Thomas Wentworth Higginson. Les poèmes sélectionnés
sont altérés pour répondre aux standards de l’époque. Ce n’est
qu’en 1955 que les œuvres complètes d’Emily Dickinson sont
publiées dans leur version quasiment originale, par Thomas Johnson.
Une nouvelle édition de 1998, par Ralph W. Franklin, comporte
l’ensemble des poèmes, sous leur forme initiale, qu’il s’agisse
de l’orthographe, de la ponctuation ou de la
capitalisation. L’œuvre de cette femme fascinante
continue aujourd’hui d’être publiée, traduite, lue,
critiquée et aimée.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Durant son
existence, Emily Dickinson n’a pas connu le succès. Moins de dix
de ses poèmes ont été publiés de son vivant. Elle était
solitaire et isolée, n’a pas souhaité s’ouvrir au monde. Ou
plutôt, sans doute a-t-elle souhaité ne pas se conformer aux
attentes de la société, aux normes littéraires ou à un groupe
social. Au vu de la réalité de l’époque et des possibilités
limitées dont bénéficiaient alors les femmes, ce choix était
peut-être contraint. Mais sa liberté à elle était intime,
intellectuelle.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">Aujourd’hui,
Emily Dickinson est reconnue comme la plus grande poétesse de
son temps. Elle inspire de nombreux-ses artistes. Sa force, c’est
tant son style novateur que ses thèmes quasi universels. Elle parle
du et au monde qui l’entoure, décrit avec détail la vie qui bout
à l’intérieur de chacun-e d’entre nous. Par ses écrits, la
précision de sa verve et son talent sans pareil, son œuvre
persiste. Emily Dickinson, sans le savoir, était porteuse d’un
message essentiel : la poésie est pour toutes et tous. Prends ce
livre et dévore-le.</span></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: #cc3300; font-size: small;"><i><b>Pour
aller plus loin :</b></i></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="western"><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Thomas
Hampson: The complete "Old American songs: Book I"
(Copland)</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><u>
</u></span></span>
</h1>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=al3HB6iBveE">https://www.youtube.com/watch?v=al3HB6iBveE</a></u></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="western"><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Berkshire
Symphony - Aaron Copland - "Old American Songs"</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><u>
</u></span></span>
</h1>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=xh_7Jrr2slo">https://www.youtube.com/watch?v=xh_7Jrr2slo</a></u></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="western"><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Thomas
Hampson: The complete "Old American songs: Book II"
(Copland)</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><u>
</u></span></span>
</h1>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=oPgJjWWTNEA">https://www.youtube.com/watch?v=oPgJjWWTNEA</a></u></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="western"><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">Emily
DICKINSON – La Recluse incandescente (DOCUMENTAIRE, 1988)</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><u>
</u></span></span>
</h1>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=gRaDjEH1sMo">https://www.youtube.com/watch?v=gRaDjEH1sMo</a></u></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p>
<h1 class="western"><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-weight: normal;">LOU
DOILLON - LETTRES D’UNE SOLITAIRE AVENTUREUSE D’EMILY DICKINSON</span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span lang="zxx"><u>
</u></span></span>
</h1>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="color: navy; font-size: small;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=hh3b7L5XHMw">https://www.youtube.com/watch?v=hh3b7L5XHMw</a></u></span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
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